Sujet: Re: ... Festival macabre Mar 19 Juin - 12:50
Alors qu'il venait tout juste d'accepter l'invitation à passer la nuit dans la demeure du capitaine, Junichiro vit le jeune Bankichi se lever, quitter la pièce et l'entendit grimper à l'étage prestement. Il pensa alors à ses frères qui bien trop choyés depuis leur plus jeune âge, rendaient rarement service de bon gré. Encore une fois, il ne put s'empêcher d'être admiratif, contrairement à ses propres parents, le capitaine pouvait se reposer sur son fils. Bankichi était un jeune garçon plein de ressources, sa mère pouvait être fière de lui.
Takahara Risako lui exposa les différents événements du festival prévus pour le lendemain, et le convia à les rejoindre à la tombée de la nuit elle et son fils. Junichiro entendait de temps en temps des bruits à l'étage : un objet que l'enfant semblait tirer sur le sol, des petits pas précipités ... N'ayant aucune idée du déroulement de sa journée, le jeune archer ne répondit rien. La maîtresse de maison ne parut pas s'en formaliser et se leva pour aller préparer le dîner.
Entre temps, Bankichi était revenu et en s'inclinant poliment avait annoncé à Junichiro que sa chambre était fin prête. Le remerciant, celui-ci saisit son sac de voyage et son instrument puis il se leva, s'apprétant à le suivre pour une petite visite guidée de la maison. Ils s'engagèrent dans l'escalier qui menait aux chambres. Tout comme le reste de la maison, l'étage était propre et bien entretenu. Junichiro se demanda si Bankichi s'occupait également du ménage. Sa mère, sans doute fort occupée par ses fonctions de capitaine, ne devait avoir guère de temps à accorder aux tâches domestiques. Le couloir menant à la chambre qui lui était réservée pour la nuit, était éclairé par des petites lampes accrochées au mur. Leurs ombres se détachaient distinctement sur le sol et Junichiro s'amusa quelques instants de la sienne. Jouant de ses mains, il fit apparaître des formes ondulantes se mouvant comme si elles avaient soudain pris vie.
Sa chambre était située au fond du couloir, précédant le petit garçon, Junichiro pénétra dans la pièce. Il déposa son sac au pied du futon soigneusement préparé à son attention, adossa son shamisen au mur et observa les lieux. Rien de tape à l'oeil encore une fois, les quelques objets présents dans la pièce étaient harmonieusement disposés rendant l'endroit agréable. Il ne faisait nul doute que Junichiro passerait une bonne nuit.
- C'est parfait, dit-il s'adressant à Bankichi avec un grand sourire. Devrions-nous descendre aider ta mère à préparer la cuisine à présent?
Il redescendit le petit escalier d'un pas léger, et se dirigea vers la cuisine guidé par son odorat.
- Puis je vous être utile à quelque chose ? demanda-t'il passant la tête dans l'embrasure de la porte.
Sujet: Re: ... Festival macabre Jeu 28 Juin - 23:07
Bien que femme, Risako n’avait jamais aimé faire la cuisine et n’y avait jamais excellé. Elle ratait même de temps en temps les plats que son fils réussissaient si bien. Il fallait dire que malgré sa très grande fierté, elle se trouvait un peu jalouse du talent de sa progéniture dans le domaine culinaire. Elle, n’avait jamais eu de facilités dans aucun art, et ses impressionnants progrès ne voyaient le jour qu’à force de persévérance et d’efforts continus.
Plus jeune, on l’avait souvent admirée pour sa bonne volonté. Elle avait du souffrir pour parvenir à ce qu’elle était aujourd’hui. Quoi d’étonnant à ce qu’elle enviât son fils pour ses petites mains de fée et sa chance improbable. En cuisine, tout était à sa portée et il réalisait parfois des chefs d’œuvres alors que Risako se bornait à préparer des plats des plus simples. Pire, constatant que son fils aimait profondément les activités culinaires, elle lui avait laissé ce rôle, de manière à ce qu’elle ne fasse plus aucun progrès.
En pensant à ceci, Risako fut encore plus outrée sur la façon dont elle avait éduqué Bankichi. Par tous les kamis, cet enfant n’avait pas reçu les bonnes manières qui seyaient à son sexe ! Il fallait y remédier sur le champ. Elle ne le changerait pas par rapport à ses gouts, mais elle devait s’assurer de toutes urgences qu’il se sentait bien garçon et non fille. Risako en oubliait même qu’elle avait reçu une éducation bien plus masculine que féminine, et qu’elle ne s’en portait que mieux. Mais qu’importe. Après tout, il s’agissait de son fils, non de sa personne.
Lorsque les plats de légumes vinaigrés et les bols de riz au poisson furent enfin prêts, Risako remarqua Junichiro à la porte de la cuisine. N’ayant pas l’habitude, elle sursauta tant elle avait été concentrée sur ses mets puis lui prêta une oreille attentive. Il lui demanda si elle n'avait pas besoin d'aide, alors la trentenaire lui tendit un plateau où la moitié du repas avait été installée, avant de le remercier poliment pour sa serviabilité. Elle se chargea ensuite de l’autre moitié et arrangea la table avec l’aide de son fils.
Quand ils furent tous autour de la petite table basse et tous servis, Risako s’assura avec un discret soupir de soulagement de la réussite de ses plats, pourtant pas bien compliqués. Ceci fait, elle proposa à Junichiro un peu de sake tandis qu'une brise fraiche soufflait, traversant la fenêtre puis la pièce . Il était alors indéniable qu’ils passeraient une agréable soirée ensemble.
