Les flocons, tourbillonnant puis chutant sur le sol de Nezumi, donnaient à ce matin les couleurs hivernales propres et habituelles aux terres du Nord. Seulement, il régnait dans le cœur de Risako une couleur, une sensation… Une émotion toute autre, véritablement singulière quand on lui connaissait son caractère doux et posé. D’ailleurs, une certaine agitation émanait de ses mouvements tandis qu’elle quittait sa demeure et son fils qu’elle n’allait pas entrainer ce jour-là.

Cette fois-ci, le sentiment de regret que la mère éprouvait souvent quand elle ne s’occupait pas de son enfant ne l‘atteignit aucunement, tant elle était à ce qui allait se passer très prochainement. L’excitation, cette émotion qui la rendait tantôt nerveuse, tantôt joyeuse et qui la poussait à agir, sifflait, s’enflait, grandissait à vue d’œil en son sein. Et ses jolis pas, décidés, teintés d’une détermination farouche et martiale, martelaient en douceur le sol des rues commerciales. Celles-ci, venant à peine de se réveiller, s’animaient un peu plus de minute en minute. Elles se paraient de mille couleurs, s’exprimaient de mille voix, s‘animaient de mille effluves. Comme toutes ces villes aux alentours. La neige amusait les petits, émerveillait les grands, ne les décourageaient point, bien au contraire.
Les Nezumides s’activaient. Nezumi vivait.

Pour l’occasion, Risako trouva un sake de bonne facture et à servir froid qu’elle acheta à un commerçant plutôt sympathique. Le poids du pichet dans sa main fit battre son cœur un peu plus rapidement alors qu‘elle se dirigeait vers les quartiers de l‘armée. Elle se sentait alors de joyeuse humeur car la journée, loin des soucis et loin des devoirs, promettait son lot d’événements et de joie, de talents martiales exacerbées et de franche camaraderie. Ils n’était plus question d’administration, ni de bataille ou quels autres soucis. Tout n’était que distraction.Voilà ce qui lui plaisait.

En effet, ce qui la rendait si joyeuse et dynamique s’était profilé ainsi, il y avait quelques jours:
Risako avait trouvé deux soldats très énervés l’un contre l’autre pendant leur ronde. Tandis qu’elle les observait discrètement, comme à son accoutumée, ils ne tardèrent pas à en arriver aux mains. Elle s’élança donc pour les séparer. Respectueux, ils cessèrent immédiatement leur dispute, rougirent de honte et s’excusèrent platement. La capitaine leur demanda alors la cause de ce remue-ménage et il s’avéra d’un débat extrêmement idiot qui déciderait de qui entre le capitaine Yamamoto et elle était le meilleur combattant. ( En fait, selon l’exactitude des paroles du duo de guerriers, on corrigerait ceci par ‘entre Risako et Shuhei, qui demeuraient le meilleur capitaine ?’ Mais leurs critères reposaient bien plus sur les talents martiales que sur les capacités à s’adapter, à décider et à agir en conséquence.) Pour que les braises ne se ravivent pas, Risako proposa donc une rencontre, basée sur l’amitié et la camaraderie, entre elle et le capitaine Yamamoto. Les soldats furent tout de suite emballés et ils s’en allèrent avec contentement. Plus tard, elle alla trouver Yamamoto Shuhei et lui raconta ce qui s’était passé.

« Alors ? Qu’en penses-tu ,Yamamoto-san ? Un petit match entre nous serait bienvenu, tu ne crois pas ? » lui avait-elle demandé alors, faisant plus allusion à un jeu qu‘à un véritable duel.

L'hiver est là... La neige est au rendez-vous et la bonne humeur des enfants et leur rire aux éclats aussi.
Shuhei Yamamoto en personne avait passé une bonne nuit et s'était réveillé tranquillement, bien qu'il ne faisait pas encore jour dehors.
Le capitaine s'était levé, habillé avec une tenue plus décontractée qu'une tenue de samouraï avec l'armure et le casque. L'ensemble de sa tenue de kimono est noire avec des pétales de cerisier qui tombent en abondance sur son haut et en dorés. Son bas est également noir comme d'habitude et avec une ceinture qui vient plaquer le katana du capitaine pour montrer son statue.

