Sujet: Des Yokais dans la ville. Dim 23 Déc - 22:23
Des Yokaïs dans la ville Mitsuko, Risako, Kidô
Par une très fraîche et très jeune matinée printanière, Risako se rendit comme à son habitude à la caserne Nezumide accomplir le destin qui seyait à son rang. Tout était encore calme, mais les plus travailleurs, ceux qui assuraient avant tous la pérennité du clan, avaient entamé leurs durs labeurs et suaient déjà à grosses gouttes. La gardienne montagne, elle, surplombant tout Nezumi de sa magnificence, commençait tout juste à s’animer de forts rayons de soleil qui lui donnaient une franche aura dorée et la révélaient chaque jour aux Nezumide qui quittaient un à un leurs foyers. Pas une inquiétude dans leurs yeux, pas même une infime appréhension. Tout indiquait que les citadins allaient passer une journée des plus calmes.
Les quelques internes à la caverne s’étaient déjà apprêtés et discutaient calmement entre eux, attendant l’arrivée de leurs officiers souvent pères de familles. La plupart de ces derniers prenaient tout juste leurs postes lorsque Risako atteignit son bureau et s’y installa, ramassant machinalement ses cheveux tressés sur son épaule de jeune femme recouverte du Haori gris des capitaines. Les chefs de division de garde le soir dernier lui avaient laissé ,sur sa table basse, une mince pile de documents attestant des faits de la nuit dont, après avoir redouté l’écriture maladroite de certains ou quelques évènements graves à assumer, Risako prit et lut la première feuille. Elle soupira de soulagement et après avoir tracé quelques rapides caractères sur sa fiche de rapport, passa au deuxième document.
Destructions ou dégradations de bâtiments, entretiens et protections des terres, délits, infractions, incivilités, qu’elles soient des plus minimes ou des plus graves pointillaient à intervalles irréguliers les pavés des chefs de divisions. De leurs plus ou moins jeunes mains étaient résolus bien des problèmes, les autres, plus graves et plus importants, étaient réservés aux décisions des capitaines, et d’autres encore, réorientés vers les Stratèges et autres administratifs qui avaient souvent des journées bien remplies.
Loin d’être plongée dans ses fiches et ses courriers, Risako décela toute la panique d’une course particulièrement précipitée dans les couloirs. A peine amortie par les nattes de pailles, celle-ci disparaissait maintes fois pour revenir autant de fois jusqu’à ce qu’elle débouche dans le bureau de la trentenaire. Il s’agissait d’un soldat d’un âge plutôt avancé, et bien que son regard témoignait d’une certaine vaillance, on voyait bien qu’il tremblait sous son armure. Risako souleva sa tête de sa main de surprise lorsqu’un long frisson parcourut son échine. « Des monstres » avait-elle entendu. Distinctement cette fois-ci. « Des monstres attaquent la ville ! »
Immédiatement, Risako pensa à Bankichi, mais le rythme de battements de son cœur s’apaisa quand elle se souvint qu’il était forcement avec le seigneur. Rien ne pouvait vraiment lui arriver dans l’enceinte la plus protégée et avec l’homme le plus puissant du clan. Mais ceci ne la tranquillisait pas tout à fait. Elle courut immédiatement dans la cour et porta son regard au loin. A contre-jour, une forme non distincte gigotait non loin du palais dont un bon pan était endommagé, des gens criaient toutes leurs paniques et leurs peurs, d‘autres mourraient peut-être sous les attaques de cette bête immense. Cette terrible scène était à glacer le sang de ses spectateurs… Les autres créatures, Risako ne pouvait pas les voir.
Elle dut tout à coup se pousser pour laisser passer un groupe d’hommes dont le capitaine Yamamoto était à la tête. Il criait des ordres: Ils se dirigeait au château qui avait l’air bien mal en point. Et si Shuhei s’apprêtait à renforcer la protection au château, alors Risako ne pouvait pas s’y rendre sans handicaper ses collègues. La soudaine panique de la jeune femme s’envola pour laisser place à son esprit analytique. Il y avait bien trop d’inconnues dans cette équation, elle se dirigea alors vers le soldat qui l’avait avertie. Celui-ci, trépignant, ne put rien lui apporter de nouveau et Risako s’élança dans la ville vers l’inconnu. L’objectif: évacuer les civils vers le temple ou en dehors de la ville le temps que l’armée et les religieux s’occupent de contenir les créatures. Car même si Risako ne savait pas à quoi s’attendre, elle ne pouvait pas laisser les Nezumide affronter un danger pour lequel ils n’étaient pas armés. Il ne s’agissait pas de témérité, ni d’un excès de zèle, mais bien du sens du devoir.
Pour mener à bien la mission dont elle s’était acquittée, Risako avait envoyé Tsuyoshi, chef de division de la cavalerie Nezumide, encadrer les citadins qui fuiraient en-dehors des frontières de la ville. Elle-même se dirigeait comme une flèche à travers les rues et les carrefours vers le temple de Nezumi, deux autres chefs de division à sa suite. En vérité, la guerrière espérait y trouver l’aide volontaire des religieux et quelques informations supplémentaires qui pourraient lui permettre d’évacuer les civils de manière efficace vers les abords sécurisés et agrandis du temple. Elle était alors bien loin de s’attendre à rencontrer Mitsuko dans pareilles situations.
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Mer 26 Déc - 10:18
La chaleur des premiers rayons de la journée se ressentait dans l'enceinte de la grande bâtisse située non loin de la demeure du Seigneur Nezumide. Peu à peu, les bruits de pas s'intensifiait révélant le réveil matinal des religieux qui occupaient les lieux. Chacun rejoignit ses quartiers afin de commencer leur dur labeur de la journée. Certains méditaient dans le grand hall, face à la statue de notre rongeur protecteur, d'autres s'engageait dans la lecture d'anciens textes afin d'approfondir leur savoir. On pouvait voir dans la cour extérieure, située derrière la temple les moines, bâton en main, exécutant leur entraînement du matin. Nul ne se doutait des évènements qui arriveraient un peu plus tard. Personne, sauf une personne.
Comme veut la coutume, la Grande prêtresse de la région était la première aux aurores. Saluant le soleil se couchant encore derrière la montagne. Mitsuko adorait observait ce paysage chaque maintenant, cela lui rappelait la puissance que pouvait avoir cette éminence, représentative de la force de faire du peuple Nezumide. Laissant le vent pénétrer dans sa chambre, elle ne bougeait pas d'un pouce, seul ses vêtements se laissèrent porter s'apparentant aux vagues de l'océan. Les yeux de la jeune femme quittèrent l'ombre du mont pour rejoindre le blanc des nuages. Ces derniers rendirent le visage de la jeune tout de suite plus fermé. La forme, l'allure et les ombres réveillèrent de biens sombres présages...
Après quelques minutes de méditation, Mitsuko demanda à ce qu'on lui apporte l'un de ses habits qui était bien particulier. S'installant au centre de la pièce, les deux prêtresses se mirent de chaque côté de leur supérieur, retirant plus facilement le grand kimono. Deux autres jeunes femmes arrivèrent avec un autre vêtement différent : il s'agissait bien d'un kimono mais, le premier était plus court, s'arrêtant au milieu des cuisses, laissant ainsi les jambes libres de leur mouvement. Le deuxième naturellement plus long vint ensuite se ceinturé par-dessus. Ainsi Mitsuko gardait les vêtements de religieuse mais pouvait se déplacer beaucoup plus facilement. Les différentes prêtresses dans la pièce se regardèrent entre elle une fois leur travail terminé. L'une d'elle s'approcha et osa demander si quelque chose allait se passer. Un long silence commença à s'installer. La jeune femme ne se sentit pas à l'aise et rejoignit ses consoeurs. Elle soupira alors qu'un bruit sourd et inquiétant se fit entendre. Sortant de la pièce pour rejoindre le couloir extérieur, les demoiselles commencèrent à s'inquiéter alors que Mitsuko regardait la fumée se dégager de la ville.
Pas une minute à perdre, la Grande prêtresse ordonna aux personnes présentes de la suivre. Elles s'exécutèrent. Rejoignant l'entrée du temple, Mitsuko se positionna en haut des escaliers se situant devant les portes du temple et pu voir l'agitation au sein de celui-ci. Elle demanda à haute voix ce qui se passait exactement. L'un des moines vint s'agenouiller devant la prêtresse et lui expliqua la situation : d'après les informations qu'il a pu obtenir, des Yokaïs seraient en train de ravager la ville. Les yeux de la demoiselle s'écarquillèrent. Comment des Yokaïs ont-ils pu passer la barrière autour de la ville ? Et pourquoi attaquent-t-ils ? Ils n'oseraient jamais, à moins que quelqu'un ou quelque chose leur donne confiance ou la force.
