Le regard vague, un sourire perdu, le cuir chevelu doré au soleil … Comme à son habitude, le chef de guerre dragon n'offrait aucune activité sérieuse, habitude d'autant plus accentuée par l'inactivité totale de l'individu dans l'instant. Idiot serait à coups sur un qualificatif intéressant dans l'immédiat, le visage totalement figé et cette expression sans vie ne plaidant pas sa cause. Dans ses mains ce rouleau, où quelques coups de pinceaux vifs mais précis l'invitaient à participer à la première édition des jeux du peuples, zone totalement neutre où l'on peut s'évader de ces conflits entre clans pour prendre le plaisir de cogner sur de l'anonyme ou d'apprécier un spectacle souvent sanglant. Vu à tort comme un lieu de vice, l'idée du carnage et de la barbarie ne se veut pourtant pas plus éloignée de la réalité. A l'origine créé pour être un centre de divertissement pour décrocher les habitants de l'Hinomoto de leur train-train habituel, l'idée a peu à peu migré jusqu'à faire participer les spectateurs, leur faisant lorgner quelques menues récompenses au passage. Adaptées autant pour les guerriers expérimentés que les jeunes travailleurs, les épreuves sont présentées comme le jour et la nuit, aucunement axées sur une ou plusieurs compétences particulières. Évidemment, le côté sportif de la rencontre s'adapte plus avant pour les hommes bien portant, aucun videur ne viendra vous décrocher de la liste pour autant.
Secouant enfin la tête pour finalement se relever, notre bon Teruo fit ses bagages à la va-vite pour rejoindre le terrain d'exercice, petite enclave formée de bois, en plein air, le plus loin possible de la majorité des clans. Situé une vingtaine de kilomètres au nord du temple de Mino, ce Colisée plein air se veut totalement à l’abri des altercations entre clans, peinant à se considérer comme havre de paix au vu des spectacles offerts, la majorité pouvant offrir quelques litres de sang aux moins offrants. Arrivé quelques jours plus tard sur le site, notre bon chef de guerre vit les choses de façon différente. Au départ simple envie le sortant de son ordinaire, les choses pouvaient bien vite se révéler intéressantes. Non averti du programme mais ayant enfin sous les yeux le pseudo-stade réceptacle des épreuves à venir, il paraissait évident à présent que les prochains jours vaudraient le voyage. En dire trop maintenant risquerait de gâcher la surprise, mieux valait attendre l'arrivée des différents candidats, attendus par le chef de guerre autour d'une table prévue à cet effet, où litres et litres de Sake les attendait. Parti pour prendre un pique-nique en solitaire, le jeune homme s'offrit une large dose de boisson, avant de s'affaler sur son coussin, profitant d'un ciel dépourvu de nuages. La journée s'annonçait à merveilles, restait à esperer de nouveaux candidats sur la même longueur d'ondes.
Spoiler:
A tous et toutes ! Ce sujet s'ouvre à quiconque veut apporter sa marque, autant par le biais d'un unique post que dans toute sa longueur. Vous voulez poster quelque part, faites le ici ! Non régit par un ordre précis, ce topic s'annonce liberté même, au gré et envies des évènements qui viendront ponctuer l'action. Tout est vu pour faire l'objet d'un délire gigantesque et j'espère prenant. L'idée reste évidemment une certaine liberté, autant par la taille que la rigueur de vos posts. S'ils doivent être construits selon le minimum régit par le règlement, j'ai voulu montrer l'exemple en montant un premier écrit de petite taille, largement suffisant pour les besoins à venir. Sur ce, à vos clavier, en esperant que ce mini-projet vous plaise ! =p
Dernière édition par Reiya Teruo le Mar 7 Fév - 5:23, édité 1 fois
Ake-kun
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Statut : Chef de guerre Umano
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Sujet: Re: Une journée en enfer ♫ Lun 16 Jan - 9:16
Fut-ce le présage d'un renouveau dans l'ennuie quotidien qui s'était installé dans la vie du chef de guerre Umano, ou bien simplement une simple coïncidence qui venait toquer à la porte de sa demeure l'invitant à parcourir une nouvelle fois les terres ? En tout cas, Akechi avait été agréablement surpris par les rumeurs qu'il eut entendu durant des exercices de routines, on parlait de jeu, de saké, de dango, de défis, de plaisir pour les yeux. Nul doute que pour le jeune homme qui n'avait plus rien fait depuis des lustres, c'était une chose assez intéressante. Abandonnant ses exercices il se dirigeait vers sa demeure décidant de rassembler quelques affaire pour se diriger vers le fameux lieu de ces réjouissances. Marchant alors doucement, il savait que la route serait longue, mais que la longueur de cette marche assidu serait surement diapason du temps qu'il passerait à s'amuser.
