Feuille Perso' ▲ Surnom :: Haru, Neko ▼ Relations :: ► Points de Gloire :: (617/900)
Sujet: Pétales qui se dispersent au vent Sam 15 Déc - 14:48
Le temps avait passé depuis ma rencontre avec le nekomata. Tout se déroulait doucement. La vie allait tranquillement à son rythme mais j'avais l'impression de rester en arrière. Tout bougeait. La neige tombait. Elle fondait. Le fleurs envahissait le branches des cerisiers puis repartait, tel un cycle dont il était impossible de sortir. Nous tournions en rond, croyant perpétuellement avancer alors que nous ne bougions que pour mieux revenir en arrière. La vie n'est qu'un silence, un morceau de néant qui s'écoule doucement sur le monde. Les hommes ont beau tenter toute leur vie de le combler par leurs paroles, il ne font que rêver et espérer en vain. Il se débattent sans succès dans leur liens de vide, ils cherchent à quitter l'étreinte du monde qui les entoure. Silence... qui règne et s'étend. J'attendais. Je regardais le monde changer. Peut-être avais-je comme but que le rêve se brise, que l'illusion s'éteigne, comme tout autre. Quand tout changera, le monde s'arrêtera. La fin sera alors venu et peu importaient les actes effectués, le monde qui fut, le monde qui aurait pu être, ce monde qui ne serait plus. Un rêve qui s'écoule et qui se fane tel était ce que m'évoquait ce qui existait. Mon regard s'attarda sur le jardin, les pétales tombaient sur le sol, beauté qui se dissipe révélant alors un dernier moment sa lumière avant de plonger dans le vide absolu du monde qui est le notre. Elles avaient voulu s'élever vers les hauteurs, portées par les branches des arbres mais c'est cet acte vain de contemplation qui les avait brulé et détruites. Le vent soufflait, portant cette pluie de souvenirs. Cela aussi passera, tel tout le reste. Une terre qui s'épuise, sur les versant du réel, qui se brise. Oublions cette peine qui nous ronge, oublions cette vide que nous nous efforçons d'améliorer, existons enfin tel que nous sommes, des poussières parmi le sable. Mon pinceau quitta la toile que je venais de peindre. Un esprit se pendant vers la terre. Que verrait-il ? Que ressentirait-il ? Auraient-ils pitié de ces pauvres créatures ? S'épaterait-il de leur ingéniosité technique ? Détournerait-il le regard sans intérêt ? Dirait-il « Qu'avez-vous fait de ce monde qui était votre ? » ? Silence sur lequel s'abat le vent. Je me relevait et sans un regard pour mon tableau, sans un regard pour le jardin, je sortis de la maison sans parole. Quelques pas. Le marché. Un garçon qui se retourne, me regarde. Un vendeur de bijoux qui m'interpelle. J'avance sans faire attention au reste. Je vois cette ardeur malsaine dans l'œil du garçon. Je vois la malhonnêté du marchand. J'avance et ignore ce monde. Le monde est danger. Le monde est sang. Le monde est passion. Les monde est d'un tel ennui ! Je marche sans but. Pourquoi marche-je au juste ? Une question à laquelle je ne peux pas répondre. L'éviter, la contourner, changer d'idée. Si je m'y attarde, je m'embourberais dans les espérances de cette boue humaine. Continuer, toujours continuer sans penser au reste, sans réfléchir aux cendres qui s'amoncellent derrière moi, à ces poussière qui gesticulent inutilement. S'élever ? Pourquoi faire. Ralentir ? Non ! Aller de l'avant sans but, sans idée, sans monde. Libre d'envie. Libre de vivre. Libre de toute contraintes. Libre, en vie, en paix... en paix ? Silence, secret, oubli. Un pas, puis un autre. Un tableau. Je m'arrête. Tout autour. Mensonge. Oubli. Un Secret ? Mensonge. Vivre ? Oubli. Mensonge. Oubli. Mensonge. Oubli...