Quoi qu'il en soit, elle devait réagir. Levant son tessen au-dessus de sa tête, un cri majestueux se fit entendre alors qu'une forte lumière s'approcha des habitants du temple en panique. Tous regardèrent vers le ciel et laissèrent une grande place au centre pour qu'un oiseau d'un blanc transparent atterrisse. Comme toujours, Akimitsu répondait à l'appel de sa maîtresse. Cette dernière s'approcha pour venir caresser sa tête. Elle lui ordonna par la suite de survoler la ville et de tuer le plus de Yokaïs possible. On pouvait lire dans les yeux de la jeune femme une certaine détermination mais également une déception. Elle qui aurait tout fait pour discuter ou convaincre avec ces créatures, elle ne pouvait en aucun cas les laisser détruire ce qu'elle a de plus chère sur cette terre. Tapant légèrement sur le coup de son camarade, celui-ci ne perdit pas plus de temps et s'envola dans un battement d'ailes puissant et rapide. Après quoi, Mitsuko donna ses ordres : un groupe de dix religieux devait rester ici et mettre en place une barrière autour du temple. Quant aux autres, par petit groupe, se dirigeraient dans la ville afin de protéger et de ramener les citadins en sécurité, soit au temple soit à l'extérieur de la ville si la situation est la plus appropriée. Dans un nouveau bruit sur d'explosion qui venait du château cette fois, la jeune femme regardait dans cette direction, ainsi que les autres religieux. Pointant de son tessen deux trois moines, elle leur ordonna de se rendre au château et de faire un rapport sur la situation. Sans attendre, chaque prêtresse et moine qui pouvaient se rendre utile pris place.
« Vous quatre... » s'exclama Mitsuko d'une voix plus calme et douce. Elle se retourna vers les jeunes femmes qui étaient restées derrière elle. Elle leur demanda de ramener trois de leurs consoeurs le plus rapidement possible. Sans attendre, elles firent un signe de la tête et retournèrent à l'intérieur de la bâtisse. Mitsuko devait s'empresser de découvrir l'origine de leur venue des monstres. Alors qu'elle observait les nuages de fumée se dégager de la ville, qu'elle fut sa surprise de voir passer à travers les toriis un visage familier : celui de Risako qui arrivait dans une course effrénée.
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Lun 31 Déc - 14:13
Alors que les rayons du Soleil, maintenant levé depuis peu illuminait le paysage, aucune chaleur n'atteignait le cœur de Kidô. L'ancien capitaine de Nezumi s'était réveillé à Saru alors que la Lune brillait encore et avait été incapable de retrouver le chemin des rêves. Une implacable sensation de malaise l'habitait depuis lors, sensation qui l'avait poussé à faire ce qu'il n'avait pas fait en dix ans : lui et sa monture progressaient désormais en territoire Nezumide. Pourtant conscient des risques qu'il prenait, le trentenaire n'avait pu lutter contre cette force qui semblait l'attirer vers son ancienne ville, cependant il était désormais incapable d'aller plus avant. Il connaissait parfaitement la région et savait que s'il achevait l'ascension de la colline sur laquelle il progressait il pourrait voir au loin, à flanc de montagne, la ville qu'il avait abandonné. Sachant qu'il ne pourrait supporter cette vision il se tenait là, immobile, autant incapable d'avancer que de faire demi-tour.
Une clameur inhabituelle le tira de son état méditatif. Il lui sembla entendre les bruits de plusieurs attelages progressant à une vitesse bien trop hâtive pour une simple caravane de marchands. Attendant que le convoi arrive jusqu'à lui il finit par l'apercevoir, dépassant le sommet de la colline qu'il gravissait. Ce rassemblement ressemblait bien plus à un groupe de fuyards qu'à une caravane. Un frisson glacé parcourut l'échine de l'ancien capitaine quand il lut la panique dans leurs yeux. S'avançant à leur rencontre il leur demanda ce qui avait pu les terrifier à ce point. Sa surprise fut totale quand il apprit que des Yokai avaient dévasté la capitale du clan. Il prit immédiatement congé des fuyards et quitta la route au galop.
S'enfonçant dans l'arrière-pays Nezumide, Kidô fut heureux d'avoir pour monture un cheval de la région, n'importe quelle grand étalon aurait sans doute trébuché en progressant à ce rythme dans un environnement aussi délicat. Au bout d'une vingtaine de minutes de chevauchée, l'aigle déchu de Nezumide atteignit son objectif, une grotte naturelle s'enfonçant dans le flanc de la montagne. Descendant de selle, il courut à l'intérieur et finit par s'arrêter tout au fond de la caverne. Cherchant à tâtons contre la roche il tira hors de sa cachette un lourd coffre en bois et s'inclina sobrement devant celui-ci, priant ses ancêtres de le pardonner à nouveau et de le gratifier de leur force et de leur courage. Une fois sa prière silencieuse terminée il ouvrit le coffre en en sortit l'armure du capitaine Takahara, l'aigle royal de Nezumide. Ce passé semblait avoir appartenu à une autre vie et il ne reconnut presque plus son ancienne armure. L'enfilant dans la pénombre de la grotte il versa trois larmes sur la roche, une pour sa femme, une pour son fils et une pour son honneur perdu. Une fois qu'il fut apprêté il attacha son casque et sortit au grand jour. Tel un fantôme du passé, un nouveau guerrier avait vu le jour.
Quand il avait abandonné son armure dans cette grotte, dix ans auparavant, Kidô avait prit soin d'ôter toute décoration et tout élément superflu si bien qu'il était impossible à tout autre que lui d'affirmer qu'elle avait été celle du capitaine Takahara. Son casque aussi avait été dépourvu de ses ornements. Ainsi paré, l'ancien officier de cavalerie ressemblait plus à un fantôme anonyme du passé, incarnation des multiples ancêtres du clan, qu'à un réel samouraï Nezumide. Grimpant en selle il hâta son cheval vers la ville, sa maison, sa patrie. L'ancien capitaine n'était plus qu'à moitié conscient de ses actes, il était comme sous l'emprise d'un sortilège. Il ne craignait plus les conséquences de son retour en ville et n'avait en tête que l'obsession de protéger ce pourquoi il s'était battu avec tant d'acharnement des années auparavant. Il chevauchait désormais pour sa ville, pour son clan et pour sa famille.
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Ven 4 Jan - 23:55
Si tôt attaquée, Si tôt défendue, Nezumi ressemblait maintenant à un immense champ de bataille. Le son continu des conques des sentinelles se mêlait aux cris de rages et aux rires immondes et tonitruants des montres qui ravageaient la ville et jouaient avec leurs victimes. Pourtant, la situation semblait sous contrôle et ne tendait qu’à s’apaiser à l’avantage des hommes. Les soldats contenaient coûte que coûte les assauts des Yokais sur lesquels les offensives des religieux étaient lancés et les premiers civils couraient se mettre à l’abris dans l’enceinte du temple. Il régnait alors à Nezumi une belle pagaille qui aurait fait trembler plus d’un vétéran. Mais il n’était pas dans les projets des Nezumide de se laisser aller à la peur.
Et les cris gracieux d’Akimitsu fusaient sur leurs têtes. L’esprit-oiseau, puissant et lumineux, prenait entièrement part à la bataille et révélait au peuple que sa maîtresse, la Grande Prêtresse de Nezumi, Hazama Mitsuko participait depuis peu au combat. Risako, venue organiser ses troupes afin que celles-ci protègent les religieux et les civils, distribua ses hommes de part en part et les confia aux chefs de divisions à ses côtés. Elle avait bien sûr pleine confiance en Akihide et Kazumori lesquels servaient le plus couramment sous ses ordres depuis quelques temps. Akihide, plus particulièrement, s’en donnait à cœur joie. Futur père et doté d’un tempérament des plus sanguins, il laissait parfois tellement parler ses pulsions et ses envies qu’il perdait l’estime de ses soldats. Jeune orgueilleux, il était alors ravi de profiter de l’occasion pour faire ses preuves. Kazumori, lui, était bien plus réservé et expérimenté. Sa vue et ses réflexes, d’ailleurs, régressaient au fil des jours, mais Risako n’avait pas peur de dire que ses conseils faisaient parti des plus avisés de Nezumi. Tout deux avaient pour mission de guider leurs hommes et de palier aux paniques des civils qui se faisaient de plus en plus nombreux dans les rues. Le plan de Risako se déroulait comme prévu, promettant à la petite ville de montagne le strict minimum de perte. La jeune femme espérait juste que les soldats des autres divisions aideraient Tsuyoshi et ses hommes afin que la population au pourtour de Nezumi soit évacuée dans de bonnes conditions.
De loin, elle vit Mitsuko, debout, immobile sur le haut des escaliers menant au temple. Le mince flot de Nezumide venu s’abriter ne semblait pas la déranger tandis qu’elle voyait Risako déboucher au pied de son enceinte.
« Hazama-sama ! » lança-t-elle. « Vous qui êtes notre Grande Prêtresse, savez-vous d’où viennent ces Yokais qui ne cessent d’apparaître ?! »
En effet, ce n’était plus une mais trois créatures qui surplombaient maintenant la fine silhouette faite des maisons plus ou moins hautes de Nezumi, le tout dans un vacarme assourdissant. La guerrière dut dégainer son sabre pour l’enfoncer dans la patte féline d’un Nue, lequel fut séparé de sa tête de singe grâce à une deuxième offensive de la belle. Les civils criaient autour d’elle, s’éloignant le plus possible de la bête qui se vidait d’un sang violine avant de se disperser en un grand nuage noir. Et ce nuage noir, si dense, coupa pour quelques secondes Risako du monde extérieur qui ne put que rester sur ses gardes. La première a passé ce mur de brouillard était une jeune femme au tablier et aux longs cheveux d’ébènes, une servante. D’autres venaient avec elle, désagrégeant la brume, désireux de se mettre à l’abris le plus vite possible. Elle criait : « Taisho ! Taisho ! ». Fixant le Haori de Risako, elle s’en saisit enfin.