Le lendemain, Risako se mit sur son trente-et-un pour assister aux festivités. Il faisait déjà nuit, mais les lanternes éclairaient tout Nezumi. Elle ne voulait surtout pas penser à la mascarade entourant la disparition de son mari, elle voulait juste s'amuser et montrer à son fils ce qui était bien pour lui. Comme les profondeurs nocturnes s'abattaient avec assurance sur les montagnes, elle s'installa à une table, une table d’un restaurant en plein air, si proche des portes de la ville qu’il était impossible de la rater. La jeune femme espérait que le feu traditionnel prendrait convenablement, ce soir. Comme il l'avait fait avant qu'elle ne perde Kidô.
Elle scruta les environs. Assis à côté d’elle, son fils. Un peu plus loin, un groupe de garçons du même âge. La mère se pencha pour lui parler: « Tu vois les enfants là-bas ? Je voudrais que tu ailles les saluer. »
Spoiler:
[Excuse moi pour le retard. ]
Takahara Bankichi
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Sujet: Re: ... Festival macabre Ven 20 Juil - 22:05
Spoiler:
Je tiens à m'excuser platement de ce retard impardonnable, j'espère que je saurai à l'avenir éviter que ça ne se reproduise...
La journée du lendemain fut des plus calme. Il avait plu toute la matinée et une bonne partie de l'après-midi, les Takaraha et leur invité avaient donc attendu le soir, le temps s'étant calmé, pour se joindre aux festivités qui avaient pour le coup été quelque peu perturbées.
En sortant, Bankichi avait devisé avec une certaine tristesse à peine dissimulé l'état de la lanterne en papier qu'il avait accrochée au portail. Celle-ci avait en effet été bien abîmée par la pluie et on ne distinguait même plus la signification du dessin qui la décorait.
Le petit groupe s'était rendu vers le centre de la ville, où les festivités avaient lieu. Ils avaient dîné sur la terrasse d'un restaurant, admirant les danses traditionnelles et les artistes itinérants venu profiter de l'affluence pour démontrer leurs talents. Une fois le repas fini, Risako demanda à son fils d'aller saluer un groupe de jeune garçon de son âge. Il ne comprit pas vraiment ce qu'elle voulait qu'il fasse au juste, car il ne les connaissait pas et n'avait absolument rien à leur dire. Cependant, devant le regard insistant de sa mère il se sentit contraint d'obéir. Peut-être voulait-elle juste l'éloigner pour parler de quelque chose avec Junchiro. Finalement, il stoppa la sa réflexion car il arrivait au niveau des quatre garçons et ceux-ci avaient arrêté de parlé et le dévisageaient désormais d'un air étrange.
"- Heu... bonjour... - Qu'est-ce que tu nous veux ? - Les gars ? Vous trouvez pas qu'il a une tête bizarre ? - Ouais, on dirait une fille ! - Dégage, on est pas là pour discuter avec une fille. - Je ne suis pas une fille, je m'appelle Bankichi. - On t'a dit de dégager, fillette. - Ouais barre toi."
L'un des garçon poussa violemment Bankichi qui sous la surprise, perdit l'équilibre et tomba au sol. Un autre s'avança pour lui donner un coup de pied mais l'héritier des Takahara saisit sa jambe et l'envoya au sol. Alors qu'il venait juste de se relever, le plus gros des quatre garnements se jeta dans son dos et lui attrapa les bras. Les trois autres garçons purent à loisir marteler le pauvre Bankichi de violents coups de poings tandis que celui-ci essayait en vain de se débattre et de les frapper avec ses pieds.
Sujet: Re: ... Festival macabre Mar 31 Juil - 18:52
Un pâle rayon de soleil éclairait la chambre quand Junichiro ouvrit les yeux. Il repoussa les draps, s'extirpant du futon avec souplesse. Il s'étira, et fit quelques mouvements pour dérouiller son corps. Il s'approcha de la fenêtre, et souleva le loquet. De gros nuages noirs s'amoncelaient dans le ciel, la journée s'annonçait pluvieuse. L'air frais et humide qui s'engouffra dans la pièce acheva de le réveiller. Il ramassa ses affaires négligemment éparpillées autour du futon et remis un peu d'ordre dans la pièce. Il hésita à laisser son sac, selon le déroulement de la journée il était fort probable qu'il reste une nuit de plus à Nezumi. Cependant Junichiro ne voulait pas abuser de l'hospitalité des Takahara, il prit donc son shamisen, réajusta son sac de voyage sur son dos et sortit de la pièce. En route à présent!
Il s'engagea dans les rues de Nezumi d'un pas décidé. Avant de prendre congé, il avait interrogé Risako afin qu'elle lui indique le quartier des auberges. La journée risquait d'être longue … avec les festivités, les établissements étaient bondés. La ville s'éveillait doucement, ici et là on commençait à s'affairer. De nombreux stands étaient encore fermés, la pluie qui persistait découragerait certainement beaucoup de festivaliers. Junichiro zigzaguait entre les flaques, rien ne servait de se presser, le penchant de son contact pour la boisson devait en faire un lève tard.
