[Suite de : Dango quand tu nous tiens]

Devant moi se forment des enchevêtrements et des ensembles de liens que je dois effectuer entre les chiffres, les caractères et autre données.
En regardant l’heure, je ne peux m’empêcher de me demander où peut bien se trouver Jun. Cela fait au moins seize minutes que Kora est allé porter mon message. Je vais devoir punir cette dernière si Jun ne se montre pas. J’aimerai bien qu’elle me fasse rapidement son rapport, car cela m’empêche de me concentrer pour l’affaire interne que j’essaie de régler. Je sais que le monde est petit, ce n’est peut-être qu’une coïncidence, mais je voudrais savoir si elle a apporté le général volontairement ou non. Elle a une idée derrière la tête et je meurs d’envie de la connaitre.

Cette petite est intelligente. Très intelligente. Peut-être trop. Ma paranoïa me dit de m’en méfier, mais je ne peux m’y résoudre. Si je me méfie de tout le monde, je vais finir par devenir fou et me détruire moi-même. Il faut bien que je me fie à quelqu’un, et ce sera Jun. Je l’ai décidé dès que je l’ai rencontré.
Quand je cherchais une servante, on m’en a proposé des dizaines et des dizaines, allant de la pleurnicheuse à l’apeurée. Mais Jun, j’ai tout de suite vu dans son regard qu’elle n’égalerait jamais toutes celles que je pourrai trouver.

Quoi qu’il en soit, cette rencontre avec le général, bien que surprenante, a été plus qu’instructive. Je ne pensais pas qu’il aurait un faible pour la petite Jun. Il est jeune, ses hormones doivent le travailler. Si j’avais su, je les aurais fait se rencontrer plus tôt.
Ceci dit, je n’aime pas beaucoup qu’un inconnu entre chez moi sans l’y avoir invité par ma propre personne, mais c’était pour la bonne cause. Je vois bien qu’il ne fait pas confiance, pas pour l’instant du moins. Il se doute peut-être de quelque chose, qui sait ? Ma première règle, c’est de ne jamais sous-estimer son interlocuteur.
Cependant, je vois très bien qu’il ne considère pas Jun de la même façon. Et dans le futur, s’il peut donner sa vie pour Jun, il la donnera pour moi.

C’est avec un sourire que j’entends des petits pas arriver dans ma direction.

- Il était temps, Jun. Allez, assis-toi et raconte-moi ce que tu manigances.

Jun arriva avec un plateau jonché de gâteaux traditionnels en tous genre. Elle les déposa près de son maître, puis en prenant soin de glisser son kimono sous ses genoux, elle prit place en en face de lui avec un sourire non dissimulé sur les lèvres. Amusée, elle attendit quelques moments avant de formuler sa réponse à son maître. Il était impatient, ce qui semblait plutôt normal au regard de l'invité inattendu qu'il venait de recevoir.
La servante l'avait rencontré au hasard. Bien entendu elle ne mentionnerait pas l'épisode des dango à Junji, elle savait qu'il la réprimenderait. Après avoir appris l'identité du général qui, elle l'avait remarqué, la regardait avec un peu trop d'insistance, Jun avait décidé de se rapprocher de lui autant qu'elle en serait capable. Akechi était haut placé dans la hiérarchie du clan, une alliance avec lui n'en serait que profitable.
Et puis il y avait un autre point important chez cet homme.

Umano Akechi était jeune. De corps, certes, mais d'esprit également. Il était d'un laxisme qui, Jun avait tout fait pour ne pas montrer à quel point cela la choquait, dépassait largement les limites du raisonnable. Avec ses hommes comme avec ses devoirs, songea la servante en posant son regard sur un gâteau de riz. Akechi ne serait pas difficile à berner quand bien même il aurait des soupçons sur eux.
Le plus important, cependant, restait de trouver comment en tirer parti.

Jun leva ses deux grands yeux noirs vers son maître et lui daigna finalement lui accorder ses pensées.

- Ce général est complètement insouciant, Maître. Je l'ai croisé en allant chercher votre thé et dès que j'ai appris sa position, j'ai cherché à m'en faire un ami. J'en ai également profité pour faire quelques... Tests.

Jugeant que son maître ne protesterait pas, elle se saisit du gâteau qui avait attiré son attention et le fourra dans sa bouche sans plus de cérémonie.

