Nagoshi-no-harae

Calme est composée, Yuuki terminait son œuvre. Sa main gauche retenait la manche blanche de son kimono tandis que de la droite elle finissait de poser de la peinture noire dans un œil. Une fois fait elle admira le fruit de son travail.

L’hirogata était magnifique et ressemblait trait pour trait à son seigneur, Suigyuuku Mitsuru. C’était une coutume depuis longtemps pour le temple, chaque année on offrait une poupée représentant les seigneurs des clans Nezumide Saruha et Suigyuuku ceux là même dont les Kamis respectifs et attitrés avaient protégé et sauvé leur temple des années auparavant en usant de leurs pouvoirs pour le téléporter hors de dangers. A leur tour à présent les prêtres et prêtresses de ce même temple leur offrait aux premiers jours de la nouvelle année une poupée à leur effigie pour attirer les mauvais esprits et les kamis à se venger sur elle que sur leur avatar en chair et en os.

L’attention était en générale appréciée même si durant ses temps troubles on ne pouvait que douter et laisser son esprit vagabonder à se croire oublié des kamis et penser qu’uniquement les hommes pouvaient avoir un quelconque effet sur les événements. En allant au terme de cette optique les cristaux des kamis ne seraient bientôt plus que des armes utilisées pour la guerre. Rien que d’y penser Yuuki ne pouvait que laisser une certaine mélancolie la traverser. Pour elle douter de l’existence des kamis revenait à douter de leur existence même. Avant leur naissance non plus les bébés ne se voient pas pourtant cela ne les empêchent pas d’exister.
Bien évidemment la plupart des gens ne voyaient pas les kamis comme elle ou ses consorts.
Les poupées des chefs de Saruha et Nezumide avaient déjà été envoyées et il ne restait plus que la dernière que Yuuki remettrait en main propre à son chef elle en profiterait pour lui parler de ses visions et également des moyens de contenter les kamis. En ce moment régnait une grande agitation parmi les divinités au point qu’elle devait en avertir son souverain. Bien évidemment le seigneur Mitsuru n’avait pas d’ordres à recevoir d’elle et techniquement il n’avait pas le devoir de l’écouter mais elle le ferait quand même car c’était de sa responsabilité.

Empaquetant avec soin son présent Yuuki le chargea après dans un sac et le noua a son dos puis s’estimant prête elle partit a l’assaut de la montagne.

Le temple était littéralement encastré dans la roche et si cette position rendait ce dernier virtuellement imprenable, pour y accéder c’était toute une aventure. D’abord il fallait passer sur nombres de crêtes et un pas de travers ne pardonnait pas, puis il fallait s’aider des multiples branches et racines pour se frayer un chemin jusqu'à plus de la moitié du parcours et enfin il y avait là la seule marque humaine prouvant qu’en haut il existait quelque chose. Il s’agissait d’une chaine accrochée à un arbre centenaire qui descendait jusqu’au domaine de Suigyuuku.

Heureusement Yuuki avait l’habitude d’un tel trajet et bien vite elle fut présente aux portes de la demeure du chef des lieux elle n’eut même pas besoin de s’annoncer apparemment soit on l’attendait soit on la reconnaissait. La seconde option eut ses faveurs dans son esprit même si la remise des hirogata était connue personne à part les kamis eux-mêmes ne pouvait deviner quand elle aurait terminé son travail. Une fois passée dans la cour intérieure, elle n’eut pas véritablement le loisir d’admirer les jardins mais elle claqua fortement dans ses mains pour attirer a elle la bonne fortune et les kamis et éloigner les autres. Les serviteurs l’accompagnèrent dans une sorte de vestibule où elle serait surement reçue en effet d’autres serviteurs, surement les supérieurs des premiers, vinrent lui demander l’objet de sa visite.

- J’aimerais m’entretenir avec le seigneur Suigyuuku Mitsuru et lui remettre l’hirogata de cette année et le débarrasser de celui de l’année précédente.

(j’espère que cela vous conviens seigneur si vous avec une quelconque recommandation a me faire je suis a votre disposition ^^)

Alors que le soleil perçait difficilement à travers les larges rideaux qui tapissaient les cloisons de la chambre seigneuriale, les yeux de Mitsuru s'ouvrirent comme en sursaut. Son front était suintant et sa respiration saccadée. Depuis maintenant plus de vingt cycles lunaires, le seigneur de ces terres était agité dans son sommeil. Des cauchemars venaient l'empêcher de trouver la quiétude qui le caractérisait en temps normal. La raison était simple: Toragi. Son obsession pour le seigneur de l'ouest n'en était que ravivée depuis qu'il avait appris que ce dernier avait conquit Usagite... Noriko était-elle saine et sauve? Malgré ses ambitions, Araki ne pouvait tuer un seigneur de sang froid, il perdrait le peu de confiance qu'avaient encore ses troupes en lui.

