Le mouton se serait-il égaré loin du buffle ?

« Cela ne leur ressemble point. »

C'était la phrase fétiche du soir. La réunion improvisée de la veille avait été formelle. Il fallait rapidement éclaircir la diplomatie. On raconte que dans les rue de la glaciale Suigyuu se seraient proliféré de sombres rumeurs. Si bien qu'au final, même les plus hautes instances du clan Suigyuuku ne pouvaient déterminer s'il ne s'agissait que d'élucubrations et autres malsaines ignominies survenues dans le but de remettre en cause l'alliance de l'Est ou si la menace était réelle. Et ce contretemps était des plus regrettables tant il survenait à un moment critique de l'histoire, un évènement indésirable. Et les troupes étaient presque toutes monopolisées. Toutes, sauf quelques personnages clé. Il a été demandé au guerrier surnommé l'Écaille Blanche, Uroko Chomei, de s'occuper personnellement de démystifier l'ambages de la trahison d'Hitsujide-sama comme preuve définitive de sa réintronisation dans le clan tandis que ses semblables iraient rendre visite audit clan, lui-même ayant été soit disant porteur de ces mauvaises informations. L'avantage pour une vieille branche de l'acabit de Chomei, c'était définitivement son insuccès, son impopularité tant il venait d'être à nouveau promu chef de guerre sans que la nouvelle ne gronde son nom. De surcroit, sa dégaine faisait de lui un parfait citoyen lambda ; vous savez, le vieux mordu d'adages et de on-dit, de récits en tout genre, mais qui jamais ne se montre réellement. Quant à son crédit... Il n'était pas des moindres. C'était un vieux de la vieille, et jouer avec les mots faisait naturellement partie de ses compétences. Lever le voile sur cette affaire s'avérerait donc être un jeu d'enfant, mais comme dit le proverbe, il vaut mieux prévenir que guérir. Aussi adressa-t-il une missive à la Kunoïchi que son Seigneur et ses camarades stratèges - Houtou et Jirocho - lui recommendèrent fortement. Un personnage que ses acolytes se gardèrent pourtant de décrire, tels étaient les principes quand on parlait d'un Assassin. Mais qu'importe, Chomei fit coucher sur papier ses respects ainsi que ses requêtes des plus formelles, restant toutefois discret sur sa position dans le clan. L'aura parlerait.

Dans sa tête, le vieux chef de guerre ne pouvait s'empêcher de se questionner sur la source de tout cela. Si c'était une rumeur, il était fort probable qu'elle ait été le fruit de la vilaine entreprise de l'alliance de l'Ouest. Mais quel clan s'est impliqué dans cette lâche quête ? Mieux ! Étaient-ils plusieurs ? Et si les Hitsujide avaient réellement décidé de se séparer de la puissance du clan Suigyuuku ? Cela n'était pas logique lorsque l'on comparait le tempérament des différents seigneurs. Ondorie et Toraki étaient impétieux et diaboliques ; Hitsujide et Suigyuuku étaient bons. Alors... Était-ce peut-être par peur que le clan des béliers souhaitait se désister de l'alliance au prix d'une autre...? Non, ils n'étaient pas si lâches. Ainsi le cerveau du vieux ressemblait à un plât de spaghettis et il lui faudrait se rendre sur les lieux pour se rassasier et démêler tout ça. Avoir sa petite idée sur la situation est une chose ; la faire approuver auprès de ses collègues et la vérifier en est une autre. De ce fait, il se rendit là-bas, à l'auberge où un samouraï Hitsujide malintentionné aurait été vu pour la toute première fois à assassiner l'un de ses pairs et à propager les médisances. Marchant d'un air fragile, dans son long manteau blanc, le visage recouvert et ensevelit dans les ténèbres par son capuchon d'envergure, il avait l'allure d'un Yokai terrifiant quoiqu'inoffensif puisqu'il peinait à se tenir sur ses jambes sans sa canne. De surcroit, il arrivait à l'aveugle de demander son chemin ; on n'était jamais sûr dans ce climait d'insécurité et d'incertitude. Les temps avaient changé... Et l'ambiance, qui était chaleureuse autrefois et ce paradoxalement au climat glacial, s'était tendue ses derniers temps. Personne, non, personne n'aimait savoir le seigneur Suigyuuky victime d'une quelconque mésaventure. Qu'il était loin, le temps où le clan des buffles rayonnait ; et personne n'avait oublié l'instant le plus marquant qu'était celui de la conquête du clan Nezumide, il y a bientôt dix-sept ans. Enfin, l'écaille blanche réussit à se faufiler à travers la tempête de neige et les quelques passants jusqu'à sa destination, qui faisait également office de point de rendez-vous puisqu'il espérait bien compter sur l'aide de son alliée surprise, pourvu qu'elle ait également pris soin de rester discrète. Il n'y avait rien de mieux que de passer pour de simples citoyens inoffensifs pour partager la véracité des rumeurs. Et plus l'on se rapprochait du lieu du crime, plus il était facile d'obtenir des informations précises et pertinentes.

