La nuit était fraîche, le ciel dégagé. Le souffle chaud de ma bouche formait une brume légère au contact de l’air. Accroupi sur le rebord d’un toit j’attendais patiemment le « munajiroten », la fouine, un des Ninjas qui m’est le plus précieux.
La lune était pleine, je me plongeais dans sa contemplation quand je sentis une présence. Les sens en alerte je n’eus pas de mal à le reconnaître. Discret, mais pas assez encore. Sachant où me trouver il me rejoignit quelques minutes plus tard. Un regard échangé, sans un mot, il repartit. J’ouvris la missive qu’il avait glissé dans ma main et la lu. Longuement. Mes soupçons étaient avérés, je devais partir au plus vite retrouver la Sagesse d’Iriwaku.
Mon départ ne fut pas long à préparer, j’avais l’habitude de partir, loin ou non. Je trouverai tout ce dont j’aurais besoin sur le trajet, seul le minimum me suffisait.
Habitations, plaines, arbres, sentiers … Le paysage défilait, changeant régulièrement d’apparence. Je m’attardais dans quelques villages, glanant quelques informations supplémentaires. Le souvenir de ce qui s’était passé restait bien ancré dans la mémoire des hommes. Le déferlement d’une armée de tueurs sur les différentes terres d’Hinomoto, la violence des combats, les Yukais avides de terreur … Et tout cela sous le commandement d’un Maître … Etait-il possible qu’un être supérieur domine ces Démons. Un être aussi puissant qu’un Dieu ? C’est pourquoi je devais me rendre à Iriwaku, il me fallait des réponses, plus encore, ce temple avait été gravement touché par le sinistre, depuis, toute présence surnaturelle était bannie.
J’arrivais enfin sur les lieux. Une sérénité m’envahit aux souvenirs de mon séjour d’apprentissage dans ce temple. La Sagesse de la grande Prêtresse m’avait touché, son dévouement aux Dieux et à sa tâche également. C’était elle que j’étais venu interroger. Ses connaissances dans la divination et les forces obscurs m’étais plus que nécessaire. Et peut-être en savait-elle davantage sur le drame qui avait secoué l’Hinomoto ?
C’est avec toutes ces questions que je pénétrais le temple. Un profond silence m’accueillit, et je me recueillis. Je me dirigeai vers les calligraphes qui retranscrivaient des textes, écrivaient leur mémoire ou leurs connaissances sur la faune, la flore, la vie …
- Je vous prie de m’excuser Moine, je requiers votre aide, murmurai-je. L’homme dont les rides soulignaient les traits de son visage arrêta d’écrire et me fixa. Il s’inclina et m’invita à poursuivre. - Il me faut voir la grande Prêtresse au plus vite, sa Sagesse est ma foi, peut-être éclairera-t-elle mon ignorance ?
Pour montrer ma bonne foi j’enveloppais mes armes dans un tissu que je remis au Moine. Ce dernier approuva de la tête et m’indiqua de le suivre. Le temple n’était pas des plus grands, d’une sobriété égale à nulle autre, il était pourtant connu pour son immense spiritualité.
Le Moine m’amena dans une salle jouxtant la principale, et me laissa en présence d’une jeune femme. D’une infinie délicatesse, son corps respirait la plénitude. La lumière se reflétait d’un violet foncé sur ses cheveux couleur ébène. Pensant qu’il s’agissait d’une Miko par sa tenue plus riche que les Prêtresses, je lui demandais sans marque de politesse particulière : - Bonjour ma Dame, veuillez excuser mon intrusion, je cherche la grande Prêtresse, pouvez-vous me mener à elle je vous prie ?
¤ Le soleil avait continué sa course afin de quitter l’horizon. Ces rayons éclairaient à présent les terres d’Hinomoto ainsi que ces habitants qui commençaient à prendre part à leur activité mutuelle. Il en valait de même pour le temple d’Iriwaku. Les moines et prêtresses prirent l’habitude d’aller saluer les Kamis qui les protègent depuis bien des années maintenant. La pièce en l’honneur de Tachigami accueillit une personnalité qui se faisait rare en ces temps de troubles : Hazama, Grande prêtresse du ce temple était venu au levé du soleil pour saluer son protecteur en compagnie de ses suivantes. Remerciant Tachigami pour sa bonne parole et la sérénité qu’il apportait en ces lieux, Mitsuko, d’un signe de tête, fit comprendre que chacune de ses prêtresses pouvaient rejoindre leur quartier.