Marchant, il ne pouvait s'empêcher de penser au calme plat qui régnait dans le pays depuis peu, personne en ce monde n'était capable de dire avec précision s'il s'agissait d'un calme avant la tempête ou bien une paix utopique qui s'immisçait se nourrissant du calme pour subsister. Bien sûr il ne pouvait pas dire que la guerre lui manquait, Umano avait toujours eut la vertu d'être neutre dans les conflits... Cependant, cette paix si lourde était un handicap pour le jeune homme, il se sentait rouillé, comme si son poste du général du cheval n'était au final plus qu'un titre de nom plus qu'un titre faisant éprouver du respect.
Mais passons sur ses pensées, après de longues journées, le Colisée se dessinait devant lui, esquissant un léger sourire, il avançait vers ce dernier avant que son regard ne s'arrête sur un détail assez frappant. Un homme semblait attendre à une table en solitaire. Akechi approchait sans la moindre hésitation et vint s'assoir à son tour, regardant l'homme qui se tenait devant lui il le salua avant de se présenter.
" Akechi suffira ! Seriez-vous aussi attiré ici par les rumeurs de ce qu'il va se passer dans cette bâtisse ?" Prenant sans hésiter un peu de saké et sortant des dango de son Horo qu'il mit sur la table afin d'en faire profiter l'assemblée aussi petite soit-elle, il poussa un soupire de bien être, il avait oublié cette douce sensation qu'était de profiter des choses simples comme celle-ci. Attendant alors que l'homme face à lui se présente et que d'autres arrivent et viennent finalement s'installer à leur tour, il restait immobile sans nul autre mot dire.
Yamada Yuji
■ Clan Toragi ■ |Chef de guerre|
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Sujet: Re: Une journée en enfer ♫ Ven 3 Fév - 12:13
La vie d’un général Toragi n’est pas toujours de tout repos. Diriger la plus grande armée de l’Hinomoto requiert une attention de tous les instants et faire régner l’ordre dans cette assemblée demande une discipline de fer. Pour ça, Yuji se doit d’afficher en permanence une autorité quasi totalitaire, inspirant le respect à tous par la crainte et la renommée de ses victoires. Mais cette vie est épuisante et le corps usé et fatigué du vieux chef de guerre requiert maintenant plus de repos.
En voyant arriver un garde avec un nouveau message, le général ne put s’empêcher de lâcher un soupir. Qu’aller-t-on encore lui demander ? Qui devait-il rencontrer maintenant ? Mais au lieu des habituels messages cachetés du sceau du seigneur, il s’agissait ici d’une simple invitation à des jeux. Après avoir lu le texte, le général ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire. L’idée de pouvoir enfin s’éloigner de cette vie étouffante pour quelques jours le raviva. Après tout depuis combien de temps ne s’était-il pas permis des vacances hors de la région de Tora ? Il ne lui fallut pas longtemps pour demander à un soldat qu’on fasse seller sa monture sur le champ.
