Cela faisait maintenant 2 jours que Junichiro avait quitté Uma sous les ordres de son capitaine. Il soupçonnait ce dernier de l'avoir envoyer en mission pour qu'il puisse se changer les idées plutôt que pour une réelle mission. Quel intérêt pouvait-il y avoir pour un simple tireur d'élite de se rendre sur le territoire du clan Nezumide? D'ailleurs les termes exactes de sa mission restaient encore flou, il savait uniquement qu'il devait joindre au plus vite Nezumi , là bas quelqu'un l'attendrait pour lui remettre des directives plus précises. Junichiro quelque peu surpris qu'on l’envoie ainsi à l’extérieur avait cependant accepté immédiatement, il n'était pas dans ses habitudes de refuser une quelconque mission et s'éloigner quelques temps de chez lui , lui ferait le plus grand bien. Sans qu'il en connaisse la raison, la demeure des Shimizu était animée d'une grande agitation récemment et, rentrer chez lui dans ses conditions, lui était particulièrement pénible quand il n'aspirait qu'à trouver un peu de tranquillité après les longues journées d'entraînement. Son paquetage vite rassemblé, il avait brièvement pris congé de ses parents pour éviter les habituelles effusions de sa mère... Il devait voyager seul. On lui avait fourni un cheval et de quoi se nourrir durant le voyage, la consigne était de voyager léger. Malgré tout, il avait emmené son shamisen . La solitude ne lui pèserait pas particulièrement mais il n'envisageait pour rien au monde de partir sans son instrument, ensemble il formait un tout, il le considérait comme une partie de lui même.
Le voyage s'était jusque là passé sans encombre. Junichiro avait préféré passer ses nuits à la belle étoile, tant qu'il le pouvait encore il avait profité de ces précieux instants de solitude. Les cordes de son shamisen résonnaient dans le silence nocturne que seuls venaient parfois troublés, les bruits de sa monture paissant paisiblement non loin de lui ou quelques craquements insolites provoqués par des animaux de passage. Maintenant qu'il avait atteint Nezumi, il devait petit à petit reprendre contact avec la réalité. La rumeur ambiante de la ville, lui était fort désagréable et le remue ménage incessant le mettait mal à l'aise. Il avait encore du temps devant lui avant de rencontrer son contact, aussi décida-t-il malgré tout de visiter la ville. Il avait un peu perdu la notion du temps pendant son voyage, un détail qui lui avait jusque là échappé depuis qu' il avait franchi les portes de la ville, lui sauta soudain aux yeux , partout , devant chaque maison, on avait accroché des lanternes de toutes tailles et de toutes formes. Certaines plus travaillées que d'autres présentaient des couleurs chatoyantes mettant en valeur des formes épurées ou des motifs complexes étroitement entrelacés. Il resta un instant perdu dans leur contemplation puis réalisa enfin qu'il était arrivé à Nezumi en plein festival du O-Bon; en hinomoto chaque région fêtait ses morts à une date qui lui était propre aussi n'était-il pas étonnant qu'il ait ignoré l’événement en ces lieux. Laissant le hasard guider ses pas, il quitta ce qui lui semblait être la rue principale pour s'enfoncer dans un dédale de petites rues. Pour un œil non aguerri comme le sien, elles semblaient toutes identiques. Elles mettaient au défi le sens de l'orientation de quiconque désirait s'y aventurer, à moins bien entendu qu'il ne s'agisse d'un autochtone. Il progressa ainsi, sans but particulier, gravant dans son esprit au passage le moindre détail , rien ne lui échappait. Il avait toujours était très observateur et ses débuts en tant que tireur d'élite n'avait fait qu'accroître son acuité.
Il empruntait un étroit chemin envahi par les herbes folles lorsqu'il déboucha sur un petit cimetière. Entouré par un muret de pierre, celui-ci ne comptait qu'une dizaine de tombe. Les noms gravés à même la pierre, indiquaient qu'il s'agissait en grande partie de guerriers qui avaient succombé ou disparu en mission. Ici et là avaient été déposé des offrandes et avec la tombée de la nuit qui avançait à grand pas, on distinguerait bientôt la lueur blafarde des lanternes. Durant tout le jour celles-ci avaient brillé pour accompagner l'âme des défunts. Un calme apaisant envahi Junichiro, il s'avança au centre du cimetière où se dressait un vieux ginkgo qui étendait son feuillage tel un gardien protecteur. Sortant son instrument, il pris place au pied d'une lanterne de pierre qui semblait tenir compagnie au vieil arbre, et bientôt, une mélodie emplie de nostalgie s'éleva dans les airs, telle une complainte lancinante.
Dernière édition par Shimizu Junichiro le Mar 21 Fév - 13:16, édité 1 fois
Takahara Bankichi
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Sujet: Re: ... Festival macabre Lun 6 Fév - 0:07
À Nezumi, c'était la période du festival des morts, le festival O-Bon. Chaque foyer avait accroché ses lanternes et Bankichi ne faisait pas exception. Il venait de terminer la sienne après trois jour de travail et était sorti pour la suspendre fièrement au portail de la maison familiale. Il n'était pas l'enfant le plus doué en arts et la décoration de sa lanterne était plutôt maladroite, mais le symbole était là, c'était l'essentiel. Le festival O-Bon était pour lui un évènement tout particulier, c'était le festival où il rendait hommage à son père disparu en mission quand il n'avait que 2 ans. Kidô, son père, était un héros reconnu à Nezumi, se battant toujours avec honneur et glorifiant le nom de son clan. Il avait redonné espoir à tous par ses efforts lors de la guerre contre le clan Suigyuuku, cependant cela n'avait pas suffit et ils avaient quand même perdu la guerre. La voix de Risako, sa mère, tira le jeune garçon de ses pensées.
"- Bankichi ! Mets ton manteau tu vas attraper froid. - Oui maman. - Viens, c'est l'heure d'y aller."
Comme tout les ans, Bankichi allait se recueillir avec sa mère sur la tombe de son père. Bien que le corps de ce dernier n'avait jamais été retrouvé, une pierre avait été dressée en sa mémoire dans le cimetière où reposaient les plus grand guerriers de Nezumi. Un petit cimetière, en plein cœur du centre historique de la ville, où seul les plus valeureux reposaient pour l'éternité. Alors qu'ils approchaient du cimetière, Bankichi entendit une douce mélodie s'élever dans le ciel du soir. Lâchant la main de sa mère il se précipita vers la source de la musique et découvrir un jeune homme jouant du shamisen au pied du ginkgo du cimetière. Dès que celui-ci sembla avoir fini de jouer, le jeune garçon applaudit de toutes ses forces, arborant un grand sourire. Lui qui aimait beaucoup la musique était encore plus touché d'entendre un air comme celui-ci en ce jour et dans cet endroit qui signifiait tant pour lui. Il en était si ému que les larmes lui étaient montées aux yeux.
Sujet: Re: ... Festival macabre Sam 11 Fév - 21:55
Pendant trois jours du septième mois se déroulait la fête O-bon, ou fêtes des morts. Ces trois jours représentaient respectueusement la cérémonie de bienvenue, celle de partage puis celle d’adieu. On prêtait alors aux défunts comme une nouvelle vie, les conviant à la table de leurs anciennes demeures ou les guidant de maison en maison jusqu’aux cimetières à l’aide d’un chemin de lanternes plus ou moins élaborées. Des danses rituelles étaient même organisées en leurs honneurs et attiraient la foule jusqu’au milieu de la nuit. Bien que les évènements fêtés demeuraient macabres, les gens se retrouvaient avec joie et convivialité.
Cependant, O-bon était devenue insupportable aux yeux de Risako. S’efforçant de se montrer heureuse devant son fils qui s’investissait tellement pour cette cérémonie, elle s’indignait profondément de devoir lui mentir sur la mort de son père. D’ailleurs, était-ce vraiment un mensonge ? Elle n’en savait rien et le doute, de plus en plus grand, rejaillissait à cette période de l‘année. Le clan avait déclaré officiellement mort Kidô, mais Risako refusait catégoriquement cette possibilité. Elle n’avait pas obtenu de preuve valable, elle ne pouvait y croire, même après dix ans. Aussi, pendant trois jours changeait-elle fréquemment d’humeur et avait l’impression que l’on fêtait la mort de son mari alors que l’on n'avait jamais réellement retrouvé le corps qui attestait de son décès. Quelle terrible mascarade !
Animée par une intense colère, elle demeurait, ces trois jours, persuadée de l’hypocrisie de son clan. Elle vociférait et se plaignait en cachette, alors oublieuse de tout code. Amère et peu aimable, un peu comme une bête blessée qui tente tant bien que mal de se défendre, elle s’habillait de blanc et incarnait la veuve. Ce rôle si détestable. Et elle pensait à son fils, son pauvre orphelin, obligé de vivre dans le mensonge, heureux que son père soit considéré comme un héros sur ses terres alors qu’il courait peut-être sur les routes en vulgaire rônin. Quant à elle, rendue complice d’une pure supercherie s’étendant tout entière au clan, elle souffrait tellement de cette situation. Il fallait, pour le bien du clan et de sa famille, qu’elle fasse comme si le décès lui avait arraché son mari alors qu‘elle n‘en savait fichtrement rien. Tout le monde lui semblait alors dépourvu de compassion, totalement insensible à ce qui se passait. C’était facile, trop facile !
Au bord de la schizophrénie quand ses pensées l’assaillaient autant que la solitude, elle s’évadait d’un coup dans la nuit noire et les rues désertes pour détruire et ainsi, témoigner sa haine envers ce clan sans honneur. Son indignation était alors sans borne. Trois nuits dans l’année, elle devenait diablesse. Elle brûlait ensuite sa robe blanche et salie, et rentrait toute de noir vêtue, le sourire aux lèvres. Mais ses si petites vengeances lui suffisaient de moins en moins. Au petit matin, on considérait , entre quelques actes de vandalisme particulièrement sauvages, un chien éventré et une des plus belles statue de Tachigami tranchée de travers, comme si on l’avait barrée avec un pinceau de bambou. On disait alors qu’un des fils de la divinité, se transformant en bête féroce, se révoltait contre son ancêtre pour quelques obscures raisons avant de tout oublier. On était bien loin de se douter que la bienveillante et sage Risako était derrière tout ce carnage. Et cela arrivait au O-bon depuis un peu moins d’une décennie.
