C’était par un jeune et très frais après-midi qu’Ayumu put atteindre Suigyuu où elle trouverait enfin quelque chose à se mettre sous les crocs. Il fallait dire qu’en cette période enneigée, pas mal de son gibier préféré était parti en hibernation, et que les bois aux abords du temple Iriwaku étaient, en plus de déserts, assez dangereux à fréquenter. Bien qu’elle adorait la neige, Ayumu n’eut d’autres choix que de se rendre et de se risquer dans la ville, parmi les humains, le temps de se remplir la pense de mets délicieux à la viande ou au poisson. Et d’en apporter en cachette jusqu’au temple. Elle espérait aussi se dépêcher, souhaitant inquiéter le moins possible les religieux pourtant accoutumés à ses chasses et à ses fugues.
D’un autre côté, la petite sauvageonne était contente d’être là où elle pourrait, le plus aisément du monde, reprendre des forces pour le trajet retour. Les forets et les montagnes entourant de toutes parts la grande ville se révélant vraiment impraticables sous la neige et sur la glace.

Ayumu s’enfonça dans la ville enneigée et put remarquer que les humains Suigyuuku n’hibernaient pas, eux. Les rues vivaient, ignorant la météo et le froid. Toutes les personnes ici présentes vaquaient à leurs occupations le plus naturellement du monde. On remarquait aisément qu’ils y étaient habitués depuis leurs premiers jours pour la plupart d‘entres eux.
La petite, après avoir parcouru plusieurs rues, vit et sentit une grande terrasse où les plus téméraires prenaient leurs déjeuners comme si de rien était. Elle s’y rendit, avançant à quatre pattes, dissimulées par les tables et les chaises, paradoxalement discrète. Et vola, pour commencer, une brochette de poisson à un vieil homme qui ne l’avait même pas remarquée. Ce poisson n’avait pas l’air très frais à l’odeur, mais Ayumu, sous la table, ne se plaignit pas et se contenta de ceci pour reprendre un peu de force. Puis, vint le tour d’un mochi*. Là encore, personne ne remarqua la fine mais terreuse main d’Ayumu se servir dans le plat. Après tout, les victimes semblaient trop occupées à trinquer et à rire.
Aucunement rassasiée, la jeune sauvageonne glissa de table en table sans trouver ce qu’elle était venue chercher. Mais, après quelques minutes, elle put enfin apercevoir …de la viande !
L’eau à la bouche, elle s’approcha donc à pas de loup du fameux plat de Kushi-age *² et, une fois assez proche et bien dissimulée, leva la main pour l’attraper. Cependant, le type au nez coulant et aux grosses joues rouges qu’elle allait voler, lui mit une imposante et solide patte dessus avant de la soulever.

Furieux, il gueula quelque chose, mais Ayumu était trop occupée à se tortiller comme un asticot afin d’atteindre la main pour la mordre et l’inciter à la lâcher. En vain. Il la tenait bien trop fermement. Agacé qu’elle ne l’écoute pas, l’homme la gifla violement. Néanmoins, la petite sauvageonne réceptionna cette main menaçante avant que cette dernière puisse lui asséner la claque, et y planta ses crocs aussi fort qu’elle le put. Surpris par la douleur, le type s’agita avant de l’envoyer contre le mur le plus proche où , trop fragile, Ayumu perdit connaissance tandis que le gérant du restaurant accourait pour calmer la situation sous les regards intrigués des clients.

*mochi : préparation à base de riz gluant à consommer lors de grandes occasions.
*²Kushi-age : brochette de viande ou de légumes frites.

Je me souviens encore que jour-ci il faisait frais, voir même froid... j'arpentais les rues, comme tout bon samouraï qui servait son seigneur, il veillait également au bon fonctionnement de la ville.
Vol, violence, etc. Je regardais les diverses maisons et magasins... Tout était calme jusqu'à ce que j'entende un bruit de table voler non loin de là où je me trouvais.