Le vieil homme laissa sa canne parler pour lui, l'agitant légèrement à droite, à gauche, à droite... se heurtant parfois à des pieds de tabourets, parfois à des pieds d'humains. Pour au final s'atteler à une petite table de marbre, ronde, reclue des autres. Ceci pour mieux "observer " - ne l'oublions pas, car même si la plupart des individus ne s'en doutent pas, Chomei est atteint de cécité - la modeste foule des lieux. Et toujours plus dans l'optique de "faire comme tout le monde", le chef de guerre passa la commande d'une bouteille de saké, tout en gardant une oreille attentive à tout ce qui pouvait se dire. Ce qui était pratique, même génial, quand on était aveugle, c'était le fait que les autres sens se développaient davantage. Et l'ouïe de Chomei était si fine qu'il démelait assez facilement une voix sur laquelle il avait décidé de se concentrer dans le brouhaha envahissant. Mais pour l'instant, il n'y avait qu'histoires de familles et commérages sur lesquels qu'il aurait été bien indiscret de s'attarder. Et d'un naturel infini, il se servit une coupelle de saké, la buvant à rythme régulier. Comme un homme venu prendre du bon temps et dédramatiser de la situation pesante que connaissait la ville de Suigyuu. Un comportement des plus normal qui lui servirait de couverture pour le moment. Car son accoutrement, bien qu'il ne l'identifiait pas clairement en tant que membre du clan dominant de la ville, ne le laissait pas passer inaperçu pour autant. Mais c'était une autre affaire, et l'on fichait généralement la paix à Chomei qui, dès lors, attendait, attendait que quelque commérage se fasse entendre ou que quelque présence de la Kunoïchi se manifestât pourvu qu'elle lui serait d'une aide précieuse. Parce qu'il fallait résoudre cette enquête au plus vite, et proprement...

Kuroni qui divaguait sans raison d'un bout de la ville à l'autre, eu l'oreille attentive et entendit des rumeurs, des ru meurs de plus en plus disproportionnées et nombreuses à son gout.
Quand elle se rappelait que des gardes, la nuit passée en parlait aussi, elle se demanda si les gardes était assez cruche pour gober les rumeurs ou si il y avait un minimum de fonder.
Sans réfléchir, en moins de deux elle s’évaporât dans la brouhaha de la foule les nuits en pleine ville, ne laissant d'une ombre qui a à peine le temps de disparaître.
Sous les lumières des lanternes éclairés à la combustion d'huile soufflait les unes après les autres, ne laissant qu'une traînée de poudre sur les toits, d'après les pas de la Femme Glaciale !
Elle réfléchie tout en augmentant son allure, elle devait aller voir au château, peut être qu'on lui apprendrais une nouvelle.

Son coeur à peine remis de cet puissante pointe de vitesse, elle triomphait des gardes qui l'avait demander identité, elle aperçu une enveloppe peu banal fraîchement écris d'un vieux, le nouveaux vieux chef de guerre.

Elle retenu les informations, se prépara au pire et allais au point de rendez vous, essayant de se faufiler parmi les habitants sans se faire remarquer bien sûr.
Au début elle grimpa et escalada les murs, jusqu'à se retirer a la première vue du bar au loin le temps de s'acclimater l’environnement.

Elle marcha calmement...en étant pressé et relâché moralement, elle savait que ce n'était pas une mission normal.
Arrivé à l'endroit elle remarquait un vieille homme qu'on lui avait dit aveugle, elle rentra incognito derrière une bougre homme, s’assoyait instantanément aux côté du vieille homme et lui souffla son identité à l'oreille.
Le vielle homme semblait impatient de voir son frère d'arme, il su que cette fois c'était la femme glacial.
Il se pressa de lui souffler à son tour un mot à l'oreille tout en lui servant un verre, façon de faire illusion...

« Bougre d'ânes d'imbéciles d'enfoirés de traîtres ! »

La loi de la jungle, encore, toujours. Le plus fort l'emporte, qu'importe les circonstances, quand le plus malin s'en reste éloigné. Au beau milieu d'un bâtiment de débauche, le même résultat, le combat outrepassant les limites de la virilité par le son le plus fort et le plus grave pouvant se glisser au travers de cordes vocales bien trop imbibées par l'alcool. Maître ivrogne sur son tabouret perché n'est pourtant pas source des meilleurs conseils, comme s'évertuait à indiquer le tissu gorgé de liquide sur les cuisses des plus vieux clients. Non que la piaule ingénument renouvelée en comptoir soit dépourvue d'un cabinet promettant l'intimité, mais la simple notion d'appartenance, le cas échéant d'une place assise, semble s’étouffer dans son jus à la lumière d'une politesse égarée au service du confort, ou de la bêtise.

