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Combat en 3 tours




Marécage inquiétant

Lieu tiré au hasard parmi plus de 50 images ~

La lame de bois tournait, allait et venait au dessus du petit feu de bois de l’auberge. Un enfant intrigué arriva, servit le saké et resta la un instant à fixer le bout de bois qui flirtait dangereusement avec le feu. Les flammes dansantes laissaient paraitre une lumière irréelle dans cette petite pièce déjà touché par la nuit, le visage de Kenji lui était fixe, son regard sérieux ne lâchant pas la lame de bambou des yeux. Le petit semblait subjugué par la concentration et la passivité du seigneur, regardant tour a tour celui-ci et l’arme, attendant a tout moment que celle-ci prenne feu.

« - Monsieur le samouraï, c’est une arme en bois elle va bruler. »

Finit finalement par dire timidement le petit garçon, ce qui laissa échapper un sourire du visage de Kenji, attendrit par la remarque ingénue et innocente du petit. Il sortit alors la lame du feu et il la plaça entre lui et le garçon.

« - Regarde bien, elle n’a rien, elle est intact, le bois est verni et il ne craint pas le feu ainsi si on ne l’y plonge pas trop longtemps dedans.

- Mais pourquoi faite vous ca Monsieur ?

- Très bonne question mon jeune ami. Vois-tu, le bois est un matériau noble et vivant, ainsi, avec le temps il se gorge d’eau, gonflant et devenant plus souple.

- Ben mon papa il m’a dit que c’est mieux ainsi pour une arme en bois, elle est moins cassante, et plus agréable au touché.

- Et bien tu diras a ton papa qu’il a tout a fait raison, mais dans certains cas, l’utilisateur préfère avoir une arme bien sèche pour sentir mieux les choc qu’elle prend, jouant de la souplesse de son bras et non plus de celle de sa lame. Il y a des techniques mon jeune ami qui nécessité un touché de lame très particulier, et sans une arme telle que celle-ci, elle serait impossible.

- Quelle technique monsieur le samouraï ? »

Kenji sourit à la question de ce curieux petit garçon. Il se saisit alors d’un fruit qui trainait dans le plat sur la table, et le plaça devant les yeux du petit garçon, insistant sur celui-ci. Il s’écarta alors un peu et le lança en l’air, attendant qu’il soit haut pour ensuite dégainer son sabre et a l’aide d’une lame de vent, le trancher en deux sans même le toucher. Il rattrapa les deux moitiés, mordant dans une, et offrant l’autre au petit garçon qui restait ébahit.

La soirée se finit avec des histoires de duel et de technique de combat que Kenji avait pratiqué au court des années, émerveillant ce jeune garçon d’Hitsuji, futur samouraï qui l’emmenait vers le nouveau lieu de son duel. Le garçon tombât vite de sommeil alors que Kenji finissait de préparer ses armes pour le duel à venir. Takahara Risako… Cette fois il avait pu obtenir le nom de son adversaire avant la rencontre, une capitaine Nezumide dont la réputation de combattante n’était plus à faire. Leurs pouvoir semblait lié a la lame, mais il n’avait pas pu avoir plus d’information pendant le temps qu’il avait eut pour se renseigner.

Il contempla les étoiles, puis la lune, cherchant en eux le visage de Kazegami. Il n’était qu’a deux combats maintenant du titre suprême, et bien que ce soit a nouveau une femme qui soit en face de lui, rien ne l’empêcherait de finir ce qu’il avait commencé, pour la gloire de Kazegami, la gloire d’Uma, et la sienne.

Apres quelques heures de chemin lui et le garçon arrivèrent à l’orée du marécage ou le combat devrait avoir lieu. La végétation était belle et luxuriante, les troncs des arbres gros et imposants, on pouvait entendre aux quatre coins insectes ou amphibiens vaguer a leur occupation alors que le seigneur s’enfonçait de plu en plus. Il faible mot d’encouragement du jeune garçon avant que celui-ci ne face demi tour fut la dernière chose qu’il entendit avant de se fondre dans la nature qui l’entourait.

Le lieu du combat était un petit lac marécageux parsemé de troncs et d’ilots, de racine et de mousse, autant de piège pour les pieds et les chevilles. L’agilité et l’attention au décor serait déterminant dans ce combat au vu des petites surfaces et des nombreuses zones glissantes. Kenji était manifestement le premier sur les lieux, il posa alors ses affaires, une petite gourde d’eau, un peu de nourriture, quelque médicaments laissé par Ko ainsi que le haut de sa veste derrière une racine bien en arrière.

