De la brume, du sang, des cris. Tout est confus, la vue du samouraï faiblit au fur et à mesure qu'il avance, il parvient à entrapercevoir une silhouette, c'est une femme. Repliée sur elle même, elle tient un enfant dans ses bras, c'est une petite fille. Elles disparaissent alors, laissant place à un silence mortuaire. Le guerrier pose un genou à terre, il est blessé, ses yeux sont recouverts par un filet de sang, sûrement une entaille au front. Non, il s'agit de tout autre chose, il a du sang sur les mains, sur son sabre également, du sang frais. Tout à coup, les images accélèrent, un combat qui tourne mal, une crise de colère et un meurtre... Le samouraï a tué la femme et, en pleurs, se fait alors seppuku, il vient d'assassiner son amour, la mère de son enfant...

Les rayons du soleil n'ont pas encore percés les interstices de la chambrée du seigneur Mitsuru qui est en plein cauchemar. La peau moite, ses yeux fermés semblent décrire des spirales anarchiques qui témoignent d'une grande agitation dans son sommeil. Quand soudain il se réveille en sursaut, se relevant à moitié, le bras tendu vers l'avant, il crie. Lorsqu'il réalise que c'était encore le même cauchemar que d'habitude, il porte sa main droite jusqu'à son visage et le recouvre partiellement. Sa respiration est haletante, il vient encore de tuer Noriko dans ses rêves. Malgré l'accoutumance, il ne parvient pas à s'en remettre, titubant légèrement, il décide de se lever et d'aller prendre l'air. L'aube est encore naissante et un vent frais vient lui donner une nouvelle respiration. La ville de Suigyuu est encore endormie, malgré des commerçants qui s'affairent déjà à ouvrir leurs échoppes. Du haut de son château le seigneur des glaces observe ses sujets s'affairer, il est très fier de sa position, mais aujourd'hui il ne voit en eux que des fourmis. Sujet à des humeurs changeantes, le daimyô des montagnes peut s'avérer très ronchon si il n'a pas son quota d'heure de sommeil, et cela fait plusieurs cycles lunaires qu'il n'a pas réussi à dormir convenablement. Alors qu'il se trouve à la veille d'un grand départ pour Saru, il hésite, sa volonté vacille. Ne devrait il pas aller aider sa bien aimée plutôt que de s’empêtrer dans des relations diplomatiques lentes et exigeantes? Mitsuru est un homme d'action, pas un politicien.

Sans s'en rendre compte, il resta plusieurs heures là, planté sur son balconnet, jusqu'au lever du jour. Quelqu'un tambourine alors à la porte, l'heure du départ est proche et il y a encore tant à faire... Le regard quelque peu désabusé il se dirige alors vers sa salle de bain afin de se préparer. Pour une fois il ne supervise pas personnellement les préparatifs du voyage, préférant laisser ça à ses enfants. Takeshi et Tomoe étant du voyage, il eut pensé que cela aurait fait un bon exercice, et puis il ne s'inquiétait pas plus que ça, après tout, il les avait bien éduqués.

Une fois habillé et armé, il prit la direction des grandes portes de la ville où tout le monde l'attendait. Il ne devait en aucun cas paraître faible devant ses propres hommes et surtout devant ses enfants. Il arbora donc son sourire paternel dont il a le secret afin de les rassurer, même si il savait que Tomoe ne se laisserait sûrement pas berner, elle était bien trop observatrice pour ça. Pourtant, personne ne dit mot. Un lourd silence pesait sur ce départ qui aurait dû être plus joyeux, Mitsuru décida donc de prendre la parole afin d'améliorer l'ambiance.

- " Bien, la route vers Saruha sera longue sans pour autant être exténuante, je compte donc sur vous pour en faire un voyage agréable. Nous allons là bas en tant qu'émissaires du clan Suigyuuku afin d'officialiser notre alliance avec les Saruha, c'est un grand jour pour nous tous et je sais que vous en serez digne. En avant ! "

Le cortège était composé d'une vingtaine d'hommes et femmes. Stratèges, soldats, geishas et commerçants, tous représentants de leur ville et des spécialités locales. La coutume voulait un échange de présents pour célébrer une alliance autour d'une coupe de saké, Mitsuru avait donc demandé à ses suivants de rassembler un échantillon de ce qui se faisait de mieux dans sa ville.