Risako brûlait alors de quitter Nezumi, de partir loin de son seigneur, Nezumide Aoi. Mais elle ne pouvait pas réaliser ces désirs sans penser à l’avenir de son fils. Alors que sa raison ne tenait qu’à un fil, elle se persuadait qu’elle ne pouvait pas partir ainsi à la recherche de Kidô alors que Bankichi avait encore besoin d’elle et d’un nom glorieux. Elle ne pouvait que rester à Nezumi avec lui, sans aucun espoir de revoir un jour son mari qui lui manquait tellement et dont elle ne pouvait pas voir la mort en face.
Ce jour-ci, elle se rendit comme tous les ans au cimetière des braves du clan avec son fils. Elle devait s’occuper de la pseudo tombe de son mari, mais alors qu’ils étaient encore en chemin, une douce musique pleine de mélancolie ,jouée au shamisen, leur parvint. Bankichi lâcha alors la main de sa mère et se dirigea rapidement au centre du cimetière, là où poussait le vieux ginkgo. Risako dut à contrecœur presser le pas pour que sa progéniture ne quitte pas son champ de vision. Elle râla à voix basse et fronça les sourcils tandis que Bankichi ne prêtait pas attention à elle. Ils découvrirent alors un jeune homme, ou bien une jeune femme _ en tout cas, il semblait assez efféminé pour que son apparence prête à confusion _ jouer pleinement de son instrument. Il semblait absorbé dans sa mélodie et animé par la seule passion.
Risako, déjà assez irritée, trouva que jouer dans un cimetière ne devait être que l’idée d’un extravagant. Alors qu’elle alla tirer son fils de sa contemplation, elle vit son sourire si innocent et les larmes qui naissaient aux coins de ses yeux. Quoi ? La musique avait été si émouvante ? Elle se dit alors que son fils était bien trop sensible, qu’il fallait dès à présent qu’elle fasse attention à ce qu’il ne devienne pas trop doux, ou il fera un très mauvais samouraï plus tard. Risako observa aussi qu’elle ne l’avait pas écoutée, que son tourbillon de pensées avait été trop fort et avait couvert l’œuvre. C’était d’une tristesse.
« Bankichi, Voyons ! Rend la paix à ce musicien. S’il joue dans un endroit si calme en ces temps de fête, c’est bien pour rester tranquille ! » S’exclama-t-elle avec aigreur. Risako ne se rendit compte du ton qu’elle avait employé qu’après coup. Elle s’excusa auprès du musicien avec une courbette et une formule conventionnelle avant de se retourner vers son fils.
« Allons, mon fils. Ce n’est pas que la musique m’ennuie, mais nous avons d’autres chats à fouetter. »
C'est alors qu'une brûlure soudaine au ventre la fait se tordre brusquement. On appelait ça La vengeance de Tachigami. Elle apparaissait quand un Nezumide utilisait ses pouvoirs à mauvais escient et Risako y était particulièrement sujette les jours du festival des morts. En fait, il ne s'agissait pas d'une brûlure d'estomac à proprement parler. C'était aussi vif que de petites coupures, mais ça s'alourdissait de seconde en seconde. Jusqu'alors, la douleur avait été clairement supportable, tellement que Risako pouvait vaquer à ses occupations sans y penser cette dernière décennie. Mais à présent, cette douleur faisait bien plus mal. Risako se redressa aussi vite qu'elle le put, elle ne voulait pas alerter son fils, même si le mal était déjà fait. Elle lui tendit sa main tandis qu'une première goute de sueur coula sur sa joue comme une larme. Il ne fallait pas qu'elle reste là.
Sujet: Re: ... Festival macabre Mar 21 Fév - 15:22
Au moment où la dernière note mourut, des applaudissements retentirent. Junichiro confus, releva la tête et vit le jeune garçon qui applaudissait plein d'ardeur, le regard brillant d'enthousiasme. Il ne s'était pas aperçu de sa présence et un instant il eut honte d'avoir relâché son attention. A chaque fois qu'il jouait de son shamisen, il occultait tout autour de lui. « Un jour, ton instrument te conduira à ta perte ! », ne cessait de maugréer son maître d'arme quand il le surprenait dans cet état. Ce à quoi, Junichiro se contentait de répondre par un bref haussement d'épaule, traduisant ainsi son indifférence la plus totale face au reproche de son maître. Il réalisa cependant l'importance de ces mots quand il se rendit compte que l'enfant n'était pas seul. Une femme le suivait. A en juger par ses traits, elle devait être son aînée d'environ une dizaine d'année. Elle portait les signes distinctifs du rang des capitaines et sa manière de se tenir trahissait une grande confiance en elle. L'air soucieux qu'elle portait à l'enfant ne donnait nul doute sur le fait qu'elle soit sa mère. Il reconnaissait là, le regard que sa propre mère lui octroyait si souvent. Quelque peu soulagé, Junichiro se détendit, ce n'était pas encore aujourd'hui qu'il serait puni pour sa faute d'inattention.
« Bankichi, Voyons ! Rend la paix à ce musicien. S’il joue dans un endroit si calme en ces temps de fête, c’est bien pour rester tranquille ! » , s'exclama-t-elle. Junichiro voulu protester mais déjà elle s'excusait et s'apprêtait à prendre congé, entraînant son fils à sa suite. Tandis qu'elle se tournait vers lui, son visage se crispa douloureusement et son corps se plia en deux comme si elle avait subitement reçu un coup au ventre. Ceci ne dura que quelques secondes, l'enfant ne s'était aperçu de rien. Elle se redressa vivement et lui tendit la main pour le presser.
Junichiro se leva. Malgré l'air impassible de la femme, la goutte de sueur qu'il voyait poindre sur son visage ne présageait rien de bon. Il n'aimait pas spécialement jouer les bons samaritains mais il ne tenait pas non plus à la voir s'effondrer sous ses yeux. Ramassant son shamisen rapidement, il réfléchit au moyen d'intervenir sans paraître impoli. Il ne connaissait que trop bien la fierté sans équivoque de ses subordonnés et cette femme ne dérogeait certainement pas à la règle,bien qu'elle fusse de Nezumi. Ses réflexions coupèrent court quand il entendit soudain l'enfant appeler sa mère d'un ton paniqué. Il se retourna et la vit tituber une main pressant son ventre. Elle se raccrochait tant bien que mal au parapet entourant le cimetière. Sans se poser davantage de question, il s'avança dans sa direction pour l'aider.
Takahara Bankichi
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Sujet: Re: ... Festival macabre Mer 22 Fév - 22:09
« Bankichi, Voyons ! Rend la paix à ce musicien. S’il joue dans un endroit si calme en ces temps de fête, c’est bien pour rester tranquille ! »
Le jeune garçon baissa les épaules et soupira avant de lâcher un "Oui maman." sans conviction. Il aurait tant aimé rester écouter la musique que cet homme jouait. Il se rendit compte tout à coup, comme dans un éclair de lucidité, que sa mère était toujours de mauvaise humeur pendant le festival du O-bon. C'était sans doute parce qu'à cette période là elle était plus triste que d'habitude d'avoir perdu son mari et le père de son fils. Oui, c'était forcément ça, ça ne pouvait pas être autre chose de toutes façons.
« Allons, mon fils. Ce n’est pas que la musique m’ennuie, mais nous avons d’autres chats à fouetter. »
Ainsi tiré de ses pensées par la voix de sa mère, il la suivit vers la tombe de son père qu'ils devaient entretenir et devant laquelle il allait s'arrêter quelques bref instant pour prier, après quoi ils rentreraient à la maison. Bankichi ne put s'empêcher de trouver cette expression "d'autres chats à fouetter" aussi cruelle que ridicule, qu'elle idée de vouloir fouetter un chat, c'est tellement mignon un petit chat. Soudain il remarqua que sa mère n'allait pas bien du tout, il ne l'avait pas vu tout de suite, trop occupé qu'il était à penser à de petits chatons tout mignons en train de se faire fouetter. Ne sachant trop que faire, et commençant un peu à paniquer, il se contenta de lui demander si tout allait bien et si elle avait besoin de quelque chose. Avec le recul il s'en voudrait sûrement d'avoir été si ridicule et de n'avoir pas vu plus tôt que sa mère n'allait pas bien, mais après tout il n'était encore qu'un enfant...
Les kamis étaient des maîtres terribles. D’autant plus lorsqu’il s’agissait de Tachigami châtiant un de ses sujets ayant pêché. Risako souffrait le martyr, redoutant le moment où les lames divines viendraient à bout de l’intérieur de son ventre, mais maudissant également le Grand Rongeur qui, pas plus tard qu’hier, s’était révélé tellement froid, tellement silencieux qu’elle l’avait trouvé révoltant et l’avait tranché sans autre forme de procès. Et sa colère ne faisait que grandir lorsqu’elle pensait à ceux qui avait décidé de la mort de son mari. Si Tachigami protégeait les natifs du clan Nezumide, pourquoi ne punissait-il pas ceux-là ? Pourquoi Risako devait-elle souffrir de ses bêtises commises lors de cette dernière décennie alors qu’eux s’en sortaient certainement sains et saufs ?
Son regard se fit défiant quand elle se cramponna aux parapets du cimetière. Elle était maintenant mouillée de sueur et cherchait à quitter les lieux afin de se reposer dans sa demeure. Et au plus vite, tant elle n’aimait pas apparaître ainsi. Aussi faisait-elle tout son possible pour taire sa douleur, mais une main appuyée sur son ventre, une respiration profonde et régulière et une volonté à toute épreuve ne suffisaient pas.