Il s’avança alors vers le milieu du lac, un sabre dans chaque main, simplement vêtu d’un large pantalon noir. Leger et souple, il n’avait jamais eut d’autre façon de combattre, et si dans un tel environnement, un adversaire brutal aurait été un jeu d’enfant, une femme était une tout autre affaire. Leur souplesse et leur concentration dépassait souvent celle des hommes, généralement compensé par la fore et un instinct bestial souvent plus accrus. Mais Kenji avait apprit à jouer sur les deux tableaux, pouvant a loisir contrer l’un avec l’autre.

Il aperçu alors une ombre, Risako surement qui arrivait a son tour pour ce rendez vous des plus prometteur, demi finale du tournoi de l’Hinomoto. Il lui fit un signe de la main, la laissant alors s’approcher et se préparer pour le combat. Il continua de tourner sur lui-même pour s’imprégner au mieux de l’environnement, tâtant la dureté de ses sabres, ici, la lame de vent et les pouvoir du Kami de la floraison.

Elle s’avança alors, elle semblait prête, armé de son sabre de bois, prête à en découdre. Le feu dans ses yeux contrasté avec une étonnante sérénité qui effraya presque le fils du vent. Il pu y lire la douleur et l’expérience, elle ne serait pas quelqu’un de facile a surprendre ou a déstabiliser. Il jongla avec ses sabres, gardant son visage serein et souriant, ne rompant pas le contact visuel avec son adversaire. Il comprit alors rapidement la seule chose qui lui donnerait la victoire, l’impétuosité, la chance, le risque, il devrait se donner à la limite de ses capacités et compter sur la réussite.

« Capitaine Takahara Risako de Nezumi, c’est réellement un plaisir de vous rencontrer. Les circonstances sont fâcheuses, j’aurais préféré vous avoir dans mon lit après une bouteille de saké, mais quelque chose me dit que cela n’aurait finalement pas eut une autre tournure que celle qui nous attend à présent. »

Il jongla encore un peu avec ses sabres avant d’en lever un en l’air, gardant toujours sa posture très droite.

« Mais ne croyais pas a de la faiblesse dans mes paroles, je me doute que ma réputation m’a précédé. Sachez une chose, c’est que j’aime bien trop les femmes pour leur manquer de respect, et notamment et me retenant ou en les sous-estimant. »

Concluant sa phrase, il laissa disparaitre son sourire pour prendre un air sérieux, très sérieux. Plus de paroles, plus de pensées futiles, le seigneur avait tourné toute sa concentration dans ce combat, ayant déjà profité des quelques secondes de proximité avec son adversaire pour étudier son corps, la forme de ses muscles et en déduire une partie de ses forces et de ses faiblesses.

Il abattit alors rapidement son sabre qui reprit position à coté de lui, puis se mit en position de combat, jambes fléchies, bras armé. Il fit pivoter son pied pour trouver le meilleur appui avant de prendre impulsion et de se propulser en direction de son adversaire qu’il vit se mettre en garde. La distance se diminua très rapidement, mais c’est a moins de deux mètres que Risa perdit la vue de Kenji, alors protéger par un branchage feuillu qu’il avait coupé quelques secondes plus tôt.

Son premier geste avait été une de ces lames de vents qu’il utilisa pour couper un branchage en hauteur dans l’un des arbres, d’une pour atteindre une partie suffisamment faible, et de deux pour que le reste du bruit de la foret couvre le coup. Une fois caché, il arma ses sabres pour des coups latéraux, chacun de son coté et abattit ses lames l’une après l’autre. La première, celle de droite, visait le cou de Risa, alors que la seconde s’enfonça dans son flanc gauche.

La distance était quasiment réduite mais Kenji était toujours caché par cette vegetation qui disparut aussi soudainement qu’elle était apparut, poussé par le pied gauche de Kenji dont la plante se posa avec violence sur le haut de la poitrine de la Nezumide. Retrouvant alors la vision, la seule chose qu’elle pu apercevoir fut l’autre pied de Kenji qui fonçait sur son visage.