- Je me ch'uis fait voler votre bourch'e pour voir comment il courserait le voleur. Et bien je dois dire qu'il est ach'ez...
Elle prit le temps d'avaler, puis continua.
- Rapide. Et violent, avec ça. On ne risque pas de l'avoir par la force, celui-là. Et puis vous avez constaté lorsqu'il se séchait qu'il était également doué de ses, et bien, dons. Enfin, nous n'avons pas à nous soucier de cela dans l'immédiat. Je veux dire, il faut que nous trouvions un moyen pour qu'il vous profite, Maître.

Car le problème était bien là. S'ils voulaient se servir d'Akechi, encore fallait-il trouver comment. Il y avait bien un millier de façons de s'en sortir, mais Jun n'était pas à même de trouver laquelle leur serait la plus profitable. Elle savait qu'elle avait tendance à être un peu trop pressée. C'était un de ses défauts, et c'était exactement la raison pour laquelle il était toujours profitable qu'elle converse avec Junji.
Elle attrapa un second gâteau avec lequel elle commença à jouer.

- Je pense qu'on pourrait se servir de l'affection qu'il commence à me porter pour vous rapprocher. Mais bon, ce ne serait ni rapide ni nécessairement efficace. Il a l'air d'être aimé de ses hommes, alors s'il lui arrive quelque malheur...

Elle ne termina pas sa phrase et se contenta de mordre dans son gâteau. Plusieurs idées germaient dans son esprit à mesure qu'elle formulait clairement ses pensées, mais elle préférait attendre de savoir ce qu'en disait Junji vers qui elle tourna de nouveau son regard.

Elle prend son temps, avançant dans la pièce de ses petits pas bien délicats. Alors qu’elle dépose gracieusement les différents mets sur mon bureau, Jun ne m’accorde pas un seul regard. Je vois très bien dans son sourire en coin qu’elle s’amuse effrontément à me faire attendre. Elle sait que je ne supporte pas quand elle ne crache pas le morceau alors qu’elle a la réponse à mes questions. Cependant, je la regarde faire. Plus je la presse, moins elle me donne rapidement ce que je veux.
Enfin, elle relève la tête et me fixe de ses yeux noirs, complètement différent de tout à l’heure. Je vois qu’elle a repris ses bonnes habitudes car je retrouve finalement la Jun que je connais, loin de ces mièvreries dont elle peut faire preuve quand elle cherche à obtenir ce dont elle a besoin. La jeune demoiselle en détresse de tout à l’heure s’est complètement effacée.

Jun commence alors son rapport avec précision sur ce qu’elle a entrepris avec le jeune général. Elle se sert dans les gâteaux qu’elle a apportés pour moi. Enfin, pour elle. Je n’aime pas les sucreries. C’est mauvais pour les dents, et donc pour le sourire. J’ai beau le répéter à Jun, mais c’est son plus grand vice.

- Umano Akechi est un général, donc c’est un bon guerrier. De toute façon, je ne compte pas un jour avoir à le combattre sur le champ de bataille. Toutefois, il fait partie de ces idéalistes qui ont de grandes valeurs. Il sera facilement prévisible et utilisable, nous n’aurons pas besoin de le confronter physiquement, même s’il ne faut surtout pas le sous-estimer non plus. Je le pense très capable de déjouer nos tours si nous sommes trop confiants.

Je me gratte la joue pendant qu’elle me parle de son attirance pour elle. Jun marque un point. Ce sera peut-être trop long et fastidieux de le faire tomber amoureux de Jun. Cependant…

- Tu lui plais. C’est une certitude. Mais je te rappelle qu’Akechi se marie bientôt avec une capitaine Sahura, Tsubaki Keira. J’y ai été invité par le général lui-même il y a quelques semaines. Et évidemment, maintenant plus que jamais, il est hors de question que j’y aille sans toi. Pas la peine de ronchonner. Je sais que tu n’aimes pas les fêtes mondaines, mais je ne pourrai pas me passer de toi sur ce coup-là. Akechi est attaché à son code d’honneur et la fidélité doit être sur sa liste, mais un homme reste un homme.

Il faudrait quand même faire attention. Tsukabi Keira est une fille intelligente, et rusée. J’ai déjà eu affaire à elle quelques fois. Elle utilise beaucoup son cerveau sur le champ de bataille, ce qui pourrait poser un problème. Elle se fera beaucoup moins bernée qu’Akechi, ce qui risque de détruire nos avancées que l’on pourrait faire vis-à-vis de lui.

