Brothers in Arms

Un corps gigantesque brûlant au sol... Lui debout sur ce cadavre en tant que vainqueur du combat le plus éprouvant de sa vie. Il allait glisser sur le côté mais dégaina son katana d'un coup sec, qu'il planta dans le corps laid de la bête. Il prit appuie et se redressa pour admirer tout ce chaos qu'ils avaient créées dans les terres de sa jeunesse. Il n'aura jamais pensé revenir dans le temple de Ohama dans de telles conditions. Il jeta un coup d’œil sur Noriko et Mitsuo; ils allaient bien et il en décrocha un sourire tout en crachant du sang. Son fidèle double Naginata enfonçait dans la sol à quelques mètres de lui.

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Une semaine s'était écoulée depuis cette bataille contre les yokais. Après la mort de ce terrible monstre, plus aucun évènement surnaturel ne s'était manifesté dans les terres de Kobuta. La vie avait reprit son cours..

Nasaï se réveilla en sueur une nouvelle fois. Ce même cauchemar se répétait de nuit en nuit depuis son retour dans son royaume. Une silhouette sombre s'approchait de lui, tendant ses longs doigts en direction de son visage pour l'attraper. Et le jeune Kobutama, retombait à l'époque de son enfance, ne pouvait s'échapper de l'étreinte de cet homme. Et lorsqu'il était assez proche pour voir son visage caché par ses cheveux, il se réveillait subitement ! C'était le même scénario à chaque fois... Le médecin prétendait que c'était un effet indésirable de la fièvre qui s'était arrêté la nuit dernière, mais le Seigneur ne le voyait pas de la même manière. En effet, il s'agissait de la même forme qui lui était apparut lorsqu'il était tombé inconscient contre ce Titan...

Nasaï se mit en position demi assise dans son lit et regarda l'état de ses pansements comme chaque matin. Ces longues années dans le temple de Ohama lui avaient permit de connaître le corps humain grâce à de bons professeurs. Il ne savait pas tout, mais les virus, bactéries, fractures ou autres blessures n'avaient que peu de secrets face à cet homme à la grande soif de connaissance. Le bandage compressif au niveau de son abdomen qu'on lui avait refait le jour d'avant tenait bien. Aucune raison de lui refaire aujourd'hui. Il lui fallait encore quelques semaines de repos pour que ses deux côtés cassés se remettent du choc qu'elles avaient subit. Il regarda le second pansement au niveau de son omoplate gauche, et l'enleva pour voir la nouvelle cicatrice qui décorait son corps. Aucune infection n'avait pointé son nez, la blessure avait été bien nettoyée, et la plaie semblait être propre. Désormais, une nouvelle blessure de guerre prouvait l'honneur et le courage de ce jeune Seigneur.

Le dernier Kobutama se leva pour faire sa toilette matinale avant de prendre son petit déjeuner. Du thé accompagné de quelques douceurs culinaires préparées avec soin par son maître cuisinier. Sur les coups du début de l'après-midi il parti dans son jardin pour s'assoir en tailleur, dos au cerisier qui tenait place au centre de cet espace vert. Il ferma les yeux et entra en méditation... Voilà une semaine qu'il n'était pas sorti de son temple. Son entourage lui avait fortement interdit, et il avait eu droit une nouvelle fois à la morale de son chef de guerre pour avoir combattu sans aucune protection, et en plus de ça, avec un autre clan. Mais Nasaï savait aussi que le vieux sanglier rageait d'avoir manqué un tel combat avec un adversaire digne des monstres mythologiques. On ne change pas un guerrier. Puis ce-dernier avait changé de visage lorsqu'il avait apprit que le clan Usagi était leur allié. La flamme de l'espoir s'était rallumée dans les yeux de Mori Isamu. Cette flamme qui un jour s'embraserait pour se venger de l'humiliation subit depuis tant d'années...