¤ Quant à elle, la Grande prêtresse rejoignit ses quartiers afin d’y aller éveiller son camarade de toujours, Akimitsu. Celui-ci avait l’apparence d’un grand félidé. L’une de ses oreilles se dressa et redressa la tête lorsqu’il entendit et surtout sentit sa maîtresse s’approchait. S’étendant, il s’approcha d’un pas lent vers la demoiselle qui le regarda puis elle tourna son regard vers le cerisier qui se trouvait juste en dessous de ses fenêtres. L’arbre était parfaitement fixé à la roche et ne faisait qu’un avec cette dernière. Les pétales virevoltaient avec le vent. Mitsuko put sentir comme une sensation étrange.
« Il semblerait qu’un inconnu vienne faire apparition dans la journée… »
¤ Souriante, la jeune femme caressa son camarade tout en regardant le paysage qui se dévoilait sous ses yeux. En contre bas, elle pouvait apercevoir la ville de Nezumi. Sans attendre, Mitsuko pensa aux Takahara. Que pouvaient-ils bien devenir ? Et le seigneur Aoi ? Il y avait un moment qu’elle n’avait pas discuté avec lui. Depuis son départ pour rejoindre le temple de Terayama où elle rencontra ses semblables pour faire le pour sur les derniers évènements qui s’étaient déroulés dans le pays.
¤ Plus tard dans la journée, Mitsuko s’était installé dans la salle qui bordait celle où les moines et prêtresses de jeune âge méditait et étudiait. Ainsi elle pouvait garder un œil sur eux tout en complétant ses travaux personnels. Après quelques heures de travail, elle sentit comme une nouvelle présence dans le temple. Une présence qui lui était familière et pourtant, elle semblait différente de sa dernière visite. Souriante, la prêtresse ne bougea pas d’un cil et continua d’écrire à l’encre sur ses rouleaux. Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’un moine vint présenter à Hazama ainsi qu’aux autres personnes présentes un peu plus loin l’homme.
« Bonjour ma Dame, veuillez excuser mon intrusion, je cherche la grande Prêtresse, pouvez-vous me mener à elle je vous prie ? »
¤ S’arrêtant d’écrire en voyant les prêtresses et moines s’agiter un peu plus loin devant l’ignorance de cet homme, la jeune femme déposa son pinceau et se leva, présentant ainsi à l’homme son grand kimono bien trop grand pour elle mais pourtant qui lui sied si bien. Celui-ci était d’une teinte majoritairement violine un dégradé de gris. Les motifs étaient ceux d’étoiles aussi bien filantes que fixes, accompagné de plusieurs représentations de la lune. D’ailleurs, dans l’une d’entre elle, on pouvait apercevoir la silhouette du Kami de la lame divine.
¤ Regardant l’homme quelques secondes, Hazama l’invita à la suivre avec un grand sourire. Quittant la pièce d’enseignement, ils rejoignirent bientôt le couloir extérieur qui entourait la majorité du temple. Longeant celui-ci, ils se retrouvèrent dans une toute petite pièce qui n’avait ni porte réelle ni rideau. Ainsi on pouvait voir le paysage sous tous les angles. Venant s’asseoir la première sur l’un des tatamis proches d’une petite table sur laquelle se trouvait tous le matériel nécessaire pour l’écriture. Une fois en place, un drôle d’oiseaux vint se poser sur un perchoir qui se trouvait proche d’un des poteaux qui soutenait le plafond. Se grattant le dessous des ailes, Mitsuko ne fit que sourire en l’observant avant de se tourner vers son invité qui ne semblait sûrement pas comprendre toute la situation.
« Je suis Hazama Mitsuko, Grande prêtresse de ce temple. Il semblerait que vous me cherchiez, Shûzo-san, c’est bien cela ? »
¤ Même si le visage de l’homme était en parti caché, Mitsuko se souvenait parfaitement de l’aura qu’il pouvait dégager. Il était venu ici afin d’approfondir ses connaissances ainsi que pratiquer la méditation. Invitant l’homme à s’asseoir en face d’elle avec un geste de la main, la prêtresse se demandait bien ce qui avait pu mener l’homme jusqu’ici.
A peine eus-je posé ma question qu’une agitation soudaine anima le cloître. Je compris que ce malaise venait de moi, mais ne sus pourquoi. Le kimono de la jeune femme était loin d’être celui d’une Miko. Était-elle l’élève de la grande Prêtresse ? J’en saurais davantage le moment venu, je suivis la femme qui m’indiqua de la suivre.
