Il s'était entraîné jusque tard la nuit, si bien qu'il surmontât ses difficultés pour en ressortir grandi. [Tsukiko Kazumi]

L'air était plutôt sec. La chaleur pesait, si bien que les tentatives de repos à l'ombre étaient vaines. C'était à se demander depuis quand la région n'avait pas subi quelque fraîche averse. On pouvait chiffrer le temps en semaine depuis qu'on n'eût plus vu les fleurs de cerisier. L'été s'annonçait torride, à croire que l'espace temps daignait nous montrer un aperçu des enfers pour qui y croyait. Serait-ce corrélé à l'intrigue du moment ; celle dont tout le monde fait vent, avec crainte, incertitude, celle qui stipule que les clans réforment leurs stratégies et cherchent des alliances. C'était sans conteste le rappel à l'ordre, si bien que les choses pourraient ne pas se passer aussi bien.

Pour la petite histoire, le petiot avait voyagé. Sans doute avait-on cru de lui qu'il était un lâche déserteur. Dans son coeur il n'en fut rien. Il avait juste trop bifurqué, ce jeune samouraï présomptueux à la recherche de la Voie. Le jeune Uroko Shiro avait fait le tour des régions, affrontant la faim, le froid, la fatigue, découvrant du pays. Et, plus important, il était revenu aux sources, poursuivre quelque enseignement bénéfique avec son ancien maître. Cet exil auto-décidé, sans nul doute le devait-on aussi à la honte qu'il éprouvait à l'égard de Reiya Teruo, qu'il considérait comme un modèle sur lequel se calquer ; il s'était toujours senti fourmis à ses côtés. Coup dur quand on est un jeune fougueux à la recherche de l'honneur et de la reconnaissance au point d'en devenir orgueilleux.

Mais ce temps-là semblait révolu. Sur le chemin, il avançait, tel un automate, le pas constant et les mains ballantes. Sous son grand chapeau de paille qui le protégeait de ce soleil de plomb, il avait le regard perçait les horizons, des frissons qui ondulaient le long de son dos à l'idée de revoir sa famille pour rendre des comptes... A croire qu'il s'était préparé au pire. Allait-il subir le seppuku pour laver son âme ? Ou allait-on être indulgent envers un enfant qui avait eu une éducation particulière, pourtant méritant quand on sait qu'il ne descendait d'aucune lignée prestigieuse et qu'il devait son adoubement à ses compétences martiales ? Certes il n'avait peut-être pas le mental d'un guerrier, mais ses expertises y étaient intrinsèques.

Enfin ! Il marchait, marchait avec énergie, détermination, appréciant un peu plus chaque seconde de voir ces habitats au loin qu'étaient ceux de la majestueuse cité de Ryuu. "Chaud devant" qu'il pensait. Le peuple qu'il commençait à croiser, allant et venant autour de la cité, s'écartait comme par magie du jeune homme. Ils en avaient sûrement assez de cette chaleur ; chaleur additionnelle que dégageait Shiro, de par son aura ardente. Qui devenait de plus en plus intense, qui couvrait comme un plus large rayon. Au final, les riverains s'attroupaient presque devant lui, le regardaient, s'écartaient, s'éloignaient. Il n'avait clairement rien fait de particulier, si ce n'était revêtir sa tenue de clan et... Marcher. Mais son aura était ressentie de tous. Tous comprenaient : "il est de retour, il faut prévenir le clan Ryuuji". Mais nul besoin. Des sentinelles se présentaient déjà ; elles avaient déjà dégainé leur arme qu'elles pointaient droit devant le samouraï. Shiro restait de marbre, relevant la tête, apercevant une silhouette troublante au loin. Si bien qu'il en oubliait tout ; tout ce qui l'entourait ; qu'il faisait l'objet d'interrogation ; qu'il avait suscité l'interrogation et le mépris de ses pairs. La silhouette approchait lentement, si bien qu'il commençait peu à peu à devenir décontenancé. Il termina en ôtant son chapeau de pailles, le regard perdu vers le sol, comme attendant quelque sentence immédiate. L'aura ardente disparaissait aussi vite qu'elle était venue. Son regard, qui ressemblait bien moins à un regard enfantin qu'on lui connaissait autrefois, était le regard d'un être penaud et désolé, qui n'avait plus qu'à regarder honteusement le sol. Il pouvait se faire empaler dans l'immédiat, il n'en avait sûrement cure...

Encore une belle journée qui s'affichait en perspective, à la différence qu'un événement important pour la demoiselle s'annonçait. Descendant au rez-de-chaussée afin de saluer son père qui s'y trouvait, Tsukiko vint s'installer près de la table basse afin de prendre son petit déj'. Son père la fixait avant de prendre une gorgée de son thé.