De tout temps les seigneurs des contrées du Tigre avaient été de fiers rivaux de ceux des seigneurs nés sous la grâce du Kami Buffle. Pourtant aujourd'hui la donne avait quelque peu changée. S'opposer à Toragi, c'était s'opposer au diable en personne. Dénué de tout sentiment et animé par une rage sans borne à combattre, il était la personnification de tous les mauvais côtés du Bushido et bien sûr l'utilisait à son avantage. Le dernier duel qui opposa le vieux seigneur de Suigyuuku à Toragi s'était d'ailleurs terminé à l'avantage du jeune félin qui avait réussi à se défaire de son rival de par sa grande agilité, qui faisait maintenant défaut au vieux buffle...

Mitsuru se releva quelque peu et porta sa paume droite à son visage. Ses traits étaient tirés et son teint pâle. Sa respiration haletante laissait échapper quelques râles rauques. Pour l'époque, Mitsuru était déjà considéré comme un homme d'âge avancé. Rares étaient les guerriers à arriver jusqu'à trente trois ans, et le poids des saisons était de plus en plus lourd à porter. C'est les jambes lourdes qu'il parvint néanmoins à se hisser hors de son futon. Seulement habillé d'un léger pagne il s'empressa de se diriger vers une serviette de coton judicieusement posée à côté d'une de ses fenêtres afin de s'éponger le corps. Il ouvrit alors doucement les rideaux pour laisser pénétrer toute la luminosité de ses contrées dans sa chambre.

La vue était magnifique, on pouvait voir la belle chaîne de montagne de Suigyuuku qui s'étendait à perte de vue. La situation géographique de la forteresse du seigneur des glaces lui permettait de jouir d'une région immaculée au blanc si pur que les kamis semblaient l'avoir dessinée. Mitsuru tourna alors la tête et mit un léger kimono d'intérieur pour ensuite sortir de sa chambre. Comme tous les jours, de nombreux serviteurs étaient déjà en haie d'honneur à attendre le réveil de leur seigneur. Au bout de ce cortège se trouvait l'un des conseillers de Mitsuru, Hanakite. Vieux bonhomme d'une cinquantaine d'années, il était l'oreille droite de son seigneur et de feu son père jadis. La simple vision de son visage ridé fit souffler Mitsuru qui savait qu'il allait encore débuter une journée difficile...

Et cela ne rata évidemment pas. A peine habillé, il dût partir pour une visite des rizières qui s'étendaient en flanc de la forteresse. Plus protocolaire qu'autre chose, ces visites hebdomadaires servaient avant tout à rappeler au bon peuple que leur seigneur était bien là. Les impôts demandés par Mitsuru étaient plutôt faibles et les paysans n'étaient que rarement punis pour manquement à leur objectif, il était donc tout naturel de garder une image de seigneur décontracté à l'écoute de ses serfs. Une fois la tournée terminée il était déjà quatre heure de l'après-midi et le ventre du vieux guerrier commençait à crier famine. Son appétit était connu de tous comme gargantuesque et ses accès de colère étaient encore plus terribles à jeun, c'est ainsi que tout le petit cortège se dirigea à Suigyuu pour une légère collation.

Installé sur son trône de bois de cerisier, Mitsuru s'empiffrait de différents mets des récentes récoltes. Son amour de la nourriture ne semblait pas avoir de limite et il engouffra pas moins de six bols de riz accompagnés tous de mets locaux. Une fois reput il demanda à tout le monde de quitter la salle afin de méditer.

Mais sa quiétude fut vite dérangée par un serviteur qui tambourinait sur la porte. Il venait pour délivrer un message, Asahi Yuuki, prêtresse du temple d'Iriwaku était présente pour la cérémonie des Hirogata. Mitsuru était réputé pour être un seigneur pieux et respectueux des rites anciens. C'est donc sans retenue qu'il demanda de la faire entrer, seule.

Alors que la prêtresse pénétrait dans l'immense salle du trône, décorée de nombreux dessins religieux et de belles sculptures du kami du taureau, Mitsuru revint sur son trône et l'accueillit avec ces quelques mots:

- Bienvenue Asahi Yuuki, quelles nouvelles apportes tu d'Iriwaku?

Sa voix était comme son visage, marquée par la fatigue...