La journée s'éternisa, Junichiro errait dans le quartier comme une âme en peine. Plusieurs fois il cru reconnaître l'homme qu'il cherchait ... le port de la moustache semblait être en vogue à Nezumi. Il finit par s'installer au croisement de deux rues, et attendit, observant les passants. De jeunes demoiselles revêtues de somptueux kimono lui jetaient des regards aguicheurs, mais pensif Junichiro les remarquait à peine. Alors qu'il enfonçait sa capuche sur sa tête pour s'assurer un peu plus de tranquilité, une main vint se poser sur son épaule. Surpris le jeune garçon se releva d'un bond, portant la main à son arme dissimulée dans les pans de son vêtement. -Oh Oh !Du calme mon jeune ami! Je vois que vous m'attendiez, dit l'inconnu d'un ton amusé. Junichiro dévisagea son interlocuteur - pas de moustache, mais une haleine qui ne pouvait laisser aucun doute quand à l'identité de celui-ci. Il ne l'avait pas senti approcher, malgré son apparence cet homme devait être redoutable. -Le lieu se prête mal pour à discussion, prenez ceci, nous aurons l'occasion de nous revoir très bientôt. Disant ces mots, il sortit une missive de son obi et la tendit à Junichiro. Le garçon saisit le rouleau, il portait le sceau d'Uma. Il l'entrouvrit et cru reconnaître l'écriture de son capitaine. -Mais où suis-je sensé … L'homme avait disparu, aussi subrepticement qu'il était apparu. Junichiro haussa les épaules, qu'importe après tout. Il était grand temps de rejoindre les Takahara. Se frayant un chemin parmi les badauds qui avaient profité de l'accalmie pour sortir, il s'orienta vers les portes de la ville.
Il repéra sans difficulté le capitaine et son fils installés à la terrasse d'un restaurant. Takahara Risako avait revêtu un kimono orné de motifs représentants des oiseaux en vols. Junichiro les observa un instant. Des grues peut-être? Ses maigres connaissances en ornithologie ne lui permirent pas de trancher. En tant que musicien, il était beaucoup plus doué pour reconnaître les chants . Sa réflexion n'alla pas plus loin. L'habit mettait en valeur ses charmes féminins et Junichiro songea qu'il était étonnant qu'une telle femme n'ait pas retrouvé de compagnon. Son deuil était peut être encore trop récent. Enfin tout cela ne le regardait pas … Décidément il se trouvait bien curieux à propos de la jeune femme. Il les salua, et pris place à leur table.
Ils mangèrent en échangeant quelques banalités tout en profitant du spectacle qui s'offrait à leurs yeux depuis la terrasse. Junichiro plutôt content n'avait pas à s'efforcer de faire la conversation, une activité qui le rebutait beaucoup et qui l'aurait sans doute empêcher de savourer sereinement son repas.
Risako demanda à Bankichi de rejoindre un groupe de garçons qui jouaient non loin de leur table. Le visage de l'enfant s'assombrit. Ill leva vers sa mère des yeux emplis d'incompréhension mais obéit pourtant sans faire d'histoire. Junichiro le regarda s'éloigner,compatissant. Sa mère ne voyait-elle pas qu'elle l'envoyait au casse-pipe? Il avait observé un peu plus tôt la petite troupe, interpellés par des éclats de voix grossiers. Ce n'était qu'une bande de petits voyous qui jouaient les gros durs, terrorisant les plus jeunes pour se divertir. Il regarda Risako, celle-ci observait son fils avec attention. Qu'avait-elle derrière la tête ? Elle ne chercha pas à intervenir lorsque son fils se retrouva plaqué au sol et que les jeunes garçons commencèrent à le rouer de coups. Junichiro ne savait pas quoi faire. Bankichi essayait tant bien que mal de se défendre mais sa tentative désespérée de résister ne fit qu'attiser la colère de ses adversaires. Les coups redoublèrent de plus belle. Ni tenant plus Junichiro se précipita vers le petit groupe. Mais au lieu de tenter d'arrêter la rixe, il s'adressa à Bankichi. -Mon garçon, quand t'ai-je appris à retenir tes coups? Quand tu en auras terminé, hâte toi de me rejoindre nous avons encore beaucoup de choses à faire. Disant cela il posa sa main sur sa hanche, prenant soin de dévoilerson arme au passage. Il se sentait ridicule- essayer de se faire passer pour un assassin afin de faire peur aux enfants , quelle idée stupide… jamais ceux-ci ne seraient dupes. Pourtant c'était la seule chose qu'il avait trouvé pour lui venir en aide sans bafouer l'honneur du jeune garçon. Junichiro durçit son regard et dévisagea les enfants un à un. -Ceci ne devrait te prendre qu'une dizaine de minutes tout au plus à en juger parce que je peux voir. Bien, je te laisse. Ne me fais pas attendre. Il tourna les talons, priant pour que Bankichi soit assez futé pour jouer le jeu
Les enfants sont des ingrats. Risako aurait du s’en rappeler. Pour un peu qu’un des leurs vienne les embêter, ils le cataloguent et le martyrisent. Le pauvre Bankichi n’y faisait pas exception, bien qu‘il soit parti à leur rencontre sans mauvaise intention, aucune. Il fallait dire que, encerclé par quatre petits démons, il n’en menait pas large. Sa mère avait sans aucun doute mal choisi le moment pour l‘encourager à se faire des amis. A bien y réfléchir, les gamins de bonnes familles dinaient patiemment avec leurs familles respectives, et surtout, ne s’amusaient pas dans la rue à se moquer des plus jeunes dès la tombée de la nuit.