Pourquoi fallait-il que je passe par elle pour voir la grande Prêtresse ? Le Moine ne pouvait-il pas m’y amener directement ? Gardant mes interrogations pour moi je contemplais le décor à l’image du temple, sobre, et bientôt je pus admirer le paysage. Fleuris, l’extérieur respirait la paix, l’innocence, comme si le temps s’y était arrêté pour laisser à la vie du repos. Nous arrivâmes dans une pièce, étroite, mais dénuée de parois, nous laissant seuls face au spectacle de mère nature. La jeune femme s’installa sur le tatami, caressant l’oiseau qui venait de se poser non loin d’elle. J’hésitais à venir m’installer près d’elle, la grande Prêtresse ne tarderait sûrement pas à faire son apparition, il était mal venu de ma part de m’assoir sans son approbation. Pourquoi tant de mystère autour de cette femme ? Il ne me semblait pas avoir attendu si longtemps pour la voir par le passé …
Remarquant sûrement mon désarroi la jeune femme intervint : - Je suis Hazama Mitsuko, Grande prêtresse de ce temple. Il semblerait que vous me cherchiez, Shûzo-san, c’est bien cela ? Stupéfait, je restais d’abord figé. Reprenant mes esprits je m’inclinais, j’enlevais mon bandeau dévoilant ainsi le reste de mon visage et vins m’assoir près de la Religieuse.
Retrouvant mon impassibilité habituelle je m’excusais : - Pardonnez mon ignorance Hazama-sama, je ne vous ais pas reconnu. A l’époque votre visage était encore emprunt de l’innocence de l’enfance … Oui, à regarder de plus près je reconnus ses yeux bleus, la délicatesse de ses pommettes, et ce sourire plein de sérénité. Son visage s’était affinée au cours des années, elle n’avait perdu en rien la beauté qui m’avait alors frappé. Comment ai-je pu ainsi me leurrer ? J’aurais dû me sentir honteux, au lieu de cela, je fus ravi de retrouver la Sagesse de mes jeunes années.
Je me perdis dans son regard quand une Prêtresse vint apporter le thé. Sans me prêtait attention, elle le servit avec grâce et rapidité avant de s’éclipser aussi vite qu’elle était venue. Avant de questionner la jeune femme je bus une gorgée du breuvage. Celui-ci, au goût de jasmin, me réchauffa la gorge et me détendis un peu face à la gravité du sujet que j’allais évoquer.
- Je suis venu ici pour solliciter votre Sagesse et vos connaissances Hazama-sama. J’aimerais parler de l’incident qui a bouleversé l’Hinomoto il y a quelques mois de cela. Il va sans dire que des forces obscures, nées du Démon, ont contrôlé les armées pour prendre possession de nos terres, c’est une évidence pour tous. Je bus une nouvelle gorgée avant d’interroger la grande Prêtresse plus clairement : - Vous qui connaissez l’art de la divination et celui du surnaturel, pouvez-vous me dire si les démons peuvent contrôler l’esprit des hommes ? Ou les hommes sous leur commandement l’étaient de leur plein-gré ? A l’inverse, j’aimerais savoir si un seul homme peut contrôler une armée de démons ?
Je baissais le ton avant de lui avouer : - Il serait fort probable que les démons n’aient pas agi seuls, mais auraient attaqué sous l’ordre d’un Maître … En savez-vous davantage sur ce sujet ? Je savais que j’en demandais beaucoup, surtout que là n’était que le début de mes questions. Je fondais beaucoup d’espoirs en ce qu’allais me répondre la Grande Prêtresse du Clan Nezumide.
Cet événement concerné tout le monde sans distinction de Clan, un jour ou l’autre il nous faudrait serrer les coudes tous ensemble pour affronter la menace qui se tramait. Oui, j’en étais sûr, la menace planait toujours, et un jour ou l’autre elle sera mise à exécution.
¤ Emprunt à l'innocence. Oui, à l'époque, Hazama n'était pas bien âgée non plus mais elle assurait déjà parfaitement son rôle de grande prêtresse au sein du temple. A cette époque, elle faisait encore ses preuves envers les autres dirigeants des temples mais également au près de son seigneur. Aujourd'hui, son nom était connue dans l'Hinomoto comme la prêtresse possèdent le pouvoir de divination le plus grand et ayant la Sagesse des Kamis. Quoi qu'il en soit, elle avait évolué depuis cette époque.