Je regarde le tableau. C'est une vallée. Sans nul doute, la signature en bas du tableau est fausse. Le marchand ment sur l'artiste pour le vendre plus cher. Les nobles n'achèteraient s'ils savaient que le réel auteur de cette œuvre est une petit peintre vivant en dessous du seuil de pauvreté, condamné à exécuter n métier minable pour survivre, tentant vainement de vivre correctement en vendant des tableau à un marchand qui le falsifie et le revend trois fois le prix. Voit-ils réellement la peinture ? N'est-ce que qu'une preuve de richesse pur eux ? Surement. Dommage, c'est un faux. Une vallée couverte de fleur avec un ciel d'hiver. Un poème, une larme, un cri silencieux au visage du monde. Un regard, je vois le peintre. Deux regards, je vois ses yeux. Trois regards, je vois à travers ses yeux. Un monde gris où germe la couleur. Un rêve sans âme recouvert d'une illusion inutile mais magnifique. Je gratte rapidement cette fausse signature dans un coin non peint du tableau. Ce marchand est un amateur. Je recouvre la peinture d'un voile blanc, je rentre dans l'échoppe en le tenant délicatement. Le vendeur ouvre grand ses yeux de grand porc perfide :
« Eh attention gamine ! Ça va pas où quoi tu vas l'abimer ! - Je l'achète. - C'est ça et j... »
Il s'étouffe, il a vu la bourse que je lui ai donné. Elle contient plus d'argent que n'en demande la peinture. Il s'étonne. Il s'extasie. Il envisage un moment de laisser aller. Il se ravise : il esquisse un geste pour en demander plus. Je suis déjà partie. Je lui lance dans mon dos :
« Elle contient bien plus que le prix du tableau et cela d'autant plus que c'est un petit peintre qui l'a fait et que la signature est fausse. »
Il s'exclame qu'il ne voit absolument pas ce que je veux dire mais je ne suis déjà plus là. Je suis déjà de retour dans mon périple. Le bruit. Le silence. A bout d'un moment, je commence à sentir un regard trop insistant sur ma nuque. Je continue. Je prend une petite ruelle. Je me perds dans le méandre de la ville. Ils sont tenaces. Ils ont l'habitude du marché. Ils n'ont pas l'air de connaître l'endroit. Je suis déjà venu ici. Je continue sur le même chemin. Non je n'étais pas déjà venu. Devant moi, une voix sans issue. Je me retourne. Je les entend approcher. Je ne tente pas stupidement de me cacher. Je suis désormais une petite fille apeurée qui ne sais plus où elle est.
Mais pourquoi me suivent-ils ? J'ai peur ! Je ne sais plus où je suis. Je ne connais pas cet endroit. Que vont-ils me faire ?! Je me recroqueville contre le mur. Pitié, je veux pas finir comme ça, toute seule. Aidez-moi ! Quelqu'un ! N'importe qui. Je sanglote. Trois hommes approchent. L'un n'a clairement pas envie d'être ici, il doit être habitué à être honnête. Il est mal à l'aise. Il doit déjà être en train de se demander ce qu'il fait ici. Le second fait que de jeter des regards au premier, à l'évidence, c'est son héros. Un petit frère peut-être ? Oui le premier à l'air de se sentir responsable de lui. Le dernier par contre. Son regard est plus froid, plus dur. À l'évidence, il n'en est pas à son premier coup. Il a surement être battu enfant, vu la férocité et l'esprit de revanche visibles dans ses yeux. Malgré tout, il comprend la pauvreté, s'il me croyait moins riche, nul doute qu'il serait moins haineux à mon égard. Je suis une petite fille apeurée qui tient contre elle un tableau d'un artiste inconnu comme si elle considérait cela comme une œuvre d'art extrême.
Takahara Bankichi
■ Clan Nezumide ■ |Enfant|
Sexe : ; Age : 30 Messages : 328
Statut : Enfant
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Sujet: Re: Pétales qui se dispersent au vent Dim 16 Déc - 23:16
Il faisait beau en cette fin de matinée dans les rues de Nezumi. L'air était encore frais mais tout présageait d'une journée radieuse et ensoleillée. Les marchands débattaient des avantages de leurs produits avec leurs clients, plus ou moins crédules, et certains passants s'extasiaient devant divers articles. Parmi la foule, un jeune garçon aux cheveux rouges s'affairait d'étal en étal avec un petit panier en osier désespérément vide.