« Tu te rends à la capitale aujourd'hui ?
- Hai. Le seigneur a fait appel à tous les généraux mais également à ses plus puissants samurais. D'ailleurs, je suis chargé de surveiller l'un d'entre eux. Un certain Uroko Shiro.
- Ah oui j'en ai entendu parlé. Un samurai au service du seigneur Niwa. Je croyais qu'il était mort.
- Non, il a simplement disparu pendant quelques temps rien de plus. Cependant, sa désertion n'a pas vraiment plus à Niwa-sama.
- Oui, je comprends. Que comptes-tu faire?
- A vrai dire... Rien de spécial. Ce n'est pas à moi de le juger mais si tu veux mon avis... Il n'a rien fait de mal. »

La discussion continua comme cela pendant quelques instants avant que Tsukiko se lève en saluant son père et rejoigne sa chambre pour prendre ses deux saïs ainsi que son ninjato. Après quoi, elle sauta pour se retrouver sur le bord de sa fenêtre puis elle descendit en sautant pour rejoindre les escaliers qui menait au village. D'un geste de la main, la demoiselle salua les habitants tout en discutant seulement quelques minutes avec eux. Toshi, toujours surexcité, arriva en courant vers la kunoichi tout en criant son nom alors que Usui, lui, marchait au pas, tranquillement comme toujours. Le jeune homme plein d'énergie demanda ce qu'ils allaient pouvoir faire aujourd'hui.

« Gomen Toshi, mais aujourd'hui vous allez devoir vous passer de moi. »

La jeune femme expliqua la situation à ses deux camarades. Malheureusement, elle devait se passer d'eux pour cette fois. Même s'ils étaient parfaitement apte à exécuter cette mission, Tsukiko voulait préserver ses arrières. En ces temps de conflits, on ne sait jamais quand l'ennemi pourrait attaquer et s'il le faisait, la kunoichi préférait voir ses deux camarades protéger le village. Quoi qu'il en soit, elle s'excusa encore de les laisser tout les deux. Toshi semblait plus que triste, pire, il fit les yeux tous mouillé à la demoiselle qui se gratta l'arrière du crâne avec une expression de quelqu'un de vraiment désolé. Quant à Usui, son visage était souriant et il demanda à Kazumi de faire attention à elle. Commençant à marcher vers la sortie du village, la demoiselle tendit le bras en l'air en balançant sa main de gauche à droite. Bien sur, elle ne se dirigeait pas vers Ryuu à découvert. Certains de ses subordonnées se cachaient dans la forêt que le chemin traversait. Ils pourraient agir à la moindre occasion.
Tsukiko traversa donc le bosquet sans problème rejoignant ainsi les plaines où elle pouvait apercevoir au loin le château de la capitale. Elle observa le paysage pendant quelques instants en essayant de se remémorer la dernière fois qu'elle avait était à Ryuu. Après quoi, pressant davantage le pas, la jeune femme ne tarda pas à arriver dans la grande ville de son seigneur. Elle était heureuse de voir que les rues et les commerces étaient toujours autant animés. Alors qu'elle marchait tranquillement dans les rues de la ville e observant ce spectacle, l'un de ses subalternes, habillé en civil vint lui chuchoter à l'oreille que le samurai était déjà arrivé à Ryuu.

« Bien. Gardez un oeil sur lui. Je pense que les gardes de notre seigneur ne vont pas tardé à intervenir... »

A peine sa phrase terminé, deux gardes du dragon arrivèrent vers elle. Le ninja de Tsukiko repartit comme si de rien n'était. Les deux hommes saluèrent donc la kunoichi comme ils le devaientt avant de signaler la présence de Shiro. Devançant les serviteurs en leur s'exclamant qu'elle était déjà au courant, elle prit le temps de se diriger vers le lieu-dit.
Rejoignant donc les gardes qui entouraient déjà le samurai en question, la demoiselle marcha tranquillement en regardant le samurai de loin. Elle vint se placer devant lui, à quelques mètres, les gardes se trouvant derrière elle même également sur les côtés. Le regard du combattant en face de la jeune femme montrait qu'il semblait désolé. A le voir comme ça, on aurait dit qu'il avait fait une énorme bêtise, comme un enfant néanmoins, il semblait vraiment abattu. Le fixant un instant, la jeune femme tourna ensuite la tête afin d'ordonner aux serviteurs de baisser leur arme. S'approchant de quelques pas du samurai, Tsukiko voulait tout d'abord le mettre à l'aise, c'est pourquoi elle n'affichait aucune haine ou rancune envers lui. Après tout, à ses yeux, il n'avait encore rien fait.

