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Sujet: Sentiments brigands Mer 22 Juin - 19:52
A l'extérieur du château du Seigneur du Clan Saruha, le vent hurlait, étouffé par les murs du palais, aussi robustes qu’imposants. Ce souffle sourd attira l'attention de Wakana, qui observa la ville de Saru par l'ouverture de la salle dans laquelle elle officiait. Cette salle avait été réservé pour la Usami, dans l'optique d'assurer au mieux sa charge de Stratège. La pièce était meublée d'une large table basse, sur laquelle était déposée une carte des alentours ainsi que maints parchemins empilés, et d'un tapis de kotatsu de bonne facture à l’extrême, qui remplissait avec perfection les exigences de confort de la jeune femme. La brume opaline couronnait la ville et ses alentours, et on apercevait, avec assez de mal, l'orée de l'immense forêt dense qui caractérisait les terres des singes. Bien que le Clan Saruha n'était pas en conflit, Wakana prévoyait perpétuellement d'innombrables tactiques de guerre, permettant de riposter à d'éventuelles offensives. La sûreté ne régnait jamais sur l'Hinomoto. Mais, fidèle à ses habitudes, la Usami se laissa distraire par le monde extérieur, et en oublia les projets sur lesquels elle s'était penchée toute la matinée durant.
Un éclaireur, converti en coursier pour une mission, débarqua dans la salle, ce qui rappela l'esprit de la Stratège, qui déambulait par-delà les nuages. Exténué par son long voyage, l'éclaireur s'inclina, parchemin à la main. Wakana, alors assise sur ses talons, se leva, et se dirigea vers l'arrivant, saisissant le pli pour lequel il avait parcouru d'innombrables lieues. En effet, sa mission consistait à apporter la lettre, au prix de sa vie, au château du Seigneur Kotaro. L'homme venait d'un yamajirô isolé et sûr, qui trônait parmi les cimes de la forêt adjacente à Saru. Elle reconnut le sceau du Clan Saruha, et fronça les sourcils à la lecture de la présente. La Stratège remercia le coursier, lui présenta quelques Ryô, et lui donna la permission de disposer. L'éclaireur s'empressa de se saisir des pièces, et de quitter la salle, affichant un air aussi improviste qu'à son arrivée. Wakana relut le parchemin, le déposa sur la table, et décida de prévenir le Seigneur de Saruha le plus vite possible. Une histoire de brigands, assez banale en apparence, mais quelques assassins du Clan périrent lors de la rixe, et six des malfrats s'étaient enfuis, se rapprochant dangereusement de la ville de Saru.
Et la jeune tacticienne de quitter à son tour la pièce, et d'emprunter un nombre de couloirs si nombreux qu'il en devenait incalculable, tous plus grands et majestueux que les autres. Ces galeries à la blancheur d'ivoire débouchaient sur des croisements, et la Usami tournait le pas sans hésitation, comme si chaque passage était encré dans sa mémoire. Elle profita de cet instant de solitude et d'intimité pour réajuster son obi, qui entourait avec grâce et goût son kimono, aussi vert qu'une feuille d'érable du Japon à la saison des éclosions, sur lequel était brodé un singe d'argent. Le bruit lourd qu'émettaient ses chikatabi à chacun de ses pas résonnait fortement dans les longs couloirs, vides et déserts. Puis, à l'embouchure d'une galerie bien plus spacieuse et raffinée que les autres, un immense porte, imposante et souveraine, marquait une sortie. Ou plutôt l'entrée d'une cour intérieure du palais seigneurial, qui se trouvait à l'ouest de la prestigieuse Salle du Nénuphar. La porte était richement décorée : le Kami du Clan Saruha – représenté par trois singes, jouant avec des instruments de musique - était creusé dans celle-ci. L'immense porte s'ouvrit, et Wakana franchit son seuil, éblouie par la lumière aveuglante de l'astre solaire. Lorsque sa vue s'habitua à cet ébahissement, la Usami aperçut la silhouette du Seigneur Kotaro, qui s'entraînait au tir à l'arc, son arme de prédilection. Cette vision ne put empêcher la Stratège d’esquisser un fin sourire, alors qu'elle se rapprochait davantage du Roi des Singes, le pas martial et le port altier.
- Kotaro-sama, j’espère ne point vous déranger durant votre entraînement.
La jeune femme s'inclina respectueusement face au Seigneur de Saruha, et se releva avec distinction, avant d'observer Kotaro d'un regard acier. A chacune de ses rencontres avec son souverain, la Stratège était impressionnée et troublée par le charisme qu'il dégageait. N'osant pas croiser son regard, la jeune Usami feintait en le regardant à la hauteur du cou. Alors que son esprit commençait à déambuler, elle se rattrapa, et en revenu au sujet de sa visite. D'un ton militaire et grave, elle expliqua...