Elle ne pensait plus à la tombe de Kidô tant sa souffrance était rude. D’ailleurs, elle était peut-être soulagée de n’avoir plus à penser à ce mensonge grotesque. Voilà au moins ce que Tachigami lui aurait apportée. Une énième goutte de sueur s’écrasa au sol. Risako se rendit compte que Bankichi s’inquiétait pour elle, et cela accentua sa douleur tandis que le musicien se levait et se dirigeait vers elle, certainement dans le but de l’aider. Risako s’était arrêtée. Il lui semblait alors que ses jambes pesaient tellement lourd…Elle haletait dans un dernier effort pour en lever une, esquisser un pas. Rien à faire.
Elle aurait tant voulu prendre la fuite et oublier sa douleur pour ne plus se trainer comme une petite bête blessée que l’on prendrait en pitié. Son regard défiant vint considérer l’homme qui se tenait devant elle, et la raison le contraint à lui demander , d’une voix qu’elle voulait confiante : « S’il-vous-plait, pourriez-vous me laisser emprunter votre épaule comme appui le temps d’arriver chez moi ? »
Adossée au parapet, la respiration saccadée, Risako tendit une main vers Bankichi pour la lui passer dans les cheveux, et ainsi le rassurer, avant de détailler un peu mieux le musicien. Il avait l’air frêle, mais Risako n’était pas bien imposante non plus. Elle espérait qu’il accepterait sa demande et qu’il aurait la force de la soutenir jusque là.
Dernière édition par Takahara Risako le Sam 3 Mar - 3:01, édité 1 fois
Le capitaine ne cherchait plus à dissimuler sa faiblesse. Elle leva les yeux sur Junichiro qui était arrivé à sa hauteur et lui demanda son aide.
« S’il-vous-plait, pourriez-vous me laisser emprunter votre épaule comme appui le temps d’arriver chez moi ? »
Sans prononcer un mot, il fit glisser son shamisen sur son épaule gauche et lui présenta son bras. Chancelante, elle se cramponna au jeune homme.
Elle le remercia péniblement et demanda à son fils de les guider jusqu'à leur maison. Sa voix était faible et son front trempé de sueur. Soutenue par Junichiro, elle tenta d'esquisser quelques pas. Malgré son apparence chétive, le garçon n'en avait pas moins suivi d' interminables séances d'entraînement destinées à aguerrir son corps. Certes la nature ne l'avait pas doté d'une carrure digne d'un véritable guerrier_au grand damne de son père. Mais les souffrances infligées lors des exercices avaient tout de même fini par porter leur fruit. Sa silhouette s'était vaguement étoffée et sous sa peau se profilait une musculature discrète mais bien présente. Il put donc maintenir la mère du jeune garçon sans trop de peine.
*Espérons que ce ne soit pas trop loin*, pensa Junichiro en regardant l'enfant s'engager dans une rue adjacente. Il avait compris l'urgence de la situation et se retournait sans cesse pour s'assurer que sa mère suivait. Le jeune tireur d'élite lui emboîta le pas, sentant le capitaine souffrir à ses côtés, il réajusta sa prise passant son bras au dessus de sa taille. La situation était plutôt embarrassante. Que penseraient les Nezumide en les voyant passer? Baissant la tête, il s'efforça de ne pas y songer et se concentra sur sa tâche. Pied droit, pied gauche puis de nouveau pied droit, …
Au bout d'un moment, il releva la tête, s'assurant que le capitaine suivait son rythme sans trop de peine. La douleur semblait s'être légèrement estompée et sa respiration devenait plus régulière. Elle progressait, le visage placide, gardant un œil sur son fils. Junichiro reporta son attention sur celui-ci. Il lui rappelait son plus jeune frère,Kinji. Avec une, peut-être deux années de moins? Comparé à son frère aîné, celui-ci avait une personnalité enjouée, curieux de tout, il faisait la fierté de ses parents. Au premier abord, on ne pouvait soupçonner leur lien de parenté tant leurs tempéraments étaient l'exact opposé l'un de l'autre. Physiquement, c'était la même chose; Kinji n'avait rien à envier à Junichiro. Pour autant, une étroite complicité reliait les deux frères. Leur différence d'âge n'y changeait rien, un simple regard, quelques mot suffisaient souvent pour qu'ils se comprennent.
Au détour d'une rue, le petit garçon ralentit enfin. Derrière lui se dressait une petite maison noire et blanche. Pour y pénétrer, il fallait traverser un jardin de taille modeste, harmonieusement aménagé. Ça et là, des petites lanternes se balançaient doucement, poussées par le vent. Celle ornant le portail avait une forme hasardeuse, sans doute confectionnée par l'enfant. Junichiro ne put s'empêcher de l'imaginer penché de longues heures durant au dessus de sa lanterne, travaillant en y mettant tout son cœur.
- Nous sommes arrivés, dit-il machinalement à l'attention de la jeune femme.
Dernière édition par Shimizu Junichiro le Mar 20 Mar - 12:54, édité 1 fois
Takahara Bankichi
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Sujet: Re: ... Festival macabre Dim 4 Mar - 11:59
Durant tout le trajet Bankichi peinait à cacher sa panique. Il n'avait pas remarqué ses derniers jours chez sa mère le moindre signe de maladie, mise à part une relative mauvaise humeur depuis le début du O-bon, et se demandait comment elle pouvait se retrouver aussi affaiblie d'un seul coup. Il se doutait qu'elle devait être malade depuis quelques jours mais il se demandait comment il avait pu ne pas le remarquer. Se maudissant intérieurement, le fils indigne essaya de ne pas trop presser le pas pour rentrer afin que le musicien et sa pauvre mère malade puissent le suivre.
Au bout du compte, ils finirent par arriver devant leur maison. Le jeune garçon se précipita à l'intérieur pour préparer du thé, il était persuadé qu'une bonne tasse de thé avec les bonnes herbes ferait le plus grand bien à sa très chère mère. Et puis il pourrait ainsi recevoir le musicien à peu près convenablement, malgré la situation pour le moins peu commune. Pendant que l'eau pour le thé chauffait, il se demanda s'il ne devait pas également apporter à manger et décida finalement de confectionner aussi vite que possible de petites boulettes de riz. Affairé dans la cuisine, qui était presque devenue sa deuxième pièce dans la maison après sa chambre, il tenta de faire au plus vite afin de pouvoir offrir à sa mère de quoi reprendre des forces et pouvoir remercier comme il se devait leur invité.
Une fois que tout fut près, il posa la théière et deux tasses, une pour sa mère et une pour leur invité, sur un plateau et y ajouta une petite assiette sur laquelle reposait une dizaine de boulettes de riz. Il espérait que cela suffirait et ce fut d'un pas rapide et inquiet qu'il sortit de la cuisine. Il ne savait pas trop où sa mère et le musicien étaient à ce moment précis, mais il ne tarderait pas à les retrouver, après tout il était chez lui.
Sujet: Re: ... Festival macabre Dim 11 Mar - 20:01
Sans dire un mot, le jeune homme prêta son bras à Risako qui put s’y cramponner pour avancer avec moins de peine. Elle le remercia, assez gênée de le solliciter alors qu’il avait certainement cherché un endroit où jouer son instrument sans qu’on vienne le déranger.
A cette heure-ci du Obon, les rues étaient animées et pleines de joie. Les lanternes, en nombre, les éclairaient avec chaleur et sans qu’elles ne puissent craindre un fantôme ou toutes autres créatures susceptibles de se promener dans Nezumi en pleine nuit. Le musicien parcourait les rues trop vite pour Risako, qui, bien qu’appuyée sur son épaule, avait du mal à suivre. Il passa donc son bras autour de sa taille pour la pousser à prendre le bon rythme. Comprenant son geste, Risako ne fit pas d’histoire malgré les regards interrogateurs de ceux qui les croisaient. De plus, elle se disait qu’elle souffrirait moins longtemps de se montrer dans cet état. Heureusement, son fils cherchait à emprunter les raccourcis et à éviter les rues trop animées qui ralentiraient le trajet. Quelques longues minutes plus tard, le jeune homme annonça qu’ils étaient arrivés. Le garçonnet leur ouvrit la porte.
Près de l’entrée avait été disposée un petit autel où deux bâtons d’encens, parfumant une bonne partie de la maison, se consumaient devant une petite plaque mortuaire portant le nom du défunt. Risako guida le jeune homme qui l’aidait vers le salon tandis qu’elle voyait Bankichi filer vers la cuisine. Elle se sentit fière de son garçon qui avait appris les bonnes manières et était désireux de les appliquer comme un adulte, malgré la maladresse qui seyait à son jeune âge. Risako lâcha un soupire de soulagement lorsqu’elle prit place sur un des quatre coussins encadrant la table basse au centre de la pièce. Elle tenta de rester digne et droite quand elle invita son bienfaiteur à s’installer en face d’elle. On pouvait trouver ceci assez ridicule après ce qui s‘était passé, mais Risako était soucieuse de son aura. Elle était tout de même capitaine et avait traversé bien pire que cela. Il lui semblait alors que sa colère s’était légèrement dispersée tant elle se sentait fatiguée.
Bankichi ne tarda pas à arriver avec trois tasses de thé et quelques boulettes de riz. Risako le remercia chaleureusement et le complimenta avec tendresse pour son comportement exemplaire. Elle disposa sur une assiette deux boulettes de riz avant de demander à son fils de les porter devant l’autel de son père. Elle servit ensuite du mieux qu’elle put un peu de thé à son invité avant de servir son fils et de se servir elle-même. En fait, la solidarité de ces deux hommes l’avait un peu requinquée. A moins que sa souffrance n’avait été provoquée par une crise de panique lamda? Non, il s’agissait bien de la Vengeance de Tachigami. Elle le sentait au plus profond d’elle-même. Enfin, Risako reprit place avec une respiration profonde et dit au musicien, dans une courbette polie et avec une voix douce et tranquille :
« Merci de m’avoir portée votre aide. Si vous n’aviez pas été là, je serai encore à me trainer dans Nezumi, et j’ignore si mon fils aurait été si efficace. Veuillez accepter cette maigre rétribution. »
Tandis qu’elle goutait au thé de son fils qui devrait la soulager un peu plus, elle se prit à détailler discrètement et un peu mieux le jeune homme. S’il l’avait portée jusque là, c’était qu’il était mieux bâtit que ce que l’on voulait bien croire. C’est alors que son regard se posa sur son sac. Risako se rendit compte qu’elle ne l’avait pas beaucoup entendu parler, elle ne pouvait donc savoir s’il était de Nezumi ou d’ailleurs. Et ce sac la rendit sceptique concernant sa provenance.