« Je me nomme Tsukiko Kazumi, je suis l'actuel chef du village ninja. Vous devez être Uroko Shiro, je présume? Sa majesté m'a demandé de vous escorter jusqu'à vos appartements, dans le quartier noble. »

Avant de faire ou dire quoi que ce soit d'autre, elle attendait une réaction de l'homme. Les gardes commencèrent à s'agiter ce que n'aimait pas vraiment le demoiselle. Fermant les yeux en appelant le nom de l'un de ses ninjas qui fit son apparition dans un nuage de fumé derrière elle, agenouillé, elle ordonna à ce que ces troupes surveillent la ville. Comme il était apparu, le ninja disparu aussitôt après avoir entendu ses instructions. Tsukiko se tourna d'un quart vers les hommes au service du seigneur.

« Vous pouvez retourner à vos postes. Nous nous chargeons de lui. »

Après un moment d'hésitation, les hommes se retirèrent. La demoiselle les regarda partir puis elle donna son attention à l'autre homme qui était resté sur place.

« Ne vous inquiétez pas. Je ne sais pas exactement ce que vous avez pu faire mais sachez que vous n'avez rien à craindre avec moi. Alors détendez-vous. »

Afin de montrer que Shiro n'avait rien à craindre, la kunoichi plaça ses mains derrière sa tête, l'air décontracté, tout en affichant un visage serein et pleine de vie. Même si dans ce genre de situation, la chef ninja préfère rester sérieux, il valait mieux la jouer cool d'en des moments comme cela. On ne sait jamais ce qu'il peut arriver. Quoi qu'il en soit, la jeune femme attendait une réaction de l'homme.

Spoiler:

La situation évoluait lentement, tandis que cette silhouette qui, sans effort aucun, se démarquait légitimement de par son aura naturelle forte, approchait, lentement, se frayant une place dans le demi-cercle de gardes tous se tenant à distance raisonnable de Shiro. Au cas où celui-ci, faute d'avoir vagabondé durant des mois, aurait peut-être retourné son uniforme au service de quelque autre seigneur. La crainte était justifiée, mais les faits n'était pas là. Shiro était bel et bien vêtu de sa tenue dorée, au dos de laquelle un majestueux dragon y était brodé. Il releva lentement la tête, plantant son regard dans celui de ce qui semblait être une femme, à la dégaine d'une ninja. Un visage qui ne lui était pas familier. A croire que les choses avaient changé depuis ses pérégrinations. Mais la grande fatigue qui rattrapait le jeune samouraï ne pouvait lui donner un air bien convanquant, aussi apparaissait-il piteux face à elle. Elle ne semblait pas vouloir lui donner une leçon immédiate. Au contraire. Elle déclina même son identité, comme ça, témoignant d'une certaine confiance à son égard. A croire que les auras ne trompaient pas. Mais c'en était beaucoup. Beaucoup d'un coup. Et ce ninja qui allait et venait subitement. A croire que le clan reprenait un peu plus vie, que les siens entreprenaient un dur labeur pour faire circuler les informations en temps et en heure - voire en minutes, lorsqu'on sait que cette Ninja semblait fort bien informée pour aller à la rencontre du samouraï aussi... Rapidement.

« Tsukiko-san, cheffe ninja. J'aurais aimé vous rencontrer dans d'autres circonstances... J'imagine que malgré votre neutralité, vous ne pouvez vous empêcher d'éprouver quelque sentiment pitoyable à mon égard. Enfin, je vous remercie de votre bienveillance, avançons sans plus tarder. »

Uroko amorça le pas, marchant aux côtés de ce qui semblait être sa future alliée. Bien qu'il ne la connaissait pas, il ne pouvait s'empêcher de l'assaillir de questions. Un comportement qui relevait plus d'un enfant que d'un samouraï, cela dit.

« Comment vont les autres ? Teruo-san ? Niwa-sama ? Et ce bon vieux Sanzo-san, aussi... L'appel à la population ne s'est manifesté qu'il y a quelques temps. Je me demande bien à quelles occupations vous avez pu vaquer durant ce temps-là si ce ne sont les entraînements au dojo et le renseignement. Enfin... Enfin, j'imagine que je saurai tout ça une fois que j'aurai justifié mes actes... Autant que je le pourrai... »