¤ Face aux excuses de Akio, elle ne pu s'empêcher d'afficher un sourire. Ce garçon avait également son chemin. Il semblait être devenu un ninja affirmé. Voyant que ce dernier la fixait, la prêtresse en fit de même jusqu'à ce que l'une des demoiselles du temple vienne apporter du thé. La remerciant d'une légère inclinaison de la tête, Mitsuko prêta à nouveau attention à son invité. Prenant l'une des tasses, Hazama sentit le thé tout en écoutant les questions que le shinobi était venue posé. Lorsqu'il parla des évènements en rapport avec les Yokaïs, Mitsuko s'arrêta de boire et regarda un instant le contenu de sa tasse. Des souvenirs refirent surface. En particulier ceux du combat contre le Yokai-limace qu'elle avait affronté avec l'aide de Risako. Elle se souvient également des différentes explications venant de ses semblables lors de la grande réunion des dirigeants de la religion.
¤ Déposant sa tasse sur la table basse après les dernières questions de l'homme, Mitsuko déposa ses mains sur ses genoux et tourna son visage vers l'extérieur pour observer les quelques nuages. Elle garda le silence avant de faire résonner sa voix douce dans la pièce.
« Il semblerait que tout le pays soit au courant à présent... [elle fait face à Akio avec un regard quelque peu inquiet] Ce que nous avons à affronter est loin de ressembler aux batailles du passé... »
¤ Elle ferma les yeux et essaya de se rappeler le moindre détail de cette journée à Terayama. Malheureusement, elle ne pu s'empêcher de prendre un ton beaucoup plus sérieux en parlant de ce sujet.
« Shuzo-san, les Kamis ont malheureusement leur propre secret. Malgré mes questions sur ces évènements, il était évidant qu'ils ne puissent m'y répondre. [Elle ferme les yeux] L'avenir est une époque qui ne doit jamais être découvert, même par moi. Je ne peux donc répondre à vos attentes. »
¤ Elle reprit en prenant sa tasse dans les mains, ses yeux se reflétant dans le liquide.
« Cependant, d'après les quelques informations que j'ai pu obtenir, il semblerait en effet que les Yokaïs agissent sous les ordres d'une seule et même personne, mais je ne peux vous l'affirmer. J'ai été témoin de l'apparition de l'une de ces créatures, je l'ai même affronté. Jamais un Yokai de cette importance aurait pu arriver seule dans notre monde... »
¤ Un silence régna dans la pièce alors que les deux personnes se dévisagèrent. Mitsuko savait que Akio n'était pas venu pour savoir uniquement cela. Les étoiles lui avaient caché bien des choses ces derniers temps. Elle craint réellement l'avenir qui va se déroulait sous ses yeux. Elle n'a pas seulement peur pour son clan, mais pour tout l'Hinomoto. Prenant la parole en première, c'était à son tour de poser une question :
« Dites moi, croyez-vous en l'existence des Kamis? »
¤ Quelle question étonnante venant de la prêtresse. Elle connaissait parfaitement la réponse qu'allait donner le ninja pourtant, elle prenait la peine de lui demander... Peut importe la réponse qu'il donna, elle continua.
« Je pense que les Kamis veulent nous mettre à l'épreuve. Le fait qu'ils me cachent leurs pensées ne me rassurent en aucun cas... »
¤ Sans sa divination, Mitsuko ne pouvait qu'être terrifié. Les étoiles, la lune, les Kamis n'avaient jamais été aussi distant avec elle. Cette nuit encore, elle essayerait de percevoir leurs dires.
Un silence accueillit mes interrogations quand une voix profonde et empreint d’inquiétude me répondit. Hazam-sama confirmait mes informations, il y avait bien un être qui commandait les Yokais. Un être d’une grande puissance d’après son témoignage, capable de défier nos Kamis. Dans quel but ? Quel était l’intérêt d’assouvir nos terres ? Y avait-il un avantage à nous détruire ? Ma tête bouillonnait de questions.
Je m’inquiétais davantage des révélations de la Grande Prêtresse, l’avenir lui restait caché, nos Dieux restaient-ils silencieux de leur plein gré ? Une force les obligeait-elle à se taire ? Je restais silencieux perdu dans mes réflexions lorsque la voix de la jeune femme me ramena à la réalité. - Dites-moi, croyez-vous en l’existence des Kamis ? Déstabilisé par la question je restais pantois avant d’acquiescer d’un hochement de tête. D’après elle, il s’agissait là d’une épreuve des Kamis, et comme elle je m’inquiétais du silence auquel elle faisait face lors de la divination.
Je me levais, marchais autour de la pièce. Instinctivement ma main caressa mon menton, c’était un tic que j’avais lorsque je me plongeais dans mes pensées. Un vent glacée pénétra la pièce, je frissonnai, les cheveux de ma nuque se hérissèrent. Alors que le souffle se faisait encore sentir aucune plante à l’extérieur ne semblait être touchée par la brise. Tout était immobile, le temps lui-même semblait peser lourd sur nos épaules.