« Le seigneur ! Le seigneur…encerclé par des Yokais ! Avec son jeune disciple ! Par tous les Kamis, faites quelque chose, je vous en prie ! » cria-t-elle alors, morte de peur et d’inquiétude dans le brouhaha général.
Voyant que Risako ne réagissait pas, ou plutôt sembla d’un coup des plus troublés, la jeune servante la lâcha, fit quelques pas en avant, se retourna, puis l’abandonna pour rejoindre le temple. Bankichi ! Le seigneur Nezumide ! Shuhei ! Allaient-ils tous bien ? Risako ne savait plus quoi penser, prise de vertiges. Son instinct lui dictait de partir tout de suite à l’assaut du château mais sa raison lui rappela qu’il fallait qu’elle reste là et qu’elle fasse confiance au capitaine Yamamoto. Alors qu’elle hésitait, n’étant plus sûre de rien, complètement désespérée, elle ressentit un violente et vive vibration dans la nuque. Trop tard. Des rangées de dents acérées s’étaient refermées sur son trapèze, lui arrachant un hurlement de douleur. Se courbant légèrement sous la souffrance, elle saisit le col du kimono de chanvre de l’Onibaba qui l’avait ainsi surprise et la décapita à son tour. Le rouge de son sang se mélangeait alors à celui immaculé de la créature tandis que la tête de cette dernière chutait de l’épaule pour s’écraser au sol.
Risako se retourna vers l’ombre du château, tenant son muscle dégoulinant d‘hémoglobines. Se confondant tout d’abord avec le bâtiment, une nouvelle créature naissait sous ses yeux, immense.
« Mitsuko… » souffla-t-elle assez fort à l‘intention de celle-ci, incapable de dissimuler sa familiarité. « Ces monstres viennent du château ! »
Dernière édition par Takahara Risako le Jeu 24 Jan - 18:29, édité 1 fois
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Dim 13 Jan - 9:31
Le visage de cette chère Risako rassura quelques instants la jeune femme qui voyait peu à peu les villageois pénétrer dans le temple pour se mettre à l'abri. La situation semblait sous contrôle de ce côté-là mais c'était loin d'être terminé. Tant que la source d'apparition des créatures n'était pas résolue, la bataille serait sans fin. Il fallait la trouver, et le plus rapidement. Hazama cherchait dans sa mémoire d'ancien texte, ou bien des illustrations d'un tel événement passé ou bien, un objet qui pourrait être une porte entre le monde des Yokaïs et le réel. Sa recherche fut interrompue par la question de la guerrière. Une question sans réponse puisque la grande prêtresse ne le savait pas elle-même. Levant la tête, de nouvelles créatures apparaissaient sous les yeux de la jeune femme, contrariée.
Des cris aussi bien de terreur que monstrueux se firent entendre près de la bâtisse qu'était le temple. Les Yokaïs approchaient! Mitsuko se retourna vers l'enceinte pour crier de toute sa voix.
« Dépêchez-vous de mettre en place la barrière! »
Un rassemblement de prêtresse au milieu du grand hall impressionnait les quelques civils qui se trouvaient près d'eux. Alors que les religieuses récitaient une incantation, un halo de lumière commençait à apparaître. La barrière allait mettre quelque temps, il fallait protéger le temple. Regardant Risako qui combattait déjà, Mitsuko ne pouvait pas rester là à ne rien faire. Descendant les escaliers sous l'air surpris de ses servantes, la jeune femme leur exclama qu'elle ne pouvait rester à ne rien faire.
Les civils qui essaient de rentrer dans l'enceinte trébuchaient en essayant de fuir les créatures qui les pourchassaient. Entendant les cris d'une petite fille qui pleuraient toutes les larmes de son corps, Mitsuko la chercha du regard dans toute la foule, jusqu'à ce que son regard se pose sur elle. C'est sous des yeux écarquillés que la grande prêtresse observait la situation : tenant une peluche dans ses bras, la fillette était entourée par trois tsukumogami qui se léchaient les babines devant le festin qui se présentait devant eux. Même si Mitsuko se précipitait, il serait trop tard. Fermant les yeux et plaçant son tessen devant elle, celui-ci commença à briller d'une lueur blanche comme l'esprit céleste qui survole la ville. Les yeux de la jeune femme prirent la même teinte alors que d'un geste sec du bras, elle fit un arc de cercle qui partit de son épaule gauche pour rejoindre son côté droit. Un flux lumineux traversa la cour, alors que les habitants s'écartaient en tombant lorsqu'ils entendirent puis virent cette attaque qui caractérisait les Nezumides : la lame lumière. Les trois tsukumogami qui s'étaient maintenant jetés sur la fillette, se tordirent de douleur en recevant la technique de la prêtresse. Ils disparurent dans un nuage de luciole brillant comme des étoiles.
Mitsuko rejoignit la petite fille et la rassura en s'accroupissant et la serrant contre elle. Cette dernière s'agrippa au kimono de la prêtresse, seule présence qui la rassurait dorénavant. Se relevant, la grande prêtresse reprit la parole à l'intention des civils, de sorte à ce que toute la cour se situant entre le torii et le temple l'entend. Pendant ce temps, une des prêtresses du temple vint récupérer la fillette qui était toujours accrochée aux vêtements de la grande prêtresse.
« Gardez votre calme! Tachigami veille sur nous ainsi que les soldats de notre seigneur! Dirigez-vous vers le temple dans le calme et tout se passera bien! »
Du moins, jusqu'à ce qu'un cri vienne pétrifier Hazama. Un frisson traversa celle-ci lorsqu'il vit au loin le visage de son amie, Risako, se tordre de douleur alors qu'un Yokai lui transperçait la gorge. Elle ne put s'empêcher de crier à son tour le nom de sa camarade de toujours. Elle se précipita vers elle alors que la créature fut tuée par le capitaine, sans l'aide d'aucun de ses soldats. Arrivant à ses côtés, elle regarda l'étendue de la blessure. Il était encore temps de la soigner. Approchant sa main de la plaie, une lueur rosée se dégagea des mains de la prêtresse ainsi qu'un doux parfum de fleur du Japon venant apaiser la crainte qu'elle avait eu précédemment. Pendant cette période de soin, Mitsuko regarda le visage de Risako avant de le tourner dans la même direction qu'elle : vers le château. Cette dernière déclara que les créatures apparaissaient depuis celui-ci. Comment cela était possible? Mitsuko avait elle-même fait l'inspection du château avec l'autorisation d'Aoi-sama pour purifié les lieux. Aucune aussi puissante ne pouvait se trouver là-bas, à moins... qu'on y apporta directement un objet sans l'avoir purifier auparavant. Mitsuko prit une voix plus sérieuse que jamais en demandant à son amie plus de renseignements.
« Risako... [elle se tourna vers celle-ci, plongeant son regard dans le sien.] Aoi-sama aurait-il demandé dernièrement à ce qu'on lui rapporte un objet de l'extérieur? Un pot? Une arme? Un miroir? Un bracelet? N'importe quoi. Car si c'est le cas... [elle prêta à nouveau son regard vers le palais] il se pourrait que notre seigneur ait fait la plus grosse erreur de sa vie... Mais cela me permettrait d'intervenir plus rapidement également. »
Au même moment, les prêtresses que Mitsuko avait conviées étaient là. Terminant son soin sur la blessure de Risako, elle reprit la parole :
« Nous devons nous rendre au centre de la ville. Là, il me sera possible de purifier la ville mais... cela prendra énormément de temps et aucune de nous ne devra être dérangée pendant ce temps. Risako... [elle laissa un moment de silence alors qu'elle fixait à nouveau ses yeux écarlates.] J'ai besoin de toi. » Cela faisait bien longtemps que la Grande prêtresse n'avait pas demandé ainsi de l'aide mais la situation le voulait. Pour le bien des Nezumides, elles devaient travailler main dans la main pour anéantir l'ennemi.
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Jeu 24 Jan - 17:32
Atteignant la dernière crête avant Nezumi, le cavalier solitaire fondit vers l'attroupement d'hommes et de chevaux visible en dehors des murs de la ville. Son armure et son casque fraîchement retrouvés et dépourvus désormais de toute décoration et de la moindre fioriture, il était impossible de reconnaître en sa présence le défunt capitaine Takahara. Tel un fantôme il glissait entre les arbres et fendait avec un silence d'outre-tombe l'air pur de la montagne. S'approchant de la troupe de cavaliers, censés protéger les civiles évacués des démons s'acharnant à l'intérieur de la ville, il balaya les hommes du regard.
Certains s'étaient tournés vers lui, intrigués par cette apparition aussi inattendue qu'étrange. Un samouraï, seul, anonyme, sans emblème, sans marque distinctive , se présentait désormais à eux comme venu d'une lointaine légende. Il émanait de lui une aura presque palpable d'autorité et de détermination, ses yeux luisaient d'un éclat irréel. Aucun n'osa lui adresser la parole, comme si le moindre son pouvait faire disparaître cette apparition quasi-fantomatique. Les hommes s'échangeaient quelques regards incrédules, cherchant à savoir s'ils voyaient bien tous la même chose. Certains se demandèrent s'il ne s'agissait pas là d'un autre Yokai venu les affronter seul. Pourtant, quand la voix déformée et métallique leur parvint, ils surent avec certitude que cette apparition était bien réelle et qu'il ne s'agissait pas d'un ennemi.