Bien que son fils soit en très vilaine posture, Risako hésitait à intervenir. Bien sûr, cela ne lui plaisait pas de voir la chaire de sa chaire se faire battre par une bande de vermisseaux dont les parents, s’ils en avaient, devraient sûrement payer de leurs têtes cet affront. Il était clair que ces petits imbéciles feraient un jour partie des plus basses classes de la hiérarchie, tant leurs éducations laissaient à désirer. Et ils ne feraient pas de vieux os avec d’aussi sales manières. Tout à coup, elle fut soulagée qu’une amitié ne soit pas envisageable entre sa progéniture et ces fils de rue.
Hé bien, quoi ? Bankichi était un petit garçon doux et gentil, certes il avait un gabarit plutôt modeste et ne ressemblait pas beaucoup à un homme pour le moment. Mais il n’y avait là rien de grave à douze ans, et il valait toujours mieux qu’une bande de morveux dont l’un des représentants ressemblait à une petite dinde à la face immonde de Tengu* alors qu’un autre portait un pagne et une chevelure hirsute mal entretenue, exactement comme le ferait un Oni*. Un autre encore avait une bedaine aussi forte que les testicules d’un Tanuki*. Quant au dernier, il semblait si mou et se tenait avec si peu de grâce qu’on l’aurait confondu sans mal avec l’un de ces horribles Kappa*. Alors, de là à traiter Bankichi de fillette…
On l’aura compris, Risako détestait au plus haut point ceux qui s’en prenaient à son fils. Vraiment au plus haut point, à un point sanguin. Mais il fallait garder à l’esprit qu’il ne s’agissait que d’enfants qui deviendraient un jour membres à part entière du clan Nezumide, et bien que cette pensée lui donnait envie de vomir, Risako ne pouvait en faire autrement. Ces vils garnements ne méritaient qu’une très bonne leçon, après quoi ils iraient pleurer dans les kimonos de leurs parents. Cependant, alors que la mère aux cheveux de feu allait se lever, elle vit Junichiro se redresser et se diriger vers la petite bande.
Bien qu’elle ne saisissait pas bien son stratagème, elle laissa faire son jeune invité. Après tout, Bankichi avait appris à se battre, et surpassait certainement tous ces petits vermisseaux au combat au sabre. Et si Junichiro avait montré son arme à la petite troupe, c’était bien pour les effrayer. Alors, Risako attendit à sa table, surveillant les deux jeunes garçons et leurs ennemis les vermisseaux d’un regard attentif. Il n’était alors pas question pour elle d’intervenir sans que cela soit strictement nécessaire.
*Tengu, Oni, Tanuki, Kappa: Cf Base de données sur les créatures fantastiques.
Takahara Bankichi
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Sujet: Re: ... Festival macabre Dim 5 Aoû - 17:45
Bankichi se moquait bien de l'honneur en cet instant précis, alors que son cœur se remplissait de joie en voyant Junchiro s'avancer à son secours, ses espoirs furent anéantis lorsque qu'il partit et le jeune garçon aux cheveux rouge sentit une énergie nouvelle parcourir son petit corps meurtris. Une colère froide effaça la douleur qu'il ressentait. Les adultes avaient décidés de l'abandonner et, il ne comprenait absolument pas pourquoi on lui faisait cela mais il se moquait bien de comprendre quoi que ce soit désormais.
La courte intervention de leur invité avait au moins eut le mérite de faire hésiter ses agresseurs. Ils regardaient tour à tour leur victime, visiblement impuissante, et l'homme qui retournait désormais tranquillement s'assoir. Le plus gros des quatre, qui tenait Bankichi dans le dos, avait inconsciemment desserré son étreinte. Il n'en fallait pas plus à sa proie pour agir. Prenant les quatre délinquants au dépourvu il se libéra et projeta par-dessus son épaule celui qui le retenait quelques secondes auparavant. Celui-ci s'écrasa lourdement sur le dos, expulsant tout l'air de ses poumons suite au choc. Le plus réactif des trois autres morveux se jeta sur lui en visant sa tête. Bankichi se baissa et planta son coude dans son foie, l'envoyant au sol pour de bon. Les deux derniers garnements échangèrent un regard inquiet. Leur adversaire en profita pour les charger et balaya les jambes de celui de droite. Le dernier préféra prendre ses jambes à son cou. Cependant Bankichi n'eut pas le temps de souffler car le plus gros de ses agresseurs s'était remis sur ses jambes et le chargea en beuglant. Il était visiblement maladroit et son attaque était plus brutale qu'autre chose. Le jeune garçon, une flamme intense brûlant toujours dans ses yeux, se décala au dernier moment sur le côté et lui fit un croche-patte, le laissant tomber lourdement sur son malheureux camarade.
Le garçon retourna alors s'assoir à la table de sa mère mais n'adressa pas un mot ni à elle, ni à Junchiro et tourna la tête vers un groupe de danseuses pour ne plus les voir.
Sujet: Re: ... Festival macabre Mer 22 Aoû - 12:36
Junichiro ne put réprimer un sourire, il venait de se rasseoir auprès de Risako et déjà Bankichi reprenait le dessus. Son intervention avait suffisamment déconcerté la bande de vauriens pour permettre au jeune garçon de les prendre par surprise. Comme il s'y attendait de la part d'un fils de capitaine, malgré son apparence chétive, le petit savait se défendre. Il envoya vite à terre ses adversaires, mué par une colère sourde.
Avec un air renfrogné ,il les rejoignit et se rassit au fond de sa chaise, s'enfermant dans un profond mutisme.