Épaulé de chaque côté d'un de ses enfants, il ouvrit alors la marche et la fine équipe partit de Suigyuu pour joindre Saruha.

Comme prédit, le voyage fut agréable et court, une fois arrivés à Saruha, les représentants de Suigyuuku furent invités par des hommes du clan singe à les suivre vers le palais. En quelques minutes ils arrivèrent à destination et purent mettre pied à terre afin que leurs montures se reposent un peu. Mitsuru se retourna alors et s'adressa à ses enfants.

- " Bien. Je vais aller m'entretenir avec le seigneur Saruha pour commencer. Pendant ce temps je compte sur vous pour organiser les festivités. Takeshi, organise toi avec les stratèges, quant à toi Tomoe, je veux que tu prennes les commandes concernant les produits locaux et nos Geishas, il me semble qu'elles auront un emplacement de choix pour nous divertir ce soir. Je compte sur vous "

Sans en rajouter il leur tourna le dos et se dirigea dans le palais du singe. Quelques minutes d'attente et le voilà face à face avec Kotaro qui lui indiqua un coussin disposé à une distance peu protocolaire, mais après tout, les deux hommes se connaissaient maintenant.

- " Seigneur Saruha " lui répondit-il tout en s'asseyant.

Alors que les deux hommes s’échangeaient de brefs regards, Mitsuru choisit de prendre la parole, il savait que Kotaro aimait bien parler en premier, mais il avait envie d’accélérer le tempo, ses pensées étaient à Usagite.

- " Je vous remercie de votre invitation. C'est un véritable honneur pour notre clan de conclure pareille alliance, vous êtes un allié précieux, vous l'avez prouvé à Iriwaku, vous avez gagné mon entière confiance "

Lançant quelques compliments, il espérait débloquer la conversation tout en laissant l'opportunité à son hôte d'engager sur un sujet plus sérieux, pressé, poli et malin à la fois, le seigneur Suigyuuku est vraiment tout sauf une brute.

En retrait elle était demeurée, laissant son frère prendre sa position d’homme. Son regard fixant un point invisible sur l’horizon, fort adroitement assise sur sa monture et l’oreille à l’écoute. Le jeune samouraï entendait la voix de Takeshi comme celle d’un fanfaron, certes juste dans ses mots mais quelque peu longuet à son gout. Elle le comprenait… Leur père leur avait fait rand honneur, même ressentait une exaltation qu’elle étouffait au plus profond d’elle. Son visage restait de marbre cependant, gardant un silence soumis et ses mains maintenant habilement les rennes. Sa tête s’inclina alors en signe de respect lorsqu’il se détourna vers elle et son menton se haussa tandis qu’il émettait son autorité. La jeune fille ne s’octroyait guère le droit et l’expérience suffisante pour la place que lui offrait ce jour son père et Maître-Seigneur Suigyuuku. Elle n’avait comprit ce choix, l’honorait hautement malgré tout et se soumettait sans broncher ni émettre un quelconque avis ou remerciement. Elle ferait ce qui lui semblait sage et au mieux de ce qu’elle pouvait et même au-delà. Tomoe était l’image même du parfait samouraï ; détachée, inflexible, mesurée… Flegmatique. Si jeune, si petite sur son étalon et apparemment frêle au premier abord mais cette sévérité lui donnait à force et à mesure du temps, une maturité qui la vieillissait. Peu d’homme de sa classe tenait son regard quant aux supérieurs, jamais ses yeux n’osaient croiser les leurs. Simple déférence d’un disciple pour ses maîtres.