« Oh, pardonnez mon indiscrétion, mais vous êtes un voyageur ? Avez-vous déjà trouver une auberge ou une maison d’hôte ? »
Par ces questions, la mère voulait interpeller son jeune invité. Les auberges, en ces temps de fêtes, étaient prises d’assaut pour la simple raison que tous les Nezumides rentraient chez eux afin de partager les cérémonies des morts en famille. Sans parler des touristes qui voulaient voir à quoi ressemblaient ces festivités dans cette région de l’Hinomoto.
Spoiler:
Mon code couleur c'est "firebrick", si tu veux ^^ Et prend garde à ne jouer que ton perso
Sujet: Re: ... Festival macabre Lun 19 Mar - 18:20
L'enfant franchit la porte le premier. S'engagant à sa suite, Junichiro se laissa guider par la jeune femme jusqu'au salon où il l'aida à s'installer près d'une petite table basse. Elle l'invita à en faire de même; il déposa son sac près de lui et s'assit à son tour sur le coussin le plus proche. Après plusieurs jours de voyage à cheval , il ne put qu'apprécier le confort qu'offrait celui-ci à son fessier endolori et se retint de soupirer d'aise par respect pour son hôte. Un sourire furtif passa sur son visage; étrangement il se sentait détendu malgré la situation.
Un bruit de pas attira son attention, le petit garçon venait d'entrer dans la pièce, il portait un plateau chargé de quelques boulettes de riz et du nécessaire pour servir le thé. L'odeur délicate des plantes qui infusaient, se répandit dans la pièce. La mère du jeune garçon, lui fit porter une assiette jusqu'à l'autel que Junichiro avait aperçu dans l'entrée. Il se rappelait avoir lu le même nom sur une des tombes du cimetière un peu plus tôt: Takahara Kîdo. Malgré son caractère festif, la fête du O-bon était bien cruelle, ravivant les blessures enfouies au plus profond de tout ceux qui avaient perdu un être cher.
Le capitaine servit une tasse au jeune musicien qui s'inclina poliment pour la remercier. L'imitant il porta le liquide fumant à ses lèvres, prenant garde de ne pas se brûler comme à son habitude. Son regard se posa sur les boulettes de riz trônant sur la table. Son estomac ne tarderait pas à protester, lui rappelant qu'il n'avait rien avalé depuis la veille. ... Plus il les regardait et plus elles lui paraissaient appétissantes … Quand son hôte lui adressa la parole il se fit violence pour détacher son attention de l'objet de sa convoitise et redressa la tête. Le début de sa phrase lui échappa, mais il saisit l'idée générale. Elle le remerciait pour son aide et regardant son sac, lui demanda d'où il venait et s'il avait un endroit où passer la nuit. Il réalisa qu'il avait manqué à toute règle de bienséance en omettant de se présenter. Si il avait s'agit de sa mère, il aurait eu droit immédiatement à un interminable sermon sur les règles du savoir vivre et tout particulièrement en présence d'un aîné.
"Je m'appelle Junichiro, Shimizu Junichiro," dit-il en s'inclinant selon l'usage. "J'arrive d'Uma, on m'a envoyé en mission à Nezumi pour quelques jours. Je m'excuse de vous avoir mis dans une situation embarrassante mais je suis heureux d'avoir pu vous aider."
Il se sentit honteux du ton formel qu'il avait employé pour faire cette déclaration. A présent qu'il devait prendre la parole, la femme assise en face de lui l'intimidait .
"J'ignorais qu'on célébrait les morts à Nezumi avant de venir et je pensais trouver facilement une chambre à l'auberge." Disant cela, il tourna la tête et scruta au dehors par la fenêtre du salon. La nuit était maintenant tombée et dans le ciel sans nuage scintillaient déjà une multitude de constellations.
"Il semble que ce soir encore, je dormirais à la belle étoile..."
Puis, désignant les boulettes de riz d'un geste de la main : - "Je peux?"
Après pris un verre et gouté au thé, le voyageur se présenta. Il disait qu'il s'appelait Shimizu Junichiro et qu'il arrivait d'Uma pour accomplir une mission à Nezumi. Ceci rendit Risako perplexe, le clan Umano n'étant pas vraiment un allié du clan Nezumide puisqu'ils n'avaient fait que signer un pacte de non-agression. Peut-être l'avait-on mise au courant de l'arrivée d'un Umano et trop occupée, elle n'y avait pas fait attention. De quoi pouvait-il bien s'agir ? Soucieuse, Risako trempa une nouvelle fois ses lèvres dans la boisson fumante. Il fallait avouer qu'elle mourait d'envie de demander à son jeune invité en quoi consistait cette curieuse mission. S'il était venu sans attention malveillante, il lui répondrait avec une rapidité et une clarté sincères, si c'était le contraire et qu'il lui mentirait, alors… Mais elle n'était pas en état de défendre son clan si elle venait à le percer à jour. Aussi se fia-t-elle à l'apparente innocence que procurait sa jeunesse à son invité et laissa-t-elle passer. S'il ne l'avait pas commencé, Il se pouvait aussi qu'il ignorait lui-même le sujet de sa mission. Bref.
Elle lui prêta de nouveau une oreille attentive, entendit qu'il ne savait pas qu'on fêtait les morts, qu'il avait pensé trouver une chambre dans l'une des auberges de la cité. Elle sourit, attendrie. Elle avait sans doute affaire à un jeune garçon un peu étourdi. Puis, ne disant mot, elle l'observa tandis qu'il regardait à la fenêtre et prenait conscience qu'il faisait déjà nuit noire et qu'il devait être très tard. Il montra ensuite la nourriture avec une envie évidente. Risako ne put s'empêcher de rire malgré la douleur qui lui tiraillait encore le ventre. Elle cacha alors ses dents blanches et ses douces lèvres derrière sa main. Pauvre enfant, le voyage n'avait pas du être de tout repos.
"Ha ha ! Bien sûr que vous pouvez ! Servez vous. Je ne vais quand même pas manger devant vous sans que vous ne puissiez vous restaurez." répondit-elle en souriant. Quand il se fut servi et que son fou rire fut calmé, elle poursuivit: "Veuillez m'excuser… Junichiro, c'est ça ? C'est un très beau nom. Pour ma part, je suis le capitaine Takahara Risako. Mon fils s'appelle Bankichi et j'espère que vous appréciez sa cuisine. Mais, je vous en prie, ne couchez pas dehors ce soir. Pourquoi ne pas dormir ici ? Nous avons une chambre libre. Et si vous êtes en mission demain, il vaut mieux que vous dormiez convenablement, n'est-ce pas ? D'autre part, si vous êtes venu à cheval, vous pourrez l'attacher dans le jardin sans crainte qu'on ne vienne vous le dérober."
Au moins était-il prévenu. Il se trouvait chez un capitaine et ce même capitaine l'invitait à dormir chez elle. Cependant, Risako ne réagirait pas si le jeune garçon venait à refuser. Elle se sentait de plus en plus fatiguée après l'attaque de la Vengeance de Tachigami et son manque d'endurance commençait à venir à bout de sa patience. Malgré tout, elle attendit la réponse de son jeune invité confortablement installé en face d'elle.
Sujet: Re: ... Festival macabre Mer 25 Avr - 16:15
Amusée devant sa question, la maîtresse de maison invita Junichiro à se servir. Le jeune garçon ne se le fit pas répéter deux fois et ni une ni deux, il engloutit sa première boulette de riz. Son jugement devait sans doute beaucoup au fait qu'il était affamé, mais il avait l'impression de ne jamais en avoir manger de meilleures. Plutôt étonnant d'ailleurs, puisque préparées par un enfant d'à peine une dizaine d'années ... Enfin, Junichiro avait toujours été piètre cuisinier …
"Veuillez m'excuser… Junichiro, c'est ça ? C'est un très beau nom. Pour ma part, je suis le capitaine Takahara Risako. Mon fils s'appelle Bankichi et j'espère que vous appréciez sa cuisine. » La bouche pleine,et ne voulant pas paraître impoli, il se contenta d'opiner du chef pour exprimer sa gratitude. Puis tourna tête en direction de l'enfant et lui jeta un regard plein de reconnaissance. « Mais, je vous en prie, ne couchez pas dehors ce soir. Pourquoi ne pas dormir ici ? Nous avons une chambre libre. Et si vous êtes en mission demain, il vaut mieux que vous dormiez convenablement, n'est-ce pas ?»
Demain? A vrai dire Junichiro n'était même pas sûr qu'il rencontrerait son contact le lendemain. Ses ordres de mission avaient été on ne peut plus succincts. C'était plutôt comme si on l'avait poussé à partir le plus vite possible d'Uma. Mais dans quel but? La perspective d'un bon lit pour passer la nuit le tentait grandement mais se rappelant l'état de faiblesse de son hôte un peu plus tôt, il hésita longuement avant de donner une réponse.
«J'accepte volontiers votre proposition, mais vous me semblez exténuée et je ne voudrais pas être une gêne pour vous. Si je peux faire quoi que ce soit pour me rendre utile …».
Il n'avait aucune idée de la nature du mal dont souffrait Takahara Risako. Malgré son envie d'aider la jeune femme, il ne pouvait se résoudre à la questionner. Elle avait fourni tant d'efforts pour dissimuler son état. Il paraissait clair qu'elle n'aborderait pas le sujet, surtout en présence de son fils.
Pensif, il porta de nouveau sa tasse à ses lèvres. Le thé avait refroidit et sa température convenait maintenant parfaitement au jeune garçon.
«Pour ce qui est de mon cheval, je l'ai laissé dans une auberge en arrivant à Nezumi. Le propriétaire m'a promis de veiller sur lui moyennant quelques pièces bien évidemment. En vérité, je ne sais pas encore combien de temps je resterai ici. Savez-vous si des festivités particulières sont prévues demain?»