"Genjirô, guide-moi près de l'officier en charge de ce groupe."
Alors que son interlocuteur s'exécutait, Kidô fut bien content d'avoir reconnu parmi les hommes présents son ancien frère d'arme. En plus d'avoir ainsi eut une entrée en matière plus aisée, il était rassuré de le savoir en vie et de l'avoir à ses côtés une fois de plus... comme au bon vieux temps. Genjirô était de deux ans son aîné, mais il avait intégré la division de son père la même année que Kidô. Ils ne s'étaient au final que peu parlé à l'époque même s'ils s'appréciaient, Kidô restant le plus clair de son temps à proximité de son père. Leur amitié avait réellement éclaté quand le jeune homme, alors second de son père, avait dû le remplacer après sa mort lors de la guerre contre le clan Suigyuuku. Il avait alors été heureux et soulagé d'avoir trouvé à ses côté un soutien solide et encourageant, d'autant que la bonne humeur naturelle et contagieuse de Genjirô lui avait très probablement évité de sombrer dans le désespoir.
"- Chef ! Y'a... hum... lui... qui voudrait vous voir. - Qu'est-ce que c'est que c... Qui êtes-vous et que venez-vous faire ici ?"
Le chef de division était trop jeune pour avoir servi du temps où Kidô était encore en poste et il ne le connaissait donc pas, néanmoins il pouvait lire sur ses traits, car il avait accroché son casque au pommeau de sa selle, de l'impatience doublée de résignation. Cet officier avait reçu l'ordre de garder ses hommes en réserve et de couvrir l'évacuation des civils et il semblait que même un tremblement de terre n'aurait pu lui faire changer d'avis. Pourtant la situation, bien que ses détails exacts restaient inconnus de l'ancien capitaine, semblait exiger tout les hommes disponible afin de combattre à l'intérieur de la ville. Tandis qu'il faisait fasse au jeune officier, les autres cavaliers s'étaient rapprochés d'eux en silence pour ne rien perdre de ce qui allait se dire. Kidô fut conscient qu'il avait créé, sans consciemment le vouloir, une aura surnaturelle qui planait entre lui et ces hommes. Peut-être le prenaient-ils pour un fantôme... après tout ils venaient de fuir des hordes de Yokais, voir un revenant du temps de leurs ancêtres ne pouvait être moins probable que ce qu'ils avaient déjà vécu en ce jour.
"Je viens vous accompagner pour reprendre la ville des griffes des Yokais. Pour protéger vos mères, vos sœurs, vos femmes et vos enfants. Je viens charger à vos côtés pour notre seigneur et pour notre clan !"
Dégainant son sabre, le cavalier anonyme poussa son cheval au pas vers Nezumi. Sans qu'il n'y eut besoin d'ajouter quoi que ce soit quelques hommes l'imitèrent, puis d'autres. Tsuyoshi, le chef de division, désigna une dizaine d'hommes à qui il ordonna de rester sur place pour protéger les civils et lança son cheval à la suite de ses hommes et de cet inconnu. Il avait parlé en mots simples et les hommes avaient été touchés dans leur cœur car tous s'étaient reconnus dans ces paroles. Tous avaient un être cher à protéger et tous désiraient plus que tout voler à son secours. La peur des créatures monstrueuses qui ravageaient la ville s'était évaporée et tous avaient suivi le plus naturellement du monde celui qui aurait pu être n'importe lequel d'entre eux tant il leur ressemblait tous. Ce cavalier qui ne semblait sortir de nulle part était à la fois chacun d'entre eux, il incarnait à leurs yeux l'unité du clan, sa force et ses valeurs. Il était l'esprit du clan.
Tandis que les chevaux partaient au trot, Kidô jeta furtivement un regard sur sa gauche pour y trouver Genjirô, son ancien frère d'arme et ami, puis sur sa droite où chevauchait le chef de division dont il ignorait toujours le nom. Il était lui-même surpris de l'élan qu'il avait créé chez ces hommes, il retrouvait les sensations qu'il avait vécu lorsqu'il avait pris la place de son père et rallié les cavaliers survivants de Nezumide. Il revoyait à ses côtés ceux qui étaient tombés durant les longs mois de guérilla qu'ils avaient infligé à l'armée des envahisseurs du nord et se sentait rajeunir. Il n'était plus un fugitif, il n'était plus un traître... il était redevenu Takahara Kidô, samouraï de Nezumi. Tout comme les hommes autour de lui, il n'était plus réellement lui-même, ils étaient tous un. Les soldats, leurs chevaux, le vent autour d'eux... ils étaient un, ils étaient la charge... et ils pénétrèrent tous ensemble dans Nezumi.
Dernière édition par Takahara Kidô le Dim 17 Fév - 18:43, édité 1 fois
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Dim 3 Fév - 3:25
Le sang de Risako se mêlait à la crasse, tout le long de son bras pour s'égouter par taches brunes au sol. Sa plaie n'arrêtait pas de saigner, mais en réalité, elle ne s'en souciait guère. Ce qui l'inquiétait plutôt était l'état de son fils dans pareille situation. La mère espérait de tout son cœur que malgré son bien jeune âge, il sache se défendre. Elle l'avait déjà vu à l'œuvre contre des petits bandits de son âge, mais ceux-là n'étaient rien par rapport aux Yokais ! Bien sûr, il était avec le seigneur, mais si les monstres arrivaient du château, alors leurs chances de s'en sortir étaient bien amoindries. Fixant son bras où s'écoulaient le liquide chaud, Risako comprit l'ampleur de la situation, qu'elle ne pourrait pas foncer au château, et encore moins dans cet état. De désespoir, elle tomba à genou. Ses mains se crispèrent sur la terre battue.
C'est alors que Mitsuko apparut. Terriblement inquiète, elle avait crié le nom de son amie et vérifiait maintenant l'état de sa blessure. Une lueur rosée et chaleureuse parvint alors de la main de la Grande Prêtresse, faisant briller le visage stupéfiée de Risako et refermant sa blessure. Dans un doux parfum, la guerrière avait gagné une nouvelle cicatrice, et même si Mitsuko l'avait sauvée d'une mort lente et douloureuse, Risako se trouvait diminuer, presque souffrante sous la nervosité.
Ayant assisté au terrible spectacle qui se tramait au château, son amie lui demanda si Aoi avait récemment fait l'acquisition d'un quelconque objet. Elle plantait son regard dans le sien pour être sûre de se faire comprendre. Mais qu'est-ce que Risako en savait ? Il fallait être sincère, elle n'avait d'yeux que pour son fils désormais. Cependant, un souvenir lui revint soudainement en mémoire: Shuhei se vantant d'avoir accompagné son seigneur en terres étrangères pour récupérer une arme appartenant au fondateur du clan...Oui, c'était cela ! Saisissant tout à coup pourquoi Mitsuko voulait se renseigner, elle s'exclama:
« Oui ! Il a obtenu une très vieille épée récemment, l'épée de Hakujin ! »
Sans plus attendre, la guerrière se redressa, transcendant sa fatigue. Mitsuko ne la quittait pas des yeux et mandait son aide pour incanter et purifier la ville à partir du centre de celle-ci. Elle savait exactement ce qu'elle avait à faire. Et pour la sécurité de son fils, elle devait le faire rapidement. Bien sûr, dans son état, elle ne pouvait parcourir la ville seule, et pour protéger cinq prêtresses, elle ne serait jamais assez vive. Le même nombre de soldats, les siens bien entendu, la surveillaient du coin de l'œil, sûrement inquiète de ce qu'elle pourrait décider dans son état. A présent, elle allait bien mieux et en un geste, ils la rejoignirent.
« Nous allons traverser la ville pour arriver en son milieu. Ainsi, notre Grande Prêtresse Hazama-sama et ses subalternes pourront éradiquer la menace monstrueuse. Soyez courageux et n'omettez jamais pourquoi nous nous battons. Notre vaillance durant la bataille ne sera jamais vaine ! »
Levant son katana, Risako envoya sa Lame Lumière dans la bulle en formation d'une limace à la taille incroyable. De peu près la même qu'elles avaient rencontrée quelques mois auparavant. Un léger souffle balaya les cheveux des Nezumide au combat tandis que le monstre s'affaissait et se désintégrait en une pluie magnifique de milliers d'étoiles.
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Sam 16 Fév - 20:47
La vigueur et l'ardeur dont faisaient preuve les combattants Nezumide en ce jour les honoraient. Chacun brandissait les armes et affrontait les créatures qui envahissaient petit à petit la ville. Le château se retrouva couvert par un sombre nuage d'une grande noirceur. Il fallait faire vite.
Alors que des étoiles se baladaient devant les yeux du petit groupe, Mitsuko avait ces derniers plus brillant que jamais, prête à prendre les armes pour le bien de sa « famille ». Risako donnait ses ordres à ses hommes, la grande prêtresse quant à elle se tourna vers ses servantes. Leurs regards montraient une certaine inquiétude. Il y avait de quoi. Ce qu'elles s'apprêtent à exécuter n'est pas à la portée de n'importe quelle prêtresse. Afin de les rassurer, la jeune femme, tour à tour, vint déposer sa main sur les joues des jeunes filles. Si douce, si rassurante, telle une mère qui vous prend dans ces bras pour vous réconforter. Ses yeux si brillant et scintillant rappelaient la fraîche chaleur d'un soleil. Sa voix était agréable, comme un chant d'oiseau.