Yuuki avait patienté quelques minutes à peine dans une pièce donnant sur l’extérieur de là elle pouvait admirer sans retenue les magnifiques montagnes qui entouraient Suigyuuku avant qu’elle ne se fasse appeler par un serviteur. Elle profita de ses quelques minutes pour s’asseoir sur le parvis et délasser ses jambes malmenées par la descente d’Iriwaku. Elle était encore jeune mais il fallait être en forme pour une telle ascension.

Un serviteur l’appela, le seigneur de Suigyuuku lui avait accordé une audience. Le terme était peut être mal choisit mais il lui semblait que c’était le seul qui convenait à ce genre de visite quasi impromptue. Heureusement pour elle Mitsuru était connu pour être croyant et ne jamais se défiler face à un événement religieux aussi elle se permit de prendre le temps de récupérer le présent ainsi que le reste de ses affaires. Yuuki ne venait jamais les mains vides, bien souvent elle apportait un peu de saké que le temple faisait en petite quantité et quelques fudas, charmes de protections et baumes de soins.

Elle arriva enfin après un dédale de couloirs et de portes à la salle du trône où le seigneur se restaurait, probablement que sa journée avait été difficile. Une fois passée elle frappa violemment ses mains l’une contre l’autre pour faire du bruit qui éloignerait les mauvais esprits. Mitsur Suigyuuku lui apparut fatigué et un peu lasse, surement que quelque chose devait le tracasser et pour ébranler un roc tel que lui il fallait que tracas soit de taille, malheureusement Yuuki allait lui en rajouter car les nouvelles qu’elle tenait n’etaient en rien réjouissantes. Après peut être qu’il s’agissait d’un épuisement prématuré de la barrière mise en place il y avait de cela quelques années par le précédent chef du temple. Il faudrait qu’elle surveille attentivement le déroulement de cette séance dans le pire des cas son seigneur pouvait être infecté légèrement par un esprit.
Elle salua son souverain même s’ils étaient quelque part d’une certaine égalité Yuuki s’occupait des âmes et des Kamis tandis que le seigneur de Suigyuuku avait pour charge les hommes. Mais il n’avait jamais été question de cela entre eux car même s’ils n’avaient qu’une relation cordiale tous les deux se respectaient grandement. Une fois assise Yuuki déballa l’hirogata et le présenta.

- Voici l’hirogata de cette année, qu’il puisse attirer les mauvais esprits sur lui et vous laisser en paix ainsi que notre belle contrée

la phrase était peut être un peu pompeuse mais le moment était solennel et d’importance, il fallait y mettre les formes et respecter les usages traditionnels.
Faisant écho à la demande du seigneur des neiges eternelles Yuuki lui donna des nouvelles des kamis.

- Je vous apporte également des nouvelles des Kamis qui m’ont parlé, si ceux de notre contrée sont satisfaits ils sont grandement angoissés par ce qui se trame dans les terres du clan Toragi.

Les kamis parlaient aux prêtres et prêtresses aussi surement qu’en ce moment elle en avait une. Pourtant les discutions qu’elle avait eu n’etaient pas rassurantes du tout au nord ouest dans les terres du clan Toragi se tramait des événements funestes ou du moins leur préparation.

- Je sais que des montagnes sont éventrées et des forets détruites plusieurs kamis ont étés déchus et pourraient ce retourner contre le peuple…

Cela n’était pas une bonne annonce pourtant elle ne la faisait qu’à son seigneur car la panique n’aurait servi à rien et l’angoisse n’entrainait que plus d’angoisse dans un cycle vicieux.

- Pour les apaiser comme vous ne pouvez rien faire contre le clan du tigre de manière pacifique, car toute autre manière ne serait pas une solution. Peut être faudrait ils leur donner une raison de ce réjouir comme par exemple une union.

Elle avait bien insisté sur la manière pacifique d’agir, car à ses yeux il s’agissait de la seule ligne de conduite à avoir et à conserver à tout prix et aussi car le mariage du seigneur serait un véritable événement attirant les bonnes augures sur leur contrée. Ainsi ils rentreraient dans un cercle vertueux ne pouvant qu’entrainer joie et paix. Peut être même que cela contaminerait les autres clans.
C’était tout ce que la prêtresse d’Iriwaku pouvait souhaiter.

[Navré également pour le temps de réponse, je nous lance directement dans l'event pour me faire pardonner ^^]

Tout en effectuant l'échange traditionnel d'Hirogata, Mitsuru lança un regard sur la nouvelle poupée. Criante de réalisme, le travail effectué était digne de louanges, Yuuki était ce genre de femmes à vouer sa vie à une perfection constante aussi bien manuelle que spirituelle et le seigneur de la neige éternelle ne pouvait que s'en réjouir. Alors qu'il déposait son présent sur l'accoudoir de son trône, il écouta la suite du discours de son invitée, relativement alarmiste sans pour autant être désespéré, il faisait bien comprendre à Mitsuru que la menace de Toragi était palpable de tous les points de vue.