Le souffle s’intensifia et se réchauffa soudainement, brûlant presque la peau avant de se stopper net, comme si tout cela n’était pas arrivé. Les sens en alerte j’observais tous les coins et recoins, je lançais un regard angoissé à la grande Prêtresse. Non, je n’avais pas rêvé, vu les traits tendus de la jeune femme mon anxiété était partagé. Elle aussi avait vécu ce phénomène. - Est-ce un avertissement ? Demandai-je dans un souffle.
A peine eus-je terminé ma question qu’une trombe d’eau s’abattit à l’extérieur. Une lumière intense se fit alors, je plongeais sur Hazama-sama pour l’allonger sur le sol et la protéger de mon corps. Si l’on ne le fuyait pas l’Akuroyin-no-hi nuisait gravement à la santé. Aussi soudain qu’il était apparu, l’esprit s’évapora.
Le boucan que je dû faire alarma les Prêtres qui, me voyant couché sur leur Aînée, se jetèrent sur moi pour m’écarter et aider la jeune femme à se relever. Me laissant maîtriser je regardais Mitsuko avec peur, car oui, à présent j’avais peur. - Qu’est-ce que out cela signifie ? Criai-je à son attention, le temple n’a-t-il pas banni toute présence surnaturelle ? Le souffle court, j’attendais des réponses auxquelles personne ne pourrait me répondre, sauf l’auteur lui-même de ses événements …
¤ Voyant l’homme s’interroger, la jeune femme ne fit qu’un simple sourire avant de boire une gorgée de son thé. Gorgée qu’elle ne pu boire. Une sensation étrange traversa la jeune femme. C’est au même moment qu’une brise commença à s’engouffrer dans la pièce. Celle-ci était plutôt fraîche, comme celle qu’on pouvait rencontrer en printemps à Suigyuu sauf que l’on se trouvait à Iriwaku. Au départ, Mitsuko ne fit paraître aucun sentiment. Cette brise pouvait être due à n’importe quel phénomène et Akimitsu ne semblait pas inquiet. Du moins pour le moment, car lorsque cette brise agréable se changea un souffle ardent comme ceux des habitants d’Ondorie, la grande prêtresse fronça légèrement les sourcils et son regard habituellement si reposant devint rapidement angoissé. Ce fut ensuite au tour de la pluie de venir s’imposer dans le paysage. C’est alors que la prêtresse ressentit la présence d’un Yokaï : un Akuroyin-no-hi. Certes, ces petits êtres faits de flammes ne sont pas dangereux, mais il valait mieux ne pas les contrarier. C’est d’ailleurs pour cela qu’Akio coucha assez violemment la jeune femme à terre. Son geste toucha beaucoup Mitsuko qui le remerciera un peu plus tard car les choses avaient pris un tournant que la demoiselle s’appréciait guère.
¤ Au vue du grabuge occasionné, les prêtres ne tardèrent pas arrivé dans la pièce. Voyant Akio sur elle, les hommes ne purent que lui demander de s’enlever d’une façon agressive. Le ninja essaya de se débattre un minimum. Du côté de Mitsuko, des prêtresses s’approchèrent d’elle afin de lui demander son état. Sans un mot, la grande prêtresse se releva et se dirigea vers l’extérieur sous le regard étonné des habitants du temple ainsi que Akio qui montrait sa peur. Observant en contrebas la falaise qui se trouvait juste en dessus du temple, Hazama ne vit rien d’anormal. L’un des prêtres haut gradé, ne prononça qu’un « Hazama-sama… » qui fit sortir cette dernière de ses songes.
« Convoquez tout le monde dans la grande salle des prières…
- Hazama-sama, que se passe-t-il ? »
¤ La jeune femme, mains liées qui se resserre, expliqua un minima la situation.
« Le temple n’est plus protéger par la barrière… Et il semblerait… que les Kamis ne veillent plus sur nous comme autrefois....»
¤ Prêtres et prêtresses furent tous plus que surpris d’entendre de tels paroles. La situation prenait une ampleur plus qu’inquiétante à présent. La jeune femme se dirigea vers Akimitsu qu’elle caressa au niveau de la tête et de ses ailes. Puis, elle déposa son front sur le sien, yeux fermés, afin de lui faire passer un message. L’oiseau déploya ses ailes tout en lâchant un cri strident avant de décoller vers l’extérieur. Là, on put voir une forte lumière montrant le changement de forme de l’esprit, qui reprit son apparence naturel : celle d’un majestueux oiseau d’une grande envergure. Mitsuko se retourna vers les occupants de la pièce. Regardant les prêtres qui tenaient Akio, elle leur fit un signe de la tête. Comprenant sa geste, les deux hommes lâchèrent le ninja. D’une voix sérieuse, la grande prêtresse prit à nouveau la parole.