« Ne vous inquiétez pas. J'ai confiance en vous. Tout se passera bien. Je vous le promets. »
Chacune des jeunes femmes présentes reprit confiance en elle. Elles joignirent toutes leurs mains afin de remercier les kamis d'être aux côtés de la grande prêtresse. De plus, cette prière eut pour effet de faire apparaître une aura autour des gardes ainsi que de Risako. Il s'agissait d'un pouvoir de protection que leur avait enseigné la grande prêtresse. L'union fait la force, et certain pouvoir s'en voit renforcer. Ainsi, durant le trajet jusqu'à la place centrale, les soldats avaient une chance de s'en sortir plus facilement. Mitsuko sourit une dernière fois à ses subalternes en hochant la tête. Après quoi, elle posa son attention sur la capitaine.
« Allons-y Risako. Montre moi ton ardeur. »
Comment ne pas accompagner ses paroles par un sourire rassurant? Il était temps. Sans attendre, Mitsuko prit la tête de course accompagné de sa camarade de combat. A peine avaient-ils quitté l'entrée du temple que des créatures apparurent autour d'eux. Bête à tête de singe, humanoïde avec des parties d'animaux, Mitsuko n'avait jamais vu autant de Yokaïs de toute sa vie. Alors que certaines prêtresses s'apprêtaient à utiliser leur pouvoir, la grande prêtresse les arrêta.
« N'utilisez pas votre énergie! Il vous en faudra pour exécuter le rituel! »
Les prêtresses avaient une faible quantité d'énergie, il fallait donc la préserver. Malgré cela, Mitsuko ne suivit pas son propre conseil. Voyant un nue sauté sur l'une de ses prêtresses, la jeune femme ne put se retenir : balayant l'air avec son tessen, elle envoya sa lame de lumière tout droit dans la gueule de la créature, la faisant disparaître dans un nuage de luciole. Serrant légèrement les dents, Mitsuko ne put s'empêcher de penser à conserver ses pouvoirs, mais au vu de la situation... Pourtant, lorsqu'elle posa ses yeux sur Risako, elle comprit immédiatement qu'elle n'avait pas à s'inquiéter pour ce qui est de la protection.
Malheureusement, plus les soldats nezumides tuaient de Yokaïs, plus il y en avait qui apparaissait. A ce rythme, la ville sera anéanti avant qu'ils n'atteignent le centre de la ville. Se rapprochant de son amie, Mitsuko exposa les choses à Risako.
« Nous devons avancer Risako. Sinon la ville ne tiendra pas debout avant notre arrivée... »
Sûrement la jeune femme aux cheveux roux le savait elle, mais la grande prêtresse se devait de lui rappeler. Le plus simple, serait d'ouvrir une brèche dans les lignes ennemies et courir jusqu'à la place. Encore fallait-il ouvrir ce passage...
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Dim 17 Fév - 19:57
La troupe de cavaliers progressaient dans les rues de Nezumi. Kidô, qui avait récupéré un Yari sur le cadavre d'une créature, était au centre du triangle. À sa gauche chevauchait Genjirô, son ancien frère d'arme, et à sa droite se trouvait Tsuyoshi, chef de division sous les ordres de la capitaine Takahara Risako. Ils avaient bien rapidement atteint la place principale de la ville, les Yokai semblant se battre ailleurs. De là ils avaient bifurquer vers un attroupement de démons plutôt important, prêts à la charger en plein centre. Les créatures étaient tournées dans l'autre direction et, bien que certaines se retournaient en entendant l'approche des chevaux, elles risquaient d'encaisser très difficilement la charge de cavalerie.
Une fois le premier choc passé, les premiers cavaliers purent apercevoir l'objet de la convoitise des Yokai. Un petit groupe de guerriers et de prêtresses tentaient de progresser à travers les rues de la ville. Tandis que les chevaux percutaient les créatures, les piétinaient et que les sabres et les lances perforaient et tranchaient leurs corps Kidô aperçu l'une des créatures charger dans le dos d'une combattante Nezumide que l'ex-capitaine avait très facilement reconnue. Sa chevelure rouge, telle une bannière, et son jeu de sabre meurtrier... Le coeur de Kidô s'arrêta pendant une seconde entière quand il aperçu sa femme Risako. Cette dernière n'avait pas encore aperçu le Yokai se ruant dans son dos et Kidô arma son bras avant de projeter le court Yari qu'il tenait dans la poitrine du démon qui tomba en arrière dans un cri inhumain. Sortant son sabre pour continuer le combat, l'ancien capitaine perdit celle qu'il aimait de vue.
Bien vite, les créatures furent éliminées et, tandis que Tsuyoshi revenait d'une très courte entrevue avec sa capitaine il ordonna aux cavaliers d'ouvrir la marche vers la grand-place, la petite troupe de piétons s'empressant de les suivre.
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Mer 20 Fév - 21:22
Les ordres furent reçus et compris. Les prêtresses rassurées aidèrent les soldats d’un sort de protection. Mais sous l’abondance des Yokai et des divers profils de ceux-ci, les forces étaient bien maigres pour espérer avancer rapidement jusqu’à la grande place. Déjà, les guerriers s’essoufflaient. Deux étaient blessés. Et parfois, quelques créatures fendaient les défenses pour s’attaquer aux plus faibles. Mitsuko, après avoir sauvé une prêtresse, fit comprendre à Risako qu’il fallait avancer, et le plus vite possible. Mais sachant que les monstres étaient parfois puissants et que les religieuses ne devaient pas se fatiguer, Risako fronça les sourcils. Si seulement les cavaliers étaient à porter d’ordres…
Elle crut rêver quand elle vit Tsuyoshi entre les silhouettes de deux Yokai. Il n’était pas dans les habitudes du jeune homme de discuter les ordres, et encore moins de désobéir. Ce n’était pourtant que lui et ses forces qui, du fil de leurs lances et de la puissance de leurs montures, faisaient couler du sang violet et blanc à l’autre bout de la rue. Risako devait lui parler. Mais elle était trop loin et encore aux prises avec les monstres friands de s’attaquer aux prêtresses. Alors que sa lame jusqu’à sa garde était humide et poisseuse, la trentenaire bondit sur une créature et d’un coup, d’un seul, l’acheva.
Il ne fallut pas bien longtemps à la cavalerie pour les rejoindre. C’est alors que Risako gronda sur le ton de la colère :
« TSUYOSHI ! »
On vit l’intéressé sursauter sur son destrier. Il fallait dire qu’il désobéissait pour la première fois, mais ce n’était pas forcement un mal. Et tandis qu’il risquait un regard craintif vers son capitaine, Risako poursuivit :
« Tracez nous un passage vers le centre de Nezumi et dépêchez-vous ! »
Les tout derniers mots de Risako furent happés par le sifflement d’un Yari qui fila, tout proche pour se ficher dans la poitrine d’un monstre. Celui-ci hurla avant de s’écrouler et de se désintégrer en boue lumineuse. Son frisson disparu, Risako se retourna vivement pour détailler celui qui l’avait sauvée. Elle n’en était pas sûre, mais il s’agissait d’un homme bien bâti et d’un charisme foudroyant. Certainement celui qui avait convaincu son chef de division et ses soldats de charger. Dissimulé dans une intrigante armure ensanglantée et abimée, il semblait sans âge. Risako le dévisagea quelques secondes avec méfiance et audace avant de disparaitre, le sabre au poing. Qui était-il pour ainsi oser saper son autorité ? Comment osait-il se présenter devant elle sans emblème ni signe distinctif ? Il avait l’air de venir du passé ou bien d’un autre monde. En tout cas, il l’avait sauvée. Cependant, bien que cette apparition salvatrice soit de bonnes augures, Risako n’était pas tranquille.
Cadrés par les cavaliers, les guerriers et les religieuses purent se frayer un chemin avant de déboucher sur la grande place. Tous comme un seul formèrent une défense infaillible autour des prêtresses qui n’avaient plus qu’à prononcer l‘incantation. Le rituel de purification pouvait commencer, mais les monstres, flairant le danger, vinrent à la charge. Peu importait comment, les humains devaient tenir. Alors qu’ils étaient assaillis d’une demi-douzaine de Kitsune sortant d‘une voie et se ruant sur eux en crachant des flammes, un démon bœuf aux pattes arachnides accompagné d’une femme-serpent vinrent les cueillir dans leur dos tandis qu’un gigantesque corbeau enflammé les dominait dans le ciel en croassant.
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Jeu 21 Fév - 12:34
La situation semblait désespérée : les prêtresses ne pouvant se défendre sous peine d'utiliser leur pouvoir, et les soldats de Risako semblaient fatigués. Mitsuko essaya de tourner cela dans tous les sens et la seule solution qu'elle connaissait serait d'appeler Akimitsu. Cependant, il semblait bien trop occupé à éliminer les démons-rapaces. Une nouvelle fois, la grande prêtresse s'en remit aux kamis et, sans attendre, ils lui répondirent...