Leur armée était immensément colossale et leurs outrages aux Kamis semblaient se vérifier, cependant rien ne pouvait affirmer qu'il s'agissait bel et bien de leurs faits. Récemment, Mitsuru était en proie au doute concernant l'avenir, de sombres nuages planaient sur sa belle citée et si ils n'étaient pas chargés de la foudre du dieu Tigre, ils étaient tout de même imprégnés d'un mal qui ne dort pas. La présence de la prêtresse d'Iriwaku à ses côtés pourraient sûrement lui apporter quelques réponses.

Avant la dernière phrase de la jeune femme, Mitsuru plaça quelques mots en guise de réponse.

- Malgré leur position actuelle, j'ai du mal à croire que les dirigeants des contrées de l'ouest soient assez bêtes pour courroucer leurs dieux gratuitement, il y a autre chose derrière tout ça.

Et c'est alors que vint la dernière phrase de Yuuki qui eut comme premier effet un léger hochement de tête de la part de Mitsuru. Il était d'accord sur le principe d'un résultat pacifique, malgré son caractère guerrier, il n'en restait pas moins un défenseur de la paix et se devait de respecter les principes de son clan qui abhorrent les bains de sang gratuit. Pourtant la situation actuelle ne permettait qu'une maigre marge de manœuvre, et alors que jour après jour la menace se faisait de plus en plus grande, les solutions s'amenuisaient.

La possibilité d'une alliance née d'une union était cependant quelque chose d'envisageable dans une certaine mesure. Le clan Ondorie s'étant déjà rallié à Toragi de la sorte. Pourtant Mitsuru ne pouvait s'y résigner, pour la bonne et simple raison que son cœur était déjà pris par la plus belle femme de l'Hinomoto. Cela, Yuuki ne le savait pas et il ne pouvait donc pas la blâmer pour avoir soumis l'idée. Cependant, il se devait de répondre quelque chose et les mots qu'il prononça furent pesés afin de ne rien laisser paraître.

- Une union dis tu? En soi cette idée est loin d'être idiote, c'est d'ailleurs la meilleure façon de réunir deux clans belliqueux sans avoir recours aux armes. Cependant et sans vouloir trop m'avancer, il me semble qu'Araki Toragi est fils unique, ce qui complique les choses.

Réponse simple et sans prises de risques. Relativement gêné et dans l'impossibilité de le cacher indéfiniment, Mitsuru se leva de son siège et croisa ses bras dans le dos avant de se retourner, visage caché. Il espérait que Yuuki n'aurait pas percé son manège, elle était maligne et son esprit était affuté, cependant le seigneur savait que son statut lui permettait le bénéfice du doute, du moins dans une moindre mesure.

Alors qu'il était sur le point de continuer sa phrase, un bruit l'interpella. Au son il s'agissait d'un pan de mur qui se faisait découper délicatement, le travail était minutieux, digne d'un Shinobi de Suigyuuku et pourtant le bruit se faisait de plus en plus présent, comme si il était pressé par quelque chose. Ni une ni deux, Mitsuru porta sa main droite à son sabre et leva le bras gauche parallèlement au sol avant de parler à son hôte.

- Navré de mettre court à cette petite entrevue mais il semblerait que nous ayons de la visite...

Et il ne crut pas si bien dire, alors qu'il s'apprêtait à demander à sa prêtresse de quitter prestement les lieux, un pan de mur devant lui tomba et un homme cagoulé s'en éjecta à une vitesse folle. Armé d'un Wakizashi et d'une dague en ceinture, il fonçait lame en avant vers le seigneur du nord. La réponse de Mitsuru se fit sans attendre, alors que son adversaire arrivait au corps à corps il dégaina son katana effectuant une technique iai de défense fort classique qui eut pour effet de déstabiliser la position de son adversaire. Rapidement positionné en position de combat, Mitsuru tenta une taillade verticale qui fut immédiatement parée par son adversaire qui sous la pression de la grande force du seigneur fit quelques pas en arrière pour se mettre en sécurité.

L'agilité de l'homme mystérieux était assez impressionnante et sa réactivité faisait de lui un adversaire à ne pas sous-estimer. Alors que les deux opposants se regardaient inlassablement, le temps sembla s'arrêter. Alors que quelques secondes suffirent à clore le combat, Mitsuru sentait sa respiration au millième de seconde près. Cet état de transe lui conférait un avantage précieux lors des affrontements et sa vision du combat alliée à sa grande expérience le rendait quasi-invincible dans ce genre de situations.