Un homme assez imposant, et tout aussi bruyant, était fou de rage bien que je n'en connaissait pas encore la raison, je me devais d'aller voir ce qui se tramait. Je voyais le gérant tentant de le calmer mais apparemment il refusait d'écouter ce qu'il lui disait. Je voyais tout autour le regard intrigué des clients du restaurant envers cet homme. Arrivé au milieu de l'action, l'homme s'en prenait a une
petite fille qui était évanouis, sans doute du à un choc ou un coup de cet homme.

Quel qu'en soit la raison je ne pouvais pas ne pas intervenir et il était de mon devoir de calmer les choses par la diplomatie avant tout.

- Ohayoo gozaimasu san. Dis-je en m'adressant à l'homme furieux. Je vous serais gré de bien vouloir vous calmer et de partir de ces lieux.

L'homme n'en croyait pas ses yeux, il était encore plus fou après avoir entendu ses paroles, ne pouvant le raisonner, je décida donc d'employer la manière forte... avant qu'il n'ait pu se rapprocher de la petite fille, je dégaina mon katana le pointant dans son dos, juste assez pour qu'il sente qu'une arme et sur le point de l'enfoncer.

- Je me répète, je vous serais gré de bien vouloir vous calmer et de partir de ces lieux.

Il du se résigner à obéir... en même temps, quel citoyen se rebellerais face à un homme armé...

Je me rapprocha de la petite qui était effrayée apparemment par l'action qui venait de se dérouler. Je tenta de communiquer avec elle pour la rassurer que tout allait bien.

- Salut petite, viens, c'est finis. Je vais te ramener chez toi, d'accord ?

Je regardais les yeux de cette petite effrayée, et j'attendais une quelconque réponse en espérant que tout ceci se passe sans la moindre histoire, je n'avais pas l'habitude de m'occuper d'enfant...


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HRP : Désolé du temps de réponse, et tout ça pour un RP assez médiocre... Je sens que ça va être plus dur que prévus ^^

La petite sauvageonne émergea en battant des cils. Dos au mur, elle vit d’un regard encore incertain une forme ressemblant à un homme brun vêtu d’un kimono bleu menacer d’une arme le type qui s’en était pris à elle quelques instants plus tôt.
Mais quelque chose la frappa et la gêna bien plus que ceci. Dans un demi-sommeil, Ayumu s’agitait afin de se débarrasser de la douloureuse torpeur due au choc. Il y avait aussi ce mal de dos et cette migraine insupportables….

Vint un moment où l’homme armé s’approcha d’Ayumu et l’invita à le rejoindre pour la ramener chez elle. Mais méfiante, la gamine ne l’entendit pas de cette oreille. Tandis que son regard apeuré recouvrait un peu de netteté, elle restait immobile et adossée au mur. Si le samouraï, car ainsi équipé, il devait en être, avancerait dans sa direction, elle bondirait sur ses pattes et s’enfuirait.

Ayumu avait déjà trop fait confiance aux humains. Abandonnée à plusieurs reprises et même parfois maltraitée, elle avait décidé de ne plus accorder sa confiance à n’importe qui, et aux porteurs d’armes en particulier. Après tout, ceux-là se baladaient avec des outils servant la douleur et la souffrance, comment pouvaient-ils être dignes de confiance ?
Ce n’était pas, non, surtout pas, ce combattant- que la gamine avait vu si agressif envers un des siens- qui allait déroger à la règle.

Or, ce qu’Ayumu ne savait pas, c’était que ses jambes, tremblantes après le choc, n’auraient plus la force de la porter si elle viendrait à s’enfuir.

Il était rare de voir les animaux s’entre-aider quand ils n’étaient pas doués d’empathie. Ayumu aurait juré que les humains étaient de ceux-là, mais voir l’homme qu’elle craignait alors lui payer et lui proposer de la nourriture lui permit d’en douter. Bien sûr, elle en fut intriguée un moment. Mais avait-elle l’air si crédule ?
Il pourrait bien s’agir d’un piège, puisque ces bêtes-là savaient y faire. D’autant plus que les guerriers savaient, pour la plupart, se battre à mains nues. Alors, Ayumu après avoir méticuleusement fixé la pomme et le riz, avança doucement la patte. Elle voulait surveiller la réaction de l’homme; le moindre geste, s’il se trouvait mal interprété, pourrait ruiner cet instant, ce soupçon de confiance à tout jamais.