Fléchissement et extension avait été la clef de son attaque, usant de sa vitesse et de sa souplesse, les deux diversions, la branche et ses lames ayant eut pour but principale de concentrer l’attention de son adversaire sur ce qu’il laissait paraitre de plus dangereux. L’ouverture quelle qu’elle soit était la, et il fallait maintenant garder ce léger avantage en oppressant son adversaire.

Touchant le sol, il rebondit aussitôt vers sa cible, frappant à nouveau de sa lame de bois le flanc de Risa, une nouvelle diversion qui eut pour but de placer le sabre de son adversaire en position idéale. Le blocage était d’école, et n’importe quel épéiste avec un peu d’expérience pourrait l’anticiper. Et si Kenji voulait savoir ou ce trouver le sabre de son adversaire, c’est parce que ça prochaine cible était dessus, les doigts. Moins d’une seconde plus tard c’est l’autre sabre de Kenji qui toucha le sabre de la capitaine, mais il veilla cette fois à ce que son index et son majeur se retrouve entre les deux morceaux de bois, atténuant grandement le bruit du contact entre les deux morceaux de bois.

Usant de son élan, il repoussa un peu plus Risa, frappant son pied du sien pour placer celui-ci sur une zone glissante et lui faisant ainsi perdre l’équilibre, enchaînant alors avec une série de coups, rapides et précis, mêlant estoc, latéraux, verticaux, provoquant quelques bleus et mettant la belle a terre. Kenji bondit alors en arrière et, prenant appui sur un arbre, se percha sur une branche a quelques mètres au dessus du sol. Accroupit, prêt à bondir, ses lames bien en main et le regarda affûté, souriant et satisfait sur sa cible dont les vêtements maintenant mouillés laissés apparaître un peu plus de son corps.

Le premier duel du Taisen no Shukusai s’était plutôt bien déroulé pour Risako dont l’épaule était maintenant guérie de sa blessure paralysante, mais le deuxième serait une toute autre paire de manches tant l’adversaire différait du premier. En effet, bien loin de la jeune prêtresse sans grande expérience combative, la guerrière devait maintenant se mesurer à Umano Kenji, le seigneur fils du Vent en personne. Cependant, elle ne se fit pas beaucoup de soucis quant au déroulement du combat. Après tout, le seigneur devait avoir reçu le meilleur enseignement au sabre possible à Uma. Restait qu’en digne daimyo, cet outil ne devait pas souvent lui servir, et Risako se trouvait forte de vingt-quatre années de combats, dont quinze sur le terrain.

Non, l’avenir proche ne l’intéressait pas tant qu’elle était avec son fils, Bankichi, qui était bien loin d’égaler les combattant du Taisen no Shukusai, mais qui se révélait déjà très talentueux au Kenjutsu. Risako aurait abandonné toutes maîtrises des armes pour parfaire son éducation si Kidô, le père du petit, n’avait pas disparu si soudainement. A présent, l’avenir était incertain, mais il fallait faire face. La mère avait repris les armes et se battait avant tout pour son fils et pour son clan. Et il fallait l’avouer, cette situation lui plaisait plus qu’elle ne voulait bien l’admettre.

Risako arriva donc sur les lieux de l’affrontement sans soucis, aucun. Rien que l’envie de disputer un formidable duel avec le seigneur Umano. D’ailleurs, celui-ci lui fit un signe de la main pour l’alerter de l’emplacement du terrain. Ce dernier était un marécage aux allures inquiétantes, dangereux pour les chevilles et les jambes, les rochers émergeant de l’eau étaient pour la plupart couverts de mousse et les arbres dont les racines se noyaient peinaient à trouver le soleil. Aux alentours, quelques troncs brisés offraient des ponts risqués aux visiteurs et de jeunes pousses profitaient des quelques rayons de soleil filtrant entre des branches pour le moins feuillues. Pas de lumière idéale, pas de canons de possibilité d’appuis non plus. D’un côté, un sol glissant, de l’autre une terre mouvante où l’on ne manquerait pas de s’enfoncer. C’était donc un terrain des plus dangereux.

La guerrière posa son sac à l’abris de l’eau et se débarrassa de son Haori qui ne ferait que la gêner ici, chaque goutte alourdissant ses vêtements puis entravant ses gestes. De son buste athlétique, tout était à découvert, à part son opulente poitrine dissimulée et maintenue par des épaisseurs de bande de tissus immaculées. Elle garda tout de même son Hakama gris qu’elle releva jusqu’aux genoux avant de piquer les ourlets de courtes broches de moindre facture. Ses sandales, quant à elles, ne seraient pas une gêne tant qu’elles restaient solidement attachées à ses chevilles. Enfin, Tessen, Wakizashi et Katana bien accrochés à sa ceinture de tissus raide, la jeune femme s’avança.