Alors qu'une goutte de sueur tombait nonchalamment sur le sol, le ninja esquissa un léger mouvement d'attaque qui fut comme un déclic pour le seigneur des lieux. Son adversaire tenta une approche frontale avec un coup d'estoc judicieusement camouflé par la lame noire de son sabre et donc difficile à lire, mais c'était sans compter sur l'attention de Mitsuru qui démasqua ses intentions et effectua un léger pas de côté pour s'immuniser du coup à venir. Il n'eut qu'à enchainer un simple coup de genou dans l'abdomen avant de passer dans le dos de son adversaire et de le trancher de haut en bas d'un violent coup de sabre, ce qui eut pour effet de terrasser l'invité surprise et d'arracher son masque sur sa chute.

Rangeant immédiatement son sabre il retourna son agresseur d'un simple coup de pied et eut une vision d'horreur. Immédiatement il prit la parole, s'adressant à Asahi Yuuki.

- Il semblerait que ce dont je voulais te parler nous ait rendu une petite visite. Approches donc et dis moi ce que tu penses de ça.

Le visage de l'homme, ou plutôt du monstre était abominable. Son teint de peau était noirâtre et ses yeux sortaient de ses orbites. Il était affublé d'un nez digne des plus grands tengus et sa mâchoire proéminente laissait entrevoir une belle rangé de dents acérés comme celles d'un requin. Le haut de son crâne était affublé d'une série de Kanji qui pouvait se lire "Nibi", deux queues en traduction littérale.

L'énigme ne demandait qu'à être résolue et Mitsuru attendait les réactions de son invitée.

La prêtresse d’Iriwaku laissa au chef de clan digérer les informations qu’elle lui donnait et en tirer les résolutions qu’il désirait mettre en œuvre ou pas. Dans cet optique Yuuki ce préparait mentalement, elle n’avait qu’un rôle de conseil, les actions se décidaient par eux-mêmes même si elle n’était pas d’accord. Elle respecterait leurs choix quels qu’ils soient.

Néanmoins en parler lui avait fait un bien fou, à Iriwaku celles et ceux dotées de voyance en tremblaient rien que d’imaginer ce qu’il fallait faire pour que des esprits deviennent si virulents envers les humains. Les esprits de la nature, par opposition aux esprits d’anciens humains avaient une grande tolérance au point que s’en était presque exceptionnel, vous en connaissiez beaucoup vous des gens avec une place élevée dans la société qui demande juste du respect et une ou deux offrande par an ? Personne ici bas avec un peu de pouvoir ne se contentait de si peu.

Pourtant quelque chose ou quelqu’un là bas les blessaient et les injuriaient au point qu’ils se décident a agir et a contacter les prêtres et prêtresses ce devait être quelque chose d’envergure…quelque chose comme le clan Toragi et son armée. Elle le savait au fond d’elle-même que le clan du tigre était responsable, les esprits le lui avaient dit et elle leur faisait confiance. Aussi quand le chef de Suigyuuku donna sa réponse et son avis sur la chose Yuuki tenta de camoufler son ressenti elle hocha juste la tête. C’était le seigneur qui choisissait elle n’avait qu’un rôle subsidiaire. Néanmoins elle ne put camoufler toute émotion et la plus grande preuve qu’on pouvait avoir était son pouce droit rentré dans sa paume en signe de désaccord.

Sa seconde tirade aurait pu paraître anodine mais elle suivait un raisonnement, pour contenter les esprits il fallait soit rétablir un équilibre par la force soit leur donner une raison d’être heureux. Or un esprit pour être heureux devait être sollicité, dans une union surtout a un tel niveau tout le clan ou presque venait prier les esprits pour souhaiter une union belle et longue profitable aux deux clans. Or encore cette fois ci le dirigeant de Suigyuuku venait de s’esquiver mais au lieu de dire de but en blanc son idée comme il l’avait fait précédemment. Cette fois il voulu s’en sortir par une courbette or pour Yuuki cela signifiait une chose.

Mitsuru Suigyuuku lui mentait.

Ou il lui omettait sciemment la vérité le résultat était sensiblement le même non ? Il en était gêné car il c’était précipitamment relevé et commençait une série de cent pas. Néanmoins cette fois elle pouvait lui prouver que son raisonnement était bancal et elle ne s’en priverait pas de le lui faire comprendre.

- il me semble seigneur Suigyuuku qu’ Hebie Ayame est une jeune femme d’une grande beauté et une union avec cette dernière ne ferait que renforcer de manière encore plus inextricable notre alliance avec les Hitsujide.