Quitte à être à Nezumi pendant le Obon, autant profiter également des festivités. Et qui sait, peut-être rencontrerait-il celui qui lui donnerait des directives pour accomplir au mieux sa mission. À cette pensée, il esquissa un sourire. Quels avaient été les mots exacts de son capitaine déjà? «Une moustache et un air crédule ... Tu le reconnaîtras au premier coup d’œil! ». Ajouté à cela, un léger penchant pour la boisson; Junichiro savait déjà où il pourrait le chercher.
Takahara Bankichi
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Sujet: Re: ... Festival macabre Ven 4 Mai - 7:01
Visiblement sa mère semblait reprendre des forces et cela suffisait à rassure Bankichi. Leur invité venait d'Uma et ne savait pas qu'il arrivait à Nezumi en pleine période de fête, il n'avait nulle part où dormir et Risako lui avait proposé de rester dormir ici et Bankichi n'attendait plus que le signal de sa mère pour foncer à l'étage préparer la chambre d'amis.
En tout cas le voyageur avait l'air d'apprécier sa cuisine ce qui faisait infiniment plaisir au jeune garçon qui ne pouvait s'empêcher de sourire et baissait la tête légèrement pour dissimuler sa joie, malvenue du fait de la faiblesse de sa mère. Lorsque le jeune voyageur accepta l'invitation, Bankichi s'excusa poliment, et se retira à l'étage pour préparer la chambre. En vrai petite fée du logis il nettoya rapidement la chambre, qui était pourtant déjà propre, installa un futon avec des draps propres, aéra la pièce et prépara la place pour que le voyageur puisse poser ses affaires et s'installer à son aise.
Un petit quart d'heure plus tard il descendit l'escalier, se présenta devant leur invité, s'agenouilla très respectueusement et cérémonieusement devant lui comme le lui avait appris sa mère et lui annonça de sa voix d'enfant :
"Votre chambre est prête monsieur."
Se relevant il retourna s'installer à sa place, à côté de sa mère un peu en retrait.
Le jeune Umano avait vite fait d'engloutir sa première boulette de riz avant de regarder Bankichi avec reconnaissance. Ce geste embarrassa celui-ci qui s'efforçait à cacher sa joie, bien qu'un doux sourire venait orner son visage enfantin. Tout ceci était très amusant et surtout rafraichissant à voir. Et une fois de plus, Risako cacha sa bouche derrière l'ample manche immaculée de son kimono. Elle ne s'était jamais imaginée rire durant un Obon depuis celui de ses vingt ans, et il fallait l'avouer, cela lui faisait un bien fou.
S'en suivit un long silence pendant lequel Risako attendit la réponse de Junichiro. Il accepta finalement son hospitalité, bien qu'elle saisit qu'il ne voulait pas être une gêne pour son fils et elle et qu'il désirait se rendre utile en partage, accusant la faiblesse apparente de son hôte. La jeune femme discerna plus de serviabilité que de jugement dans ces paroles, elle glissa donc un regard entendu à son convive inopiné.
En fils parfait, Bankichi s'excusa et quitta la pièce. Risako comprit qu'il allait préparer la chambre qu'elle avait proposé au jeune Umano, et elle se sentait très fière de son fils qui s'était comporté comme elle l'avait toujours souhaité jusque là. Elle plongea un instant dans une réflexion de surface sur le comportement de son fils. Tout compte fait, elle l'aurait souhaité plus agité dans les moments comme celui-ci et plus sage quand il était dehors, prenant habituellement des risques inconsidérés dus à sa maladresse et à sa naïveté. Elle se prit à penser qu'elle l'avait en fait éduquer comme une petite fille, alors que les garçons de son âge et de sa classe s'amusaient à se chamailler et à se défier pour savoir qui serait le meilleur combattant.
Risako fut arrachée à ses pensées quand Junichiro lui demanda ce qu'il y avait à faire le lendemain pendant le festival à Nezumi, ce à quoi elle lui répondit : "Rien de très inhabituel en tout cas. Le temple de la ville sera ouvert aux visiteurs. On raconte qu'il mènerait peut-être aux enfers. Et puis, selon mon souvenir, il y a le Bon Odori* et le Goyamaokuribi*." Elle marqua une pause. Son regard s'anima d'une lueur de bonne volonté. "Nous allons participer aux festivités, nous aussi. Mais nous n'allons pas vous suivre. Je vous donne rendez-vous, si vous n'êtes pas reparti d'ici là . Quand la nuit tombera, nous vous retrouverons aux portes de la ville. Je vous ferai découvrir nos spécialités. Il est bien entendu que vous n'hésiterai pas à me signaler votre éventuelle fatigue. C'est d'accord ?"
Son fils entrant et s'installant, Risako se leva, puis prit le plateau maintenant vidé de ses boulettes et de son thé. "Je vais débarrasser pendant que Bankichi vous fera visiter la maison et vous conduira dans votre chambre. Dès lors, vous serez ici comme chez vous tout le temps que vous voudriez. Veuillez m'excuser, je vais m'atteler au diner pour ma part."
Risako n'aimait pas beaucoup faire la cuisine, mais c'était une façon de se tenir active, histoire de ne plus sentir la douleur qui lui tiraillait les entrailles. A pas décidés, elle se rendit à la cuisine, espérant que son fils la laisserait faire pour l'occasion et qu'il lui obéirait au doigt et à l'oeil. Mais la mère savait qu'elle ne pourrait pas résister à un enfant aussi têtu dans son état.
*Bon Ondori: danse traditionnelle plus ou moins revisitée tous les Obon. *Goyamaokuribi: Grand feu traditionnel dans les montagnes que l'on peut voir depuis le centre de la ville.
Sujet: Re: ... Festival macabre Mar 19 Juin - 12:50
Alors qu'il venait tout juste d'accepter l'invitation à passer la nuit dans la demeure du capitaine, Junichiro vit le jeune Bankichi se lever, quitter la pièce et l'entendit grimper à l'étage prestement. Il pensa alors à ses frères qui bien trop choyés depuis leur plus jeune âge, rendaient rarement service de bon gré. Encore une fois, il ne put s'empêcher d'être admiratif, contrairement à ses propres parents, le capitaine pouvait se reposer sur son fils. Bankichi était un jeune garçon plein de ressources, sa mère pouvait être fière de lui.
Takahara Risako lui exposa les différents événements du festival prévus pour le lendemain, et le convia à les rejoindre à la tombée de la nuit elle et son fils. Junichiro entendait de temps en temps des bruits à l'étage : un objet que l'enfant semblait tirer sur le sol, des petits pas précipités ... N'ayant aucune idée du déroulement de sa journée, le jeune archer ne répondit rien. La maîtresse de maison ne parut pas s'en formaliser et se leva pour aller préparer le dîner.
Entre temps, Bankichi était revenu et en s'inclinant poliment avait annoncé à Junichiro que sa chambre était fin prête. Le remerciant, celui-ci saisit son sac de voyage et son instrument puis il se leva, s'apprétant à le suivre pour une petite visite guidée de la maison. Ils s'engagèrent dans l'escalier qui menait aux chambres. Tout comme le reste de la maison, l'étage était propre et bien entretenu. Junichiro se demanda si Bankichi s'occupait également du ménage. Sa mère, sans doute fort occupée par ses fonctions de capitaine, ne devait avoir guère de temps à accorder aux tâches domestiques. Le couloir menant à la chambre qui lui était réservée pour la nuit, était éclairé par des petites lampes accrochées au mur. Leurs ombres se détachaient distinctement sur le sol et Junichiro s'amusa quelques instants de la sienne. Jouant de ses mains, il fit apparaître des formes ondulantes se mouvant comme si elles avaient soudain pris vie.
Sa chambre était située au fond du couloir, précédant le petit garçon, Junichiro pénétra dans la pièce. Il déposa son sac au pied du futon soigneusement préparé à son attention, adossa son shamisen au mur et observa les lieux. Rien de tape à l'oeil encore une fois, les quelques objets présents dans la pièce étaient harmonieusement disposés rendant l'endroit agréable. Il ne faisait nul doute que Junichiro passerait une bonne nuit.
- C'est parfait, dit-il s'adressant à Bankichi avec un grand sourire. Devrions-nous descendre aider ta mère à préparer la cuisine à présent?
Il redescendit le petit escalier d'un pas léger, et se dirigea vers la cuisine guidé par son odorat.
- Puis je vous être utile à quelque chose ? demanda-t'il passant la tête dans l'embrasure de la porte.
Sujet: Re: ... Festival macabre Jeu 28 Juin - 23:07
Bien que femme, Risako n’avait jamais aimé faire la cuisine et n’y avait jamais excellé. Elle ratait même de temps en temps les plats que son fils réussissaient si bien. Il fallait dire que malgré sa très grande fierté, elle se trouvait un peu jalouse du talent de sa progéniture dans le domaine culinaire. Elle, n’avait jamais eu de facilités dans aucun art, et ses impressionnants progrès ne voyaient le jour qu’à force de persévérance et d’efforts continus.
Plus jeune, on l’avait souvent admirée pour sa bonne volonté. Elle avait du souffrir pour parvenir à ce qu’elle était aujourd’hui. Quoi d’étonnant à ce qu’elle enviât son fils pour ses petites mains de fée et sa chance improbable. En cuisine, tout était à sa portée et il réalisait parfois des chefs d’œuvres alors que Risako se bornait à préparer des plats des plus simples. Pire, constatant que son fils aimait profondément les activités culinaires, elle lui avait laissé ce rôle, de manière à ce qu’elle ne fasse plus aucun progrès.
En pensant à ceci, Risako fut encore plus outrée sur la façon dont elle avait éduqué Bankichi. Par tous les kamis, cet enfant n’avait pas reçu les bonnes manières qui seyaient à son sexe ! Il fallait y remédier sur le champ. Elle ne le changerait pas par rapport à ses gouts, mais elle devait s’assurer de toutes urgences qu’il se sentait bien garçon et non fille. Risako en oubliait même qu’elle avait reçu une éducation bien plus masculine que féminine, et qu’elle ne s’en portait que mieux. Mais qu’importe. Après tout, il s’agissait de son fils, non de sa personne.