Alors qu'ils avançaient librement, les citadins s'écartant à distance plus que raisonnable, on apercevait tout de même, au loin, un autre petit attroupement. S'en suivait quelque brouhaha agité. Le samouraï fit signe au chef ninja de se hâter. Ils se frayèrent légèrement un chemin parmi la foule pour apercevoir un trio de soiffards, leur kodachi pointé sur un homme à Terre. Sans doute une histoire de femme ou de dettes. Uroko fronça les sourcils ; la garde à qui il faisait face auparavant était retournée à ses occupations, mais pas céans. On demandait timidement "vite, quelqu'un, de l'aide" dans les rangs. Ils étaient tous apeurés, tandis que l'homme à Terre se faisait battre. Puis on entendait :

« Ne nous regarde plus jamais de travers, citadin de pacotille. On va t'apprendre le respect ! »

L'homme à terre fut roué de coups de pieds. De plus en plus de gens venaient s'attrouper, si bien qu'il était dorénavant difficile pour les deux Ryuujika de s'extraire de la foule. Le samouraï échangea un regard interrogateur à Tsukiko-san, type "que fait-on" ? Mais le temps passait, aussi un autre s'extirpa de la foule pour implorer le trio de pochetrons de cesser, mais il eut en réponse un simple coup de poing dans la tempe, ce qui lui suffit à s'étaler par terre, inerte, relevé puis traîné en arrière.

« A croire que notre clan aurait quelque peu perdu son influence... Les actes de vandalisme n'arrivaient que le soir, avant. Du moins, de ce que j'ai vu. Je me suis assez affiché pour ma part, et je ne suis d'humeur à régler les choses de manière diplomatique. Laissez-moi vous regarder faire... »

Laissant l'homme prendre les devants de la marche, Tsukiko resta quelques instants sur place à le regarder de dos. Que s'était-il réellement passé pour qu'il soit si démoraliser. Quoi qu'il en soit, la demoiselle soupira avant de prendre la marche en suivant Shiro. Il est vrai que, habituellement, c'est elle qui se fait suivre par ses deux camarades, Usui et Toshi, mais ce n'est pas forcément désagréable de voir les rôles inversés, bien au contraire. Même si elle n'avait aucun don de télépathie, Kazumi aimerait bien savoir ce que l'homme en face d'elle pouvait bien penser. Finalement, il ne tarda pas à assaillir la jeune femme de question sur le clan ainsi que quelques personnes importantes des Ryuujikas.

« Comment vont-ils... Et bien, je crois que Niwa-sama comme Genjo-dono sont un peu tendu à cause des tensions entre les différents clans. Plus que jamais, on a besoin d'eux dans ce genre de situation. Pour ce qui est de Teruo...je n'ai plus d'information sur lui depuis quelques temps maintenant. »

Maintenant qu'elle y repensait, c'est vrai que Teruo n'a pas donné de signe de vie depuis bien longtemps. Kazumi ne cherchait pas non plus à en savoir plus sur lui malgré son grade mais tout de même...
Alors qu'elle s'interrogeait plus ce qu'il ne fallait sur lui, elle remarqua un regroupement d'habitant un peu plus loin. Elle ne pu s'empêcher de prendre son visage sérieux. La situation semblait mauvaise, et cela fut confirmé par le samurai qui demanda à la kunoichi se presser le pas. Cela ressemblait à un ordre non? Elle n'avait pas vraiment l'habitude de ce genre de parole mais là n'était pas la question. Essayant de se faufiler dans la foule pour voir ce qui se tramait, Kazumi fut surprise de voir le spectacle qui se déroulait en face d'elle : les gardes, qu'elle avait renvoyé plutôt, étaient en train de maltraité l'un des habitants à cause d'une simple regard. Bien qu'elle restait de marbre, la demoiselle bouillait en elle. Dire qu'ils sont censés montrer l'exemple. Tu parles! Ce qui mis davantage la kunoichi en colère, c'est le coup que l'un des gardes mit à un autre villageois qui voulut arrêter le massacre. Elle devait faire quelque chose mais en tant que chef, si elle intervient personnellement, elle pourrait avoir de gros problème alors, il fallait le faire en toute discrétion.