Junichiro aurait aimé le féliciter mais préféra se taire. Le message était clair, il n'avait aucunement envie de leur adresser la parole. L'atmosphère était tendue. Imitant Bankichi, il se concentra sur le spectacle.
Des danseuses évoluaient gracieusement suivant le rythme de la musique, leurs pas si légers donnaient l'impression qu'elles flottaient au dessus du sol. Mais, tiens? N'était-ce pas un shamisen qu'il entendait soudain? Il prêta plus attentivement l'oreille. S'en était un effectivement, et il entamait les premières notes d'un solo. Les doigts malhabiles du musicien, peinaient sur les passages les plus ardus et mirent les tympans de Junichiro au supplice. Décidément, la soirée devenait fort désagréable.
Et tandis qu'il songeait à cela, une goutte s'écrasa sur sa joue puis dégoulina jusque dans son cou lui arrachant un frisson. Il leva les yeux au ciel; la pluie menaçait de nouveau.
Sujet: Re: ... Festival macabre Dim 26 Aoû - 14:15
Ce fut suite à l’intervention de Junichiro que Bankichi se mit à contre-attaquer sous le regard attentif de sa mère. Celle-ci ne perdit pas une miette de l’affrontement de son fils contre les délinquants, de la projection qu’il infligea au balourd de la bande à l’exécution de ses derniers balayages. Il lui sembla alors qu’un poids avait quitté ses épaules, s’envolant comme par magie. Son fils, la chaire de sa chaire. Celle-ci même qui l’avait suivie depuis ses premiers pas, comme un poussin suivait assidument sa mère, savait se défendre. Seul.
Le soulagement laissa place à de certaines craintes, quelque chose qui creusait dans son cœur déjà meurtri. Risako eut une soudaine envie de serrer fort son fils, d’en sentir l’existence et la présence. Surtout la présence. Mais elle n’en fit rien.
Reste là, Banki. Reste avec ta mère. Le temps ronge la corde.
Voir cette petite mine d’enfant boudeur s’amincir, perdre des joues, s’affermir, gagner en virilité et en caractère. Qu’est-ce qu’elle en serait fière ! Mais elle n’était pas prête. Son cœur lui faisait mal quand il s’imaginait le quitter. Risako avait une envie de pleurer monstre. Elle se contenait tant bien que mal. Heureusement, la dure séparation n’était pas pour tout de suite.
Quelle idiote !
Ses songes se dissipèrent à la manière des nuages après la tempête. La fraicheur humide, la musique brouillon, l’obscurité de la nuit, la silhouette acérée de la montagne, la terrasse. Toute l’atmosphère du O-bon lui revint. Puis, se rendant compte des difficultés du musicien, la mère reporta son attention sur Junichiro.
Le pauvre. Lui qui jouait si bien du même instrument, obligé d’endurer ça. Assez gênée, la mère alla glisser une mèche derrière une de ses oreilles, prit un peu de recul en se calant dans sa chaise. Une goute puis deux éclatèrent sur son bras croisé avec son jumeau. Le Goyamaokuribi* ne sera pas pour ce soir. Risako soupira, un peu déçue. Un sourire amère se dessina sur ses lèvres purpurines.
La guerrière n’allait pas laisser Junichiro s’ennuyer de la musique et de la pluie pendant l’une des festivités les plus importantes de Nezumi. C’est avec une certaine détermination qu’elle lui adressa la parole :
« Vous jouez beaucoup mieux, Junichiro, et pourtant, vous n’êtes pas professionnel. Votre musique a quelque chose de touchant. Je ne m’y connais pas très bien en la matière, mais je dirais que votre jeu est le contraire de celui que vous entendez actuellement. »
Risako avait rougi. Elle se souvenait de son ton désagréable, la veille, laissant croire que l’art du jeune homme ne l’avait pas atteinte alors que son garçon était tombé en émois. Elle espérait sérieusement que Junichiro ne doutait pas de la sincérité de ses paroles. Elle poursuivit:
« Pourquoi ne pas offrir à Nezumi un peu de votre musique, Junichiro ? Je peux concevoir que vous vous sentirez gêné de jouer devant tant de personnes. C’est pour cela que moi-même, je vais aussi dévoiler mon art : la danse. »
Risako avait envie de se réjouir, avait envie de se sentir bien, de respirer. Les désagréments de cette soirée, elle souhaitait les balayer comme de la poussière. Poussière qui reviendrait un jour, mais dont elle se foutait.
La jeune femme se leva, desserra le obi qui maintenait son beau kimono comme il le fallait, et le tissus découvrit une partie de ses épaules et la naissance de sa gorge, dévoilant au passage les bandes immaculées qui serraient sa poitrine. Avec ceci, elle coinça un pan de son Homongi* indigo pour laisser ses jambes blanches et longues libres de tout mouvement.
Ses grues parurent s’envoler dans leur ciel nuageux quand Risako s’avança vers la foule, dégageant de sa manche un Tessen fait de lames mais aux couleurs chatoyantes. Elle glissa alors un regard doux vers le ciel orageux tandis que les goutes se faisaient plus nombreuses.
« Cela fait longtemps que je n’ai pas dansé pour mon mari, mais en son absence, j‘aimerais danser également pour mon fils, pour le remercier de devenir homme. »
Goyamaokuribi: feu dans les montagnes au moment du O-bon. (CF posts précédents) Homongi: Kimono long et formel aux motifs présents sur toute la pièce.
