Ce fut une journée en vue à de nouvelles activités, encore une fois loin de mes obligations héréditaires, que je me prélassais au dos de Raijin, mon fidèle destrier. Près d’un village de ma région, je tombai sur un panneau d’affichage ou diverses offres et mises a prix y étaient accolées. L’une d'elle m’intéressa en particulier, désignant un bandit de grand chemin. Ce dernier commençait à s’être fait une réputation suffisante pour qu’il puisse éventuellement me distraire un peu. Qui sait, il pouvait même être un adversaire de choix, bien qu’il ne fallait pas non plus trop en espérer. Arrachant l’affiche penché du haut de mon cheval, j’emboitai le pas pour avancer tout en lisant d’avantage sur les informations concernant les localisations récentes de ses méfaits.

Sur le chemin, un son de lutte attira mon attention et me fit avancer jusqu’aux deux hommes de grands chemins qui semblaient s’admonester avec conviction. De la main de l’un ceux s’échappa une feuille a moitié chiffonnée qui s’envola guider par le vent et qui finit sa course en s'accolant à ma jambe. D’une main, je m’en saisis pour y porter un regard interrogateur. Cette dernière semblait avoir été suffisamment bien remplie pour que l’on y prête attention. Elle comprenait une autobiographie d’un homme en passe de trépasser ainsi que plus bas une proposition de transmettre son savoir à quelqu‘un. Une sorte de dernière volonté, en quelque sorte, avant de disparaitre. L’offre m’intéressa bien évidemment, mais c’était également le cas des deux combattants a moitié contusionnés qui finirent par remarquer que ce dont ils se battaient venait de leur échapper.

_« Hey toi la ! Redon’ nous c’te papier s’tu veux pas qu’on t’casse pas ta belle gueule ! » me cracha avec tant de politesse le plus mal coiffé des deux.

_« Oui, l’offre est plutôt intéressante, d’ailleurs. » En jetant un dernier regard au papier je me penchai vers eux « Mais vous savez surement qu’il n’y en aura que pour l’un de vous deux. »

Cette allusion a leur rivalité, les firent se jauger mutuellement de plus bel avec un regard de défi. Je profitais alors de leur inattention pour échanger habilement la feuille avec celle que je possédais déjà. Puis les deux se retournèrent vers moi, pas suffisamment dupes pour s'apercevoir que pour le moment j’en étais le détenteur.

_« Ca, ça t’r‘garde pas ! R'donne la nous où on va t’cogner »

M’éxécutant, je leur tendis la feuille avant qu’en desserrant légèrement les doigts, je ne laisse malencontreusement la feuille s’envoler dans le vent, la laissant partir loin au milieu des arbres et des rochers environnants.

_« Oups … vraiment navré » dis-je l'air de rien

Il n’en fut pas moins pour voir les gais lurons courir après cette dernière. Un sourire mesquin ne put qu’apparaitre à mes lèvres sachant pertinemment que j’étais toujours en possession de leur convoitise. Partant alors en sens opposé, après avoir rediriger mon cheval, je lus avec plus d’attention l’affiche. A son écriture on pouvait voir qu'il avait pris peine à la rédiger. Je remarquai même en son dos une carte levée à la main et peu précise quant à sa localisation. Suivant alors ces indications quelques peu maladroites pendant plusieurs heures et après manger un morceau sur le chemin, je me retrouvai devant ce qui semblait être un sentier. Je démontai de Raijin, pour lui murmurer de m’attendre ici, tout en le caressant et en lui flattant le flanc. Il me répondit d’un souffle puissant, tout en secouant la tête. Il n’aimait pas que je le laisse dans un endroit inconnu. Après lui avoir tapoter le haut de son crane pour le calmer, il partit finalement vers les herbes a proximité pour commencer à s'en nourrir.

Ce fut ainsi, carte à la main, avec pour seule compagnie ma fidèle épée rangée dans son fourreau que je m’aventurai au sein de ce sentier sauvage et peu emprunté, sans la moindre idée du temps que j’allais mettre pour me rendre chez ce vieillard. J’espérais également qu'il n'ait pas deja rendu l’âme depuis tout ce temps …

Après un moment à marcher au sein de ce sentier oublié et gagné par la végétation, je m’étais retrouvé a sortir mon sabre afin de pouvoir me tailler un passage au sein de tous ces branchages et autres verdures entremêlées. C’était là une bien triste application pour une telle lame. Si c’était l’unique passage alors il devait sortir qu’assez peu, à moins qu’il y avait un autre passage moins compliqué … Toujours fut il que je finis par me retrouver devant ce qui était une bâtisse très ancienne, usée et a moitié délabrée. Pourtant à la manière où tout était agencé quelqu’un se devait d’y vivre, bien que si t’el était el cas, ce quelqu’un ne se donnait plus vraiment la peine de ranger. Un regard à l’intérieur et je perçus un petit homme rabougris, assis et immobile avec ses yeux qui me fixait sans un mot dans ce silence de plomb. Je me pris à rengainer mon arme, ne jugeant pas la pertinence de la garder en main en sa présence.

_« Bonjour à vous. » lui envoyai-je comme accroche

Sans réponse, Je m’avançai jusqu’à sa hauteur, où plutôt, là où il était installé. il se releva à l’aide de son bâton avant de finalement lui désigner de ce dernier la place où était posé un vieux coussin a moitié éventré. Surement m’invitait il à m’assoir

_* Mmmh peu bavard le papy *

Par respect envers son hospitalité, dont il devait avoir, sans aucun doute, perdu quelques notions depuis toutes ses années à vivre en ermite, je m’assis à l’endroit indiqué. Je me surpris même à le trouver plus confortable que je ne le pensais. A peine installé, qu’il commença a baragouiner quelques mots. Enfin des mots … si tel était le cas, ils étaient bel et bien incompréhensibles. On aurait dit une sorte de chant avec des sonorités vraiment très longue et pesante. Je devais reconnaitre, que cela me faisait presque regretter les chants faux de mon frère quand il s’y mettait. Je restai alors ainsi, ne me voyant pas vraiment l’arrêter dans son élan - du moins pour le moment - J’avais bien envisagé de tester ce dont il était capable, afin de m'assurer s'il était capable de m’apporter ce pourquoi j’étais venu, mais il ne m’aurait pas invité à m’assoir si tel n’était pas ce qu'il voulait. Le voyant peu bavard, discrètement, tout en l’écoutant, je sortis l’affiche afin de lui indiquer ce pourquoi j’étais venu et s’il était bien celui que j’espérais. En la posant devant moi, j’observai le vieil homme, tout en espérant bien une réaction de sa part qui m‘indiquerait que cette feuille lui était familière.