Bien qu’elle tenait le peloton de tête, Tomoe n’avait pas tenu ligne égal d’avec son père, prenant une marche même un peu plus en retrait que son frère. Non seulement parce qu’elle était présente dans ce convois en tant que samouraï donc bien moins gradée que ceux se trouvant plus en arrière et non pas en tant que fille du Seigneur, mais aussi parce qu’elle était femme et qu’à ce titre il lui semblait que son avantage était proche d’un vol. Deux détails importants à son encontre, malgré tout la jeune fille n’avait reçu aucun reproche de quiconque et n’avait perçu aucune irritation dans les regards des stratèges ou des valeureux généraux. Il y avait plutôt comme une reconnaissance envers le sang Seigneurial, une dévotion… Tomoe la percevait fortement et s’en nourrissait abondamment. Comme si le sang même de Mitsuru coulait en elle… Contrairement à Takeshi, Tomoe avait une très grande considération pour les stratèges et ministres de Suigyuuku, prenant leur lenteur pour de la profonde réflexion et leur âge pour de la pure sagesse.
Son regard s’était aussi posé sur la nuque de son Seigneur durant ce voyage, discernant un trouble en lui. Se perdant dans la contemplation de son dos, ses épaules puissantes, la droiture de son port et toute la fierté qui transcendait cet être. Son regard avait basculé de lui à son frère et de son frère à son père. On aurait dit la même image en miniature, si on pouvait appeler l’imposante stature de Takeshi comme une miniature… Un très faible sourire avait outrepassé la limite sévère de ses lèvres en réalisant combien elle devait paraître minuscule fourmi insignifiante aux cotés de ces deux buffles féroces. Ils étaient comme plein d’une puissance à peine retenue, près à déverser une fureur tempétueuse. Celle qu’on appellera un jour Gozen s’était demandait quel aspect ressortait d’elle et si elle était vraiment en mesure de rivaliser mais elle aussi retenait une fureur en elle et elle avait hâte de la déployer.

Reprenant ses esprits, ses yeux sombres se dévoilèrent et transpercèrent froidement le groupe de geisha qui se trouvait devant elle. C’était la toute première fois qu’elle voyageait aussi loin et qu’en plus elle aurait une fonction ressemblant à celle d’une chef de division, seulement c’était des Geisha et des gens du peuple dont elle s’occuperait et non de soldats. C’était un privilège, on lui accordait trop d’égards… La responsabilité était grande, au delà de simple organisation ; protéger son peuple.
D’un mouvement, elle fit avancer sa monture puis descendit d’un mouvement leste pour se mettre à la hauteur des femmes et des hommes artisans, agriculteurs et commerçants.


« Suivez-moi je vous pris. »


La jeune fille s’inclina devant eux, pas trop bas, et gardant les rennes dans une main prit chemin avec quelques soldats que Takeshi lui avait assigné vers le centre ville. Elle acquit pour les jours ou ils demeureraient un bâtiment assez luxueux pour ce qu’ils représentaient. Tomoe ne savait s’ils devraient recevoir le Seigneur du pays mais elle parla aux gens comme s’ils s’apprêtaient à recevoir l’empereur. L’endroit était surtout fait pour l’apaisement du peuple. La plus grande salle fut cependant dédié aux stratèges, lorsque Mitsuru reviendra, c’était là qu’il pourrait demeurer avec plus anciens ministres. Les gens dont elles s’occupaient par contre s’activaient plus discrètement dans les couloirs, les Geisha s’apprêtant pour offrir danse et musique à ceux qui seraient les bien venu dans la pièce Seigneuriale. Les producteurs affinaient dépaquetaient ou préparaient leur met les plus raffinés afin de les présenter plus tard au grands de Saru et peut-être au Seigneur Saruha. Elle avait même prévu une sorte de petit défilé si les Seigneurs désiraient qu’ils mènent leur pas jusqu’au palais.
Tomoe adressa d’ailleurs quelques mots à un soldat qui gardait l’entrée pour qu’il apporta à son frère premièrement puis à son père la conclusion de ses ordonnances.


« Dis leur que tout est prêt. »

Beaucoup de mots en une seule phrase ; de significations en un si court laps de temps. Kotaro ne manifesta aucune surprise en constatant que l’empereur des glaces, en digne seigneur du clan Suigyuuku, attaquait, tête la première, le nœud du problème. Le souvenir d’Iriwaku imbibait encore son esprit, peut-être trop. Kotaro, aussi, n’avait pas oublié la bataille qu’ils avaient menée ensemble, comme deux amis de longue date, pour sauver la prêtresse du clan Suigyuuku des démons. Mais sa sagesse le poussait à considérer les choses d’un angle différent dans l’affaire qui les intéressait aujourd’hui. Le clan Saruha n’avait pas plus d’alliés déclarés aujourd’hui qu’il n’en avait eu en se rendant à Iriwaku. Suigyuuku Mitsuru en était certainement conscient, au-delà des propos qu’il venait de tenir. C’est tout du moins ce que Kotaro lui souhaitait car il n’était ni homme à prononcer des paroles en l’air ni homme à se laisser forcer la main, même quand l’impulsion venait d’un proche.

