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 Les bienfaits de l'ignorance

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Fukyuu Chieko







Fukyuu Chieko

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MessageSujet: Les bienfaits de l'ignorance    Les bienfaits de l'ignorance  EmptySam 31 Mar - 4:38

    L'odeur de la soupe miso se propageait dans toutes les chambres. Aux bruits de pas se mêlaient les rires et les cris des voyageurs. Chieko repoussa la couverture puis roula sur le tatami. La tête d'un petit garçon apparut. Un sourire tendre passa sur ses lèvres alors que ses mains se posaient sur les joues douces. Sei était de ces nombreux orphelins maltraités par la vie et surtout les combats des hommes. À son arrivée au temple, ses yeux ressemblaient à ceux d'un animal apeuré. Du temps et de la patience avaient été déployés afin de l'apprivoiser. La confiance envers les prêtresses et les moines lui avait permis de retrouver le sourire mais les inconnus le terrorisaient. La jeune femme se redressa déposant un baiser sur son front au passage. L'une des trois autres femmes présentes dans la pièce la salua d'une voix chaleureuse. Les autres s'éveillèrent à leur tour tenaillées par la faim. Au petit matin, la bonne humeur régnait au sein du petit groupe. En échangeant quelques mots, ils se rendirent dans l'immense salle du repas puis se frayèrent un chemin parmi les tables animées. Une adolescente à la voix chantante se précipita vers eux. La brune l'écouta distraitement prenant au final comme ses comparses. En silence, elle avala son petit déjeuner et remonta de suite se préparer.

    Ses bras glissèrent dans les manches d'un kimono noir. Des motifs floraux ornaient le bas et si l'oeil prêtait attention aux fleurs, il pouvait remarquer des papillons s'en échapper pour remonter dans son dos. Une prêtresse apparut discrètement et noua un obi mordoré autour de sa taille. Si Ryuu était une ville alliée, la discrétion demeurait une sage décision. Les doigts agiles se saisirent de ses cheveux, les ramenant en chignon. Deux piques en métal avec des grues au bout maintinrent la coiffure improvisée. Enfin habillée, elle glissa trois fuda et une bourse entre sa ceinture et son kimono puis comme pour chercher l'approbation de la prêtresse, Chieko se retourna vers elle. Ses doigts mordillaient sa lèvre inférieure lui donnant un air de petite fille. Sa subalterne réprima maladroitement un rire qui provoqua sur-le-champ le départ de la jeune femme.
    La précipitation menant aux bêtises, ses geta manquèrent de glisser et de l'entraîner dans une chute peu gracieuse. Agacée, elle jura entre ses dents sans se soucier des regards réprobateurs des passants. La journée s'annonçait bien trop remplie pour accorder de l'importance à ce genre de détail. Mais avant toute chose, il lui fallait mettre la main sur quelqu'un.

    Bien plus digne, elle trotta à travers les ruelles songeant au profil idéal ainsi qu'aux règles à imposer. Il en fallait pour qu'une situation ne se détériore pas. Ses sourcils se froncèrent délicatement. Un trentenaire s'essoufflerait à la mi-journée, elle avait déjà testé. Aux alentours de la vingtaine, leur efficacité lui avait plu mais certains avaient, en réalité, plus de bagout que de muscles. Plus jeune ? Pourquoi pas s'il y avait. L'animation des rues réjouissait les âmes vagabondes. Des aubergistes menaçaient des hommes encore imbibés de saké alors que des enfants criaient le nom de friandises qu'ils vendaient avec leur mère. Parfois leur insistance fâchait un passant dont la colère pouvait exploser. Ses moments ralentirent sa progression mais ne l'empêchèrent pas d'arriver à son point de chute. Quelques hommes, sabres à la main, sortaient d'un bâtiment défraichi. De tous les âges, ils s'entretenaient à bâton rompu de leur futur travail. La jeune femme les dépassa et entra en lançant joyeusement une phrase.

    « - Je vais encore avoir besoin de vous ! »

    Un homme d'une cinquantaine d'années, la joue droite balafrée, lui adressa un regard las. Encore elle. Cette petite demoiselle avait le don de maltraiter ses employés d'un jour. Lui n'en savait rien mais quelques gars lui avaient raconté que le programme n'était pas une sinécure.,Enfin ce n'était pas son problème. Il ne servait que d'entremetteur entre quelqu'un qui avait besoin de bras et un gars à la recherche de travail. Il se frotta le menton, l'air pensif.