Shiro prit la parole en déplorant l'attitude des Ryuujis. Pour tout dire, il est vrai que Kazumi en était également dégouté. Ils en faisaient trop. Elle aurait préféré envoyé ses hommes régler ça, mais pour une fois, la kunoichi prit le risque, quitte à subir les conséquences plus tard. Se faufilant davantage dans le foule, la jeune femme finit par se détacher et à entrer dans la ronde que former les personnes présentes. Prenant en main ses deux saïs hérités de sa mère, elle prit appuie sur son pied droit afin de donner une impulsion. Grâce à celle-ci, elle désarma le premier garde qui ne comprenait pas ce qu'il se passait. Puis, Kazumi laissa un pied à terre et posa une main au sol afin de donner un coup de pied dans la main de l'autre qui était tout proche. Le katana qu'il tenait s'envola en tournant sur lui même avant de venir se planter de l'autre côté de la foule. Le dernier garde qu'il restait tremblé alors qu'il essayait de dire le nom de la kunoichi qui plongea son regard dans le sien afin de lui montrer sa rage. Ni une ni deux, l'homme lâcha son arme.
Laissant les gardes sur place, Kazumi reprit un regard beaucoup plus reposant avant de ranger ses armes et venir aider l'homme à terre. Prenant l'un de ses bras qu'elle passa derrière sa tête, la jeune femme lui demanda s'il allait bien. La foule commençait à s'agiter et à chuchoter par-ci par-là : « Ce n'est pas Tsukiko-sama, le loup de la forêt du sud? »; « Je ne l'avais encore jamais vu... »; « Dire qu'il s'agit de l'actuel chef ninja du clan... ». Ce genre de commentaire résonnait dans la tête de la demoiselle qui se releva en aidant l'homme à faire de même. Puis elle demanda :

« Que quelqu'un l'emmène voir un médecin. »

Quelques personnes quittèrent la foule afin de venir aider l'homme. Pour ce qui était des soldats, Kazumi les regarda avec une froideur sans pareil.

« La prochaine fois que je vous vois faire ce genre de vandalisme, je ne me retiendrais pas de vous faire la leçon.
-... Le... seigneur Niwa... en entendra parler.
[elle croise les bras] – Et vous croyez que vous allez avoir une quelconque influence par rapport à moi? Tss.. Disparaissez; que je ne vous renvoie pas de si tôt. »

Kazumi n'aimait vraiment pas s'affichait mais peut être que ces gardes avaient besoin qu'on les remette à leur place. Petit à petit, la foule commença à se disperser pour reprendre ces activités quelconques. Rejoignant Shiro en se grattant l'arrière du crâne, elle tourna le regard.

« Désolé que vous ayez assisté à un tel spectacle. Comme je vous le disais, les tensions atteignent tous le monde... »

Mais cela n'excusait en rien le comportement de ces hommes. Regardant le samurai dans les yeux, elle demanda à ce qu'on rejoigne ces appartements le plus rapidement. Elle n'aime vraiment pas traîner à découvert, surtout après ce qu'il vient de se passer.

Le samouraï ne réfléchissait plus à la réponse que lui avait apportée la kunoichi. Il était davantage concentré sur les prouesses martiales dont elle pu faire preuve pour venir à bout des truands qui, en y regardant de plus près, faisaient partie de la garde des Ryuujika. C'en était une honte. Lui qui pensait de prime abord à des soiffards sans limite qui oubliaient l'autorité de leur clan dans cette ville... Non, en fait, le clan de Ryuuji continuait de dominer promptement les environs. Jusqu'à en laisser certaines unités se laisser aller, à demander du respect sans en recevoir... De quoi s'éloigner de la Voie du guerrier. Une fois l'altercation déroulée entre la ninja et le trio d'imbéciles, Uroko se réserva le droit de les foudroyer du regard secrètement, ce qui les fit détaler plus vite que prévu, partis en direction des quartiers du clan. Quant à Kazumi-san, celle-ci revint s'afficher, l'air aussi désolé que le sien, expliquant que les évènements récents avaient un impact vraisemblablement général. Il atteignait le seigneur lui-même, qui déteignait par la suite jusqu'aux plus bas dans la hiérarchie.

« Si cela n'en tenait qu'à moi, je les aurais décapités sans sommation. Un tel comportement est une insulte à notre clan, c'est tout simplement inacceptable et un hara-kiri ne leur suffirait pas à laver les impuretés qui viennent de tâcher leur honneur. J'ignore pourquoi ils ont dit qu'ils en parleraient au seigneur Ryuuji, mais je plaiderai en votre faveur, si j'en ai l'opportunité bien sûr... N'oublions pas que ma situation est délicate. »

Il se remit à marcher, un peu plus lentement, marquant un silence et s'épongeant de temps à autre son front en sueur. Puis il se reconcentra sur ce qu'elle avait pu lui dire avant d'intervenir dans le conflit. Notamment ce qu'il en était des trois personnes les plus importantes du clan. Et ce bon chef de guerre dont on n'avait pas de nouvelles... A croire que lui aussi s'était éclipsé vers d'autres horizons le temps de... Le temps de, tout simplement. Respirer un peu ? Parfaire ses acquis ? en embrasser de nouveaux ? Possiblement. Après tout, il était l'avatar idéal pour Shiro, et ce dernier n'était pas des plus iconoclastes ! En y pensant, il leva la tête vers les horizons montagneux, songeur. Il eut un éclair qui lui traversa l'esprit ; si Teruo-sempai était plus ou moins dans le même cas que Shiro, alors le samouraï pourrait peut-être tourner ceci à son avantage et expliquer à son seigneur ce qui l'a poussé à se retirer. Puis il revint subitement à son interlocutrice.