En pleine course pour son seigneur, Bankichi désespérait de trouver ce qu'on lui avait demandé de rapporter. Son seigneur lui avait demandé de lui rapporter une herbe rare et exotique dont il désirait assaisonner son déjeuner. Bien que les caprices du plus puissant des Nzeumide étaient rares, ils n'en demeuraient pas moins difficiles à satisfaire. Le jeune garçon n'en voyait que difficilement l'intérêt et pensait de manière peu assurée qu'il devait s'agir de tests pour ses serviteurs. Cependant il se serait bien passé d'être testé ce matin là. La bise printanière le frigorifiait jusqu'aux os et plus le temps passait plus il redoutait de devoir rentrer bredouille au château. Chaque marchand essayait de lui indiquer auprès de qui il pourrait trouver ce qu'il cherchait mais il ne faisait au final que tourner en rond depuis plusieurs dizaines de minutes. Soit la personne qu'on lui indiquait n'était pas là ce jour, soit elle ne disposait pas de la précieuse herbe, soit il était déjà aller lui rendre visite. Voyant le Soleil progresser lentement vers son zénith il s'imaginait déjà son seigneur le gronder sévèrement pour la lenteur avec laquelle il s'était acquitté de cette tâche pourtant fort simple... si tout au moins il parvenait finalement à trouver cette herbe.
Soudain, une jeune fille attire son regard. Non pas qu'elle soit à ce point remarquable d'elle-même mais singulière par ce qu'elle tenait dans ses bras. Un grand objet, rectangulaire, plat et allongé était recouvert d'un linge blanc. Sans doute était-ce une peinture comme Bankichi en voyait tout les jours au château. Il ne se serait pas préoccupé d'avantage d'elle si elle ne s'était engagée dans une ruelle sans-issue et si trois individus plutôt louches ne s'y étaient pas engagés à sa suite. Ne comprenant que trop vite ce qu'il risquait de se passer il paraissait impossible au jeune héros de laisser telle drame se produire. S'élançant aussi vite que possible à leur suite il s'engagea lui aussi dans la ruelle. De dos il était difficile de jauger les trois agresseurs, néanmoins l'un avait l'air jeune,une quinzaine d'années tout au plus, les deux autres par contre étaient de vrais adultes et l'un d'eux avait un couteau. Sortant son bokken il avança et sur le dos du crâne l'homme au couteau en criant de toutes ses forces, d'une voix malheureusement trop aiguë du fait de son jeune âge pour impressionner qui que ce fut.
"Laissez-la tranquille voyous !"
Alors que les trois hommes se retournaient pour parer à cette nouvelle menace Bankichi espérait seulement avoir fait assez de bruit pour attirer l'attention de quelques personnes de la rue toute proche. Néanmoins avec l'agitation habituelle régnant dans le marché rien n'était moins sûr. L'homme qui n'était pas armé s'approcha pour se saisir du sabre de bois du jeune garçon et celui-ci préféra le lâcher pour sortir son kwaiken, sachant pertinemment qu'il ne pouvait rivaliser avec la force de son adversaire. L'homme au couteau en profita pour se ruer sur lui, l'arme au poing. Bankichi roula entre ses jambes et lui planta sa lame derrière le genou gauche, lui arrachant un cri. Manquant de se faire arracher son arme des mains alors que l'homme se retournait Bankichi bondit en arrière et fit face aux trois hommes. Bien qu'en désavantage de taille, de force, de nombre et d'allonge il leur faisait face comme tout héros se devait de le faire. Sa seule consolation était que, désormais, le plus dangereux de ses adversaires boitait et que tous avaient perdus une partie de leur assurance. Pourtant, il n'avait pas peur, il n'avait pas réellement le temps d'avoir peur. Si le garçonnet roux s'était réellement interrogé sur la situation dans laquelle il s'était mis il aurait certainement été tétanisé, mais tant qu'il agissait au lieu de réfléchir il ne pouvait avoir peur.
Pétales qui se dispersent au vent
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