Des bruits de pas vinrent perturbés le repos de Nasaï. Il ouvrit les yeux, fixant l'entrée de son parc et reconnu la démarche de son plus proche et plus vieil ami. L'apparition de son ombre confirma les pensées du Seigneur. Brothers in Arms Separator

Je m'attendais à te voir plus tôt mon Ami.. Si c'est pour me faire un sermon, saches que Mori s'en est déjà occupé. Par contre, si tu veux boire un thé en ma compagnie, tu es le bienvenu Miyoshi Hayato dit-il avec un sourire.

Les fleurs de cerisiers embaumaient l’atmosphère d’une odeur suave, qui ravivait des souvenirs chaleureux en ces temps tourmentés. Hayato se rappela, lorsque le jeune seigneur et lui blasphémaient ce lieu, en continuant leur séance d’entrainement aux katanas de bois. Une lueur de nostalgie reparut quand il se remémora les colères de leur professeur et les foudres de bâtons, qui s’en suivaient. Ils étaient jeunes. Ils leur fallu du temps pour comprendre et ressentir l’intensité, de la sérénité d’esprit qu’imposait ce lieu. Il avait dû interrompre sa rétrospection, il était parvenu jusqu’à l’entrée du jardin seigneurial, arrêté par les paroles d’une voix qui semblait provenir du passé.

« Je n’ai jamais été doué pour te faire la morale de toute façon… »

Cette familiarité à l’égard de son souverain, il ne la dévoilait que dans la plus stricte intimité. Il refusait de se dérober face aux convenances que lui imposaient son rang et sa hiérarchie, ne serait-ce que devant un simple artisan de ce village. Il en valait de l’autorité du jeune Kobutama et de celle d’un de ses capitaines.

Il y avait néanmoins une loi qu’il s’évertuait à respecter, de façon assidue, quelle qu’en soit la situation. Il déposait toujours ses deux lames d’aciers à l’entrée de la pièce ou du lieu où se situer Kobutama Nasaï, exception faite des champs de batailles et des sièges de guerre. Il supposait fortement que cela contrarié son jeune ami et cela ne faisait que renforçait sa détermination à appliquer une telle habitude de vie avec un certain plaisir juvénile.

Ce fut sans une certaine once de fatalité qu’il le rejoignit; ses katanas au sol. D’un pas lent il s’installa près de son ami et prit place dans la même position que lui.

« L’inspection des troupes a été plus longue que prévu… Tu connais notre général.»

Il servit d’abord son seigneur, dans un art quasi parfait, puis se servit une tasse, qu’il ne toucha d’abord pas.

« Nous ne nous sommes pas beaucoup vu depuis ton… Départ. »

Son regard se porta sur la fine fumée qui se dégageait de sa tasse, mais il ne put dissimuler dans sa voix une once d’amertume. Bien qu’il se doutait que leur général avait été plus sévère à l’encontre de leur seigneur; il en voulait plus à l’ami de ne pas lui avoir demandé de l’accompagner sur un tel périple. Qui plus est, Nasaï était l’une des rares personnes, à qui le jeune capitaine se confier autant et il connaissait parfaitement sa haine et sa hargne face à ces démons mystiques, qui tourmentaient depuis peu le monde d’Hinamoto, mais depuis trop longtemps son âme.

Un rictus vint s'installer sur le visage fin du Seigneur de Kobuta. La réaction de son ami était prévisible, tout comme celle de son chef de guerre. Mais surtout, elles étaient légitimes; ils auraient du être présent. Néanmoins il était trop tard, et l'on ne peut changer le passé. Nasaï porta délicatement le verre à ses lèvres et en but une gorgée.. Parfait.

C'est pour cela que je t'ai convoqué. Puis.. Son rictus s'évanouit. Ma semaine de convalescence commençait à profondément m'ennuyer.