Lorsque les plats de légumes vinaigrés et les bols de riz au poisson furent enfin prêts, Risako remarqua Junichiro à la porte de la cuisine. N’ayant pas l’habitude, elle sursauta tant elle avait été concentrée sur ses mets puis lui prêta une oreille attentive. Il lui demanda si elle n'avait pas besoin d'aide, alors la trentenaire lui tendit un plateau où la moitié du repas avait été installée, avant de le remercier poliment pour sa serviabilité. Elle se chargea ensuite de l’autre moitié et arrangea la table avec l’aide de son fils.
Quand ils furent tous autour de la petite table basse et tous servis, Risako s’assura avec un discret soupir de soulagement de la réussite de ses plats, pourtant pas bien compliqués. Ceci fait, elle proposa à Junichiro un peu de sake tandis qu'une brise fraiche soufflait, traversant la fenêtre puis la pièce . Il était alors indéniable qu’ils passeraient une agréable soirée ensemble.
Le lendemain, Risako se mit sur son trente-et-un pour assister aux festivités. Il faisait déjà nuit, mais les lanternes éclairaient tout Nezumi. Elle ne voulait surtout pas penser à la mascarade entourant la disparition de son mari, elle voulait juste s'amuser et montrer à son fils ce qui était bien pour lui. Comme les profondeurs nocturnes s'abattaient avec assurance sur les montagnes, elle s'installa à une table, une table d’un restaurant en plein air, si proche des portes de la ville qu’il était impossible de la rater. La jeune femme espérait que le feu traditionnel prendrait convenablement, ce soir. Comme il l'avait fait avant qu'elle ne perde Kidô.
Elle scruta les environs. Assis à côté d’elle, son fils. Un peu plus loin, un groupe de garçons du même âge. La mère se pencha pour lui parler: « Tu vois les enfants là-bas ? Je voudrais que tu ailles les saluer. »
Spoiler:
[Excuse moi pour le retard. ]
Takahara Bankichi
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Sujet: Re: ... Festival macabre Ven 20 Juil - 22:05
Spoiler:
Je tiens à m'excuser platement de ce retard impardonnable, j'espère que je saurai à l'avenir éviter que ça ne se reproduise...
La journée du lendemain fut des plus calme. Il avait plu toute la matinée et une bonne partie de l'après-midi, les Takaraha et leur invité avaient donc attendu le soir, le temps s'étant calmé, pour se joindre aux festivités qui avaient pour le coup été quelque peu perturbées.
En sortant, Bankichi avait devisé avec une certaine tristesse à peine dissimulé l'état de la lanterne en papier qu'il avait accrochée au portail. Celle-ci avait en effet été bien abîmée par la pluie et on ne distinguait même plus la signification du dessin qui la décorait.
Le petit groupe s'était rendu vers le centre de la ville, où les festivités avaient lieu. Ils avaient dîné sur la terrasse d'un restaurant, admirant les danses traditionnelles et les artistes itinérants venu profiter de l'affluence pour démontrer leurs talents. Une fois le repas fini, Risako demanda à son fils d'aller saluer un groupe de jeune garçon de son âge. Il ne comprit pas vraiment ce qu'elle voulait qu'il fasse au juste, car il ne les connaissait pas et n'avait absolument rien à leur dire. Cependant, devant le regard insistant de sa mère il se sentit contraint d'obéir. Peut-être voulait-elle juste l'éloigner pour parler de quelque chose avec Junchiro. Finalement, il stoppa la sa réflexion car il arrivait au niveau des quatre garçons et ceux-ci avaient arrêté de parlé et le dévisageaient désormais d'un air étrange.
"- Heu... bonjour... - Qu'est-ce que tu nous veux ? - Les gars ? Vous trouvez pas qu'il a une tête bizarre ? - Ouais, on dirait une fille ! - Dégage, on est pas là pour discuter avec une fille. - Je ne suis pas une fille, je m'appelle Bankichi. - On t'a dit de dégager, fillette. - Ouais barre toi."
L'un des garçon poussa violemment Bankichi qui sous la surprise, perdit l'équilibre et tomba au sol. Un autre s'avança pour lui donner un coup de pied mais l'héritier des Takahara saisit sa jambe et l'envoya au sol. Alors qu'il venait juste de se relever, le plus gros des quatre garnements se jeta dans son dos et lui attrapa les bras. Les trois autres garçons purent à loisir marteler le pauvre Bankichi de violents coups de poings tandis que celui-ci essayait en vain de se débattre et de les frapper avec ses pieds.
Sujet: Re: ... Festival macabre Mar 31 Juil - 18:52
Un pâle rayon de soleil éclairait la chambre quand Junichiro ouvrit les yeux. Il repoussa les draps, s'extirpant du futon avec souplesse. Il s'étira, et fit quelques mouvements pour dérouiller son corps. Il s'approcha de la fenêtre, et souleva le loquet. De gros nuages noirs s'amoncelaient dans le ciel, la journée s'annonçait pluvieuse. L'air frais et humide qui s'engouffra dans la pièce acheva de le réveiller. Il ramassa ses affaires négligemment éparpillées autour du futon et remis un peu d'ordre dans la pièce. Il hésita à laisser son sac, selon le déroulement de la journée il était fort probable qu'il reste une nuit de plus à Nezumi. Cependant Junichiro ne voulait pas abuser de l'hospitalité des Takahara, il prit donc son shamisen, réajusta son sac de voyage sur son dos et sortit de la pièce. En route à présent!
Il s'engagea dans les rues de Nezumi d'un pas décidé. Avant de prendre congé, il avait interrogé Risako afin qu'elle lui indique le quartier des auberges. La journée risquait d'être longue … avec les festivités, les établissements étaient bondés. La ville s'éveillait doucement, ici et là on commençait à s'affairer. De nombreux stands étaient encore fermés, la pluie qui persistait découragerait certainement beaucoup de festivaliers. Junichiro zigzaguait entre les flaques, rien ne servait de se presser, le penchant de son contact pour la boisson devait en faire un lève tard.
La journée s'éternisa, Junichiro errait dans le quartier comme une âme en peine. Plusieurs fois il cru reconnaître l'homme qu'il cherchait ... le port de la moustache semblait être en vogue à Nezumi. Il finit par s'installer au croisement de deux rues, et attendit, observant les passants. De jeunes demoiselles revêtues de somptueux kimono lui jetaient des regards aguicheurs, mais pensif Junichiro les remarquait à peine. Alors qu'il enfonçait sa capuche sur sa tête pour s'assurer un peu plus de tranquilité, une main vint se poser sur son épaule. Surpris le jeune garçon se releva d'un bond, portant la main à son arme dissimulée dans les pans de son vêtement. -Oh Oh !Du calme mon jeune ami! Je vois que vous m'attendiez, dit l'inconnu d'un ton amusé. Junichiro dévisagea son interlocuteur - pas de moustache, mais une haleine qui ne pouvait laisser aucun doute quand à l'identité de celui-ci. Il ne l'avait pas senti approcher, malgré son apparence cet homme devait être redoutable. -Le lieu se prête mal pour à discussion, prenez ceci, nous aurons l'occasion de nous revoir très bientôt. Disant ces mots, il sortit une missive de son obi et la tendit à Junichiro. Le garçon saisit le rouleau, il portait le sceau d'Uma. Il l'entrouvrit et cru reconnaître l'écriture de son capitaine. -Mais où suis-je sensé … L'homme avait disparu, aussi subrepticement qu'il était apparu. Junichiro haussa les épaules, qu'importe après tout. Il était grand temps de rejoindre les Takahara. Se frayant un chemin parmi les badauds qui avaient profité de l'accalmie pour sortir, il s'orienta vers les portes de la ville.
Il repéra sans difficulté le capitaine et son fils installés à la terrasse d'un restaurant. Takahara Risako avait revêtu un kimono orné de motifs représentants des oiseaux en vols. Junichiro les observa un instant. Des grues peut-être? Ses maigres connaissances en ornithologie ne lui permirent pas de trancher. En tant que musicien, il était beaucoup plus doué pour reconnaître les chants . Sa réflexion n'alla pas plus loin. L'habit mettait en valeur ses charmes féminins et Junichiro songea qu'il était étonnant qu'une telle femme n'ait pas retrouvé de compagnon. Son deuil était peut être encore trop récent. Enfin tout cela ne le regardait pas … Décidément il se trouvait bien curieux à propos de la jeune femme. Il les salua, et pris place à leur table.
Ils mangèrent en échangeant quelques banalités tout en profitant du spectacle qui s'offrait à leurs yeux depuis la terrasse. Junichiro plutôt content n'avait pas à s'efforcer de faire la conversation, une activité qui le rebutait beaucoup et qui l'aurait sans doute empêcher de savourer sereinement son repas.