    « - J'suppose qu'il vous faudra un p'tit jeune c'te fois... Y en a un d'arrivé, vous l'avez peut-être loupé. Même chose que d'habitude ? »

    Elle hocha la tête en souriant. À chaque fois, elle lui demandait un accompagnateur bien précis. Honnêtement, il hésitait entre une jeune épouse fuyant son mari ou une demoiselle aux affaires étranges. Rares étaient les femmes qui s'aventuraient dans son coin et si elles avaient besoin d'être protégée, leur frère, leur père ou leur époux se chargeait de trouver la perle rare. L'homme avait tenté d'en savoir plus mais les questions se muaient imperturbablement en tissu d'énigmes. Déçu, sa voix grave retentit.

    « - Hé le p'tit jeune, y a du boulot pour toi ! »
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MessageSujet: Re: Les bienfaits de l'ignorance    Les bienfaits de l'ignorance  EmptyDim 1 Avr - 13:15

C'est en sursaut que Shô se réveilla à nouveau. Le jeune homme était hanté par un cauchemar, le cauchemar de sa vie qui malheureusement a bien été réel. Voir son père, sa seule famille mourir devant ses propres yeux, sans avoir pu faire quoi que ce soit est horrible. C'est quelque chose qui continuera de le hanter pour le reste de sa vie. Une fois levé dans une très petite chambre crasseuse qu'un habitant lui avait prêté pour la nuit, il s'échappa par la fenêtre pour ne pas à avoir payé quoi que ce soit à cette personne.
Le soleil tapait bien sûr Ryuu aujourd'hui. Le jeune épéiste venant de Suigyuu avait fait un assez long voyage. En chemin il n'était pas facile de vivre comme on le voulait, pas comme quand on est chez soit. Plus d'argent, obligé de chasser pour se nourrir, chercher des heures après de l'eau. Par contre, si on a de la chance on peut s'attaquer aux passants pour leur prendre leur nourriture et autres. Le jeune homme avait pris la route de l'ouest pour une raison inconnue par pur hasard. Une fois qu'il était arrivé à Ryuu il se fit déjà attaquer par des autres brigands qui croyaient s'attaquer à un gamin sans défenses avec de l'argent, ect...
Et c'est avec un sourire aux lèvres que le jeune homme leur apprirent une bonne leçon en laissant quelques cicatrices sur leurs corps affreux. Vieil homme dans la cinquantaine témoin de son petit tour s'approcha de lui. Cet homme lui proposa aussitôt quelques travailles voyant sa situation. Trop fière pour accepter une proposition d'un vieux bandit. Il ignora l'homme et continua sur sa route. Le vieux lui avait dit ou il était possible de le trouver au cas ou. Et c'est avec cet homme en tête que Shô marchait dans les rues de Ryuu avec le ventre vide, faute d'argent. La ville de Ryuu était assez habité et vivante. Beaucoup de personnes y respirait la joie de vivre. Une joie qu'il avait perdue depuis quelques années maintenant. Une fois arrivé dans un coin plus sombre de la ville il savait qu'il était à la bonne adresse. Il entra sur de lui dans le bâtiment indiquer et voyait le vieux assis quelques tables plus loin. Le silence régnait dans la salle et tous les regards étaient fixés sur lui. C'est avec un visage sur de lui et sans émotions qu'il s'approcha du vieux. Quelques hommes se levaient, mais se rassit vite après que l'homme à la balafre sur la joue leurs fit signe de ne pas s'inquiéter.

-Alors gamin, t'es quand même venu! Ben j'aurais besoin de quelques infos sur toi p'tit gars!

Après quelques minutes de jacasses ou le vieux n'aura obtenu que son nom et son talent avec l'épée, il l'accepta et était prêt à lui donner un boulot quand il en aurait l'occasion. Satisfait de l'homme, Shô quitta l'établissement pour aller se chercher à manger... dans les bois. Mais quelque chose attira l'attention du jeune épéiste. Une odeur, une odeur de femme, dans un endroit comme celui-ci. Cela l'intrigua vraiment. En se retournant il vit une jeune demoiselle rentrer dans le bâtiment. Normalement il se ficherait de la femme en question, mais celle-ci n'inspirait aucune mauvaises intentions enfin c'est ce qu'il croyait. Curieux de savoir ce qu'elle voulait il retourna sur ses pas pour aller voir. Il entra et se fit déjà adresser.

- Hé le p'tit jeune, y a du boulot pour toi !

Surpris il regarda la personne qui se trouvai en fasse du vieux et vit la jeune femme. Il s'approcha pour mieux pouvoir observer sa futur patronne. Les autres gars avaient l'air assez soulagé d'une certaine façon. Il se mit devant elle et était une bonne tête plus grand que la femme. Son regard croisa le sien. Dans le regard de cette jeune femme ne se trouvait aucune peur, hésitations, rien. C'était pur. Un regard qui lui rappelait vaguement celui de sa mère. Le jeune homme détourna le regard pour enfin ouvrir sa bouche.