Son regard pourpre s’acéra lorsqu’il rencontra celui du jeune seigneur. Oubliée douceur, oubliée sympathie. Risako avait tout d’une démone. Calme, confiance et puissance étaient alors ses seuls mots d’ordre. Cherchant par là à impressionner dès le premier coup d’œil son adversaire, elle se permit de le sonder de ce même regard guerrier. Il avait l’air fort et jeune, sans doute plein de vitalité, et son sourire et sa silhouette avaient dû faire fondre plus d’une, mais ce ne sera pas suffisant pour la défaire.

« C’est un honneur, Umano-dono… »prononça-t-elle d’une voix neutre en s’inclinant le plus profondément possible mais en gardant les jambes bien droites.

Se redressant, la guerrière écouta attentivement les salutations du seigneur et son masque de combattante implacable se fissura quelque peu le temps d’un léger rire quand il eut exprimé ses préférences. Elle ne l’interrompit pas d’avantage, saisissant qu’il ne comptait pas lui faire de cadeau au regard de sa condition de femme. Et c’était bien mieux ainsi, une combattante ne pouvait se sentir plus honorée. Leurs sourires disparurent tandis qu’ils continuaient à se jauger. Quel genre d’adversaire cachait cette bouille mutine ? Tout indiquait qu’il n’aurait pas la douceur de la jeune Iwasa mais comptait-il sur sa force, ou bien sur son agilité pour se battre ? Après tout, il était fils du vent, il devait donc avoir un style léger et aérien, mais rien n’était encore sûr.

D’ailleurs, le voilà qui fonçait vers elle en une impulsion accomplie. Prêt à en découdre, son sourire avait disparu et il la fixait avec sérieux et vaillance. Risako n’attendit pas pour se mettre en garde. Cependant, alors que Kenji n’était qu’à deux ou trois pas, une branche s’abattit sur sa vue et elle ne le vit plus. Mais ses sabres de bois apparurent soudainement, et tandis qu’elle bloquait l’un de sa main, l’autre s’enfonça inexorablement dans son flanc, lui coupant le souffle. Le jeune guerrier recula ensuite afin de la frapper de son pied à travers les branchages qui furent aussitôt parés par les deux bras en barrière de la jeune femme.

Tandis que la Nezumide s’enfonçait dans la vase et qu’elle manqua de tomber sous la force du coup, Kenji porta cette fois son pieds violent vers son visage. C’est alors que Risako fit confiance à sa chute pour se courber en arrière avec une souplesse toute féline, esquivant ainsi de très peu l’offensive avant de se réceptionner, indemne, sur ses deux chevilles prises dans la boue.

Pour un profane, leurs vitesses et leurs agilités s’équivaudraient. Cependant, Risako avait une très sensible supériorité dans ces deux domaines, ce qui lui permettait d’anticiper certains coups, mais le seigneur commençait fort et cela avait beaucoup impressionné la capitaine qui restait sur ses gardes.

Kenji rebondit, visant encore le côté de Risako qui para avec une facilité déconcertante. Elle était alors loin de se douter que ce n’était qu’une diversion et ses doigts se retrouvèrent ainsi entre deux bouts de bois sous un coup pour le moins douloureux qui lui fit lâcher son arme et trépigner. Et ces petits pas lui permirent de se soustraire à la boue et d’user de son art, Eclipse, pour fondre dans le champ mort du seigneur tandis que celui-ci esquissait un nouveau coup de pied devant lui.

Ainsi, il ne toucha du pied que la branche qu’il avait faite tomber deux ou trois minutes plus tôt, et s‘acharna dessus tel un cheval enragé. La pauvre branche se brisa à certains endroits et éclaboussa d’eau et de boue le pantalon seigneurial. Enfin, Kenji délaissa sa victime pour retrouver un perchoir d’où il put contempler son féminin adversaire.