Ses grands yeux bleus fixés sur son invité, le visage redevenu insondable malgré la douceur de son sourire, Kotaro devina, à travers le regard de Mitsuru, toute l’importance que revêtait cet entretien pour la grande alliance de l’est. Il ne lui était pas compliqué de comprendre pourquoi. Tout l’enjeu de cette situation pouvait bien se résumer à la survie des clans engagés, quand bien même le clan Saruha ne représentait qu’une force mineur pour la région. Une force mineur capable, néanmoins, de soulever une armée de trois mille hommes quasiment. Un détail qui pesait d’autant plus lourd que rentrer dans les bonnes grâces du clan Saruha ouvrait une porte plus grande encore auprès du clan Umano. Sans encore rien savoir de ce que Kenji tramait de son côté, Kotaro était bel et bien conscient des enjeux que pouvait révéler cet entretien pour les deux clans majeurs de l’est. Restait qu’il ne déciderait de rien sans démêler quelques fils au préalable, parmi lesquels on pouvait aisément inscrire les souhaits personnels de Kenji et les gains espérés par l’alliance de l’est en cas de victoire.

Portant momentanément ses yeux vers le fond de la pièce, Kotaro croisa le regard de l’intendant qui lui répondit par un ample mouvement de la tête avant de s’éclipser. Dans leur code, ce regard signifiait que le seigneur demandait à rester seul, le temps pour l’intendant de dépêcher les servantes qui assureraient le service du thé. Ramenant, finalement, son attention sur Mitsuru, Kotaro décida de lâcher les lianes qui lui assureraient une emprise quasi totale sur le déroulement de la discussion.

« Vous savez fort bien que je ne décide pas d’une alliance comme d’autres décident de changer d’apparats pour être plus plaisants. L’échéance d’une guerre concerne naturellement tous les clans, neutres comme engagés, mais officiellement, le clan Saruha n’a encore revêtu aucunes de ces couleurs. Néanmoins, je m’interroge… qu’est-ce que l’Est tirerait d’une possible victoire sur l’Ouest ? Et quel serait la place de mon clan face à un tel trésor ? »

Kotaro laissa volontairement planer un court silence pour donner davantage de poids à son questionnement. Des réponses qu’on lui apporterait pouvaient dépendre bien des choses ; nul doute que le Buffle prendrait le temps de calibrer ses propos avant de les livrer à l’expertise du Singe.

« Je suis certain que la réunion d’Hinode vous aura, au moins, permis de régler ces quelques détails. » Ajouta-t-il sans la moindre moquerie dans le ton ni dans l’apparence.

Le choix des mots était un art dans lequel Kotaro avait toujours démontré quelques habilités. Il avait appris dans sa tendre enfance qu’un homme pouvait exprimer diverses opinions avec un même lot de mots. Il avait également appris qu’un homme habile pouvait obtenir de ses interlocuteurs tout un tas de choses avec le même lot de mots. La réelle difficulté résidait dans la tournure qu’un homme donnait à chacune de ses phrases. Selon le génie ou non des tournures, les résultats étaient plus ou moins concluants. Le moment était donc venu de savoir ce que l’alliance de l’Est avait réellement dans le ventre, et plus particulièrement ce que les clans Suigyuuku et Hitsujide tramaient subtilement dans leur tête.

*******

Veuillez m'excuser pour le retard de cette réponse. Ça ira beaucoup plus vite dorénavant.

Comme prévu le seigneur singe avait plus d'un tour dans son sac. Mitsuru avait préparé son argumentaire concernant les raisons qui le poussaient à vouloir se rapprocher de Saruha, cependant en face de Kotaro il se retrouvait comme démuni... Il n'était pas impressionné, il lui en fallait bien plus mais le doute l'envahit. Les vraies raisons de sa présence ici également.

Il ne pouvait décemment pas annoncer que son principal intérêt dans un conflit résidait dans la protection du clan Usagite et de Noriko, la mère de son unique enfant. Les pensées du seigneur des glaces se perdirent alors dans des souvenirs lointains, des remembrances d'un temps oublié qui étaient placées sous le signe de la paix en Hinomoto. Il se voyait allongé sur l'herbe aux côtés de sa bien aimée, tenant dans ses bras Tomoe encore nourrisson. Un léger vent les caressait alors qu'ils plongeaient leur regard dans les plaines de l'ouest. A cette époque il n'était nullement question de stratégie, de plans cachés et encore moins de guerre ouverte, seul le bonheur d'un couple.