Les longues journées de route furent d’un calme qui apaisa le général. Il ne se souvenait même pas de la dernière fois où il avait pu partir seul loin de toutes ces formalités dues à son rang. C’est donc serein et relâché que le général avait fini par atteindre la bâtisse qui devait surement accueil ces fameux jeux. Il avait dû traverser tout l’Hinomoto pour rejoindre cet endroit mais il était certain que tout cela en valait la peine. Il jeta un coup d’œil aux environs et remarqua deux individus se tenant à la table non loin de là et Yuji alla les rejoindre calmement.
« Bien le bonjour messieurs. C’est donc ici qu’on lieu ces jeux du peuple. Visiblement, on reçoit un bel accueil ici », dit-il en observant la grande quantité de saké présent. Regardant autour de lui, Yuji ne put s’empêcher de constater qu’à perte de vue, hormis le Colysée, il n’y avait aucune trace d’hommes alentours. « Cet endroit est bien calme... Au fait je ne me suis pas présenté, je m’appelle Yuji et si j’ai bien compris le principe, d’où je viens n’a pas d’importance ici » dit-il avec un léger sourire.
Dévisageant alors les deux individus, Yuji s'installa à leur table et attendit leurs réponses ou d'autres personnes qui n'allaient surement pas tarder d'arriver.
SaKKa 作家
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Sujet: Re: Une journée en enfer ♫ Mer 8 Fév - 13:48
Le site est calme, bien trop calme que l'on ne le penserait. Les premières épreuves n'étaient pas attendues avant trois couchés de soleil, mais le manque total de participation humaine ne pouvait que choquer. Pourtant, trois hommes, trois généraux, trois Chefs de Guerre que tout oppose à l'accoutumée s’enivraient ensembles, si bien que, jusqu'au premier couché de soleil, les trois hommes ne deviennent plus que l'ombre d'eux même, parfaitement émèches, toujours en quête de vider les réserves. Si entre temps l’atmosphère s'était remplie de quelques organisateurs et danseuses, le manque flagrant de chaleur humaine commençait à se faire pesant.
Nos trois larrons restèrent sur leur siège auto-attitré jusque la première vraie gaffe de l'un d'eux. Le jeune Dragon, désireux de chaleur humaine ne tarda pas à passer ses doigts sous les couches de tissus recouvrant le poitrail d'une des danseuses, découvrant au passage quelques menues écailles qui n'auraient su avoir leur place, normalement.
Mais rien ne semblait être normal ici, si bien que dans l'instant qui suivit, la nature Yokai de leurs hôtes finit par sauter aux yeux, force étant de constater que leur apparence humaine n'avait plus cours. Comment, pourquoi, ce genre de questions n'avait plus aucun sens, surtout pour le trio d'alcooliques présent. Ce même trio qui débutait à l'instant une course contre la mort, les dents du Yokai que le jeune Teruo attouchait se voulant faites pour carnivores.
Sujet: Re: Une journée en enfer ♫ Mer 8 Fév - 14:36
Quel bonheur que de voir l'arrivée de ces deux jeunes hommes pour l'accompagner dans son activité du moment. Quelques brises lui auront chatouiller les joues avant qu'un premier invité ne le rejoigne, troquant un coussin à la table contre quelques boustifailles fort appétissantes. Quelques présentations plus loin, voilà qu'un nouvel arrivant, au visage plus solennel quoi que non repoussant prenait place, accordant son nom, évitant son titre. Que de beau monde ! Une après midi riche en couleurs, alors que tous trois se saluaient et présentaient à tour de rôle de façon trop peu formelle mais bien plus adéquat à l’atmosphère. Sans doutes un jeune blanc-bec, fils de paysan de son état, rêvant de gloire et de fortune se serait-il laissé emporté par les vaguelettes transparentes ballottant l'alcool jusqu'au bord de la coupelle. D'apparence jeunes, les hommes accroupis autour de cette table étaient des hommes faits, dont l’expérience avait depuis longtemps dépassé l'habituel jusqu'à ne laisser que réflexes naturels face à l’atmosphère pesante, du moins le pensait fils dragon.