Sa petite mine réjouie fit sourire d’attendrissement Risako qui n’en menait pourtant pas large puisque ses doigts lancinaient et son côté bleuissait à vue d’œil. Cependant, elle trouva toute la force nécessaire pour pousser sur ses jambes et bondir vers lui avant de lui asséner un puissant coup de bokken dans les orteils. Puis, profitant de ce maigre appuis et du rapide déséquilibre de son adversaire, la guerrière envoya ses deux pieds dans le ventre de son adversaire et le sépara de la branche avec elle.

La chute fut des plus brutales et des plus courtes, puisque les arbres dont les racines se noyaient et dont les branches peinaient à chercher le soleil n’était pas bien grands. L’eau non plus, n’était pas bien profonde et ci et là, le fond comportait du plus petit caillou à la plus grosse pierre. Kenji n’avait pas le temps d’esquisser un coup avant de recevoir tout le poids de Risako, allié à la force gravitationnelle, dans le ventre. Et même s’il avait amoindri le choc d’une quelconque façon, il y avait de grandes chances qu’il se trouve bien sonné après cette attaque.

Sachant que son adversaire pouvait à loisir utiliser ses pouvoirs Umano, Risako s’en éloigna de quelques bonds, puis envoya le don « Ha no Hikari » , « Lame Lumière » vers un arbre pour en trancher tout un pan qui bascula et chut dangereusement sur Kenji tandis que la jeune femme fonça se trouver une cachette parmi la végétation cachée dans le champ aveugle du seigneur, le bokken au poing.

Perché sur son arbre, Kenji souriait a voir Risako se tenir la main qu’il venait de toucher, la même technique qu’il avait utilisé contre Ko pour fragiliser la tenue de son arme. Si cela avait été d’une utilité moindre contre la ninja plus prompt à utiliser le taijutsu, il espérait qu’une guerrière comme son adversaire en souffrirait plus. Mais comme prévu, cela n’empêcha en rien la hargne et la détermination de son adversaire, pensée qui laissa Kenji échapper un rictus.

Malgré la douleur la prise était bonne, et la rage bestiale de la capitaine Nezumide lisible sur son visage, et sa charge fut précise et fulgurante, prenant le seigneur de cours alors persuadé qu’elle viserait son visage ou son front, et ce n’est en perdant l’équilibre maladroitement qu’il pu éviter le coup sur ses orteil, imitant le même mouvement que son adversaire avait utilisé un peu plus tôt pour esquiver son coup de pied.

Les quelques secondes qui suivirent furent décisive, le sol sous lui était plein de danger et tomber dessus pourrait être un sérieux handicape pour le reste du combat, il lui fallait trouver une solution. L’urgence vint de Risako qui suivit Kenji dans son mouvement, déterminée à utiliser le seigneur comme coussin de réception. La réaction du seigneur fut vive et direct, il n’avait pas de temps à perdre, préparant en même temps sa contre attaque. Fixant son adversaire dans les yeux et affichant un rictus de sérénité et de satisfaction, il croisa ses sabres devant son torse et ferma les yeux, invoquant alors :

« Suiren !!! »

Juste avant qu’ils ne touchent le sol, deux feuilles de nénuphars apparurent alors, la première sous le seigneur, le seconde entre lui et Risako, protégeant ainsi sa chute ainsi que l’attaque dévastatrice de la belle. Allongé sur le dos, il leva ses jambes qu’il posa contre le nénuphar du dessus, prenant appui avec ses mains et ses epaules, poussant alors avec force et amplitude sur la feuille au dessus de lui.

Dans le même temps, cette dernière s’était repliée sur elle-même, tenant alors Risako prisonnière dans un rouleau de feuille, bien peu résistant mais qui laisserait le temps à Kenji de lancer sa nouvelle attaque. Projeté en l’air par l’impulsion des puissantes jambes du seigneur d’Umano, il arma ses bras en toupie et d’un coup de rein sec entraina une rotation véloce, bras tendu avec un bokken a chaque bout, les abattants alors tour a tour sur sa cible avec vitesse et force.

Les coups fusèrent contre le rouleau de feuille qui se désagrégeait à chaque contact avec l’arme de bambou. Le corps entier de Risa fut visé sans que Kenji ne sache vraiment quelle partie il touchait, se concentrant sur la force de son attaque. Une fois libérée, elle ne perdit pourtant pas de temps pour contre-attaquer à son tour, lançant un coup qui subjugua le seigneur.