C’était un premier aspect, elle avait parlé d’union et pas d’union pour former une alliance avec les Toragi, même si ces derniers ne lui inspiraient pas confiance les avoir non loin de soi pouvait être une tactique pour voir quel serait leur prochain méfait.

- De plus même si Toragi Araki est fils unique rien n’empêche de favoriser une union avec un de ses clans dominés ainsi ce dernier pourrait retrouver une certaine autonomie. Il me semble que la dame Usagite Noriko est toujours en charge du clan.

Cette fois ci le chef devrait lui répondre sérieusement, elle avait fait des propositions tout a fait valables et réalisables a moyen terme restait a savoir s’il désirait une union. D’un certain coté qu’il désire une union ou pas ce n’était pas son rôle de refuser et elle n’allait pas se priver de le lui dire

- Seigneur Suigyuuku pour faire un parallèle entre vous et moi-même si cela vous parait éloigné. Nombre de mes confrères ont choisi l’illumination spirituelle pour s’élever hors de ce monde. Mais en tant que dirigeante du temple d’Iriwaku je ne le peux pas. Car mon devoir est envers le peuple tout comme vous.

Parfois il fallait savoir frapper là ou c’était douloureux pour faire imprimer des messages car c’était dans la douleur que l’on apprenait le mieux…Pourtant le chef du clan lui fit signe de ce taire, un instant elle se renfrogna, pensant qu’elle venait d’énerver le seigneur des neiges mais il n’en était rien. Quelques secondes plus tard, elle comprit pourquoi son seigneur avait agit de la sorte. Un pan de tapisserie venait de tomber et une créature en sortait.

Quelques minutes plus tard la créature fut terrassée d’un coup de sabre de son seigneur révélant une terrible image : un teint grisâtre tirant sur le noir, des dents acérées, une mâchoire proéminente et des yeux exorbités … elle aurait pu couvrir d’effroi la plus courageuse des personnes. Yuuki n’était pas spécialement courageuse mais elle savait mettre sa peur de coté pour agir et en ce moment c’était la créature qui avait besoin d’elle.

De sa main gauche elle sortit son mâlâ un chapelet bouddhique. Ce dernier était composé de perles de cristal de roche où le kami buffle était gravé et doré à l’or. Doucement elle égrena les perles du chapelet pour que le cristal et le son produit purifient au mieux cet endroit et la malheureuse créature. Se levant enfin après le combat elle s’approcha d’elle alors qu’elle agonisait.

- Oh toi dont j’ignore le nom esprit d’ombre et de violence, je m’agenouille à présent devant toi, nous procèderons aux rituels pour te mettre en terre avec les honneurs et élèveront une stèle pour toi. Puisses tu ne pas nous tenir rigueur de ce qui vient de ce passer et nous donner les raisons de ta haine.

Elle n’avait pas accordé un regard a son seigneur qui pourtant venait de lui parler, mais dés l’instant que la créature, ce kami déchu ou ce démon était apparu pour elle les humains avaient disparu aussi importants était ils. C’était aussi cela qui faisait d’elle une grande prêtresse .

La créature était allongé au sol, ses blessures l'empêchaient de bouger et pourtant un souffle irrégulier et de légers râles indiquaient qu'elle vivait encore.

Son sang était noir et il y en avait en abondance. Alors que la prêtresse interrogeait l'engeance du démon, de nombreux conseillers commençaient à se rassembler dans la pièce comme attirés par les bruits de combats.

La créature avait la respiration de plus en plus rapide au fur et à mesure que les serviteurs de Mitsuru s’agglutinaient autour d'elle. Elle eu soudain le regard qui croisa celui de son bourreau. D'une voix grave elle entama une série de borborygmes incompréhensibles. Il était difficile de dire si il s'agissait d'une langue ou d'un délire provoqué par la douleur. Toujours était il que sa voix se faisait de plus en plus aiguë et stridente.

Soudain, le Yokaï s'arrêta net, il empoigna le bras de Yuuki et commença à hurler...

Dans un éclair il disparut et seul un tas de cendre restait pour prouver son existence. Le bras de Yuuki n'était pas blessé mais une marque noire venait d'apparaître à l'endroit touché par l'abomination. Une marque relativement explicite puisqu'il s'agissait de l'idéogramme représentant le chiffre "deux".

Un brouhaha infâme commença à se soulever dans la salle du trône, ce qui ne manqua pas d'irriter Mitsuru qui demanda à tout le monde de sortir de sa voix la plus grave.

Les deux protagonistes étaient de nouveaux seuls...

[C'est sûrement la première fois que je fais autant attendre quelqu'un, je m'en excuse sincèrement. Cela ne se reproduira plus...]