Se jeter dans la gueule du loup, voilà une expression que trop peu familière qui prenait tout son sens ici. Ils s'étaient laissés portés par l'alcool tout en restant alertes, jusque dépasser de beaucoup les limites de la patience. Aussi, fort de sa nouvelle force portée par la soif de l'ivresse, c'est le sourire aux lèvres et un œil fermé que les doigts du jeune homme pressaient le mamelon rocailleux de la plantureuse serveuse, y prenant autant de plaisir qu'il s'était s'agit d'une vraie beauté – au sens large du terme. Les vapeurs d'alcool se dégageait d'entre ses dents tandis que la créature montrait les siennes, jaunies par le temps, pourpres par endroit. Dieu, que les dents pointues au possible pouvaient être affreuses, d'autant plus alors que la blancheur de sa peau laissait place à une texture râpeuse, noire de suie. La roche devint poussière lorsque, d'un geste lent, le général déchirait la chair jusque planter dans le cœur de l'horreur un bâtonnet taillé, sur lequel pendait encore l'une de ces sphères sucrées, dont les traces de quelconques dents se voyaient encre nettes.
Ne restait que de cette hideuse créature que les vêtements qui s'abattaient sur le sol, rapidement recouverts de particules couleur rouille. Aussi saoul se pensait-il, il s'agissait là d'une vraie perte. Pour une fois qu'une donzelle fort sympathique se laissait caresser sans demander son du, il fallait qu'elle possède quelque nature peu enivrante. Sentiment renouvelé alors que ses pairs prenaient chacun leur vraie forme, tous d'une base humanoïde, ne se différenciant guère que part les quelques appendices tranchants dont ils étaient pourvus. Teruo rejoignait ses deux compagnons de quelques pas vers l'arrière, manquant de trébucher contre la table alors qu'il replaçait ses sabres à la ceinture.
- Les amis, voilà que le premier jeu est avancé. Espérons simplement que la récompense promise soit d'un goût aussi avantageux que l'alcool proposé en prologue!
Ce qui n'avait rien d'ironique. Ces Yokais incarnaient de façon parfaite le paradoxe du goût. Alors qu'ils proposaient un met autrement plus raffiné qu'à l'habitude, leur propre sens de l'esthétique se voyait balayé quant à lui par leurs apparences. L'un tenait plus de l'insecte géant avec ses ailes immenses, tandis que d'autres s'étaient pourvus d'antennes et autres pinces aussi inutiles que peu flatteuses. Et les voilà, fort d'une demi douzaine d'entités, qu'ils partaient à l'assaut de leurs proies du jour. Avec ce même sourire qu'il abordait depuis l'aurore de ses frasques, le jeune dragon empourprait le décors d'une hémoglobine violacée. En moins de temps qu'il ne pouvait encore compté, sa lame avait parcouru le fourreau de tout son long pour trancher net ce qui servait de cou à la créature, faisant rouler son nouveau trophée à terre, laissant pantois le reste du corps, toujours debout, immobile.
D'une célérité dont il ne faisait que trop rarement preuve, le voilà qui quittait la scène pour contourner le mur de toile, laissant à ses compagnons le plaisir d’affûter leurs lames à leur tour. Alors que les immondes bourdonnements rauques inondaient le silence derrière lui, les ombres de nouvelles transformation parvenaient jusque ses yeux à demi clos. Une vingtaine de formes en tout et pour tout, de quoi préparer un bien bel échauffement alors que les rayons de lune prenaient peu à peu le pas sur un soleil quasi disparu. Les Yokais. Non content de raviver quelques mauvais souvenirs, s’évertuaient à tenter de gâcher au possible la vie des honnêtes gens, jusqu'à tenter d'en faire un repas agréable. Nul doute qu'un Chef de Guerre au prunes gavé d'alcool ferait un bon met, quoi qu'un peu ragoûtant à la pensée. Décrochant sa gourde, Teruo prit une dernière gorgée de sake lui réchauffant le corps, avant de dégainer sa deuxième lame, adoptant de ce fait un posture plus propice au combat de groupe. Manquant une nouvelle fois de tomber à la renverse, c'est avec un étrange calme qu'il remarquait enfin le mouvement de balancier que s'évertuait d’exécuter son corps, allant jusqu'à lui donner la nausée. Avoir le mal de mer sur un sol plat, voilà qui entrait tout à fait dans les habitudes de pareil individu ...