- Puis au mariage… Il n’y aura pas qu’Akechi. Son frère adoptif sera notamment présent, Umano Kenji, ainsi que tout la haute gente des clans Umano et Sahura. Ce sera un excellent terrain pour gagner des faveurs. Puis jamais tu trouves un futur allié potentiel, n’hésite pas à attirer son attention.

Ainsi, le général allait se marier. Eh bien, songea Jun en haussant les épaules, ce serait tant pis pour lui. Il n'avait pas idée de ce à quoi il échappait. Elle entendit néanmoins la nouvelle avec un sourire en coin sur les lèvres. Non, il ne saurait pas à quoi s'attendre. Mais cette femme dont parlait Junji ne lui disait rien de bon. Une capitaine Saruha. En voilà une qui allait leur donner du fil à retordre. Plus que jamais, ils devraient faire preuve de prudence dans leurs conspirations. Il ne fallait pas aller trop vite.
Et cela ennuyait Jun. Elle n'était pas patiente de nature.
S'ils devaient se méfier à présent, il faudrait tout faire dans les règles. Le regard de Jun glissa doucement vers le plafond alors qu'elle mettait ses méninges en action. Pour l'instant, elle pensait ne rien avoir fait de suspect. Mais elle n'était pas, et elle l'admettait à contre coeur, omnisciente. Ni son Maître, d'ailleurs. Il faudrait se méfier.

- Aller à ce mariage ne me semble pas une si bonne idée Maître. Il y aura énormément de gens importants là-bas. Un seul faux pas, et vous seriez décapité sur-le-champ. Et puis vous avez beau dire...

Elle reposa son regard malicieux sur lui.

- Vous n'êtes pas très doué pour cacher vos regards noirs, Maître. Vous êtes certain d'arriver à vous contrôler au milieu de toutes ces niaiseries ?

Il ne suffisait que d'un soupçon de la part de ces gens pour les faire espionner. Peut-être même l'étaient-ils déjà en ce moment. Frissonnant à cette idée, la servante balaya la pièce de son regard soucieux. Elle n'avait aucune idée de la façon dont s'y prenaient les shinobi pour épier les gens.
Comment pourraient-ils jamais le savoir ? Dans le fond, si on avait des soupçons sur eux, peut-être qu'ils seraient morts avant de même le savoir. Ces gens-là n'étaient-ils pas spécialisé dans l'assassinat ?
Jun fronça les sourcils et décida de piocher de nouveau dans les gâteaux que son Maître ne daignait pas toucher.

- Enfin, ch'i vous y tenez. Mais je ne suis pas pour.

Ses genoux commençaient à la faire souffrir. Mais dans ce stupide kimono, c'était quasiment impossible de trouver une position plus confortable. Avec un soupir, la servante se remit sur ses deux jambes et s'étira silencieusement. Elle jeta un coup d'oeil dehors. Tout semblait calme sur la demeure, même le ciel n'était tourmenté que par quelques nuages de-ci de-là.
Jun n'aimait pas cela.
Cette histoire de mariage ne quittait pas son esprit. Elle sentait qu'il y avait là quelque chose qui pourrait servir leur cause. C'était peut-être là même la raison pour laquelle son Maître était enthousiaste à l'idée d'y assister. Et pourtant, Jun n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Elle ne voulait pas creuser de ce côté mais... Il y avait tellement de choses dont ils pourraient profiter.
Serait-ce juste pour autant ?
La servante sourit en revenant s'asseoir devant son maître. Depuis quand en avait-elle quelque chose à faire ? Le code de conduite d'honneur et de justice n'était que pour les idéalistes et les hommes. Jun, elle, n'aurait jamais que de la loyauté pour son Maître.

- Si nous commençons à pécher de plus gros poissons, il va falloir redoubler de prudence. Est-ce que nous avons des hommes sur qui compter ici ?

Jun déposa ses mains sur ses jambes, l'air pensive.

- Il faudrait trouver un moyen de nous assurer que cet endroit, au moins, serait en sécurité. Mais je ne sais comment lutter contre les espions si nous n'en avons pas également.