« Au fait, dans quel but m'accompagnez-vous à mes appartements ? Il s'est passé des choses durant mon absence ? ... »

Spoiler:

Les paroles de Shiro envers les hommes étaient un peu dur, mais il est vrai que ces gardes étaient un vrai déshonneur pour le clan. Autrefois, les choses étaient plus calme et tout allait bien mais les derniers évènements avaient chamboulé tout le monde, tous les clans, sans exception. Qui plus est, Kazumi ne voulait pas avoir davantage d'ennui avec le seigneur dans des moments comme cela. Elle ne craignait en aucun cas les menaces de ces hommes. Son influence était bien plus forte que leurs paroles et puis, le samurai la soutiendrait malgré sa situation. Elle devait répondre à ce geste de bonté. Prenant un air de remerciement avec un léger sourire, la jeune femme déclara :

« Ce n'est pas ce genre d'homme qui causeront ma perte mais, je vous remercie de votre geste. Ce savoir soutenu est toujours une bonne chose. »

Bientôt, les deux personnes reprirent la marche afin de se diriger une bonne fois pour toute vers ce quartier noble. Durant le trajet, la shinobi était encore sur ces gardes. Cela ne l'étonnerait pas que les gardes cherchent à se venger d'elle ou pire, qu'un espion d'un clan ennemi en profite pour éliminer les deux jeunes gens car après tout, c'est ce que le seigneur craignait. Il préférait jouer la carte de la sûreté. La demoiselle regarda à gauche et à droite lorsqu'elle s'arrêta un instant en observant une ruelle dont on ne voyait pas le fond. Suspicieuse, elle essaya tant bien que mal de desceller quelque chose ou plutôt quelqu'un. Malheureusement, rien. Pas même une mauvaise sensation ou autre. Son imagination? Tsukiko laissa cela de côté et reprit sa marche en accélérant le pas pour rejoindre l'homme qui ne tarda pas à l'interroger sur le pourquoi du comment de la présence de la kunoichi à ses côtés. Devait-elle lui dire la vérité? Ou le ménager après le voyage qu'il a dû faire? Il s'agissait d'un samurai, il valait peut être mieux qu'il soit au courant de la situation pourtant...

« Le seigneur Niwa veut simplement que vous soyez garder. Il se pourrait que vous soyez menacé, même à travers nos murs. Comme je vous l'ai dit : les clans ennemis sont sous tensions. Il profite de n'importe quel occasion. »

Pressant le pas en prenant les devants de la marche, le visage de Kazumi semblait s'être refermé pendant un instant. Elle était de plus en plus suspicieuse et il y avait de quoi. Alors qu'ils marchaient, un homme assez suspect sortit de l'ombre. Sentant que Shiro pourrait réagir, elle lui fit comprendre par un signe de la tête qu'il n'y avait aucun danger. L'ombre passa à côté de la jeune femme dont le visage devint tout de suite plus détendu. Cet homme lui avait glissé un petit bout de papier dans la main, en tout discrétion, qu'elle déplia : elle avait vu juste. Déchirant ce message, elle tourna la tête vers Shiro.

« Je sais que vous avez fait un long voyage mais... J'aimerais que vous restiez sur vos gardes. »

D'ailleurs, lorsqu'ils atteignirent les quartiers nobles, la demoiselle s'arrêta lorsqu'elle vit un autre homme, vêtit de la même façon, leur barrer le passage. Suspicieuse une nouvelle fois, la demoiselle resta de marbre et silencieuse. Cette fois, il ne s'agissait pas de l'un de ses hommes. Malgré les milles et un déguisement qu'ils pouvaient revêtir, Kazumi les connaissait tous. Elle savait quand il s'agissait de l'un de ses subordonnés mais là... Elle attendait une quelconque action de son opposant.

Spoiler:

Les ryuujika progressaient ainsi, malgré la petite péripétie qui les avait interpelés ; péripétie qui laissait le samouraï de plus en plus songeur cependant. Il avait les sourcils constamment froncés, le regard perdu sur le sol, marchant les mains balantes, songeur, ne s'étant décidément pas encore rendu à l'évidence quant à cet acte peu courtois de la part d'unités de leur clan. Et pourtant ces unités-là étaient du même grade que Shiro. Alors, quand cette aimable shinobi lui disait - cartes sur table - que le seigneur se souciait de la vie de Shiro... Cela suscitait l'interrogation. Aussi le samouraï pensa-t-il un vif instant qu'il y avait anguille sous roche.