Ses pattes finirent par se poser sur la nourriture. La petite sauvageonne le défia du regard, très visiblement méfiante. Elle semblait lui signifier que s’il lui faisait quoique ce soit, il le regretterait amèrement. Il était assez comique de voir ce petit bout de femme, fluette et fragile, affronter ainsi un guerrier du regard. Cependant, elle avait étudié plusieurs mois auparavant avec un excellent assassin. Et ses griffes métalliques ne la quittaient jamais depuis qu’il l’avait laissée au temple. Elle était donc certaine de ses acquis et ne savait pas encore à quel point les hommes s’avéraient plus fort que les femmes.

Finalement, le samouraï se montrant parfaitement impassible, elle prit les présents avec ravissement et plissa les yeux pour le remercier comme il était de coutume chez les félins. Elle en oublia même la douleur et les fourmis qui courraient dans ses jambes après le choc du mur. Or, décidant que manger en public était assez indécent, la gamine voulut entreprendre la recherche d’un endroit confortable pour consommer ses délicieuses offrandes _ bien qu’il ne s’agisse ni de viande, ni de poisson.
Elle se redressa donc sur ses quatre pattes et avança, mais en boitant. Elle ne se plaignit pas, malgré qu’une de ses jambes ne touchent le sol, envieuse de préserver sa sécurité. Seulement, son équilibre sur deux appuis demeurait assez précaire et la pomme et le riz ne tardèrent pas à toucher terre, au grand malheur de la fillette, laquelle put récupérer sa pomme. Pour le riz, c’était une autre histoire …

Tout le monde avait connu un jour la frustration d’un repas gâché. Ayumu en avait les larmes aux yeux, ce qui témoignait de son appartenance à l’humanité malgré son comportement pour le moins inhabituel. Après avoir considéré les milliers de grains perdus, elle tourna un regard désespéré vers l’homme qui les lui avait offerts…

Très triste d’avoir ainsi gâché la nourriture que le samouraï lui avait aimablement donnée, Ayumu avait considéré son bienfaiteur avec une singulière déception. Se traitant d’idiote à voix basse et dans une syntaxe horrible, elle ramassa seulement la pomme dans la main de l’homme _ puisque le riz était maintenant irrécupérable _ et croqua doucement dans le fruit d’automne.

Son gout acide et sucré était encore inhabituel pour cette jeune sauvageonne qui dévorait la viande fraiche comme un fauve depuis toujours. Mais ce n’était pas désagréable. Elle trouvait même ça plutôt bon. Un sourire, qui n’avait étrangement rien de félin, illumina son visage quand le samouraï lui dit qu’il lui paierait le repas de son choix plus tard.

Décidément, ce samouraï était très gentil. Bien qu’il portait le katana, elle ne l’imaginait pas faire du mal à ses congénères. Seulement les menacer, ou juste se défendre en cas d’extrême urgence ? En quelques minutes, toute méfiance avait disparu. Ayumu était maintenant comme toutes les jeunes filles de son âge, c’est-à-dire insouciante et naïve, un rien perdue. Bien qu’elle demeura curieuse de tout.

Elle fut tout de même intriguée lorsque le samouraï lui présenta son arme. Que voulait-il qu’elle fasse avec un objet si dangereux, si macabre ? Ses yeux se firent ronds. Elle l’empoigna, fixant l’homme devant elle quelques secondes avant de lâcher et d’abandonner tout bonnement le prêt dans la neige.
Sans s’en occuper d’avantage, comme les chats font parfois quand on les ennuie, elle se retourna vers sa pomme et la finit à belle dent, ou plutôt à beau croc.

D’un signe de tête et en plissant les yeux, elle remercia ensuite le guerrier avant de lui dire, sur le ton de la confidence :
« Ayumu habite temple. Ayumu habite Iriwaku. »
Elle s’élança alors, contente d’avoir retrouvé ses forces et un aimable compagnon de route.