Risako demanda à Bankichi de rejoindre un groupe de garçons qui jouaient non loin de leur table. Le visage de l'enfant s'assombrit. Ill leva vers sa mère des yeux emplis d'incompréhension mais obéit pourtant sans faire d'histoire. Junichiro le regarda s'éloigner,compatissant. Sa mère ne voyait-elle pas qu'elle l'envoyait au casse-pipe? Il avait observé un peu plus tôt la petite troupe, interpellés par des éclats de voix grossiers. Ce n'était qu'une bande de petits voyous qui jouaient les gros durs, terrorisant les plus jeunes pour se divertir. Il regarda Risako, celle-ci observait son fils avec attention. Qu'avait-elle derrière la tête ? Elle ne chercha pas à intervenir lorsque son fils se retrouva plaqué au sol et que les jeunes garçons commencèrent à le rouer de coups. Junichiro ne savait pas quoi faire. Bankichi essayait tant bien que mal de se défendre mais sa tentative désespérée de résister ne fit qu'attiser la colère de ses adversaires. Les coups redoublèrent de plus belle. Ni tenant plus Junichiro se précipita vers le petit groupe. Mais au lieu de tenter d'arrêter la rixe, il s'adressa à Bankichi. -Mon garçon, quand t'ai-je appris à retenir tes coups? Quand tu en auras terminé, hâte toi de me rejoindre nous avons encore beaucoup de choses à faire. Disant cela il posa sa main sur sa hanche, prenant soin de dévoilerson arme au passage. Il se sentait ridicule- essayer de se faire passer pour un assassin afin de faire peur aux enfants , quelle idée stupide… jamais ceux-ci ne seraient dupes. Pourtant c'était la seule chose qu'il avait trouvé pour lui venir en aide sans bafouer l'honneur du jeune garçon. Junichiro durçit son regard et dévisagea les enfants un à un. -Ceci ne devrait te prendre qu'une dizaine de minutes tout au plus à en juger parce que je peux voir. Bien, je te laisse. Ne me fais pas attendre. Il tourna les talons, priant pour que Bankichi soit assez futé pour jouer le jeu
Les enfants sont des ingrats. Risako aurait du s’en rappeler. Pour un peu qu’un des leurs vienne les embêter, ils le cataloguent et le martyrisent. Le pauvre Bankichi n’y faisait pas exception, bien qu‘il soit parti à leur rencontre sans mauvaise intention, aucune. Il fallait dire que, encerclé par quatre petits démons, il n’en menait pas large. Sa mère avait sans aucun doute mal choisi le moment pour l‘encourager à se faire des amis. A bien y réfléchir, les gamins de bonnes familles dinaient patiemment avec leurs familles respectives, et surtout, ne s’amusaient pas dans la rue à se moquer des plus jeunes dès la tombée de la nuit.
Bien que son fils soit en très vilaine posture, Risako hésitait à intervenir. Bien sûr, cela ne lui plaisait pas de voir la chaire de sa chaire se faire battre par une bande de vermisseaux dont les parents, s’ils en avaient, devraient sûrement payer de leurs têtes cet affront. Il était clair que ces petits imbéciles feraient un jour partie des plus basses classes de la hiérarchie, tant leurs éducations laissaient à désirer. Et ils ne feraient pas de vieux os avec d’aussi sales manières. Tout à coup, elle fut soulagée qu’une amitié ne soit pas envisageable entre sa progéniture et ces fils de rue.
Hé bien, quoi ? Bankichi était un petit garçon doux et gentil, certes il avait un gabarit plutôt modeste et ne ressemblait pas beaucoup à un homme pour le moment. Mais il n’y avait là rien de grave à douze ans, et il valait toujours mieux qu’une bande de morveux dont l’un des représentants ressemblait à une petite dinde à la face immonde de Tengu* alors qu’un autre portait un pagne et une chevelure hirsute mal entretenue, exactement comme le ferait un Oni*. Un autre encore avait une bedaine aussi forte que les testicules d’un Tanuki*. Quant au dernier, il semblait si mou et se tenait avec si peu de grâce qu’on l’aurait confondu sans mal avec l’un de ces horribles Kappa*. Alors, de là à traiter Bankichi de fillette…
On l’aura compris, Risako détestait au plus haut point ceux qui s’en prenaient à son fils. Vraiment au plus haut point, à un point sanguin. Mais il fallait garder à l’esprit qu’il ne s’agissait que d’enfants qui deviendraient un jour membres à part entière du clan Nezumide, et bien que cette pensée lui donnait envie de vomir, Risako ne pouvait en faire autrement. Ces vils garnements ne méritaient qu’une très bonne leçon, après quoi ils iraient pleurer dans les kimonos de leurs parents. Cependant, alors que la mère aux cheveux de feu allait se lever, elle vit Junichiro se redresser et se diriger vers la petite bande.
Bien qu’elle ne saisissait pas bien son stratagème, elle laissa faire son jeune invité. Après tout, Bankichi avait appris à se battre, et surpassait certainement tous ces petits vermisseaux au combat au sabre. Et si Junichiro avait montré son arme à la petite troupe, c’était bien pour les effrayer. Alors, Risako attendit à sa table, surveillant les deux jeunes garçons et leurs ennemis les vermisseaux d’un regard attentif. Il n’était alors pas question pour elle d’intervenir sans que cela soit strictement nécessaire.
*Tengu, Oni, Tanuki, Kappa: Cf Base de données sur les créatures fantastiques.
Takahara Bankichi
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Sujet: Re: ... Festival macabre Dim 5 Aoû - 17:45
Bankichi se moquait bien de l'honneur en cet instant précis, alors que son cœur se remplissait de joie en voyant Junchiro s'avancer à son secours, ses espoirs furent anéantis lorsque qu'il partit et le jeune garçon aux cheveux rouge sentit une énergie nouvelle parcourir son petit corps meurtris. Une colère froide effaça la douleur qu'il ressentait. Les adultes avaient décidés de l'abandonner et, il ne comprenait absolument pas pourquoi on lui faisait cela mais il se moquait bien de comprendre quoi que ce soit désormais.
La courte intervention de leur invité avait au moins eut le mérite de faire hésiter ses agresseurs. Ils regardaient tour à tour leur victime, visiblement impuissante, et l'homme qui retournait désormais tranquillement s'assoir. Le plus gros des quatre, qui tenait Bankichi dans le dos, avait inconsciemment desserré son étreinte. Il n'en fallait pas plus à sa proie pour agir. Prenant les quatre délinquants au dépourvu il se libéra et projeta par-dessus son épaule celui qui le retenait quelques secondes auparavant. Celui-ci s'écrasa lourdement sur le dos, expulsant tout l'air de ses poumons suite au choc. Le plus réactif des trois autres morveux se jeta sur lui en visant sa tête. Bankichi se baissa et planta son coude dans son foie, l'envoyant au sol pour de bon. Les deux derniers garnements échangèrent un regard inquiet. Leur adversaire en profita pour les charger et balaya les jambes de celui de droite. Le dernier préféra prendre ses jambes à son cou. Cependant Bankichi n'eut pas le temps de souffler car le plus gros de ses agresseurs s'était remis sur ses jambes et le chargea en beuglant. Il était visiblement maladroit et son attaque était plus brutale qu'autre chose. Le jeune garçon, une flamme intense brûlant toujours dans ses yeux, se décala au dernier moment sur le côté et lui fit un croche-patte, le laissant tomber lourdement sur son malheureux camarade.
Le garçon retourna alors s'assoir à la table de sa mère mais n'adressa pas un mot ni à elle, ni à Junchiro et tourna la tête vers un groupe de danseuses pour ne plus les voir.
Sujet: Re: ... Festival macabre Mer 22 Aoû - 12:36
Junichiro ne put réprimer un sourire, il venait de se rasseoir auprès de Risako et déjà Bankichi reprenait le dessus. Son intervention avait suffisamment déconcerté la bande de vauriens pour permettre au jeune garçon de les prendre par surprise. Comme il s'y attendait de la part d'un fils de capitaine, malgré son apparence chétive, le petit savait se défendre. Il envoya vite à terre ses adversaires, mué par une colère sourde.
Avec un air renfrogné ,il les rejoignit et se rassit au fond de sa chaise, s'enfermant dans un profond mutisme.
Junichiro aurait aimé le féliciter mais préféra se taire. Le message était clair, il n'avait aucunement envie de leur adresser la parole. L'atmosphère était tendue. Imitant Bankichi, il se concentra sur le spectacle.
Des danseuses évoluaient gracieusement suivant le rythme de la musique, leurs pas si légers donnaient l'impression qu'elles flottaient au dessus du sol. Mais, tiens? N'était-ce pas un shamisen qu'il entendait soudain? Il prêta plus attentivement l'oreille. S'en était un effectivement, et il entamait les premières notes d'un solo. Les doigts malhabiles du musicien, peinaient sur les passages les plus ardus et mirent les tympans de Junichiro au supplice. Décidément, la soirée devenait fort désagréable.
Et tandis qu'il songeait à cela, une goutte s'écrasa sur sa joue puis dégoulina jusque dans son cou lui arrachant un frisson. Il leva les yeux au ciel; la pluie menaçait de nouveau.
Sujet: Re: ... Festival macabre Dim 26 Aoû - 14:15
Ce fut suite à l’intervention de Junichiro que Bankichi se mit à contre-attaquer sous le regard attentif de sa mère. Celle-ci ne perdit pas une miette de l’affrontement de son fils contre les délinquants, de la projection qu’il infligea au balourd de la bande à l’exécution de ses derniers balayages. Il lui sembla alors qu’un poids avait quitté ses épaules, s’envolant comme par magie. Son fils, la chaire de sa chaire. Celle-ci même qui l’avait suivie depuis ses premiers pas, comme un poussin suivait assidument sa mère, savait se défendre. Seul.
Le soulagement laissa place à de certaines craintes, quelque chose qui creusait dans son cœur déjà meurtri. Risako eut une soudaine envie de serrer fort son fils, d’en sentir l’existence et la présence. Surtout la présence. Mais elle n’en fit rien.
Reste là, Banki. Reste avec ta mère. Le temps ronge la corde.
Voir cette petite mine d’enfant boudeur s’amincir, perdre des joues, s’affermir, gagner en virilité et en caractère. Qu’est-ce qu’elle en serait fière ! Mais elle n’était pas prête. Son cœur lui faisait mal quand il s’imaginait le quitter. Risako avait une envie de pleurer monstre. Elle se contenait tant bien que mal. Heureusement, la dure séparation n’était pas pour tout de suite.
Quelle idiote !
Ses songes se dissipèrent à la manière des nuages après la tempête. La fraicheur humide, la musique brouillon, l’obscurité de la nuit, la silhouette acérée de la montagne, la terrasse. Toute l’atmosphère du O-bon lui revint. Puis, se rendant compte des difficultés du musicien, la mère reporta son attention sur Junichiro.
Le pauvre. Lui qui jouait si bien du même instrument, obligé d’endurer ça. Assez gênée, la mère alla glisser une mèche derrière une de ses oreilles, prit un peu de recul en se calant dans sa chaise. Une goute puis deux éclatèrent sur son bras croisé avec son jumeau. Le Goyamaokuribi* ne sera pas pour ce soir. Risako soupira, un peu déçue. Un sourire amère se dessina sur ses lèvres purpurines.