« Niwa-sama vous a-t-il parlé de ses projets à mon égard ? Pourquoi me ménager et non pas les autres qui vadrouillent un peu partout ? S'il veut me chatier, s'il veut ma mort, il sait que je lui donnerai ma vie sans réchignement aucun. Après tout, même si mon corps s'est éloigné longtemps, mon esprit, lui, a toujours été Ryuujika depuis que j'y suis entré en tant que simple serviteur, ou page - qu'importe le terme - pour gagner mon pain à la sueur de mon front... Non, vraiment, c'est à se demander ce qu'il me veut vraisemblablement. Vous avez une idée, Kazumi-dono ? »

Il ne fut que trop peu interpelé par cette petite ombre qui vint brièvement faire ses affaires avec la shinobi. Il ne se posa pas plus de questions quant à ce morceau de papier qu'il lui avait donné. Et qui fut réduit en lambeaux par la suite. Non, ça, c'était une brouille comparé à ce qui les attendaient. Ils marchaient, marchaient, jusqu'à faire face à une silhouette. La silhouette portait le même uniforme que celle qui était venue rendre des comptes à la ninja et qui avait disparue aussi vite qu'elle avait fait son apparition. Bref, une sorte de métier axé sur la discrétion. Mais ici, ça n'était pas si discret que de se montrer ouvertement en affichant une volonté de barrer la route à quiconque passerait. Les deux bras de l'individu étaient grands écartés, ses jambes aussi, d'ailleurs. Quant à son visage, on le discernait trop peu et il était donc impossible de discerner ses intentions, de connaître ses sentiments pour l'heure ; voulait-il obstruer le passage aux deux camarades ou cherchait-il simplement à les mettre en garde ?

D'autres soldats de Ryuuji, mêlés à des individus au même revêtement que les alliés de Kazumi, s'avançaient pour rejoindre l'espèce d'épouvantail qui imitait l'étoile de mer. Certains venaient même de derrière, de sorte à cerner le samouraï et la cheffe ninja. Mais ces actions ne suffisaient toujours pas à vraisemblablement déterminer les intentions de ces hommes. Ils étaient vêtus comme des alliés, certes, mais le samouraï ne les avait jamais vus agir ainsi. Et la situation diplomatique actuelle ne permettait pas vraiment de trancher. On ignorait donc s'il y avait danger au sein de la capitale Ryuuji ou si c'était simplement un spectacle quelque peu exagéré.

« Uroko-dono, notre chef ninja dit vrai, votre vie est sûrement en danger. Laissez-nous vous escorter jusqu'à vos appartements, ne sait-on jamais. lança l'individu qui était l'unique à leur barrer le chemin quelques temps plus tôt.

Tous se rapprochèrent des deux Ryuuji, si bien que ça pouvait plus ressembler à une embuscade qu'une protection. A croire qu'ils ne se souciaient guerre d'amadouer le samouraï. Les intentions étaient nettes désormais. Le samouraï n'avait jamais douté une seule seconde de ses camarades, de ses frères d'armes, tout comme il ne doutait pas une seule seconde de Kazumi alors qu'il ne la connaissait que depuis quelques instants.

« C'est étrange, y en n'a pas un dont le visage m'est familier parmi vous. Et pourquoi l'homme de derrière garde une main sur son couteau qu'il cache si mal ? »

La remarque suffit dès lors à transformer les petites étincelles en flammes jaillissantes. Tous dégainèrent subitement leur sabre, Shiro les imitant par la même occasion, fort de constater qu'ils étaient en nombre et qu'il avait quelqu'un à protéger.

« Je me disais bien que malmener des civils n'étaient pas dignes de Ryuuji. Si possible dites qui vous paie pour corrompre notre clan, nous gagnerons ainsi du temps. ... Kazumi-dono, vous êtes avec moi ? »

Durant le trajet, Shiro posait encore des questions à propos de la demoiselle qui se trouvait être son escorte. Pourquoi avait-il droit à un tel privilège et pourquoi le seigneur Niwa ne lui en voulait pas tant que ça? Tsukiko croisa les mains derrière la tête, l'air décontracté en lui répondant sur un ton cependant sérieux.