Ainsi décor est planté, surprise et dégoût ne prennent plus place à l'ouïe d'un énergumène supplémentaire s'évertuant à grogner sa colère aux oreilles de tous, restant pourtant seul public à même de suivre la course de son postillon le plus fameux jusqu'au cœur de sa pilosité faciale tombant en bataille à la naissance de son cou. Rien n'indiquait quelconque notion d'hygiène depuis sa naissance même, si tant est qu'on soit capable de le penser encore humain, caché derrière une demi-douzaine de dents rongées par une pourriture plus repoussante que rouille présentée au soleil. Drapé par des haillons aux couleurs du clan du buffle, rien ne semblait pouvoir stopper sa frénésie vengeresse, hurlant d'autant plus fort une malédiction lancée aux « traîtres » par le pouvoir des kamis.

« Allez pourrir en enfer, chiens ! Trahir ainsi le seigneur en diffamant nos amis et alliés … Encore une fumisterie Toragi, j'parie ! »

A peine avait-il terminé sa plainte qu'il envoyait son front frapper le comptoir de bois, avant de relever la tête pour frapper une nouvelle fois son nouvel exutoire. Folie, bêtise ou crise de nerfs étrangement canalisée, sa tête n'en martelait pas moins le bois de toute la force qu'il lui était possible de garder, à rythme régulier, sans interruption malgré le sang qui commençait à perler sur son nez. Tragédie d'un vieux fou ou réelle prise de conscience de la situation, mystère qui ne saurait être éclairci par de nouveaux jurons ou nouvelles malédictions à trop haute voix portées ...

Un grognement d'assentiment quant à la situation présente s'extirpa des cordes vocales détendues du vieux chef de guerre des buffles. L'homme posa finalement sa coupelle de saké avant d'en vider le contenu d'une traite, la gorge ne bougeant pas d'un cil, tandis qu'il tapota à côté pour se saisir de sa canne, de se lever, et de se diriger lentement vers le bruit, adoptant une démarche frêle et incertaine. Sous son ample capuchon, il avait comme un air blasé. Le malheureux qui se fracaissait presque le crâne avait parlé des Toragi, information qui n'avait aucune pertinence quant aux commérages généraux. A dire vrai, c'était la première fois qu'on ouït quelque référence au clan des Tigres... Le clan des Tigres ? L'homme s'arrêta. Cet espèce de pochetron qui pue la sueur et la bouse de vache à des kilomètres à la ronde avait-il réellement émis l'idée que le clan Hitsujide n'aurait vraisemblablement pas trahi son propre clan ? Chomei en pensait tout autant, lui n'avait définitivement pas entendu au sujet du seigneur Hitsujide des rumeurs le vendant comme quelqu'un de fourbe. Le jeune seigneur des moutons était un bélier authentique, sans nul doute. Alors, pourquoi, pourquoi ce soiffard de première, littéralement rongé par l'éthanol, émettait des idées des plus lucides qui soient ? Il fallait le faire parler.

« Et si c'était vraiment l'oeuvre des dévots de Kasugami ? Je les comprendrais s'il daignaient rejoindre la bannière de Toragi, ils sont nombreux et le monde croit en leur souveraineté ainsi que leur puissance sans limite ! Le jeune Araki est craint de bien des hommes ! Qui sait si les pourpres n'ont pas réellement trahi les vachettes pour se ranger parmi les félins ! Comment pouvez-vous émettre de telles hypothèses quand les on-dit stipulent que le vil petit Tenzô ait décrété que le clan des taurreaux ne revêt plus une alliance fiable ? J'aimerais entendre votre vision de la chose, mon brave ! Parce que je veux avoir le cœur net sur cette affaire et que j'en ai assez de fouler l'Hinomoto à la recherche d'un environnement stable ! Mes jambes me font mal au possible, mes mollets fondent jour après jour ; c'est une douleur chronique insupportable ! Et le vieux con au dos cassé que je suis doit se débrouiller comme il peut pour emmener sa petite fille en sécurité, loin des tumultes de la guerre ! Alors, pour le bien de tous, faites-nous part de vos arguments au lieu de vous éclater le pif sur du bois pourri ! Vous valez mieux que ça, n'est-ce pas ?! »

Par sa petite fille, il avait bien évidemment désigné la kunoïchi qui attendait sagement au derrière ; à qui il avait fait révérence par un bref geste de main en ayant presque perdu l'équilibre tant il s'était presque démis lui-même de sa canne. Il avait également feint une voix de vieux à son tour, adoptant un ton assez proche du puant, pour mieux se fondre parmi la foule et ainsi leur montrer implicitement qu'il "était des leurs", à savoir une espèce de pilier de bar qui noyait son malheur dans l'alcool. Et bien que Chomei n'était pas un ninja qui savait feindre les apparences, il avait au moins le mérite, grâce aux âges, de savoir jouer de certaines apparences d'individu faible à qui on ne tenterait pas le moins du monde de faire du mal tant il paraissait inoffensif et fragile. Enfin, il avait joué la carte des remises en question sur l'authenticité du gueulard, lui apportant une fausse estime qui lui inciterait fort probablement à déballer toute sa théorie au vieux Chomei. Les ivres idiots parlent beaucoup, et ceux qui ont l'alcool mauvais comme ce paquet d'os presque démantelé aux odeurs nauséabondes adorerait peut-être trouver en l'homme de blanc vêtu une oreille - Ô combien - attentive...