La guerrière n’allait pas laisser Junichiro s’ennuyer de la musique et de la pluie pendant l’une des festivités les plus importantes de Nezumi. C’est avec une certaine détermination qu’elle lui adressa la parole :
« Vous jouez beaucoup mieux, Junichiro, et pourtant, vous n’êtes pas professionnel. Votre musique a quelque chose de touchant. Je ne m’y connais pas très bien en la matière, mais je dirais que votre jeu est le contraire de celui que vous entendez actuellement. »
Risako avait rougi. Elle se souvenait de son ton désagréable, la veille, laissant croire que l’art du jeune homme ne l’avait pas atteinte alors que son garçon était tombé en émois. Elle espérait sérieusement que Junichiro ne doutait pas de la sincérité de ses paroles. Elle poursuivit:
« Pourquoi ne pas offrir à Nezumi un peu de votre musique, Junichiro ? Je peux concevoir que vous vous sentirez gêné de jouer devant tant de personnes. C’est pour cela que moi-même, je vais aussi dévoiler mon art : la danse. »
Risako avait envie de se réjouir, avait envie de se sentir bien, de respirer. Les désagréments de cette soirée, elle souhaitait les balayer comme de la poussière. Poussière qui reviendrait un jour, mais dont elle se foutait.
La jeune femme se leva, desserra le obi qui maintenait son beau kimono comme il le fallait, et le tissus découvrit une partie de ses épaules et la naissance de sa gorge, dévoilant au passage les bandes immaculées qui serraient sa poitrine. Avec ceci, elle coinça un pan de son Homongi* indigo pour laisser ses jambes blanches et longues libres de tout mouvement.
Ses grues parurent s’envoler dans leur ciel nuageux quand Risako s’avança vers la foule, dégageant de sa manche un Tessen fait de lames mais aux couleurs chatoyantes. Elle glissa alors un regard doux vers le ciel orageux tandis que les goutes se faisaient plus nombreuses.
« Cela fait longtemps que je n’ai pas dansé pour mon mari, mais en son absence, j‘aimerais danser également pour mon fils, pour le remercier de devenir homme. »
Goyamaokuribi: feu dans les montagnes au moment du O-bon. (CF posts précédents) Homongi: Kimono long et formel aux motifs présents sur toute la pièce.
Takahara Bankichi
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Sujet: Re: ... Festival macabre Dim 9 Sep - 12:51
Sa mère voulait danser, à croire que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire en cette soirée détestable. Dès qu'ils eurent quittés la table, Bankichi profita de l'attroupement qui s'était formé pour disparaître aux yeux de sa mère et de leur invité avant de s'en aller en courant dans les rues de Nezumi. Croyant courir au hasard, ses pas le menèrent dans le petit cimetière des héros de la ville, où son père était enterré. Il alla s'assoir contre le grand arbre où il avait découvert Junchiro en train de jouer et laissa ses larmes couler.
Partiellement protégé de la pluie qui commençait à tomber par le lourd feuillage de l'arbre, il jetait de temps à autres, entre deux sanglots, un regard suppliant vers la tombe de son père. Une multitude de questions traversaient son esprit à une vitesse folle tant et si bien qu'il n'avait même pas le temps de bien assimiler la première qu'elle était aussitôt remplacée par une autre.
Il se demandait, entre autres, pourquoi sa mère ne l'aimait plus et ce qu'il avait bien pu lui faire pour lui causer du tort. S'était-il mal comporté avec leur invité ? Avait-il incorrectement rendu hommage à son père en ce jour de fête ? En parlant de son père, qu'est-ce que celui-ci penserait de tout ça ? Comment aurait-il réagit ? Pleurer sous la pluie dans un cimetière, était-ce vraiment digne d'un prétendu futur-héros ?
Il resta là plusieurs heures, profitant de l'étreinte du vieil arbre dont les racines étaient autant de bras chaleureux contre lesquels se blottir et qui le protégeait de la pluie de son amour feuillu. Quand le jeune garçon aux cheveux roux se décida finalement à quitter l'étreinte de son père végétal il faisait nuit et la pluie s'était arrêtée. De lourdes gouttes tombaient sur lui depuis les feuilles comme des incitations à reprendre le cours de sa vie. Poussant un profond soupir il quitta finalement le cimetière et entreprit de rentrer chez lui, s'efforçant de ne pas songer à la réaction de sa mère quand il serait rentré. Bien malgré lui il finit pourtant par se demander s'il elle serait plutôt en colère contre lui ou si elle se contenterait de l'ignorer, comme tout à l'heure. Il lui vint même à l'idée qu'elle pourrait le chasser de la maison et le forcer à passer la nuit dehors pour le punir.
Ce fut avec ces questions taraudant son esprit qu'il pénétra dans le jardin et se déchaussa avant d'entrer dans la demeure, trempé jusqu'aux os et traînant des pieds. Il prononça tout de même un "Je suis rentré." d'une voix dépourvue de toute intonation joyeuse.
Dernière édition par Takahara Bankichi le Dim 7 Oct - 15:15, édité 2 fois
[Désolée, Junichiro, je passe ton tour pour cette fois. Bien sûr, tu peux toujours poster après moi ou après Banki ^^]
La pluie tombait drue cette nuit-là, mais ce qui arrêta Risako dans son élan n’était autre que la disparition de Bankichi. Elle scruta avec panique les abords du petit restaurant mais ne le trouva nulle part. La foule était bien trop dense pour trouver un si petit garçon.
*
Quelle soirée désagréable ! Risako ne pouvait que contempler la pluie par la fenêtre. Sa nervosité faisait trembler ses mains et la tasse de thé dans l’une d’elle. Décidément, Junichiro aurait vu tous ses travers, mais elle n’y pensait guère en ce moment. Tout ce qui importait était la fugue de Bankichi. Elle n’avait pas envie de penser au pire si tôt, mais ces maudites pensées ne la lâchaient pas une seconde. Bankichi allait-il revenir ? Était-elle une trop mauvaise mère pour qu’il daigne encore vivre avec elle ? Par Tachigami, si Kidô était mort, il devait se retourner dans sa tombe. Son anxiété rendait impossible un quelconque dialogue avec Junichiro tandis qu’ils prenaient le thé en attendant la bien-espérée venue du fils Takahara.
Soudain, la porte principale coulissa et Risako put entendre la voix de son fils à peine perceptible. Remerciant les dieux, elle posa sa tasse, courut à sa rencontre et lui lança, plus inquiète qu‘en colère :
« Mais où étais-tu à une heure si tardive, Banki ?! »
Elle voulut le prendre dans ses bras, mais les traces de ses coups, ses habits sales et mouillés l’en empêchèrent. Pauvre petit, il devait être frigorifié et il avait vraiment une petite mine. Elle devait vite s’occuper de son cas avant qu’il ne souffre de ses bêtises. Risako lui tenait la main pour obtenir toute son attention et poursuivit :
« Par tous les Kamis, tu es fou de disparaître, trempé comme ça ! Je crois que nous avons à parler, mais fais toi d’abord couler un bain, d’accord ? Je t’apporte des vêtements secs. »
*
« Chéri ? Je peux rentrer ? » demanda Risako à travers la porte de papier.
Elle avait attendu que Junichiro aille se coucher pour s’armer d’une trousse de secours et d’une serviette et aller retrouver son fils dans sa chambre. Maintenant, elle attendait bien sagement devant la porte qu’il lui donne l’autorisation de pénétrer dans sa chambre.
« Ecoute, si tu ne veux pas que je te parle ce soir, ce n’est pas grave. Mais ouvre moi tout de même pour que je t’aide à te sécher les cheveux et à te soigner. »
Takahara Bankichi
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Sujet: Re: ... Festival macabre Dim 14 Oct - 23:33
Le jeune garçon prit son bain sans entrain ni joie. Il se sentait infiniment malheureux en cette triste soirée pluvieuse, et ce bien que sa sortie nocturne ait en grande partie apaisé la tension qui l'habitait. Sa mère ne l'avait ni grondé ni chassé de la maison. Au fond, c'était plutôt une bonne chose, mais Bankichi était de ce fait encore moins sûr des pensées de sa mère à son égard. Quand il était rentré elle lui avait semblé presque inquiète. L'aimait-elle toujours ? S'en voulait-elle de ce qu'elle lui avait fait ? Il préférait ne plus y penser maintenant et se contentait de rester immobile dans l'eau. Quand celle-ci fut trop froide pour lui il quitta à regret ce refuge temporaire et se change avant d'aller directement se coucher, espérant ainsi éviter la discussion que lui avait promis sa mère.
*
"Chéri ? Je peux rentrer ?"
Se retournant dans son futon, il enfouit son visage dans son oreiller. Il n'avait absolument pas envie de parler avec sa mère, tout ce qu'il désirait était qu'on le laisse tranquille et qu'on oublie son existence, au moins pour cette nuit. N'avait-il pas déjà assez donné ? Après avoir bravé les jeunes délinquants, la pluie et le froid devait-il aussi subir une désagréable discussion avec sa mère ?
"Écoute, si tu ne veux pas que je te parle ce soir, ce n’est pas grave. Mais ouvre moi tout de même pour que je t’aide à te sécher les cheveux et à te soigner."
Il ne pouvait pas la renvoyer sèchement, c'était trop pour lui. Même si elle ne l'aimait plus, le jeune Bankichi aimait sa mère. Il ne pouvait pas risquer de lui faire de la peine. Il ne savait cependant plus que penser d'elle, peut-être s'était-il emporté trop vite et avait mal interprété ses actions après tout... mais impossible d'en être sûr.
"Ne t'en fais pas maman. Je vais bien et mes cheveux sont secs. Je suis juste très fatigué, laisse-moi dormir s'il te plait. Bonne nuit.
Il espérait ainsi calmer l'éventuelle inquiétude de sa chère mère et gagner diplomatiquement une nuit de répit avant l'inévitable discussion qui ne tarderait pas d'arriver quoi qu'il puisse faire. Tout ce qu'il pouvait faire désormais était prier pour que sa mère le laisse se reposer tranquillement.