« Shuzo-san, j’aimerais que vous gardiez cela pour vous. Du moins pour le moment. »
¤ Elle le regarda quelques instants afin qu’il comprenne comme il se doit la situation qui se déroulait dans le temple. Après quoi, la grande prêtresse prit le devant de la marche afin de se diriger dans la grande salle de prière.
¤ Tous les moines et prêtresses s’y trouvaient et s’interrogeaient sur cette demande de rassemblement. Shuzo se trouvait également dans la salle. Hazama vint prendre sa place en dessous de l’une des statues représentants les Kamis. Une fois installé, elle balaya la pièce qui devint très silencieuse. Tous observaient la jeune femme. Après quelques minutes de silence, Hazama prit son courage, car il en fallait. Jamais elle n’avait ressenti une telle angoisse.
« Ecoutez moi tous. Il y a eu un incident aujourd’hui. Un incident qui a pris une ampleur importante… Le temple ne semble plus protéger par la barrière que nous avions installée… »
¤ A ce moment là, tous commencèrent à être inquiet.
« Akimitsu est actuellement en train de surveiller le temple mais il ne pourra pas le faire éternellement, c’est pourquoi j’aimerais que vous vous prépariez ce soir à remettre en place la barrière… »
¤ Bien sur, Mitsuko ne voulait pas davantage inquiéter les personnes présentes. Les informer de la menace qui pesait sur la grande prêtresse ne ferait que rendre le temple plus instable. Non, pour le moment, sans preuve, la jeune femme ne pouvait pas s’avancer. Après quelques minutes de discussion dans la grande salle, la prêtresse rejoignit Akio qui était sorti de la pièce.
« Je suis désolé que cet évènement est eu lieu en votre présence… »
¤ Elle n’ajouta rien de plus lorsqu’elle vit la tension sur le visage du jeune homme. Apparemment, la situation ne lui plaisait aucunement. A vrai dire, cela ne rendait pas non plus Mitsuko très heureuse. La jeune femme posa son regard sur le ciel qui était à nouveau aussi clair que plutôt dans la journée. Que lui jouaient les Kamis ? L’avaient-ils abandonné à son propre destin ? Devaient-elles continuer seule ?... Les mains de la jeune femme commencèrent à trembler devant le manque de réponse des Kamis ces dernier temps…
Tous attendaient la décision de la Grande Prêtresse. Après un moment de méditation celle-ci convoqua l’ensemble des ecclésiastiques dans la salle principale, la salle des prières.
C’est alors qu’une scène dépassant mon imagination se déroula sous mes yeux. La jeune femme sembla communiquer avec l’oiseau qui s’était posé près de nous au début de notre entretien. L’animal s’envola et dans un flash lumineux se transforma. Jamais je n’aurais cru que ce simple moineau serait en réalité un esprit protecteur. Il avait gardait l’apparence d’un être ailé, et sûrement sous les ordres de Mitsuko il gardait à présent le temple. La Grande Prêtresse me pria de garder le secret ce que je venais de voir, j’acquiesçais sans un mot, il en allait de soi. Encore abasourdi je suivi les prêtres et prêtresses dans un profond silence, la salle se remplissait en hâte. Une fois tous présents la jeune femme révéla l’absence de protection du temple et ce qui allait s’en suivre.
Je m’absentais, allant dans la première pièce qui s’offrit à moi. Il me fallait réfléchir, j’étais un homme de terrain, je ne maîtrisais rien du surnaturel. Pourtant les Kamis semblaient me défier. Avais-je été trop loin ? Devais-je rebrousser chemin et faire comme si rien ne s’était passé ? J’étais trop impliqué pour ignorer les derniers événements. Je pouvais tout aussi bien me focaliser sur les tensions qui augmentaient entre les peuples de l’Hinomoto. Bientôt un conflit éclaterait, oui, je ferais peut-être mieux de découvrir une menace réelle, concrète d’un peuple envers le mien. Malheureusement cette menace aussi était bien réelle.
Une voix me sortit de mes sombres pensées, Mitsuko s’excusait de la tournure des événements. Je l’observais, ses mains tremblaient. Je me tournais vers elle : - Ne doutais pas des Kamis Hazama-sama, je ne pense pas que c’est un avertissement pour vous seulement. Ils essaient plutôt de vous lancer un message pour vous mettre en garde parce qu’ils connaissent vos capacités. Ils ont confiance en vous. J’essayais de la rassurer tant bien que mal, bien que je restais persuader de ce que j’allais affirmer. A mon avis les Kamis ne nous ont pas laissé tomber, je pense plutôt qu’une force obscure s’abat sur nos territoires, une force si puissante que les Kamis n’arrivent plus à communiquer avec vous pour vous avertir du danger.