Il rebut une gorgée, puis finit la tasse avant de la reposer lentement tout en soupirant. Miyoshi savait pourquoi son Seigneur ne l'avait pas convoqué pour cette mission périlleuse. Les mots n'y étaient peut-être pas, mais l'intention si. Le plus fidèle capitaine aurait été trop impliqué émotionnellement s'il s'était joint à son roi lors de cette mission. Et Nasaï ne pouvait se permettre de prendre un quelconque risque si la perte de son plus loyal sujet était en jeu. Le jeune homme posa les yeux sur son ami. Il savait qu'il comprenait.

Ne sont-elles pas magnifiques.. Son regard se détourna de son frère d'arme. Elles semblent imperturbable par le temps.

Il prit appui sur ses jambes et se leva pour se mettre face au cerisier qui décorait ce jardin depuis des décennies. Les fleurs de cet arbre étaient un symbole de beauté éphémère dans le Pays. Il représentait la Vie: Belle et courte à la fois. De plus, ces cerisiers étaient étroitement liés aux Samouraïs. Les yeux de Nasaï étaient captivés par les centaines de fleurs qui voltigeaient sous une légère brise.

Chaque année, elles signifient une nouvelle année, un nouveau cycle.. Quoi qu'il arrive, elles seront toujours là.

Il tendit le bras et effleura l'une de ces merveilles. Un vieux souvenir se dessina dans son esprit. Lui, étant sur les épaules d'un homme devant ce cerisier. C'était l'un des seuls qu'il possédait de l'être qui lui avait le plus manqué.. Son père.

Un jour mon père m'a dit: "La fleur parfaite est chose rare. On pourrait passer sa vie à en chercher une, et ce ne serait pas une vie gâchée." Le Seigneur se tourna vers son capitaine avec un sourire. Je ne sais toujours pas si cette phrase a un sens particulier ou si c'est juste une prose comme une autre. Cependant, il avait raison.

Un long silence avait suivi les paroles du seigneur de Kobuta, avant que son jeune capitaine ne prenne une première gorgée de thé, préparé dans un art quasi parfait. La chaleur du met parfumé, se répandant dans son gosier, lui raviva une flamme de nostalgie.

« Il maniait les mots avec autant d’habileté que ses lames. C’était ce que mon père disait. »

De nouveau le silence. Un silence apaisant, qui fut troublé par le ton fatidique d’Hayato.

« Les murmures sur toi se font de plus en plus nombreux… Et ils ne portent pas tous la marque du tigre méprisable. »

La plus vive douleur qui animait le cœur de nos deux jeunes amis, n’était pas de voir le nom de leur village piétiné et terni par le reste d’Hinamoto, mais d’admettre que le village avait été chèrement vendu par ses propres enfants (et des plus imminentes familles). Ils s’enrichissaient de la domination et de l’humiliation de leur propre clan. Ils avaient sur faire fructifier leur lâcheté.

Mais désormais, se dressait devant eux, le digne héritage du clan. Les Toragi l’avaient laissé au pouvoir, pensant qu’il ne serait qu’un vulgaire pantin, symbole d’un espoir utopique, permettant d’éviter la révolte générale de tout un clan. Mais les Anciens, les plus vénales, savaient que Kobutama Nasaï était la flamme qui embraserait leur nouvelle ascension sociale. Ils se devaient de le détruire. Et par conséquent de tuer ses actions et ses idées.
Les deux guerriers étaient intelligent. Impulsif certes, mais intelligent. Ils savaient que chaque actions et
décisions personnelles et inexpliquées de Kobutama Nasaï servaient leurs ennemis intérieurs. Mais Hayato ignorait tout des projets sombres que nourrissait secrètement son plus fidel ami.

« Je ne pense pas que tu te sois mis en quête d'une simple fleur de cerisier Nasaï… Et je n’ai pas besoin de savoir ce que tu cherches vraiment. Quoi que ce soit et peu importe où tu te rendras pour le trouver, même si tu dois marcher parmi les ténèbres eux-mêmes, n’oublie jamais que… je te suivrais. Ne l’oublie plus jamais ! »

Le reste de sa pensée ne pouvait être exprimé par des mots. Un regard suffit pourtant.