Takahara Bankichi
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Sujet: Re: ... Festival macabre Dim 9 Sep - 12:51
Sa mère voulait danser, à croire que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire en cette soirée détestable. Dès qu'ils eurent quittés la table, Bankichi profita de l'attroupement qui s'était formé pour disparaître aux yeux de sa mère et de leur invité avant de s'en aller en courant dans les rues de Nezumi. Croyant courir au hasard, ses pas le menèrent dans le petit cimetière des héros de la ville, où son père était enterré. Il alla s'assoir contre le grand arbre où il avait découvert Junchiro en train de jouer et laissa ses larmes couler.
Partiellement protégé de la pluie qui commençait à tomber par le lourd feuillage de l'arbre, il jetait de temps à autres, entre deux sanglots, un regard suppliant vers la tombe de son père. Une multitude de questions traversaient son esprit à une vitesse folle tant et si bien qu'il n'avait même pas le temps de bien assimiler la première qu'elle était aussitôt remplacée par une autre.
Il se demandait, entre autres, pourquoi sa mère ne l'aimait plus et ce qu'il avait bien pu lui faire pour lui causer du tort. S'était-il mal comporté avec leur invité ? Avait-il incorrectement rendu hommage à son père en ce jour de fête ? En parlant de son père, qu'est-ce que celui-ci penserait de tout ça ? Comment aurait-il réagit ? Pleurer sous la pluie dans un cimetière, était-ce vraiment digne d'un prétendu futur-héros ?
Il resta là plusieurs heures, profitant de l'étreinte du vieil arbre dont les racines étaient autant de bras chaleureux contre lesquels se blottir et qui le protégeait de la pluie de son amour feuillu. Quand le jeune garçon aux cheveux roux se décida finalement à quitter l'étreinte de son père végétal il faisait nuit et la pluie s'était arrêtée. De lourdes gouttes tombaient sur lui depuis les feuilles comme des incitations à reprendre le cours de sa vie. Poussant un profond soupir il quitta finalement le cimetière et entreprit de rentrer chez lui, s'efforçant de ne pas songer à la réaction de sa mère quand il serait rentré. Bien malgré lui il finit pourtant par se demander s'il elle serait plutôt en colère contre lui ou si elle se contenterait de l'ignorer, comme tout à l'heure. Il lui vint même à l'idée qu'elle pourrait le chasser de la maison et le forcer à passer la nuit dehors pour le punir.
Ce fut avec ces questions taraudant son esprit qu'il pénétra dans le jardin et se déchaussa avant d'entrer dans la demeure, trempé jusqu'aux os et traînant des pieds. Il prononça tout de même un "Je suis rentré." d'une voix dépourvue de toute intonation joyeuse.
Dernière édition par Takahara Bankichi le Dim 7 Oct - 15:15, édité 2 fois
[Désolée, Junichiro, je passe ton tour pour cette fois. Bien sûr, tu peux toujours poster après moi ou après Banki ^^]
La pluie tombait drue cette nuit-là, mais ce qui arrêta Risako dans son élan n’était autre que la disparition de Bankichi. Elle scruta avec panique les abords du petit restaurant mais ne le trouva nulle part. La foule était bien trop dense pour trouver un si petit garçon.
*
Quelle soirée désagréable ! Risako ne pouvait que contempler la pluie par la fenêtre. Sa nervosité faisait trembler ses mains et la tasse de thé dans l’une d’elle. Décidément, Junichiro aurait vu tous ses travers, mais elle n’y pensait guère en ce moment. Tout ce qui importait était la fugue de Bankichi. Elle n’avait pas envie de penser au pire si tôt, mais ces maudites pensées ne la lâchaient pas une seconde. Bankichi allait-il revenir ? Était-elle une trop mauvaise mère pour qu’il daigne encore vivre avec elle ? Par Tachigami, si Kidô était mort, il devait se retourner dans sa tombe. Son anxiété rendait impossible un quelconque dialogue avec Junichiro tandis qu’ils prenaient le thé en attendant la bien-espérée venue du fils Takahara.
Soudain, la porte principale coulissa et Risako put entendre la voix de son fils à peine perceptible. Remerciant les dieux, elle posa sa tasse, courut à sa rencontre et lui lança, plus inquiète qu‘en colère :
« Mais où étais-tu à une heure si tardive, Banki ?! »
Elle voulut le prendre dans ses bras, mais les traces de ses coups, ses habits sales et mouillés l’en empêchèrent. Pauvre petit, il devait être frigorifié et il avait vraiment une petite mine. Elle devait vite s’occuper de son cas avant qu’il ne souffre de ses bêtises. Risako lui tenait la main pour obtenir toute son attention et poursuivit :
« Par tous les Kamis, tu es fou de disparaître, trempé comme ça ! Je crois que nous avons à parler, mais fais toi d’abord couler un bain, d’accord ? Je t’apporte des vêtements secs. »
*
« Chéri ? Je peux rentrer ? » demanda Risako à travers la porte de papier.
Elle avait attendu que Junichiro aille se coucher pour s’armer d’une trousse de secours et d’une serviette et aller retrouver son fils dans sa chambre. Maintenant, elle attendait bien sagement devant la porte qu’il lui donne l’autorisation de pénétrer dans sa chambre.