Spoiler:
N'hésitez pas à utiliser Teruo de quelconque façon, je ne suis pas très regardant, après tout nous sommes sensés êtres ivres au possible, si ça ne vous dérange pas. Veuillez à ce qu'il ne perde aucun bout, surtout pas sa tête, c'est tout … x)
Toragi Araki****
■ Clan Toragi ■ |Seigneur|
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Sujet: Re: Une journée en enfer ♫ Ven 24 Fév - 20:44
Soyez seul plutôt que mal accompagné, c'est moi qui vous le dis. Regardez-moi ces conseillers de pacotille. Qu'est-ce que vous voulez faire avec ça ? Ennuyants au possible, moralisateurs juste ce qu'il faut pour être agaçants mais pas assez attachés à leurs propres principes pour continuer de les défendre lorsque l'irritation point au fond de mes sombres prunelles ; donnez-moi un compagnon dévoué ou un opposant acharné, mais pas un ignoble mélange. En ce monde, seule la radicalité peut s'approcher de la force. La modération, l'hésitation, le juste milieu... ne sont que faiblesse. Un pli dégoûté déforma ma bouche.
- Allez, taisez-vous, soupirai-je d'une voix fatiguée.
Fatiguée... nerveusement. J'en avais assez de les écouter palabrer. Pour aujourd'hui, c'était suffisant. Maintenant je bouillais sur place, rongé par l'inactivité.
- Yamada-san, approchez. Silence. Un silence étrange, car convenu. Je lis dans leurs regards qu'ils savent quelque chose que j'ignore, et dans l'échange furtif de leurs yeux apeurés se devine très clairement une unique question. "Qui va lui annoncer ?" Ah ! Ce que je hais cette attitude ! Froussards ! Parlez, parlez ou ne prenez pas la peine de vous assembler devant moi !
- Il me semble qu'une rumeur silencieuse parcourt vos rangs, ronronnai-je d'une voix bien trop douce pour qu'elle soit honnête. Peut-être l'un de vous aura-t-il la sagesse de m'en faire part ? - Et bien... osa finalement un homme vieillissant, à la barbe clairsemée. Le chef de guerre Yamada est parti il y a quelques heures afin de participer à... Il hésitait, quêtant de l'appui auprès de ses voisins. Ceux-ci ignoraient son appel à l'aide avec une superbe indifférence.
- Oh oui, ça me revient, marmonnai-je. Peut-être m'en avait-on effectivement touché deux mots. Et bien ! Il me semble que c'est une bonne idée qu'il a eu là et je vais aller le rejoindre de ce pas. - Mais, seigneur ! protesta un de mes ministres. Nous commençons à peine la séance et... - Et le seigneur décide de quand s'achève la séance. Ces mots, je les avais fait grincer entre mes dents, avec une lenteur toute délibérée. L'insolent s'était recroquevillé sous mon rappel à l'ordre ainsi qu'un condamné devant le fouet. Alors seulement le premier sourire de la journée avait étiré mes lèvres : car j'allais enfin pouvoir m'amuser un peu.