- Hier, un corps armé du Clan Saruha fut attaqué par un groupe de brigands, dans la forêt jouxtant la ville de Saru. Un chef de division m'a envoyé un rapport de cette rixe, et cinq de ces malfrats furent achevés. Mais, trois de nos meilleurs assassins sombrèrent également au combat. De plus, l'expéditeur du rapport stipule que les brigands qui ont réussi à s'enfuir, au nombre de six, sont d'une grande puissance. Il craint que ces scélérats ne se dirigent dangereusement vers Saru.
La Stratège se tut, en attendant la réponse du Seigneur. Elle avait peur que ces bandits ne s'en prennent à un bon nombre de citoyens, n'ayant appris l'art du combat. Si elle avait eu cette chance, ce n'était pas le cas de nombreux habitants de la ville de Saru, même si la majorité des partisans de l'armée du Clan y résidait. Et les prunelles couleur encre de s'arrêter sur la cible d'entraînement, et de remarquer que la quasi-totalité des flèches encochées par le Seigneur avaient fait mouche. Quittant l'air bidasse qu'elle avait adopté afin d'expliquer à Kotaro l'avancement des troupes du Clan Saruha, un discret sourire ressortit sur son visage.
Dernière édition par Usami Wakana le Mer 6 Juil - 12:12, édité 1 fois
Les katana n'étaient pas les seules armes à porter des noms. Le daikyu de Kotaro aussi, avait hérité d'un titre: soutounowashi, l'aigle bicéphale. Le daikyu était conçu du même bois roux que celui qui vieillissait autour du château. Un bois souple mais robuste, aux dires des sylviculteurs, indomptable, aux dires des archers, qui demandait des bras puissants et de fermes appuis au sol pour être bandé correctement. Kotaro l'avait apprivoisé cinq ans plus tôt.
Or le matin de cette scène, Kotaro s'entraînait à dompter la robustesse de soutounowashi comme chaque matin depuis cinq ans. Avec la délicatesse qu'une nourrice pouvait portée à l'enfant dont elle avait la charge, il logea l'encoche de la neuvième flèche de la matinée contre la corde raide. Avec la fermeté dont le bûcheron usait pour abattre l'arbre, il banda l'arc sans trembler. Les muscles de ses bras, de ses épaules, brûlaient à n'en plus pouvoir supporter d'avantage ; le bas de son dos restait irrémédiablement contracté pour assurer l'équilibre de l'ensemble. Sous l’œil avisé du maître archer, il souffla silencieusement pour apaiser son rythme cardiaque et attendit qu'il retombât au plus bas pour décocher une flèche qui souffla littéralement l'air d'entraînement pour aller se figer dans le cercle de paille qui servait de cible.
« - C'est un bon tir mon seigneur, s'exclama le maître archer en applaudissant. Ne relâchez pas trop tôt la tension accumulée dans votre coude droit, votre flèche n'en filera que plus droit. »
Kotaro s'épongea le front avec un linge et acquiesça sobrement, convaincu que son maître disait vrai. La fatigue le tenaillait. Soutounowashi requérait une endurance rare. Jusqu'à ce jour, Kotaro ne réussissait qu'à décocher un maximum de onze flèches avant de ne plus supporter les contractions dans ses bras et ses épaules, ce qui était tout sauf un mince exploit. Se penchant pour saisir une dixième flèche à son carquois, il répéta la sempiternelle opération quand un bruissement dans l'herbe lui fit baisser la mire et détourner la tête. Usami Wakana approchait. Elle avait fière allure.
« - Kotaro-sama, j’espère ne point vous déranger durant votre entraînement. - Aucunement Wakana-san, répondit Kotaro d'un ton emprunt de douceur. Que me vaut l'honneur de votre visite ? - Hier, un corps armé du Clan Saruha fut attaqué par un groupe de brigands, dans la forêt jouxtant la ville de Saru, expliqua la jeune Stratège, le regard fuyant, mais la voix ferme et assurée. Un chef de division m'a envoyé un rapport de cette rixe, et cinq de ces malfrats furent achevés. Mais, trois de nos meilleurs assassins sombrèrent également au combat. De plus, l'expéditeur du rapport stipule que les brigands qui ont réussi à s'enfuir, au nombre de six, sont d'une grande puissance. Il craint que ces scélérats ne se dirigent dangereusement vers Saru. »
Au terme de l'explication, Kotaro remarqua en premier l'attention de Wakana pour la cible et le sourire dont elle arma ses lèvres. Il sourit à son tour, promis à l'initier tôt ou tard à cet art, et se surprit même à se sentir réconforter de la trouver à ses côtés. Rien de ces sentiments ne remonta à son visage, mais quelque chose dans son rythme cardiaque avait changé, comme si une mesure supplémentaire s'était greffée à sa symphonie.
La gravité des faits relatés n'en était pas moins importante pour autant. En Seigneur de Saru, Kotaro ne pouvait permettre que le crime reste impuni. La mort de trois assassins du clan ne pouvait demeurer invengée. Le Roi Singe réfléchit un court instant et trouva solution au problème. Délaissant flèche et arc, il leva simplement la main droite, paume dirigée vers la cible. Le pan de terre sous la cible se fissura et d'innombrables lianes jaillirent de là pour ceinturer la cible de la tête au pied.