Les soldats qui étaient postés à l'entrée de la ville pour évacuer les civils arrivaient à grande allure, accompagné de leur camarade à quatre sabots. Le sang de la prêtresse ne fit qu'un tour et son visage se détendit alors que les autres novices du temple s'exclamaient de ce coup de main. L'ennemi anéanti pour l'instant, Risako ne put s'empêcher d'élever la voix contre Tsuyoshi. Le pauvre, lui qui venait aider, il se retrouvait comme un loup, la queue entre les deux pattes. Mais il n'en était rien, la capitaine donna juste ses ordres et remarqua un homme inconnu, sûrement celui qui guida les troupes. Lorsque Mitsuko posa ses yeux sur ce dernier, elle fut tout autant méfiante que son amie. Pourtant, elle semblait le connaître. Elle avait beau rechercher le moindre détail qui pourrait décrire son identité, elle n'en trouva point. Entendant le poing de Risako se serrait contre la garde de sabre et reprendre la route vers la grande place, la prêtresse ne fit que la regarder avant de s'approcher de ce combattant.
« Je vous remercie pour votre aide. Je n'ai beau vous connaître, j'ai la sensation que nos chemins se sont déjà croisés... [elle garda le silence quelques secondes afin d'avoir une quelconque réponse avant de reprendre] Permettez moi d'abuser de votre présence, mais nous aurions besoin de vous. Vos talents et votre maîtrise des armes semblent sans limite. »
S'inclinant devant le samurai suivi de ses prêtresses, Mitsuko reprit le chemin de la grande place, entourée par sa nouvelle escorte et accompagné par ses subalternes. Il n'y avait plus de quoi s'inquiéter pour le moment. Tout ce qui comptait à présent, c'est de commencer l'incantation au plus vite. Les grands pavés de la place tremblaient à chaque pas que faisaient les combattants. Ils y étaient enfin. L'épicentre de la ville, le lieu de réunion des habitants, la place parfaite pour les marchands. Pourtant, aujourd'hui, celle-ci était désertée, seuls les quelques humains venus se battre pour protéger ce qui leur était cher s'y trouvaient. Alors même que les prêtresses n'avaient pas pris place, les Yokaïs semblaient comme attirés par leur présence. Kitsune et autres créatures tout aussi terrifiantes se rapprochaient... Les prêtresses tremblaient en voyant leur nombre augmenter. Leur cœur battait la chamade et elles n'étaient plus sur d'elle. Mitsuko le ressentait et cela l'inquiéta. Du moins, jusqu'à ce qu'une lueur d'espoir vienne raviver l'esprit des demoiselles. Akimitsu vint rejoindre les combattants Nezumi. D'un cri hardant, il fit frissonner les bâtiments proches ainsi que le sol. Mitsuko le regarda avec gratitude. Les airs étaient protégés. Risako et les autres pourront se concentrer ses les assaillants à terre.
Après cette arrivée, Mitsuko retrouva la force de prendre enfin les choses en main.
« Mina! Il est temps. Montrez vos déterminations à protéger ce qui vous tient à coeur! »
Chaque prêtresse hocha la tête et se dirigea dans des directions différentes, formant ainsi un pentagone. S'agenouillant puis fermant les yeux, elles écartèrent chacune leur bras de part et d'autres, avant de tracer un cercle avec ces derniers. Elles placèrent ensuite leur main, paume face à face, laissant apparaître entre les deux une lueur réchauffante. Petit à petit un pentagone ancré dans un cercle fit son apparition, laissant dégager quelques lucioles. Mitsuko, quant à elle, vint se positionner au centre de cette magie. Les lucioles éclairèrent chacune leur tour son visage si détendu malgré la situation. Elle cria ses ordres aux hommes (et femme) présents.
« Aucune d'entre nous ne doit être dérangée durant l'incantation, sous peine de voir celle-ci brisait. »
Les yeux de la jeune femme croisèrent ceux de Risako et elle comprit immédiatement le message. Il était temps de commencer. Mitsuko positionna son tessen en face d'elle, parallèle au sol, les deux sur celui-ci. Elle ferma les yeux et se concentra. Les lucioles virevoltaient autour d'elle, comme des petites fées qui dansaient. La voix de la grande prêtresse résonnait dans l'enceinte.
« Kami no hikari ni yotte, watashi wa anata o kou. Kage no naka ni modotte mikuni o yogoshita hito ni meijiru. Karera wa eien no tobira o karite modotte kuru koto wa arimasen.» Par la lumière divine, je t'implore. Ordonne à ceux qui ont souillé ton royaume de retourner dans l'ombre. Qu'ils empruntent la porte éternel et jamais ne reviennent...
La lumière que dégageait le sol était plus intense et Akimitsu n'en était que plus ravi. Celle-ci lui donna une nouvelle force et sûrement que les Nezumides présents le ressentaient aussi. Tout reposait sur eux maintenant. Mitsuko ainsi que les autres prêtresses étaient sans défense. La moindre réussite par les Yokaïs pourrait tuer l'une d'entre elles. La confiance était absolue en ces temps de guerre...
Spoiler:
Désolé, j'ai pas pu m'empêcher de mettre l'incantation en jap xp
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Sam 23 Fév - 20:12
Alors que la ligne de Yokais avait été décimée par les forces conjointes des cavaliers et des soldats protégeant les prêtresses, le groupe ainsi formé se mit en marche vers la grand place de Nezumi. Néanmoins, alors qu'il allait partir vers l'avant de la formation, Kidô fut intercepté par Mitsuko, la Grande-Prêtresse Nezumide.
"- Je vous remercie pour votre aide. Je n'ai beau vous connaître, j'ai la sensation que nos chemins se sont déjà croisés... - Je connais chacun des enfants de Nezumi. - Permettez moi d'abuser de votre présence, mais nous aurions besoin de vous. Vos talents et votre maîtrise des armes semblent sans limite."
Sans chercher à lui répondre, le cavalier s'éclipsa parmi ses semblables. Il avait cherché à conserver cette image de fantôme qu'il avait parmi les hommes. Il espérait que la force des rumeurs créées après son départ suffiraient à convaincre les officiers, son ancien Seigneur et la Grande-Prêtresse. L'ancien capitaine trouva cependant étrange qu'il reçoive en ce jour plus d'éloges de la part de la Grande Prêtresse qu'il n'en avait reçu de toute sa vie parmi son clan et se promis d'être plus vigilant et de ne pas la laisser s'approcher de lui pour le reste de la journée de peur d'être démasqué.
Quand ils revinrent sur la place, alors que les prêtresses s’installaient pour l'incantation, des Yokai d'apparences diverses convergèrent vers la place, les cavaliers se séparèrent pour parer à ces diverses menaces. Kidô chargea le démon bœuf avec hommes et celui-ci se retrouva bien vite couvert de blessures. Bien que ses coups de cornes furent mortels pour plusieurs hommes et chevaux, il succomba sous les coups répétés des combattants de Tachigami
De l'autre côté, les Kitsune furent eux-aussi chargé par les cavaliers menés par Tsuyoshi. Malgré leurs flammes, leurs crocs et leurs griffes, ils furent occis par les valeureux samouraïs. Seul l'un d'entre eux parvint à bondir entre les montures pour se ruer vers la place où les combattants à pieds, Risako, ses soldats et quelques cavaliers dont les montures étaient mortes lors de l'affrontement précédent, faisaient face à la femme-serpent parvenue à se faufiler jusque là.
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Sam 2 Mar - 1:21
Abandonnée et déserte de toute présence habituelle, la grande place s’offrait maintenant à eux dans toute son envergure. A peine le groupe défenseur fut-il arrivé que quelques monstres lancèrent le premier assaut. Sous la protections quoique fragile des samouraïs, les prêtresses prirent place avec craintes. Craintes justifiées puisque les combattants et leurs montures mourraient sous leurs yeux contre un des terribles démons. Cependant, le mystérieux guerrier qu’elles avaient salués tout à l’heure tenait avec quelques autres, blessant doucement mais sûrement le monstre qui perdait lentement ses forces jusqu‘à tomber.
A quelques dalles de là, les soldats à pied contenaient les assauts répétés de la femme-serpent. Elle n’était pas bien difficile à avoir et était déjà couverte de coupures. Cependant, les combattants ne parvenaient jamais à lui asséner de coups sérieux car la créature était vive et en un claquement de queue, elle pouvait briser un membre ou une nuque. Soudain, elle rampa comme une flèche vers un sabreur fatigué. Et alors qu’il s’attendait à une attaque de front, elle se retourna pour bloquer un coup avant d’attraper l’homme par le pied avec sa queue. Déjà les puissants anneaux de la dame l’entravaient. Il ne pouvait rien faire. Il était perdu.