« Ecoute, si tu ne veux pas que je te parle ce soir, ce n’est pas grave. Mais ouvre moi tout de même pour que je t’aide à te sécher les cheveux et à te soigner. »
Takahara Bankichi
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Feuille Perso' ▲ Surnom :: Banki ▼ Relations :: ► Points de Gloire :: (291/700)
Sujet: Re: ... Festival macabre Dim 14 Oct - 23:33
Le jeune garçon prit son bain sans entrain ni joie. Il se sentait infiniment malheureux en cette triste soirée pluvieuse, et ce bien que sa sortie nocturne ait en grande partie apaisé la tension qui l'habitait. Sa mère ne l'avait ni grondé ni chassé de la maison. Au fond, c'était plutôt une bonne chose, mais Bankichi était de ce fait encore moins sûr des pensées de sa mère à son égard. Quand il était rentré elle lui avait semblé presque inquiète. L'aimait-elle toujours ? S'en voulait-elle de ce qu'elle lui avait fait ? Il préférait ne plus y penser maintenant et se contentait de rester immobile dans l'eau. Quand celle-ci fut trop froide pour lui il quitta à regret ce refuge temporaire et se change avant d'aller directement se coucher, espérant ainsi éviter la discussion que lui avait promis sa mère.
*
"Chéri ? Je peux rentrer ?"
Se retournant dans son futon, il enfouit son visage dans son oreiller. Il n'avait absolument pas envie de parler avec sa mère, tout ce qu'il désirait était qu'on le laisse tranquille et qu'on oublie son existence, au moins pour cette nuit. N'avait-il pas déjà assez donné ? Après avoir bravé les jeunes délinquants, la pluie et le froid devait-il aussi subir une désagréable discussion avec sa mère ?
"Écoute, si tu ne veux pas que je te parle ce soir, ce n’est pas grave. Mais ouvre moi tout de même pour que je t’aide à te sécher les cheveux et à te soigner."
Il ne pouvait pas la renvoyer sèchement, c'était trop pour lui. Même si elle ne l'aimait plus, le jeune Bankichi aimait sa mère. Il ne pouvait pas risquer de lui faire de la peine. Il ne savait cependant plus que penser d'elle, peut-être s'était-il emporté trop vite et avait mal interprété ses actions après tout... mais impossible d'en être sûr.
"Ne t'en fais pas maman. Je vais bien et mes cheveux sont secs. Je suis juste très fatigué, laisse-moi dormir s'il te plait. Bonne nuit.
Il espérait ainsi calmer l'éventuelle inquiétude de sa chère mère et gagner diplomatiquement une nuit de répit avant l'inévitable discussion qui ne tarderait pas d'arriver quoi qu'il puisse faire. Tout ce qu'il pouvait faire désormais était prier pour que sa mère le laisse se reposer tranquillement.
Sujet: Re: ... Festival macabre Jeu 18 Oct - 20:30
Comme de coutume, Bankichi avait obéi à sa mère sans faire d’histoire. Cependant, Risako avait remarqué qu’il avait perdu l’entrain et l’énergie qui le caractérisaient tant. De la tête jusqu’au bout des orteils et même jusque dans sa voix, l’enfant semblait fatigué, abattu et sans volonté propre. Rien de bien étonnant après ce que sa mère lui avait fait subir en cette soirée et tout ce qu’il avait eu à braver par la suite. A l’altercation contre les petits durs s’étaient ajoutés l’humeur changeante de sa mère, ce qu’il avait pris pour du déni, la pluie, le froid…En outre, rien de bien réjouissant. Pourtant, l’élément déclencheur de toute cette mésaventure n’avait été que les bonnes intentions d’une mère pour son enfant.
Tandis que le petit avançait dans le couloir, les yeux de Risako, luisant de dépit et de compassion, ne purent se détacher de la morose silhouette enfantine. Ce dépit, la jeune femme se l’était alors personnellement adressé, car elle avait commis une faute impardonnable. Quelle erreur ! Comment pouvait-elle supporter de voir son fils souffrir de la sorte à cause de ses méfaits ? C’était impitoyable ! Pauvre Bankichi qui avait écopé d’une mère assez stupide pour pousser son perfectionnisme jusqu’à faire mal à son propre enfant ! Il allait sans dire qu’après cette histoire, Risako avait perdu un peu de son assurance dans son état de mère. Si l’on n’était jamais sûre de sa valeur maternelle, les évènements récents avaient vite faits de confirmer sa médiocrité dans le domaine. Et si l’on pensait à la préalable fugue du gamin, Bankichi en avait sûrement trouvé de même. Le petit était en bonne santé et se nourrissait bien, mais sans père et avec une mère atroce et irresponsable , comment pouvait-il espérer s‘épanouir ?
Alors que le petit avait disparu du couloir, le regard de Risako se porta vers un horizon imaginaire, à travers même l’épaisseur des parois crème de la demeure et l’ancienneté grisâtre des tatamis de pailles. Les yeux dans le vide, elle ne pensait à rien, ou en tout cas, elle tentait de ne penser à rien tant les images du petit Bankichi, sans joie ni rêve surgissaient en un tourbillon destructeur dans son esprit. Comme un raz-de-marée dévalait et dévastait une terre encore cultivable. Il n’était pas simple pour une mère pleine de responsabilités de se détendre ainsi. Les pensées l‘envahissaient sans cesser de la tourmenter, aussi fluides que de l’eau, aussi vicieuses que le feu. Les remords l’emplissaient aussi, interminables et douloureux. Mais voulait-elle vraiment se détendre ? Il y avait bien des centaines d’autres façons de se détendre. Ne cherchait-elle pas plutôt à trouver une solution à ces problèmes? Une solution instinctive, innée ? Quelque chose qui ne venait pas en y réfléchissant mais qui se faisait tant désiré qu’il était impossible de ne pas y penser ? Or, elle avait beau y réfléchir, absolument rien ne sortait de ces images de son enfant, harceleuses et sans grand espoir. Risako se mordit machinalement le pouce.