Les événements devenaient de plus en plus sérieux et dangereux... Le doute et l'indécision gagnèrent à la fois le seigneur souverain des hautes montagnes de l'Hinomoto. Cette sensation d'impuissance devant l'inconnu était une réelle nouveauté pour l'homme qui avait vécu mille guerres. Alors que les conseillers sortaient, Mitsuru se rapprocha de Yuuki qui n'avait pas encore réagi après ce qui s'était passé.

Une fois qu'ils se retrouvèrent seuls, il s'agenouilla pour se retrouver au niveau de sa prêtresse. Il empoigna alors son bras avec un manque de tact et de délicatesse qui prouvaient qu'il s'inquiétait, ou qu'il était simplement intrigué. Il était difficile de deviner ce qui pouvait passer par la tête du Daimyô à ce moment précis. Il scruta la marque laissée par le Yokaï sans rien dire en premier lieu. Il s'agissait bel et bien de l'idéogramme du chiffre "deux". De nombreuses questions pouvaient se soulever, tout d'abord pourquoi avoir laissé une marque? Quel pouvait bien être son but? Et pourquoi ce symbole en particulier? La prudence faisait parti des maîtres mots du vieux Samuraï qui eut comme première réaction ces mots:

- Tout cela ne me dit rien qui vaille. Je te serais gré de rester avec moi le temps que l'on puisse dire si c'est dangereux ou pas.

Alors qu'il disait ces quelques mots il réalisa quelque chose. Les évènements qui venaient de se produire avaient tout à fait un goût "magique" et "divin". Il était dans le plus épais des brouillards, mais il se trouvait avec une prêtresse du temple d'Iriwaku qui pouvait d'elle même en savoir bien plus que lui. Il se releva alors et se dirigea vers son trône. D'un rapide coup de main il s'empara de son Wakizashi laissé à côté du siège et de sa veste. Il était prêt à partir visiblement mais où? Et surtout pourquoi tant de hâte dans un moment aussi critique?

Les réponses ne tarderaient pas à venir. Alors qu'il se dirigeait de nouveau vers Yuuki il tint ces quelques mots:

- Je pense que nous sommes impuissants dans l'état actuel des choses. Il nous faut nous entretenir avec les hauts moines du temple d'Iriwaku, puisqu'aucun d'entre eux n'est lié à Suigyuuku, il me faut m'entretenir avec tes supérieurs. Cela me dépasse, j'ai bien peur de le dire.

Il ne lui laissa pas le temps de répondre et la releva, avant de frapper contre la porte coulissante pour interpeller un de ses conseillers. Il annonça à ce dernier qu'il allait se mettre en route vers Iriwaku au plus vite et qu'il ne prendrait qu'une troupe d'escorte d'élite d'un maximum de dix hommes. Ce qui ne manqua pas d'inquiéter le laquais qui courbé plus bas que terre implora son seigneur d'être plus prudent et de prendre plus d'hommes avec lui. C'était mal connaître l'entêtement de Mitsuru qui resta assis sur ses positions et prétexta qu'il préférait voyager discrètement.

En réalité il craignait que la marque laissée sur Yuuki permettrait aux démons de la localiser. Ce qui venait de se produire n'avait pas de précédent dans les écrits des bibliothèques de la citée des montagnes, mais l'imagination de Mitsuru semblait pouvoir prévoir ce genre de coups fourrés. Après tout, les démons des légendes étaient réputés pour être fourbes et calculateurs, ce genre de tour de passe-passe n'était donc pas farfelu.

Mitsuru invita Yuuki à la suivre dans la cour intérieure du château, ils se retrouvèrent alors de nouveau seuls...

- Je suis désolé Yuuki.

Ses mots semblaient sincères et sa voix était plus douce qu'a l’accoutumée. Le seigneur des glaces était vieux et sur le déclin, il avait connu la vie et la mort à de nombreuses reprises. Nombreux étaient ses camarades et membres de famille qui avaient péri devant ses yeux. La perte d'un autre proche serait une trop grande épreuve pour cet homme qui portait sur son torse toutes les cicatrices des dernières guerres.

- Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que cette marque ne te soit d'aucun danger. Tu as ma parole.

Il ne regardait pas Yuuki en disant ces mots. Son attitude était partagée entre le respect et la honte de se dévoiler sous un jour qui ne lui ressemblait pas. Toujours était il qu'il était motivé à respecter cette promesse, quoiqu'il en coûte. Il avait de bien plus grands projets pour cette prêtresse que de la voir mourir de la main de quelques démons de bas étage.

- Nous ferions mieux de nous hâter, le voyage vers Iriwaku n'est pas de tout repos, mes hommes nous attendent à la sortie de la ville.