Les mâchoires de la belle se disloquaient pour l’avaler tout entier. Bien décidée à profiter de ce court instant, Risako bondit sur les épaules de la créature pour lui fendre le crâne en deux. Son subalterne semblait perdre son dernier souffle sous sa force, mais il aurait fallu un sacrifice pour vaincre ce monstre. Le cœur de Risako battait à tout rompre lorsque le soldat gravement affaibli vint à toucher terre. Avait-elle vraiment osé se servir de la fragilité d’un de ses samouraïs pour la victoire ? Elle frissonna, se souvenant qu’elle avait ainsi ,à seize ans, bravée la mort afin d’apporter aux siens la victoire. Heureusement, la chance infernale du soldat fit qu’il prit après une ou deux secondes une profonde inspiration indiquant qu’il était encore en vie. Mais beaucoup trop fragile pour se lever. Et tout ces combattants à terre, tout ces cadavres de chevaux ! Ah, que faisaient les prêtresses ? A ce rythme là, Nezumi perdrait tous ses guerriers…
La femme capitaine assistait à cette scène avec un immense dégout alors que le ciel s’assombrissait peu à peu malgré l’aura majestueuse d’Akimitsu, ce dernier se livrant à un duel aérien. Elle sentit tout à coup son picotement habituel s’intensifier entre ses épaules frêles et solides à la fois. Risako fit volte-face. Pour se retrouver en face de son sosie à un ou deux pas d’elle. Cette copie conforme arborait une expression de crainte que l’on pouvait aisément prendre en pitié. La trentenaire parut terriblement troublée. Plus rien n’existait à part l’image qui lui faisait face. Ses lèvres purpurines s’entrouvrirent pour souffler un nom, celui de sa sœur jumelle disparue depuis bien des années :
« Yuuko…»
Subitement, une vive et immense douleur traversa son mollet pour la faire hurler. Elle aperçut des oreilles renardes sortirent de ce crâne chéri qu’elle aurait aimé retrouver pour de bon. La guerrière comprit enfin et faisant siffler son arme, elle décapita avec une rapidité déconcertante le kitsune pour ensuite arracher la flèche fichée dans sa jambe. Par cette blessure, ses hommes l’avaient sauvée du pire.
Mais le pire était à venir. Après les kitsune, les nekomata faisaient se lever les morts, y compris les chevaux tandis qu’un squelette gigantesque se trainait en faisant trembler le sol. Les nuages dans les airs étaient alors des plus épais, faisant croire à une nuit prématurée. Les défenseurs pouvaient-ils encore espérer en sortir vivant alors que chacun était exténué par les affrontements ? En étaient-ils vraiment capables contre la prochaine vague de Yokais, bien plus dangereuse que la précédente ? Non ? Pourtant, il fallait tenir afin de promettre des jours meilleurs au clan Nezumide.
Nekomata: Esprit chat à deux queues généralement mauvais doué de chamanisme et de nécromancie. Gashadokuro: Fantôme des morts de faim ayant quinze fois la taille d’un homme. Il aime arracher les têtes de ses victimes avec ses dents.
Dernière édition par Takahara Risako le Ven 8 Mar - 1:32, édité 1 fois
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Jeu 7 Mar - 13:45
Les minutes ressemblaient sûrement plus à des heures pour les soldats qui donnaient tout leur courage pour combattre. Mitsuko le ressentait bien. Elle était au cœur même de cette bataille à l’heure qu’il est, mais son esprit ne doit en aucun cas s’égarer. Il en valait de même pour les jeunes femmes autour d’elle. Chacune semblait détendues, malgré les quelques gouttes apparentes sur certains visages.
Les lucioles devenaient maintenant de plus en plus nombreuses et dansaient en plus grand nombreux aux alentours des présences féminines, prenant des couleurs allant du rouge au bleu. Alors que ce spectacle ravirait sûrement les enfants, Mitsuko, elle, était inquiète. Malgré la détermination de ses subalternes, le rituel semblait prendre plus de temps que prévu. Des vies étaient en jeu, il fallait se dépêcher. D’un geste gracieux, la grande prêtresse sépara ses deux pour les diriger de chaque côté de son corps, main tournée vers le ciel. A cet instant, les jeunes femmes formant le pentagone exécutèrent le même mouvement. Les petites fées commencèrent toutes à former des rubans s’entrelaçant et s’envolant pour rejoindre le ciel. Petit à petit, on découvrit dans le sol comme des racines d’arbres, brillant comme l’or. Sortant de terre, leur mouvement à la surface était lent et voluptueux. Elles se dirigèrent en dehors du symbole géométrique pour rejoindre les soldats qui semblaient tous aussi surpris les uns que les autres. Les Yokaïs commencèrent à s’agiter davantage. L’un d’eux fut bientôt pris dans les griffes d’une des racines. Regardant l’entrave à son pied, celui-ci prenait l’apparence d’étoile. Ce fut le tour de sa jambe puis le bassin. La créature entière s’évanouit dans le ciel, rejoignant le cercle que formé à présent les lucioles dans le ciel.
Petit à petit, les racines continuèrent leur progression dans la ville. Certes, d’un pas lent mais sûrement. Akimitsu, après avoir bataillé pour mettre à terre les quelques monstres ailés, regagna les alentours du rituel. Il vint se placer juste à hauteur des insectes lumineux et, d’un grand battement d’ailes, les fit virevolter. Les poussières qui se dégageaient d’elles s’envolèrent dans tous les sens pour retomber telle la neige un jour d’hiver. Les Yokaïs qui recevaient cette poussière d’étoile se retrouvèrent engourdi de leurs mouvements. Une occasion pour les hommes de Risako ainsi que de ce cher inconnu de lancer une offensive des plus dévastatrices. Le rituel ne tarderait pas à se terminer mais le plus dur était encore à venir. La fatigue se faisait sentir au sein du cercle de prêtresse. Le visage grimaçant, les membres tremblants, certaines jeunes femmes ne tiendraient pas jusqu’au bout et cela serait à Mitsuko de prendre le contrecoup : si l’une d’elles devait arrêter le rituel, la grande prêtresse n’aurait d’autres choix que d’utiliser encore plus de sa spiritualité pour soutenir l’incantation.
Quoi qu’il en soit, les lianes d’or ainsi que la poussière d’étoile étaient en place. Il fallait à présent attendre que le rituel fasse son effet sur la totalité de la ville et surtout, ne pas flancher maintenant…
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Sam 9 Mar - 0:52
Le contraste de la situation était des plus incroyable. D'un côté on pouvait assister au spectacle morbide et terrifiant des dons de nécromancie des Nekomata et de l'autre se déroulait un spectacle merveilleux et enchanteur à base de lucioles colorés et de fil d'or serpentant lentement sous le sol. Ce furent donc à la fois fascinés et encouragés par ces bons présages et horrifiés par la vue de leurs camarades morts se dressant contre eux que les soldats de Nezumi firent, une fois de plus, face aux monstres envahissant leur ville.
Fort heureusement les fils d'or eurent raison d'un des Nekomata qui avait eut l'audace, ou la stupidité, de se ruer sur les prêtresses. Tandis que la moitié des morts retrouvaient l'état inanimé qui se devait d'être le leur, l'autre Nekomata décida de prendre de la distance le temps que ces esclaves non-morts et son squelette géant, visiblement insensibles tant aux fils d'or qu'à la pluie de luciole, déciment les derniers défenseurs des prêtresses.
Talonnant son cheval, Kidô abandonna les soldats de Risako et les prêtresses et se rua dans les rues à la poursuite du Nekomata. Rengainant sa lame, il sortit son arc et encocha une flèche. L'ancien capitaine aperçu le Yokai qu'il cherchait sur un toit au dessus de lui. Prenant le temps de viser il lui décocha un trait qui lui perfora le flanc et lui fit perdre l'équilibre. La bête dégringola de l'autre côté du bâtiment et Kidô s'empressant d'en faire le tour pour ne pas perdre sa trace. Tirant une deuxième flèche dans son dos alors que le monstre se relevait, Kidô fit avancer sa monture afin de tirer un troisième et dernier trait dans le crâne du Yokai. La créature morte, il était désormais certain que les morts qu'il avait animé devait déjà s'être écroulées pour de bons, y compris, tout du moins on pouvait l'espérer, le squelette géant.
Maintenant que la pluie de lucioles affaiblissait grandement chacun des Yokais qu'elle touchait, il était clair que la bataille pour Nezumi était gagnée. Il ne restait plus qu'aux nombreux soldats se battant à travers toute la ville à donner un dernier élan de courage et de vaillance. Il était probable que les Yokai, se sentant en grand danger, décident de fuir plutôt que de continuer à combattre, du moins pour la plupart. Ordonnant à nouveau à sa monture de progresser dans les rues de Nezumi, Kidô se dirigeait maintenant vers la sortie de la ville, et ce pour deux raisons. Tout d'abord il ne devait sous aucun prétexte être présent après la fin des combats, il jugeait cette situation beaucoup trop risquée. S'il était reconnu il risquait de gâcher la vie de sa femme et de son fils, il n'avait pas vécu dix ans d'errances pour anéantir maintenant ce pour quoi il vivait encore aujourd'hui. La seconde était bien moins égoïste, en effet les civils évacués à l'extérieur de Nezumi étaient désormais sur le chemin des Yokais qui chercheraient bientôt à fuir la ville, et il était impossible pour la dizaine de cavaliers restés avec eux de les protéger tous efficacement.
Kidô rejoignit donc le groupe et ordonna à un des soldats de guider les civils plus près de Nezumi, mais le plus loin possible des portes de la ville. Ainsi il espérait qu'ils ne seraient pas attaqués par des Yokais en fuite. Il en profita également pour rassurer brièvement les soldats quand à l'évolution de la situation en ville. Une fois que les civils et leurs protecteurs se furent mis en marche, l'ancien capitaine s'éloigna, probablement pour toujours, de Nezumi son cœur aussi déchiré et meurtri que la cité qu'il laissait derrière lui pour la deuxième fois désormais.