Brutalement arraché à ces souvenirs, il se retrouva dans le présent, face à face avec Kotaro qui affublé d'un sourire cachant mille mots continuait son monologue en évoquant la fameuse réunion d'Hinode. Cette entrevue entre les clans de l'alliance Hitsujide-Suigyuuku n'avait en réalité débouché que sur peu de solutions viables. Il y avait été question que la position du clan Umano serait angulaire dans le conflit à venir, mais aucune mesure n'avait été décidée, Mitsuru ayant bien pris le soin de cacher son rapprochement avec le clan Saruha. Voilà c'était ça ! Nul besoin d'étaler ça au grand jour, le seigneur buffle avait retrouvé son argumentaire, mais il avait mis du temps avant de répondre. Devant un autre seigneur, ce silence aurait été interprété comme une réflexion logique, mais devant Kotaro il était certain que cela serait interprété différemment, mais qu'importe, il ne fallait maintenant plus taire les propos pour lesquels il avait tant répété avant de venir.

Posant ses yeux légèrement vers le sol et esquissant un léger sourire, il soupira avant de tenir ces mots:

" Vous êtes bien renseigné seigneur Saruha, malgré le pacte de non-agression qui lie nos clans, nul membre de votre fief ou de celui d'Umano n'avait été mis au courant de notre réunion à Hinode. Cependant puisque vous le savez, je ne peux plus cacher ce qui s'y est déroulé, si je veux que vous puissiez avoir confiance en moi, je dois être transparent. "

Reprenant légèrement son souffle, il leva de nouveau les yeux et tout en fixant attentivement son vis-à-vis il continua:

" Lors de cette entrevue, les quatre clans représenté sont tombé d'accord sur un point. L'importance stratégique capitale du clan Umano dans le conflit à venir. Au jour d'aujourd'hui et d'après les rapports de mes espions, les clans Toragi et Ondorie à eux seuls ont une force armée suffisante pour raser Suigyuu et Hitsuji et ainsi prendre le contrôle total de l'est. Cependant, avec les renforts d'Umano et de Saruha, la balance penche en notre faveur et nous permet de disposer d'une force de frappe suffisante pour nous défendre. "

Il fit alors une nouvelle pause, il avait évoqué plusieurs noms de clans, plusieurs idées même si il s'agissait d'évidences. Le seigneur Kotaro était naturellement au fait de ces chiffres, et malgré tout il semblait important aux yeux de Mitsuru de clarifier les choses afin que la suite de son discours soit interprété de manière juste. Il continua d'ailleurs:

" Je suis bien conscient du fait qu'une alliance entre nos deux clans ne pourra être approuvé qu'avec l'aval d'Umano Kenji, votre ami de toujours, cependant essayez de reconsidérer les choses sous un autre angle. "

Faisant un léger signe de la main en arrière, il s'arrêta alors quelques instants de nouveau, dans un éclair, deux servants de Suigyuuku ramenaient alors une bouteille de saké et deux coupelles. C'était maintenant au tour de Mitsuru de s'imposer dans cette discussion, il reprendrait la main coûte que coûte dans cette pseudo joute verbale. Portant une coupelle remplie à ses lèvres, il en but une gorgée avant de continuer à parler.

" Ce que je vous propose n'est pas une alliance officielle mais un rapprochement officieux et un soutien militaire en cas de conflit. Vous restez maître des décisions qui vous sont alloués par Umano et vous bénéficiez de la protection supplémentaire du plus puissant clan de l'est. En contrepartie je vous demande un soutien militaire s'élevant à la moitié de vos hommes en cas d'attaque de nos frontières, et de répondre à une de mes questions. "

Se servant une deuxième coupelle il la but cul sec et termina alors:

" Avant que nous partions pour Iriwaku, vous m'avez dit quelque chose. Vous m'avez dit que le clan Toragi n'aurait pas la moindre chance contre vos soldats et j'aimerais savoir par quelle magie. "

La mémoire, c'était un des points forts de Mitsuru qui était capable de se souvenir du moindre fait qu'on lui avait rapporté, aussi insignifiant soit il. C'était au tour de Kotaro de répondre maintenant, le seigneur des montagnes avait une fois de plus innondé son partenaire verbal sous une avalanche de mots et comptait bien continuer en cas de résistance. Il avait également encore un ou deux tours dans sa manche avec les travaux conjoints de Takeshi et Tomoe.