Similaire a sa lame de vent, l’attaque de Risa n’avait pourtant pas son pareille en puissance et en intensité, le seigneur n’avait jamais vu ca, et lui qui était si fier de son attaque se retrouvait en présence d’une version bien plus dévastatrice. Sectionnant de part un tronc qu’il n’aurait peut être même pas pu entamer avec sa technique, Kenji compris un peu plus son origine non humaine.

Mais il n’avait pas le temps de réfléchir a cela, a peine après avoir atterrit voila qu’un tronc et son branchage s’effondrait sur lui en lui laissant que peut de choix. Plaçant ses mains perpendiculairement a la direction de chute, il invoqua cette fois Kazegami :

« Homare Kaze !!! »

Projetant une violente bourrasque contre lui-même, il s’éjecta alors de la trajectoire de l’arbre évitant celui-ci de justesse, et finissant sa fuite dans une roulade un peu improvisée. Il se reprit vite, mais constata rapidement la disparition de son adversaire qui était sortit de son champ de vision et semblait vouloir y rester. Kenji profita de cet instant pour reprendre sa respiration, essuyer ses mains et réfléchir a la situation dans laquelle il était et comment contrer a nouveau son adversaire.

La première chose était de la localiser, et cette dernière semblait bien peut au courant de l’affinité particulière du seigneur d’Uma avec son élément, le vent… Si il n’obtiendrait rien grâce a sa vue, les petits filets de vent serpentant entre les arbres seraient plus que suffisant pour capter une odeur de sueur, ou le bruit d’un battement de cœur. Il ferma les yeux, se concentrant sur chaque parcelle de changement de pression environnent et de toutes les particules ou vibrations qu’ils pouvaient lui amené, Kenji avait la maîtrise du vent.

Caché dans la végétation environnante, son adversaire l’attendait, soit, si elle pensait le prendre par surprise, elle serait prise a son propre jeu. Apres l’avoir localisé, Kenji devait se rendre à son tour invisible, et donc cacher le bruit de ses pas et le champ de vision de son adversaire. Armant ses bokkens, il lança une succession de lame de vent dans les airs qui sectionnèrent une série de branche qui s’écroulèrent alors dans un brouahaha. Profitant de ce moment, il disparut avec aisance des yeux de son adversaire sachant ou celle-ci se trouvait et usant des nombreux arbres branches et autre pierre pour qu’elle ne le retrouve plus, et ainsi se mettre en position d’attaque.

Il sauta alors du nénuphar qu’il avait fait apparaître au dessus de sa cible et fondit sur elle tel un faucon, ses deux sabres armés bien haut au dessus de sa tête. Arrivé a bonne distance, il abattit ses lames a la base du cou de Risako de chaque coté, paralysant a l’aide d’un douloureux traumatisme ces muscles primordiaux pour le maniement du sabre. Atterrissant derrière elle, il lui plaça alors un chassé dans le dos propulsant cette dernière hors des fourrés ou elle se trouvait et finissant sa course dans une marre boueuse.

Il sortit a son tour et se plaça face a elle, ses bokkens en garde, voyant ce que la Nezumide avait en réserve pour lui, se duel était intéressant, mais il attendait toujours de réveiller la bête qui sommeillait en son adversaire.

Ne s’attendant sûrement pas à ce que Risako essaie de frapper ses orteils, Kenji piétina comme prévu sur la branche avant que Risako ne vienne l’y cueillir et qu’ils chutent ensemble. Le sol s’approchait inexorablement, promettant à la guerrière d’handicaper le seigneur pour le reste du duel. Cependant, Kenji ne semblait pas s’inquiéter le moins du monde et Risako n’eut pas le temps de se demander pourquoi.

Il fut sauvé par des moyens providentiels. En effet, deux feuilles de nénuphars apparurent comme par magie à la toute dernière seconde de chute. La première permit à Kenji de se réceptionner sans mal, la seconde à parer le terrible coup de Risako. Cette dernière, faute d’appui stable, ne put échapper à ce don divin qui se referma sur elle tel une plante carnivore. C’était bien joué, très bien joué. La feuille enserrant les jambes de la combattante lui empêchait toute retraite et la forçait à parer ou à recevoir les coups du seigneur.

Coups qui ne se firent pas attendre, puisque Kenji bondit vers elle et tournoya sur lui-même, un sabre dans chaque main. Serrant les dents en fixant avec rage cette tornade humaine, Risako tendit immédiatement les bras vers le ciel et attendit que la transformation de son buste attaqué soit effective. Les coups reçus sur sa hanche et sur ses côtes la firent ciller puis cracher un soupire de douleur, mais comme prévu, les bokkens adverses se sectionnèrent comme de vulgaires morceaux de beurre sur sa lame avant que Kenji ne choit.