Il nous fallait remettre les événements dans l’ordre. Je sortis du temple, j’avais besoin de prendre l’air. Je demandais à la jeune femme de me suivre. - Il y a quelques mois, commençai-je, nous avons été frappés par des forces occultes. Vous souvenez-vous si une mise en garde des Kamis ou autre événement inhabituel lors de vos divinations a eu lieu à cette période ? J’ai eu vent de présence de Yokaïs un peu partout depuis lors. Du moins, ils auraient été vu plus souvent qu’à l’accoutumé. Savez-vous d’où ils viennent ? Si l’on arrivait à remonter à la source nous découvrions peut-être ce qu’il se trame …
Je faisais les cent pas devant le temple, essayant de remettre de l’ordre dans mes pensées. Soudain une idée me frappa, je secouais la tête grommelant dans ma barbe : - Non ce n’est pas possible … Je levais soudainement mon visage vers la Grande Prêtresse et l’interrogeais encore : - Vous n’êtes pas sans savoir que les tensions augmentent entre les Clans, la conquête des Kamis monte à la tête de certains … Pensez-vous … Non, je délire personne n’oserai faire ça … Et si, si un chef de Clan pactisait avec l’obscur pour nous dominer tous ? Pensez-vous cela possible ?
Il s'agissait là d'une grave accusation.
Enfiévré par une telle pensée je m’adossais à la paroi du temple, laissant l’air frais calmer mes esprits. Je respirais à plein poumon, me demandant si un homme sur cette terre était capable de répondre à mes questions. C’est alors que je pensais à Shôta, ermite des montagnes, il avait été mon maître, peut-être en saurait-il davantage, après tout, les Shugenshas étaient réputés pour leur connaissances de l’occulte. Encore fallait-il le trouver …
¤ A cet instant, la grande prêtresse eut un autre regard sur les évènements qui se déroulaient. Il est vrai qu’elle n’avait pas pensé un seul instant que les Kamis pouvaient être dupé par un pouvoir sombre, assez puissant pour empêcher tout contact entre elle et les divinités. Maintenant qu’elle y repensait, elle se rappela qu’il y a quelques jours, durant la nuit, elle ressentit comme une pression dans son cœur. Ce fut celui-ci qui la réveilla et, alors qu’elle observait les étoiles, aucun message, ni même une quelconque scène ne se dessinait dans le voile bleu nuit. C’est depuis cette nuit que les Kamis ne répondirent à aucune prière de la demoiselle.
¤ Le visage de Mitsuko était devenu bien plus sérieux qu’à l’accoutumé et ces mains étaient plus sereine que jamais. Si elle réussissait à faire le lien entre cette nuit là et un évènement qui aurait pu se dérouler dans la journée précédant le couché du soleil, alors… C’est sur cette dernière pensée que la prêtresse fut sortie de ses songes par la demande d’Akio. Suivant le jeune homme, elle resta muette durant son histoire qui confirma ses déductions : une force obscure aurait attaqué les troupes d’Hitsujide. L’histoire du ninja fit remonter le combat que Hazama ainsi que Risako avait du faire face dans la tête de la jeune femme. Un Yokaï, bien plus puissant que la moyenne, était apparu et dévasté tout sur son passage. Et d’après ses sources, plusieurs créatures du même niveau de puissant se seraient dirigées dans les différentes régions de l’Hinomoto. Hazama était sur d’une chose : ces Yokaïs ne sont pas arrivés ici par hasard. Elle répondit ainsi à la question du ninja.
« Ces Yokaïs n’ont pas pu apparaître comme le ferait les autres. Leurs esprits étant puissants, l’énergie de la terre ne permet pas l’intrusion de telle entité. Voila pourquoi… je pense qu’il y a bel et bien quelqu’un derrière tout ceci. Cependant, son identité reste inconnue pour le moment… »
¤ La grande prêtresse ne pouvait pas rester là à ne rien faire après avoir découvert ces informations. Elle devait vite prendre congé et se rendre auprès de son seigneur afin de l’informer de la situation, certes, incertaine mais possible. Elle devait également prévenir Risako. Etant capitaine, elle serait peut être plus à même de convaincre Aoi-sama. ¤ Une fois de plus, la jeune femme était dans ses pensées, cependant, l’angoisse du jeune homme l’a fit sortir de ces quelconques stratégies et fit palpités son cœur un instant : l’un des chefs de clan… Cela semblait impossible mais la guerre demeure et certains seigneurs n’hésiteraient pas un instant à obtenir du pouvoir pour montrer sa supériorité… Hazama garda le silence avant de rassurer un minimum son hôte.
