Un jeune homme marchait seul sur la petite route paisible de la campagne de Usagi : une armure légère, l'air affairé mais à pied... Un messager sans doute mais où est le destrier logiquement destiné à emporter le porteur de nouvelles vers son seigneur avec force et vivacité ? Et bien notre combattant du clan Ryuuji se l'est fait volé ! Et oui rien que ça et comme un imbécile en plus ! Furieux de s'être laissé avoir comme cela, le samouraï Améthyste, dont le surnom lui vient de son armure de la même couleur, marchait à présent le plus vite possible pour trouver une bonne âme qui voudrait bien lui vendre une monture. Bon sang, déjà qu'il était plus ou moins en disgrâce à cause de sa bévue de l'autre fois, il ne manquerait plus qu'il n'apporte pas le message à temps pour être certain de voir sa tête rouler dans la poussière ! Même un seigneur magnanime n'aurait sans doute plus trop de patience après deux échec consécutifs d'un de ses subordonnés ! Mais était-ce une raison pour laisser tomber ? Pour baisser les bras ? Sûrement pas ! Il était un samouraï oui ou non ? Il se devait de continuer, pour son honneur déjà bafoué et pour l'importance du message à délivrer. Reprenant son souffle qu'il avait du mal à maintenir (il n'avait jamais eu une grande endurance à cause d'un petit problème qu'il dissimulait à tout le monde), le samouraï s'appuyant sur sa naginata observa les alentours. Tout était calme et serein, presque idyllique, mais pourtant pas un chat ! Personne pour le renseigner ou l'aider en lui prêtant une monture. Grognant de dépit, le jeune homme du clan Ryuuji ne vit même pas un vieillard poussant sa charrette remplie de ses récoltes ou un petit barde au biwa toujours prêt à aider en échange d'une modeste piécette ! Mais pourtant, il fallait bien continuer coûte que coûte car comme dit plus tôt : son honneur, si pas sa tête, était en jeu.




Reprenant ça marche, le jeune homme accéléra du mieux qu'il put en récitant quelques préceptes ou vers guerrier pour s'aider à maintenir son rythme de marche élevé : il lui fallait gonfler son moral si il ne voulait pas sombrer dans l'immensité de la bêtise qu'il avait accomplie. Si jamais il avait ''perdu'' cette brave bête, c'était uniquement car il avait voulut prêter assistance à une demoiselle qui l'avait appeler à l'aide. Cette femme n'était en fait qu'un appât pour lui subtiliser sa monture par plusieurs bandits qu'il avait été difficile de combattre sans blesser gravement. Etant pacifiste, le jeune samouraï au visage calme avait tenté de dissuader les hors-la-loi mais rien n'y fit. A présent privé de son moyen de transport qui lui aurait permit d'apporter la missive qui contenait... Il ne savait pas quoi en fait, à son maître. Mais pourtant la route devant lui serpentait toujours invariablement sans toujours une seule personne pour l'aider. Petit à petit, son chant motivant faiblit avant de s'éteindre, remplacé par un halètement qui se faisait de plus en plus fort. Sentant le sang battre à ses tempes, Kamiu grogna : il se sentait encore faible et sa respiration ne lui apportait plus assez d'oxygène pour continuer normalement. Titubant plus que marchant, le samouraï continua de mettre un pied devant l'autre et toujours personne pour l'aider ! Troublé par son état maladif, Kamiu ne remarqua pas qu'en fait, il n'était pas tout à fait seul...

Derrière lui, la silhouette d'un homme aux allures de vagabond marchait dans ses pas. Vêtu d'un simple pantalon de toile sombre, le voyageur avançait torse nu sous le soleil. La sueur perlait sur son crâne, sillonnait son dos, en faisant luire sa peau sous les rayons brûlantes. Mais son rythme ne faiblissait pas. Tranquillement, ses pieds nus foulaient la terre sèche, balayant les cailloux saillants et les branches mortes, levant la poussière du chemin sans que l'exercice semble éprouvant pour le corps.

Son visage, lui, était plus dur. On voyait à son regard ferme et droit, et à ses traits crispés, que le vagabond s'infligeait l'épreuve de tenir la cadence. Ainsi, le point qui le précédait sur la route était devenu une silhouette; la silhouette, un homme; puis l'homme un samouraï à lourde armure aux reflets violacés. Et tout en marchant, il semblait de plus en plus évident pour Hyuga que ce samouraï zigzaguait, ralentissait, sans pourtant manifester la moindre volonté de s'arrêter.

Ne l'avait-il pas entendu chanter il y a encore quelques minutes? Il n'avait pourtant pas rêvé. Etrange homme, qui chante et qui avance en lourde armure sur un chemin désert. Habillé si légèrement, Hyuga avait déjà beaucoup de mal à arpenter cette route ingrate et difficile... Alors qu'est-ce qui pouvait bien emmener ce samouraï dans une épreuve pareille? Tout en marchant, le vagabond s'essuya le crâne du revers de la main. Lâchant un souffle long et chaud, il entreprit de presser le pas malgré la fatigue, afin de rattraper l'individu au plus vite. Il lui semblait prudent de ne pas le laisser arpenter plus longtemps la route sans repos, et Hyuga voulait donc le rejoindre pour lui faire entendre la voix de la raison.

Il arrivait à quelques foulées de l'étranger lorsqu'il le vit vaciller une fois de plus. Diable. Le malheureux est dans un état dont il ne semble pas conscient. Il était temps de le raisonner, où son but ne serait jamais atteint, quel qu'il soit. Il l'apostropha.

"Hé, l'ami."

Lui laissant le temps de réagir, et de tempérer un élan de survie guerrier que Hyuga sentait venir, il leva la paume de sa main.

"L'ami", répêta-t-il. "Ca n'a pas l'air d'aller. Vous avez besoin d'aide?"

[HRP: A cette distance et avec la fatigue, à toi de voir si tu reconnais la forme de dragon/serpent tatouée sur mon corps]