Les armes de bois ainsi amputées sur leurs moitiés, Risako bondit de la feuille de nénuphar désagrégée afin de lancer le pouvoir divin précédemment cité. Le tronc se détacha et tomba à une vitesse folle sur le jeune homme qui se remit bien vite de ses impressions et se dégagea de la zone dangereuse à l’aide d’une puissante bourrasque. La guerrière pouvait encore espérer qu’il se fasse toucher, tant la bourrasque avait l’air fougueuse. Il évita cependant de justesse l’offensive avant de se rattraper d’une roulade forcée et improvisée dans l’eau et sur les rochers.

Occupée à renouer les bandages autour de sa blanche poitrine alors que ceux-ci avaient glissé jusqu’à son ventre lors de sa précédente mutation, Risako ne perdait pourtant pas une graine des moindres faits et gestes de son adversaire. Celui-ci, après la réussite de son esquive, sembla marquer une pause, ce qui permit à Risako de souffler un peu et de faire un bilan de la situation tout en serrant ses doigts pour le moins douloureux.

En admettant que Kenji avait l’avantage, la guerrière n’avait certainement pas dit son dernier mot et un adversaire tel que lui méritait amplement un peu de volonté de vaincre de sa part. Qu’à cela ne tienne. Le tournois du Taisen no Shukusai proscrivait peut-être les coups les plus dangereux, certains adversaires avaient assez de carrure pour amoindrir leurs effets.

Soudainement, alors que Kenji avait disparu, un vacarme sans nom insuffla un peu de vie au vaste marécage. Les branches se mirent à bruisser violemment et des oiseaux s’envolèrent, affolés. Quelque chose tomba dans l’eau qui filait entre les rochers et les racines. Seulement, Risako n’était pas dupe. D’autant plus qu’un frisson parcourait sa nuque et lui indiquait que Kenji préparait quelque chose. Il savait donc très bien où elle se situait et allait la chercher.

C’est alors qu’elle était sous ses gardes, qu’une troisième feuille de nénuphar surgit au dessus d’elle. La trentenaire n’attendit pas les coups de Kenji pour rouler à deux pas derrière lui et ainsi lui asséner un puissant coup de bokken sur le côté de la nuque, le trapèze, avant de se révéler sous ses yeux en allant toucher son jumeau. Risako disparut encore afin de le frapper sur le côté, là où sa portée ne protégeaient plus rien. Au dernier coup qu’elle voulut exécuter, elle glissa sur de la mousse et se retrouva un genou à terre, le jeune seigneur la dégagea alors violemment de sa cachette. Risako se réceptionna sur ses pieds, éclaboussant et tâchant de boue son hakama gris déjà bien sali. Elle vit Kenji s’extirper des fourrés et se présenter à elle, ses armes amputées bien en évidence.

Alors qu’elle ne quittait pas sa propre garde, Risako observa longuement son adversaire. Non pas pour le sonder, mais bien pour profiter de la vue qui s’offrait à elle. Après tout, il était bien rare de rencontrer un Umano lorsqu’on était Nezumide. Et croiser le fer avec un daimyo n’était pas donné à tout le monde, d’autant plus que celui-ci était des plus agréables à regarder. Il avait d’ailleurs une réputation de coureur de jupons, ce qui n’arrangeait rien. Risako s’imaginait combien de jeunes donzelles s’étaient aventurées dans ses bras, heureuses de pouvoir plaire à un homme de ce rang et de cette beauté, et toutes ivres de rêves de grandeur. Si elle n’était pas mariée et si cette rencontre s’était faite autrement, elle aurait pu y succomber aussi s’il se serait intéressé à elle…Mais la redondance de ‘si’ faisait parti des songes qui n’avaient pas leur place dans un duel.

Après avoir esquissé un certain sourire en coin, Risako passa à l’attaque. Fonçant tout droit sur Kenji, on aurait pu rire de son inconscience. Le fait est qu’elle se baissa au dernier moment pour atteindre un des pieds du seigneur avec son arme avant de passer sur le côté, de continuer sa course et de rebondir sur un rocher situé derrière son adversaire. La guerrière se réceptionna alors sur le dos du jeune homme, espérant lui faire perdre l’équilibre, avant de se propulser avec force vers une branche d’arbre. Lame Divine, Shinken, fut ainsi envoyée et un second arbre fendit les airs pour s’écraser avec fracas et grandes éclaboussures sur le seigneur.