***
Un cadre qu'on avait voulu le plus accueillant possible, probablement afin de calmer les possibles ardeurs échauffées qui auraient pu naître au contact des uns et des autres. Si tous ceux que j'avais pu voir jusqu'à présent vaquaient à diverses occupations dans l'attitude la plus neutre qui soit, moi-même avais revêtu un ample kimono sombre frappé à l'épaule du symbole du Tigre. Nul n'ignorerait qu'un Toragi était venu ici, et ceux qui avaient pu affronter les miens sur le champ de bataille ne manqueraient pas de me reconnaître - ou alors, raillai-je au fond de mon esprit, c'est qu'ils étaient faibles et s'étaient tenus éloignés du plus fort des combats. Ce furent les sifflements caractéristiques des sabres tirés hors de leurs fourreaux qui m'attira. Ainsi, le fragile espoir de pouvoir maintenir une certaine paix à un tel rassemblement s'était finalement rompu, n'est-ce pas ? Je savais bien qu'une telle chose ne pouvait arriver, et à présent, quelque part, des hommes s'affrontaient l'acier au clair pour venir me donner raison.
Quelques instants de recherche et je découvrais une aire un peu dégagée, que cernait une clôture grossière certainement érigée à la va-vite pour l'occasion. Une table avait été dressée, réservant aux convives saké et fruits... dont on ne savait vraiment s'ils étaient là pour décorer, ou déposés à l'intention des personnes peu désireuses d'affronter les volutes sournoises de l'alcool de riz dans la chaleur de l'après-midi. En parlant d'ailleurs de convives, ceux-là semblaient plutôt remontés. Un trio de samouraïs, à en juger aux armes pendues à leurs ceintures - ou tenues dans leurs mains, à présent - faisait plus ou moins face à une large bande de Yokaï qui avaient endossé le rôle d'invités impromptus. En fronçant les sourcils, je remarquais qu'ils portaient des habits semblables aux autres serviteurs que j'avais déjà croisés en venant jusqu'ici. Embuscade subtile qui faisait honneur à leur ingéniosité. Néanmoins, à en juger la tête d'une des leurs qui venait de rouler au sol, l'ingéniosité ne faisait pas tout.
Ah ! Mais n'était-ce pas Yamada que j'apercevais là ?
- Yamada-san ! le hélai-je en faisant fi des différents protagonistes. Figurez-vous que j'avais oublié que vous participez à ces... festivités ! Incroyable, non ? D'un pas égal, je m'avançais vers la table, évitant soigneusement de me mettre sur le passage des créatures qui, pour l'instant, se concentraient sur le plat de résistance. J'avais presque rejoint l'objet de ma convoitise quand l'un des démons fut assez malavisé pour se dire que je pouvais constituer un hors-d'oeuvre intéressant, si je me fiais à la lueur de convoitise qui brilla fugacement au fond de ses prunelles serpentines. Une main griffue se tendit avidement vers ma joie. Un feulement sourd m'échappa et je saisis le poignet écailleux pour le tordre sauvagement, faisant glapir de douleur mon assaillant. Une seconde plus tard, la lame acérée de mon sabre perçait sa poitrine en laissant s'éclore une fleur de sang noir au niveau du coeur.
- Pique-assiette, grondai-je, prodigieusement irrité par une telle insolence.
Ah ! Pour un peu, ces coupelles de saké ne me tenteraient presque plus ! Mon regard dériva lentement sur les Yokaï, et un rictus partagé entre haine et moquerie flotta sur mes lèvres. Effectivement, elles ne me tentaient plus, et pour cause. L'idée d'écharper les frères de l'être qui s'était piqué de m'agresser était finalement bien plus agréable. La pensée qui me traversait alors l'esprit devait manifestement se lire sur mon visage, puisque plusieurs créatures se tournèrent vers moi avec une hésitation peut-être aussi légère qu'un bourgeon de cerisier, mais déjà de trop.
Un fauve avait été lâché dans mon coeur, et il n'était plus temps d'imaginer le retenir : seulement tenter de le fuir, au milieu de la foule des déroutés. Les démons ne l'avaient pas encore compris, mais bientôt cette évidence leur sauterait aux yeux. Ma lame affûtée fendit de nouveau l'air, accompagnée par sa sempiternelle signature de sang.
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Sujet: Re: Une journée en enfer ♫
Une journée en enfer ♫
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