-Que suis-je supposer faire?

Une façon peu commune de s'adresser à une personne, mais se présenter n'était pas son point fort, pas qu'il n'a pas bien été élevée, mais parce qu'il n'aimait pas parler de lui. Maintenant le mystère reste de savoir ce qu'une jeune et jolie femme comme elle attendait d'un homme comme lui et surtout qu'est-ce qu'elle fait dans un endroit pareil...
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MessageSujet: Re: Les bienfaits de l'ignorance    Les bienfaits de l'ignorance  EmptyMar 10 Avr - 12:57

    À son entrée, le jeune homme la surprit. Il avait l'air jeune mais pouvait rivaliser avec certains gaillards. Les lèvres du balafré esquissèrent un sourire en coin. Ma petite demoiselle, vous trouverez pas mieux ailleurs. Chieko fronça le nez sans pour autant délaisser le brun des yeux. Sa taille ne l'intimidait pas et elle jugeait même amusant qu'un tel gaillard détourne le regard. Un léger rire s'échappa à ce geste. Quant à la question, la grande prêtresse la mit volontairement de côté. Ses mains remontèrent les manches de son kimono et à la manière d'une paysanne tâtant un bestiau au marché avant tout achat, ses doigts coururent sur les bras de l'arrivant puis sur son torse ne brisant tout de même pas la barrière de tissu. Certains se méprenaient sur ses actes et une fois, leur tâche attribuée ne comprenait pas l'absence de récompense en nature. Cette attitude n'était sans doute pas vraiment d'une personne de sa fonction, cependant personne ne le savait. Lorsque l'examen s'acheva, une expression plus que satisfaite apparut sur son visage. Il ferait l'affaire. Elle remit ses manches correctement puis extirpa la petite bourse. Le paiement prit place à la droite d'une coupelle vide. L'homme ricana. Décidément, elle ne changeait pas. Dos au jeune homme, elle souffla d'une voix douce.

    « - Vous allez être mon garde du corps aujourd'hui... »

    Ce fut sa simple réponse. Elle ne jugeait pas nécessaire de s'étaler sur tout le programme de la journée. Un air malicieux passa sur son visage alors que ses yeux guettaient la réaction de son employé temporaire. Tapant dans ses mains, elle signala que l'affaire était réglée. Pour fêter cela, l'homme se versa du saké et en but une gorgée. Pendant ce temps, Chieko s'approchait à nouveau du jeune homme. Les sourcils très légèrement froncés, elle le détailla puis avec le dos de sa main droite, tapota son torse.

    « - Vous serez... Samourai-kun ! »

    Malgré sa voix douce, il ne fallait pas revenir là-dessus. Son vrai prénom ne l'intéressait pas. Tout comme sa véritable profession. S'il possédait une épée, il savait y faire avec les armes. Elle n'avait jamais eu aucun désir de se farcir la tête avec toutes les subtilités des guerriers, les moyens de reconnaître qui étaient qui – elle n'était pas certaine que cela existe – et tout un tas de petites choses qui lui échappaient. Pour le reste, il lui paraissait jeune, plus jeune que Ondorie-sama en terme de comparaison. Comme pour couper court à toute question, elle ajouta.

    « - Vous pouvez m'appeler Chou-san. »

    Sa voix était chaleureuse, un peu espiègle comme si elle rencontrait de nouveau, après de longs mois, un vieil ami. À vrai dire, elle appréciait ces rencontres avec des inconnus. Ils étaient amusants, râleurs, intéressants, prétentieux. Ils étaient tous différents et la traitaient tous différemment. De ceux qui la percevaient comme une jeune femme bien née capricieuse à ceux qui l'imaginaient en épouse inflexible bien. Elle ne percevait pas le danger et pourtant nombre d'entre eux auraient pu la blesser ou lui infliger bien pire sans qu'elle soit en mesure de se défendre. L'entremetteur regarda les motifs du kimono, l'air amusé. Il en avait entendu des noms différents dans la bouche de cette femme et à chaque fois, ses yeux cherchaient le sens de ce choix. D'un signe de tête, la grande prêtresse salua le propriétaire des lieux avant de sortir à petit pas. Dehors, elle se retourna vers le brun. Ses bras se croisèrent dans son dos alors qu'elle l'attendait.

    « - Sa-mou-rai-kun., nous mangerons ensemble ce midi. Je paierai votre repas et je vous donnerai votre salaire en début de soirée. Pour le moment, nous devons nous rendrez chez un artisan.»

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