Propulsé par une puissante brise, le corps de Kenji s’était envolé alors que l’arme de Risako se préparait à le frapper. Aidé de la force d’un mystérieux courant de bulles d’air, Kenji soumettait les cieux et la scène en digne Fils du Vent. Et c’est avec cette technique qu’il se propulsa à une vitesse des plus folles vers Risako, sabres en mains. Honnêtement, celle-ci ne put absolument rien faire. Le caractère divin de cette course la prit de cours, de très cours, alors même que l’on disait qu’elle était l’une des combattantes les plus vives de l’Hinomoto. Le jeune seigneur frappa, frappa, frappa, asséna coup sur coup avec toute la folie du combat sans qu’elle ne puisse rien sentir d’autre que sa douleur. Seule sa fameuse danse Eclipse pouvait peut-être la sortir de ce calvaire, encore fallait-il qu’elle soit exécutée avec rigueur et précision, ce dont elle était incapable sans connaître exactement la position de son adversaire.

Kenji la repoussa d’un nouveau coup de pied et elle s’étala sur le sol caillouteux de tout son long après deux ou trois roulades mal assurées. L’eau fraiche était d’une douceur bienvenue sur les coups qu’il lui avait si cruellement assénés, bien qu‘elle la dévoilait de quelques bouts de tissus se gorgeant d’eau sur sa poitrine. Mais Risako était sale et fatiguée. Elle ferma les yeux quelques instants et envisagea la réaction de Bankichi quand il allait voir le corps de sa mère bardé de coups. Elle lui dirait alors que c’était là la vie de guerrier, qu’il fallait faire avec ,et elle verrait avec un sourire désolé sa mine juvénile dégoutée. Risako se redressa subitement pour tousser avec violence avant de rouler sur son coude douloureux et de remarquer que le Fils du Vent n’en menait pas large non plus.

Ereinté, il portait ses mains sur ses genoux, ne s’accordant pas encore le repos que Risako goutait en se trainant dans l’eau. Mais quelque chose dans sa posture indiquait à la jeune femme qu’il ne considérait pas encore ce duel comme achevé. Non, il lui lançait un regard de défi, un regard presque blessant d‘arrogance. Et ses encouragements ne tardèrent pas à revigorer la trentenaire qui se releva, oscillant entre extase du combat et rage de vaincre ce jeunot qui se prenait pour un Kami. Même si elle était à bout physiquement, même si son adversaire se révélait bien plus puissant qu’elle, elle ne pouvait pas écraser l’infime chance qui lui restait de remporter le combat, pas contre un adversaire d’une telle volonté. Il en allait de son honneur et de l’honneur de son clan.

Quel était ce sourire qui s’affichait sur le visage de Kenji et qui s’étirait jusqu’à ses oreilles ? En tout cas, Risako eut le sentiment de se prendre dans un piège. Le vent soufflait, soufflait…De plus en plus fort. C'était impressionnant. Emportant pierres de moindres mesures, eau et branchages dans un tourbillon dangereux, il ne pouvait s'agir que d'un pouvoir divin. Risako, dont la très longue tresse rousse s’agitait furieusement au gré des bourrasques, fonça alors vers le daimyo. Déchirant sa peau de quelques échardes mais échappant ainsi de peu à la tornade qui se préparait, elle empoigna les lianes et propulsa Kenji d’un très brusque coup de pied sur la poitrine pour qu'il glisse de quelques dizaines de centimètres. Juste assez afin qu’il se retrouve en plein vent furieux, sali, boueux et dangereux.

Enfin, même si Risako s’emmêlaient les pieds et les mains dans des lianes qui ne tarderont pas à l’enchainer et à l’étouffer, voir le jeune et arrogant seigneur Umano prit à son propre piège lui semblait une fin digne d’un duel entre deux fabuleux guerriers dont les esprits combatifs et la volonté transcendaient la si exigeante fatigue physique. Car même s’ils souffraient tout deux, ils ne se quittaient pas des yeux, non, ils ne se quitteraient pas des yeux avant de vraiment se départager.