« - Aussi puissant soit l'ennemi, il subsistera toujours un moyen de l'entraver, c'est ce que ne cessait de me répéter mon maître d'armes lorsque je n'étais qu'un enfant, déclara Kotaro en abaissant les yeux sur le visage de Wakana. Mobilisez la garnison d'archers en poste sur les murailles et autorisez l'usage du second pouvoir de Sakugami pour stopper la chevauchée fantastique de ces hommes. Immobilisés, ils feraient de parfaites cibles pour n'importe quel archer. Faites venir le chef de division qui vous a soumis ce rapport, qu'il puisse confirmer l'identité des brigands. »
Il tourna son attention vers le maître archer qui comprit aussitôt qu'il devait se mettre à disposition de Wakana pour relayer le moindre ordre qu'elle prononcerait. De son côté, le seigneur de Saru retourna à sa flèche et son arc, ajoutant, un brin taquin :
« - Que diriez-vous d'un cours de tir à l'arc Wakana-san avant d'aller chasser ces loups dans leur tanière ? »
Usami Wakana*
■ Clan Saruha ■ |Stratège|
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Statut : Stratège
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Sujet: Re: Sentiments brigands Ven 1 Juil - 16:34
Kotaro sourit. Wakana fut rassurée, au premier abord, alors assurée qu'elle ne dérangeait pas le Seigneur durant son cours, même s'il lui avait indiqué précédemment de façon orale. Et peut être ce sourire revêtait une certaine joie de la voir ? La Usami préférait ne pas penser à cette hypothèse, gratifiante certes, mais plus ou moins troublante. Elle ne souhaitait toujours pas croiser le regard de son souverain, et inspectait la mise du Roi Singe, d'un œil inquisiteur.
L'attention de la jeune femme fut soudainement attiré par un geste de Kotaro. Ce dernier leva sa main droite, mais Wakana ne comprenait pas ce qu'il comptait faire, ou même où il voulait en venir. Puis, une fissure se dessina aux environs de la cible transpercée par les flèches encochées par le Seigneur, et de nombreuses lianes sortirent du sol, entreprenant une étreinte de la cible. La belle Usami reconnut alors un pouvoir divin, caractéristique du Clan Saruha. Pourquoi l'utilisait-il ?
- Aussi puissant soit l'ennemi, il subsistera toujours un moyen de l'entraver, c'est ce que ne cessait de me répéter mon maître d'armes lorsque je n'étais qu'un enfant, expliqua le Seigneur, ce qui répondit parfaitement à l'interrogation de la Usami : les lianes représentaient une figuration de l'immobilisation, nécessaire pour pouvoir saisir les brigands rodant autour du "fief vert". Mobilisez la garnison d'archers en poste sur les murailles et autorisez l'usage du second pouvoir de Sakugami pour stopper la chevauchée fantastique de ces hommes. Immobilisés, ils feraient de parfaites cibles pour n'importe quel archer. Faites venir le chef de division qui vous a soumis ce rapport, qu'il puisse confirmer l'identité des brigands.
Sans quelques difficultés, la Stratège écoutait et essayait de comprendre ce que lui répondait Kotaro, assez déboussolée, en raison de la présence du Roi Singe. Wakana jeta un œil furtif vers le visage fin de Kotaro, qui la regardait de même. Aussi rapidement qu'elle le put, elle baissa la tête, et sentit que ses pommettes rougirent. Prise d'une bouffée de chaleur, sa fréquence cardiaque ne cessait de croître, et sa respiration de s'accélérer. Gênée au plus haut point, la Stratège continuait de fixer le sol, inlassablement, et se contenta de ponctuer les consignes du Seigneur par un hochement de tête.
A ses dires, Wakana remarqua la pleine confiance qu'avait le Seigneur envers elle, ce qui l'amusa, et la réjouit. Elle se voyait confiée d'importantes responsabilités, habituellement réservées aux régnants, comme diriger une garnison d'archers. Elle savait déjà cette confiance qui la liait au Seigneur de Saru. Une majorité de ses suggestions en tant que Stratège avaient été approuvées par Kotaro, aveuglé d'un aplomb irréprochable. Wakana, de son côté, était très fière que la Roi Singe lui confiait cette confiance sans égal, d'autant plus que cela était très motivant pour sa charge.
- Que diriez-vous d'un cours de tir à l'arc Wakana-san avant d'aller chasser ces loups dans leur tanière ? demanda railleusement Kotaro, s'en retournant à son arc.
L'arc ? Cette arme en correspondait pas du tout au style de combat de la Stratège, préférant jouir de sa rapidité et de son esquive lors des affrontements, favorisant le corps à coprs que les attaques à distance. De plus, Wakana doutait de sa force, probablement trop faible pour atteindre des cibles excessivement distantes. Mais, la Usami préférait ne pas contrarier le Seigneur de Saru. Après tout, que pourrait-elle lui refuser ?
- L'idée que vous m'initiez à l'arc me ravie, se contenta-t-elle de répondre, un léger sourire armant le coin de ses lèvres.
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Sentiments brigands
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