Ces dernières paroles étaient à la fois empreinte d'autorité et de compassion.

Une main sur son sabre il emboîta le pas, se dirigeant vers les grandes portes de sa ville. Leur voyage allait sûrement changer leurs vies à jamais, mais ça ils ne le savaient pas encore...

[Hrp: Ce que je te propose, c'est de répondre brièvement à ce post. Je préparerais déjà le suivant qui se déroulera dans un autre sujet. Le prochain sujet commencera directement avec un PNJ et nous entrerons dans le vif du sujet concernant l'event. Encore une fois désolé et j'espère que mon post, bien que court vaudra le temps d'attente]

Yuuki était restée sans bouger pendant une longue minute, assimilant ce qui venait de ce passer. Certes la créature était un démon mais elle lui avait parlé avec beaucoup de respect et généralement cela suffisait pour que les créatures se mettent à parler. Ce n’était pas courant, même s’il voulait la vomir d’insultes il lui aurait parlé, s’il voulait lui faire du mal son chapelet l’aurait protégée. Alors pourquoi avait elle cette marque ? Pourquoi elle la prêtresse et pas son seigneur qui l’avait mis à mal ? Serait ce parce qu’il l’a visait elle?

La prêtresse ne réagit pas quand son seigneur lui saisit le bras car elle était encore dans ses réflexions qui finalement ne la menait pas bien loin, il y avait bien quelques idées à creuser mais seule elle ne ferait pas la lumière sur tout cela il lui fallait de l’aide. Les moines et les prêtresses d’Iriwaku ne seraient pas de trop pour faire la lumiere sur tout cela.

Apparemment leur esprits se rejoignaient sur ce point et faisant un pas vers son seigneur elle accepta sa venue, par contre lorsqu’elle l’entendit parler avec un de ses conseillers d’une troupe de dix personnes son cœur se serra un peu. Autant de personnes allaient certainement effrayer les esprits qui étaient tranquilles sur la montagne aussi elle se permit de le mettre au courant.

- Mon seigneur dans les montagnes d’Iriwaku il y a beaucoup de zashiki warashi et autres esprits qui n’aspirent qu’à la paix et à la tranquillité, j’ai peur que dix hommes plus nous deux les effraient.

Elle avait complètement oublié que la marque venaient d’un de ses esprits et que cette dernière pourrait peut être la tuer, non, elle était désintéressée d’elle-même à l’extrême. Mais cela ne l’empêchait pas de vouloir connaître la vérité sur ce qu’il venait de ce passer

- A Iriwaku il y a une salle de divination, je demanderais aux anciens de l’ouvrir pour que nous en sachions plus …peut être même que je devrais prendre une arme …

Son ton avait été désolé à la fin de sa phrase preuve que son mental ne s’était pas fait à l’idée de combattre. Mais alors que le seigneur des glaces sortait et s’excusait elle se plaçait a ses cotés. Sortant un vieux chapelet dont les perles étaient en bois irrégulière, taillées grossièrement et ne le laissant pas faire un seul mouvement elle le lui mit au poignet et au bout de deux tours le poignet était enserré de perles qui sans êtres précieuses étaient chargées.

Celui qu’elle avait en cristal n’était pas imprégné de sa force spirituelle, mais son vieux chapelet d’entraînement lui en était gavé il pourrait facilement protéger son seigneur même de dangers mineurs. Il ne faut pas plaisanter avec les démons car ils rient à vos dépends et ont généralement le dernier mot.

- Seigneur des glaces, vous n’avez ni à vous excuser ni à porter un fardeau qui n’est pas le votre. Ce que j’ai fait était en pleine connaissance des risques et aucunement sous la contrainte. Ce qui en a découlé est uniquement de ma faute, vous n’avez rien à vous reprocher

Si elle n’arrivait pas à accrocher son regard ce n’était rien elle savait que ses mots seraient dans son esprit et elle n’avait pas besoin de plus. Le seigneur de ses contrées était assez sage pour distinguer le nécessaire et l’inutile.

- De plus, vous avez un devoir envers le peuple je ne vais pas vous faire la leçon mais ne l’oubliez pas.

Bien des personnes n’auraient jamais dit le quart de la moitié à leur seigneur dans toute leur vie mais pas Yuuki. Elle n’avait pas peur de bousculer si c’était nécessaire et puis le seigneur du kami Buffle ne l’avait jamais reprise …enfin pour l’instant. Elle continuerai tant qu’il ne lui ferait aucune remarque et elle emboita le pas direction les portes de la ville.

[hrp] je crois que je n'arrive plus à faire bref ...[/hrp]