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Lun 1 Avr - 2:27
Alors qu’un squelette immense faisait trembler le sol de ses pas lourds, d’autres Yokais couverts de sang se levaient comme si de rien était. Les cavaliers et leurs montures tombés au combat se retournèrent contre les vivants. La peur dans les cœurs des guerriers était alors palpables au point que Risako pâlit, redoutant la débandade. Heureusement, le rituel auquel s’adonnaient les prêtresses prit subitement effet. Les étranges lueurs prenant part à la bataille s’allièrent tout à coup, formant des rubans qui vinrent se mêler à d’autres. Des racines, manquant de faire tomber les défenseurs, surgirent de terre comme faites de lumière pure. Elles craquèrent la terre battue et sèche des anciens temps, déambulant et ondulant dans les rues pour s’étendre lentement mais sûrement sur le plus vaste périmètre possible. D’un coup, le Gashadokuro fut englouti, le Nekomata tentant de fuir cette douce lumière fut rattrapé et se dispersa en milliers d’étoile qui prirent leur envol vers Akimitsu, qui, d’un majestueux et vaste battement d’aile, fit voltiger les petites lueurs, offrant une robe illuminée à la petite ville meurtrie de Nezumi. Aussitôt, les monstres recouverts par cette poussière miraculeuse éprouvèrent des difficultés à se mouvoir. Certains même perdirent l’anima. C’est alors que les guerriers cessèrent de s’extasier devant ce miracle et profitèrent de cette occasion rêvée pour écraser une par une les créatures. Après avoir fendu l’un des derniers Yokai, Risako ne pouvait que remercier en silence leur Kami gardien Tachigami qui avait accordé une telle puissance entre les mains des prêtresses pour les libérer des monstres. D’ailleurs, elle ne s’était pas attendu à ce que les morts tombent si subitement et elle avait remarqué d’un Nekomata ainsi que le cavalier qui avait attiré son attention quelques minutes plus tôt s’étaient enfuis. Peu importait. Pour le moment, il fallait reprendre les choses en main.
Tandis que la guerrière constatait, reprenant son souffle, que la grande place de Nezumi était maintenant nettoyée de toute trace Yokai, Tsuyoshi se dirigea vers elle. Son cheval haletant hennit alors qu’il quitta la scelle. Ses mouvements avaient perdu de leur fluidité, comme s’il se trainait après ces durs affrontements. Risako lui adressa un regard emprunt de douceur et de compassion, les pertes avaient du être lourdes. Sept morts, lui annonça-t-il. Et autant de blessés. La trentenaire posa une main réconfortante sur son épaule et lui suggéra qu’il ne fallait pas qu’il se laisse abattre, car la journée était loin, bien loin d’être finie.
« Je veux que vous profitez de votre mobilité pour traquer les derniers Yokais en ville et porter secours en cas de besoin. Relayez vous entre escadrons de cavalerie, je voudrais aussi que vous alliez porter à Akihide mes ordres. Qu’il soit dans l’heure avec quelques uns de ses hommes aux portes du château. Il se trouve dans les alentours du temple.»
Le chef de division acquiesça avec sobriété. Sa mine de chien battu faisait vraiment peine à voir. Il regagna sa monture.
« Et hauts les cœurs, soldat. Vos subordonnés ont besoin d’un leader sûr de lui, pas d’une pleureuse, n’est-ce pas ?…Bien. La vaillance de Tachigami vous accompagne.»
Il partit au petit trot, sa vingtaine de cavaliers avec lui, dont certains transportaient des blessés, et accéléra lorsqu’ils furent assez loin. Ils enterreront les morts plus tard, pour l’instant il fallait chasser les dernières créatures de la ville et s’occuper de l’artefact qui avait provoqué cette catastrophe. Le pouls de Risako s’accéléra soudain quand elle pensa à son fils. Elle espérait que Shuhei soit arrivé à temps pour le sauver, lui et son seigneur. Maintenant que les dernières créatures étaient bien trop affaiblies pour constituer une réelle menace pour les défenseurs, la guerrière pouvait se diriger vers le château en espérant dégager les voies. Cependant…
Mitsuko et ses prêtresses tenaient encore leur rituel. Elle ne pouvait pas les laisser ici seules, elles ne seraient pas de taille contre une quelconque menace sans combattants pour les protéger. D’ailleurs, certaines d’entre elles seraient bien sûr bien trop épuisées pour continuer vers le château. Risako était coincée. En tant que guerrière, la trentenaire était très mal renseignée par rapport aux incantations des religieux. C’est ainsi qu’avec une certaine mauvaise humeur et une certaine puérilité, parce qu’après tout, elle ne pouvait pas se ruer vers Bankichi, qu’elle s’assit, attendant patiemment un signe de la Grande Prêtresse. Les soldats qui l'avait accompagnées furent surpris d'un tel comportement, et après s'être échangés des regards interrogateurs firent de même. Vraiment, ce calme qui amplifiait ses inquiétudes était insupportable.
Sujet: Re: Des Yokais dans la ville. Mar 16 Avr - 12:36
Il était temps que les choses se calment à Nezumi à présent. La froideur du ciel orageux laissait peu à peu les rayons du soleil le transpercer comme une lame d'argent. Akimitsu n'en était que plus ravit de voir enfin cette lueur. Il en valait sûrement de même pour les villageois qui se trouvaient maintenant en majeure partie à l'extérieur des murs de la ville.
Le temps s'écoule, tout comme le bois d'or qui circule à travers les pavés pour terrasser les derniers assaillants. La poussière prenait à présent l'apparence d'un voile de soie, ondulant à la moindre brise de vent. Bien que la situation ne s'y prêtat pas, il aurait été tellement agréable de s'asseoir et de regarder ce spectacle afin de l'immortaliser. La cité ainsi que tout ce qui la constitue étaient fait d'or à présent. Plus aucune trace de noirceur n'était perceptible et l'espoir était revenu sur le visage de tous, et en particulier les vaillants combattants. Leur tâche était accomplie : les prêtresses avaient tenu jusqu'au bout pour que la citadelle puisse renaître. Cependant, il ne faut pas crier victoire trop tôt. Tant que la source du mal n'était pas neutralisée, les Yokaïs feraient leur apparition sans fin et malheureusement, les prêtresses ne pourront tenir indéfiniment. C'était maintenant qu'il fallait agir au plus vite, pendant que les forces étaient au plus bas.
Peu à peu, le cercle lumineux que constitué les prêtresses s'affaiblit au même titre que les demoiselles. L'une après l'autre stoppèrent le rituel sous les signes de fatigue. Néanmoins, elles avaient réussi à tenir bon jusqu'à la fin. C'était le principal. Les plus fatigués étaient encore assises, main à terre devant elle afin de ne pas s'écrouler. D'autres avaient encore assez de force pour se relever et aider leurs consœurs. Chacune reprenait leur esprit peu à peu. Au centre de la place, Mitsuko fut la dernière à lâcher prise. Malgré son statut, on pouvait voir la fatigue sur le visage de la jeune femme, mais pas uniquement. Ses jambes ne purent la maintenir plus longtemps debout. La jeune femme s'apprêta à s'écrouler lorsqu'Akimitsu, s'empressant de rejoindre la terre ferme sous son apparence de tigre, vint éviter une chute à la jeune femme en se plaçant face à elle. Mitsuko ouvrit les yeux et sourit en voyant les yeux étincelants de son camarade. Regardant autour d'elle, la demoiselle croisa le regard de ses subalternes et ne put s'empêcher de toutes les remercier, du plus profond de son âme. Par la suite, la prêtresse utilisa ses dernières forces pour chevaucher l'animal. Ce dernier rejoignit la capitaine chargée de la sécurité de la place, assise à terre ainsi que tous ces hommes attendant sûrement une indication de la religieuse. D'une voix calme et douce, voulant rassurer son amie, Mitsuko s'adressa à elle en lui tendant la main :
« Allons-y Risako. Rejoignons le palais et allons sauver ton fils ainsi que notre seigneur... »
Comment pouvait-elle sourire malgré la situation inconnue au palais? Voilà l'une des pensées qui devaient probablement traverser l'esprit des combattants. C'est justement dans des instants pareils qu'un sourire peut réchauffer le coeur et donner le courage à tous de continuer. La grande prêtresse aida Risako à se relever puis dirigea son regard en direction du château. Il est temps de mettre fin à ce carnage. Mitsuko devait préserver ses dernières forces pour pouvoir sceller l'épée qui est à l'origine de tout ceci. Sans plus attendre, la jeune femme se dirigea vers ses disciples qui semblaient encore inquiètes. Toujours souriante, la demoiselle prononça quelques mots.
« Je vous remercie beaucoup pour ce que vous avez. - Qu'allez-vous faire, Hazama-sama? - Je dois encore sceller l'objet à l'origine de nos malheurs. - Laissez-nous venir avec vous. » [elle hocha la tête de droite à gauche, doucement] -Rejoignez le temple. Aidez les habitants qui ont été blessés. Je compte sur vous... »
Les prêtresses se regardèrent entre elles avant de donner un signe de la tête montrant la approbation. Sans attendre, les jeunes femmes prièrent pour leur supérieure et se dépêchèrent de se diriger vers le temple. Mitsuko les regarda partir avant de retourner près de Risako qui semblait prête à en découdre et à prendre le chemin du château sans attendre. Il en valait de même pour la prêtresse. Elles ne savaient pas ce qui les attendait vraiment, mais elle devait y aller...