Quelques secondes ou bien quelques minutes passèrent ainsi. A ressasser, et ressasser encore, sans relâche, des images bien tristes. La trentenaire quitta son immobilité et se mit soudainement à se mouvoir, à partir doucement, silencieusement. Elle était troublée mais elle avait encore à s’occuper de Junichiro.
*
C’était prévisible, mais Bankichi avait refusé la demande de sa mère et ne lui avait pas ouvert sa chambre. Risako avait entendu et n’insista pas, préférant s’installer sans mot dire contre l’écran de fine maçonnerie qui l’empêchait d’atteindre son enfant et de partager leurs douleurs. Elle replaça une de ses longues mèches flamboyantes derrière son oreille. Si Bankichi ne voulait pas parler avec elle cette nuit, il le voudrait peut-être demain. Après tout, il était très tard, et il faisait tellement noir qu’on ne voyait quasiment plus rien à part quelques ombres plus ou moins obscures et étranges. C’était le côté sombre des pièces à vivre, si accueillantes le jour venu, si terrifiante la nuit tombée. Personne à part les Usagite ne se sentait réellement en sécurité dans le noir, pas même une guerrière comme Risako. Mais celle-ci se trouvait tellement absorbée par ce qui s’était passé que l’obscurité était devenu le cadet de ses soucis. Bankichi…
Pour qu’il aille mieux, elle était prête à le laisser venir vers elle, à ne pas le brusquer, à laisser les choses s’apaiser avec le temps comme lui avaient appris les derniers jours, à lui faire confiance. Ils avaient tout à y gagner. Mais pouvait-elle encore croire que le temps guérissait toutes les blessures ? Pouvait-elle encore y compter alors que chaque jour, elle perdait espoir à propos du retour de son mari ? Risako en doutait franchement, mais elle n’avait pas que ça désormais. Il fallait essayer. Peut-être que cet enfant, comme son père, l’abandonnerait un jour pour ne plus jamais revenir. Peut-être cette journée avait irrémédiablement mené à ce regretté échappatoire. Peut-être, au contraire, qu’il ne se passera rien et que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’était à Bankichi d’en décider.
La profonde respiration du gamin à travers le martellement de la pluie souffla à Risako qu‘il était temps de quitter les lieux. Comme elle l’espérait, son fils s’était assoupi plutôt vite. Le pauvre devait être exténué. La mère prit appui sur les extrémités de ses doigts pour se lever le plus silencieusement du monde et déposer les objets rendus inutiles à leurs places respectives. Mais avant de se coucher, elle se dirigea vers le petit autel placé dans l’entrée. Un Daijingudana de moyenne facture avait été accroché il y avait bien longtemps sur un des murs lumineux et dénudé. Ce Daijingudana, véritable petit sanctuaire gardien de la maisonnée, contenait en son sein un o-fuda Nezumide pour lequel on faisait des offrandes quotidiennes de petites quantités de sake, de riz et d’eau. Il abritait également une petite et étrange plaquette commémorative rectangulaire où était inscrit le nom du père disparu.
Sans savoir si cela impliquait un blasphème ou non, Risako cueillit cette petite plaquette de laque noire de sa demeure et l’emmena dans sa chambre. Peu importait l’état de Kidô, tout ce qu’elle voulait était sentir ne serait-ce qu’une petite parcelle de sa présence. Il était parfois difficile de s’endormir seul après une dure journée, s’emmitoufler dans ses draps, serrer une peluche ou tenir compagnie à quelqu’un pouvait y aider, mais Risako n’avait rien de tout ça. Seuls cette petite plaquette, bien qu’assez sinistre, et le Haori de Kidô avaient le don de l’apaiser durant les moments difficiles. Ainsi, il ne lui fallut que quelques minutes pour se laisser emporter dans son futon par un petit flot de souvenirs qui la menèrent vers une douce torpeur.
Bien que l’aube resplendissait de goutes de pluies et de rosée, un magnifique soleil venait marquer cette journée des dernières heures du O-bon. Le jour des Adieux, on abandonnait une nuée de petites lanternes multicolores et carrées au gré du courant des rivières afin de guider les fantômes visiteurs jusqu’à chez eux puis on déposait des fleurs sur les tombes de sept générations d’ancêtres avant de clôturer le festival. Risako s’était levée tôt ce jour-là. Un maigre mais fumant et délicieux repas attendait les deux garçons sur la véranda du salon où quelques coussins de pailles avaient été disposés. Et la jeune femme en les attendant, contemplait la vie dans son jardin et écoutait les oiseaux chanter, les voyait s‘ébrouer dans une flaque apparue la veille. Ayant comme omis de s’habiller plus que convenablement, Risako ne portait sur sa peau qu’un Haori rose pâle représentant plusieurs nuages de couleurs différentes sur un kimono immaculé de la sobriété étrange de ceux que l’on portait en convalescence. Ses cheveux rougeoyant cascadaient, libres, jusqu’à la courbure de ses reins et s’animaient à la moindre caresse que lui procurait le vent. Une journée banale et tranquille dans la vie des Takahara venait à peine de commencer.