- Pas très doué ? Je bafouille. Jeune Wakamoto, fais attention à qui t’adresse. Je léchais des bottes alors que tu étais encore dans le ventre de ta mère. Je voulais juste lui faire comprendre qu’il n’avait pas intérêt à essayer de te racheter. S’il croit que je prenais ses sous-entendus et ses regards comme innocent, il met le doigt dans l’œil.

Il peut prendre qui il veut. Je pourrai même faire des bénéfices avec certains. Mais pas Jun. Hors de question.

- Sinon c’est justement la raison pour laquelle il faut aller à ce mariage. Il y aura tout le beau monde d’Umano et Saruha. Nous en avons fini avec les petits poissons, il faut maintenant attaquer la haute gente ! Imagine tout ce que nous pourrions avoir si nous étions proches d’Umano Kenji ? Il pourrait me désigner successeur de son frère, Akechi. Ce dernier pourrait d’ailleurs nous aider à le croiser.

Il y aura des capitaines, des généraux, des chefs de clans… Il faut profiter de la chance que l’on a, elle ne se présentera pas souvent. J’adore les mariages. Ce sont des instants de fêtes où toutes pensées négatives sont bannies. Et je ne parle pas des hommes un peu enivrés. J’ai un bon pressentiment pour cette petite fête.

- Mmmh. J’ai des hommes un peu partout. Je ne leur fait pas autant confiance qu’à toi, mais j’en ai. Tu sais aussi bien que moi que si je suis devenu capitaine, ce n’est pas grâce à mes talents au katana sur le champ de bataille. J’ai beaucoup d’alliés dans ce clan, et un peu à l’extérieur. Et si jamais un jour, ça tourne mal, ils sauront m’être fidèles. Quelques un me doivent d’ailleurs plus d’une faveur.

Je voie bien que Jun est sceptique.

- Allez, ne t’inquiète pas. Nous ne tenterons rien d’idiot ou de présomptueux. Puis qu’est-ce qui nous risque d’arriver ? Que je me fasse décapiter pour « regard noir » ? De toute façon, dans tous les cas, tu n’as rien à craindre. Qui irait imaginer qu’une si jeune et jolie servante puisse comploter ? Puis personne ne s’est méfié de moi jusque-là, je ne vois pas pourquoi cela changerait.

Et ce n’est pas comme si on allait mettre ce clan à feu et à sang. Nous ne sommes pas des traitres. Pas forcément très loyaux non plus. Mais je n’aurais aucun intérêt à déclarer la guerre aux Umano.

- Des espions ? Eh bien je n’en ai cure, Jun. Dans cette pièce, personne ne peut nous entendre. Nous sommes au centre de la maison. Il faudrait qu’un ninja y entre pour nous espionner et, malgré leurs talents, ils ne peuvent pas se rendre complètement invisibles. Mes gardes déguisés en servant, ainsi que mes gardes officiels, ne sont pas aussi doués que les shinobis, mais ils ne sont pas aveugles. Ils sont très bien capables de les repérer si jamais ils s’approchent de cette pièce. Si jamais je trouve un ninja dans ma maison, j’enverrai une demande d’explication et ferait mon petit scandale.

Certains de mes amis verraient d’un mauvais œil que je meure dans des circonstances étranges. J’espère qu’Akechi en est conscient si jamais un jour il demande à ses shinobis de me supprimer. Ce ne serait pas très politique de sa part.

- Ne t’inquiète pas, Jun. Je sais ce que je fais. Aie confiance en moi.

- Vous savez très bien que je vous fais confiance Maître, soupira Jun en déposant son regard droit dans les yeux de Junji. C'est en tous ces gens de haut rangs que je n'ai pas confiance.

La mine boudeuse, la servante scrutait son maître d'un regard rempli de reproches. Aussi crétin et insouciant que soit cet Akechi, il devait avoir un cercle de proches qui l'avaient porté à cette position. Jun n'envisageait même pas la possibilité qu'il soit arrivé là du fait de ses seuls talents. Elle avait pu constater son habileté et sa rapidité. Il semblait également maîtriser ses dons. Mais un général devait avoir des dons stratégiques également. Il devait y avoir un stratège.
Ou peut-être la famille Umano avait-elle besoin de placer quelqu'un comme Akechi au pouvoir.
Quelle qu'en soit la raison, le fait était que si Jun et Junji étaient capables de comploter dans leur coin pour accéder à des positions importantes, ils ne devaient pas être les seuls dans leur cas. L'important était cependant de frapper au moment opportun. Et si ce mariage en était effectivement un ?
Mordant sa lèvre inférieure, Jun abaissa ses épaules et acquiesça finalement. Elle cédait à Junji le droit d'aller à ce fichu mariage.