« Il est vrai que cela peut être une possibilité… Mais nous ne devons pas nous avancer sur la question. Ce qui compte à présent, c’est de trouver des preuves ou bien, avec un peu de chance, celui qui se trouve derrière tout ceci. »
¤ La grande prêtresse fit appelle à l’une de ses courtisanes afin que celle-ci aye chercher de quoi écrire. Puis, elle reprit avec un certain sérieux et une voix qui pourrait ressemblait à celle d’une dirigeante.
« Akio-san, j’ai une mission pour vous. J’aimerais que vous portiez cette lettre à votre seigneur. En tant que Grande prêtresse de Nezumide, je me dois de faire mon maximum pour que tout le pays ne soit détruit. Cependant, je ne peux ignorer votre crainte sur le fait qu’un seigneur de clan peut être impliqué. C’est pourquoi je vous demande de ne pas informer Hitsujide-sama de ce dont nous avons parlé… »
¤ La servante de la prêtresse revint finalement avec une petite table légère contenant un encrier et un papier. Hazama se mit immédiatement à genoux et prit le pinceau afin d’écrire cette fameuse lettre. Ce qu’elle contenait, rien sur le sujet de cette ombre. Une simple mise en garde sur les forces obscures qui pourraient se dégager de l’Hinomoto. Si Hitsujide était l’homme cherchant à utiliser ce pouvoir, il chercherait à tuer la demoiselle. Il ne prendrait sûrement aucun risque. Si c’est le cas, Hazama serait quoi faire. Dans le cas où il ne chercherait pas à la tuer pour ne pas éveiller les soupçons, cela laisserait du temps à la Grande prêtresse de mettre une stratégie au point. Quoi qu’il en soit, le futur va voir venir des jours sombres… ¤ La lettre écrite, elle la plia et la remit dans l’une des mains du ninja.
« Akio-san… Sachez que je serais toujours à votre écoute. N’hésitez en aucun cas à venir me voir si un souci va ronge l’esprit. »
¤ Pour montrer sa bonne foi, la prêtresse s’inclina légèrement devant l’homme. Cette conversation restera secrète quoi qu’il arrive. En tant que ninja, Akio ne pouvait trahir cela. A présent, l’atmosphère autour des deux personnes semblaient plus lourde et pourtant, les épaules de Hazama était légère…
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désolé pour l'attente, je ne t'avais pas oublié =s juste quelques petits soucis personnels ^^" A toi de voir si tu veux conclure ou continué. Je répondrais en conséquence ;D
La Grande Prêtresse songea sérieusement à l’éventualité d’une ombre puissante sur l’Hinomoto. Et si tel était le cas, Mitsuko me confirma que seul un être de cette terre serait capable de convoquer une telle puissance. Cela ne me rassurait pas, loin de là. Mais au moins nous partions sur une piste. Une pièce du puzzle, il nous fallait maintenant trouver d’autres preuves.
La jeune femme appela sa courtisane pour lui sommer de lui apporter de quoi écrire. Elle voulait remettre une lettre à mon Seigneur, elle me fit promettre de ne rien rapporter de ce que nous avions parlé, nos craintes sur un éventuel félon. - J’ai toute confiance en mon Seigneur Hazama-sama, mais j’écouterai votre volonté. Cette quête m’est personnelle, je ne suis obligé d’en informer Hitsujide-Sama.
Elle s’accroupi pour écrire, le soleil est haut maintenant, le temps a passé, je respire. Une nouvelle certitude m’emplie d’effroi, combien de temps allons-nous vivre en paix ? La Grande Prêtresse me remet la lettre, et de sa voix profonde me propose son aide en tout temps. Son dévouement et sa confiance me touche, elle s’incline à mon grand étonnement, je m’incline encore plus profondément en retour. - Que les étoiles veillent sur vous Hazama-sama, je ne rentrerai pas tout de suite à Hitsuji mais soyez sans crainte, votre lettre arrivera aux mains de mon Seigneur, vous avez ma parole.
Je m’éloigne du temple, l’esprit lourd. Dois-je tenter de retrouver Shôta ? Je suis sûr qu’il pourrait m’apporter d’autres réponses, mais je ne sais où le trouver. Cela prendrait trop de temps. Je resterai en ville encore quelques jours avant de repartir, je ne sais où …
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Fin du rp
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Retour aux sources
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Lun 1 Oct - 23:25