« Ne croyez pas que vous soyez le seul à avoir une escorte personnelle. Le seigneur Niwa craint seulement pour votre sécurité. C'est justement le fait que vous ayez quitté Ryuu qui fait que vous soyez plus en danger. Il veut seulement que les guerriers dont il a fait l'appel arrivent sain et sauf. Afin, c'est ce dont j'en ai déduis. »

Il est vrai que Kazumi n'avait pas reçu beaucoup d'information sur son travail de garde du corps mais un ordre du seigneur Niwa est total. En aucun cas elle avait le droit de discuter. Et même si elle le faisait, en tant que chef ninja, elle ne pouvait mettre son village en danger. Voilà pourquoi elle se devait d'être un bon chien chien pour le moment. Et puis, avoir Shiro sous sa protection était peut être une bonne chose : la kunoichi avait une confiance en lui pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de se méfier un peu. Après avoir quitté Ryuu pendant si longtemps, on ne sait jamais ce qu'il peut arriver. Enfin, ses subordonnées étaient en cas d'attaque donc Kazumi pouvait se relâcher.

La rencontre avec l'individu habillé comme l'un des ninjas sous les ordres de la demoiselle ne rassurait pas cette dernière. L'homme en face d'elle était un inconnu. Bientôt, les deux personnes ne tardèrent pas à être entouré par des gardes de Ryuu mais également d'autres qui portait l'uniforme des ninjas. Ne bougeant pas d'un pied, Kazumi regardait cependant les personnes qui les encerclaient à présent. Peu de temps après l'un d'entre eux prit la parole en disant qu'il devait mettre Shiro en sécurité. Mon oeil oui! Plus que jamais, la chef ninja savait qu'il s'agissait d'un traquenard. Posant une main sur le manche de l'un de ses saï, la samurai prit ensuite la parole avec ironie. Lui aussi avait compris qu'il s'agissait rien d'autre qu'un piège. Tous dégainèrent leur arme lorsqu'ils comprirent que leur masque était tombé. Reculant d'un pas sauté, la jeune femme se retrouva dos à dos avec Shiro, tournant légèrement le visage avec un sourire narquois, la demoiselle lui répondit.

« On a un rituel entre amis chez moi : celui qui en abat le plus paye une bouteille de saké à l'autre. Ça vous va? »

Reportant son attention sur les hommes qu'elle avait en face d'elle, la demoiselle ne perdit pas de temps. Fermant un instant les yeux, une certaine énergie circulait maintenant dans le corps de la demoiselle. Lorsqu'elle les ouvrit, une lueur jaune scintillait dans ses yeux. Après quoi, elle prit appuie sur son pied droit pour se propulser vers ses adversaires. Deux hommes essayèrent de la trancher avec une attaque horizontale pour l'un et un coup diagonal vers les bas pour l'autre. Grâce à sa capacité que la jeune femme venait d'activer, Kazumi n'eut pas de mal à esquiver les attaques avant de venir sauter sur l'épaule d'un de ces deux hommes, le plaquant ainsi à terre. La jeune femme se retrouva alors accroupie sur lui. Quant à l'autre, il essaya à nouveau d'assigner un coup de son sabre. Dégainant son saï de sa main droite, elle bloqua l'attaque dans la partie arrondi de son arme. D'un geste brutal vers la droite elle envoya le katana volait un peu plus loin. Se relevant en laissant un pied sur le dos du pseudo ninja à terre, Tsukiko fit tourner son saï dans sa main tout en disant.

« Qui sera le prochain? »

Bien qu'il s'agissait de samurai et de ninja, Kazumi avait largement le niveau pour les affronter. Jetant un vif coup d'oeil derrière elle, Shiro semblait très bien se débrouiller. Souriante, elle déposa son regard sur les deux samurais prenant une position de combat qui semblaient les prochains sur la liste de la demoiselle. Gardant seulement son saï à la main, la jeune femme ne tarda pas à se précipiter vers eux.

« Eh bien ils n'ont pas l'air très parlants... Soit, je vais les faire parler.» Puis, à Kazumi, « Me faire payer à boire par une femme ? Jamais... Mais ce petit défi de celui qui en bottera le plus ne me déplait pas pour autant. S'ils ont usurpé l'identité de nos propres unités, c'est qu'ils ne doivent pas être mauvais... »

Le samouraï foudroya du regard ses opposants au nombre de trois. Il plantait son regard dans chacun d'eux, tour à tour, dégainant vivement lorsqu'il vit, en un éclair, le couteau que l'individu tentait plus tôt de dissimuler, filer comme un projectile en direction du cœur du samouraï. Son sabre s'était interposé, déviant la trajectoire de la petite arme qui partit se perdre sur un toit.

« Le cœur... C'est que vous en voulez véritablement à ma vie. »