- C'est vous qui avez le dernier mot, Maître. Mais entre nous, vous feriez mieux d'emmener votre femme et votre fille et de vous passer de moi.

En réalité, il n'y avait pas vraiment d'inconvénients stratégiques à ramener Jun. Mais la principale concernée n'était que peu encline à se précipiter dans ce genre de repaire à soldats. Sans parler du fait que du fait des célébrations, ce serait un buffet de gâteaux traditionnels sans commune mesure. Et elle, en tant que servante, ne pourrait même pas y toucher. Jun n'était pas masochiste. Tant qu'à faire, elle aimait autant ne pas pratiquer l'auto-mutilation.
Enfin, quoi qu'elle fasse, ce serait Junji qui déciderait.
Alors qu'elle s'apprêtait à demander à son maître de lui rapporter des gâteaux du fameux mariage, on frappa contre les portes en papiers. Jun sursauta mais constata avec soulagement que l'homme qui ouvrit la porte était l'un de leur servants. Il accompagnait une sorte de messager habillés aux couleurs du clan Umano. Une missive ? Maintenant ? Le servant se retira et le messager entra. Il fit quelques pas jusqu'au bureau de Junji puis se mit à genoux devant lui. Apparemment, ce n'était rien de confidentiel puisqu'il commença à parler sans demander à Jun de partir.

- Monsieur Umano vous fait porter un messager, mon capitaine. A Matsue, on fait convier un représentant du clan afin de discuter d'affaires qui pourraient nous apporter des avantages militaires. Vous avez été choisi à la majorité, ainsi vous demande-t-on de vous rendre au palais pour vous renseigner sur votre mission. Vous êtes libre d'emmener avec vous ce que vous désirez pour le voyage, hommes y compris.

Jun haussa un sourcil à cette dernière mention. Il n'avait pas dit femme, affirma-t-elle en jetant un regard mécontent à Junji. Elle avait le sentiment qu'il allait lui demander d'être de la partie. C'était hors de question, et elle ne voulait pas qu'il pense même à le faire.

- Ce n’est pas parce que j’emmène ma femme et ma fille, que je ne fais pas t’emmener toi. Ma fille est une merveilleuse quand il s’agit de plaire aux Dames. Elles fondent toutes devant elle. Puis si je n’emmène pas ma femme, on va croire que je suis un mauvais mari, ou pire, un mauvais père. Puis pendant que je parlerai aux Grands, tu t’occuperas d’elle en essayant de voir ce que tu peux apprendre de ton côté.

Un servant fait entrer un messager officiel d’Umano. Il me salue, récite sa missive, le visage solennel et sobre, puis dispose. Rien de plus, rien de moins. Les services officiels se font de plus en plus machinaux. Les traditions se perdent. Ce qui n’est pas plus mal, je dois avouer.

« Choisi à la majorité ? » Dans quelques années, je serai choisi à l’unanimité…

Tout ça pour des avantages militaires ? Nous avons beau être en paix avec pratiquement tout Hinamoto, je sens que la guerre approche et que je vais enfin avoir du travail. Tout le monde le ressent. Une ombre commence à s’abattre sur le pays et chaque membre de clans se prépare à sa manière.
Cette mission va encore être un jeu d’enfant. Les nobles ne peuvent pas me résister. Il suffit de trouver la bonne qualité à louer, et il vous adore comme si vous le connaissiez depuis toujours. Leur ego est une plaie. Mais quand vous pouvez le tourner en votre faveur, il devient une véritable bénédiction.

Le messager finit sur le fait que je peux amener qui bon me semble. Je lance un coup d’œil complice à Jun, qui me répond par un regard mécontent.

- Merci. Je vais au palais de ce pas m’informer de la mission.

Le messager et mon servant se courbent alors, pour quitter la pièce en refermant la salle, nous laissant à nouveau seuls. Je lance un ma servante un grand sourire.

- Jun. Prépare ton sac. Tu m’accompagnes.


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