Celui-ci avait passé un peu de temps à se soigner, avant de sortir dehors, sous un temps humide, par son air, mais froid par la neige tombée. Le capitaine marcha seul, sans croiser un seul chat... Mise à part deux, trois poules qui se courent après en bougeant leur tête dans leur déplacement. Dans le ciel, la lune était basse, les étoiles ne brillaient plus et le jour ne tarda pas à se lever pour prendre le relaie. Le capitaine Yamamoto arrive en peu de temps à son lieu de travail où il rencontre deux gardes qui se redressent aussitôt sous sa présence. Ils lui laissent la voix libre pour entrer à l'intérieur. Ce dernier leur adresse un sourire avec une courbette de salutation, puis pénètre dans les locaux.
Au chaud, l'homme s'installe à son aise, puis se prépare un bon thé bien chaud avant de se poser, puis à commencer à regarder son futur travail à faire.
Sur sa table, une petite pile de papiers à signer et à remplir sur divers sujets, mais pas que des papiers aussi ! Le capitaine avait des ordres à ordonner pour une ronde d'une nuit pour un événement spécial. Dans son coin, il bossa et se permit parfois un peu de temps à siroter son thé vert..
Enfin, après y avoir passé la matinée tournée vers le boulot qu'il lui restait, Shuhei se lève, puis sort balader un peu et où il rencontre et retrouve un autre capitaine... Enfin, une femme plutôt !
Celle-ci était Risako et elle venait justement le voir pour lui adresser la parole, dont une petite surprise. Elle fût bien belle en tout cas, lorsque l'homme apprit la nouvelle.
Un petit parie avait été lancé sur lui et justement Risako ! Les soldats se demandaient donc qui des deux capitaines est le meilleure de tous à Nezumide... Enfin, dans le clan. Et bien et bien ! Ceci fait soupirer le capitaine Yamamoto avant que Risako lui demande son avis à ce sujet.
En fait, à y réfléchir, c'est un peu stupide de leur part de se mettre une telle idée en tête... Bien qu'il y est des avis positives de son côté, ce n'est pas désagréable, mais quand même.
Il médite un court moment avant de lui donner une réelle réponse à tout ça.
Mais finalement, après avoir prouvé leur valeur, leur détermination et leur obéissance total envers leur capitaine, il y avait droit. Le droit de se poser des questions, de savoir au sujet de leur capitaine l'étendue de son expérience, de sa force et son style utilisé au combat. C'est vrai, ils peuvent se permettre d'être curieux. Mais juste un peu !
Doucement, le capitaine croise ses bras sur son torse avant d'exprimer son avis :

-Un match ? Que proposes-tu donc comme match à leur offrir ? Un combat au sabre ? De tire à l'arc peut-être ? Mais sais-tu Risako, qu'en face de toi, il se trouve que tu as le meilleur de tous et que tu risques bien de perdre ? Dit Shuhei avant de tourner doucement la tête sur le côté pour réfléchir d'avantage à ce petit jeu. Puis, il reporte son attention à son interlocutrice pour lui poser des questions.

- On fait avec un terrain limité ? Avec quelques règles très simples ?[/color]

Quand Risako lui eut proposé son idée, son collègue s’était montré tout d’abord pensif. Ou était-ce de l’exaspération ? Elle ne comprenait pas le soupir qu’il avait poussé au préalable et s’était attendue à une réaction plus enthousiaste, ou en tout cas, plus dynamique de sa part. Mais les capitaines sont calmes et réfléchis pour la plupart et préfèrent peser le pour et le contre avant de prendre une décision. Risako avait presque oublié cela tant elle trouvait la perspective du match attrayante, on lui savait pourtant un naturel raisonnable et mature.
D’ailleurs, dans sa naïveté enfantine et retrouvée, elle était presque déçue de l’attitude du jeune homme. Pensait-il vraiment aux bons moments qu’ils passeraient ensemble à polir leurs techniques déjà travaillées pour un rendu encore meilleur ? Son esprit vagabondait-il vers la délicieuse distraction des exercices, vers les voluptueux efforts et la sublime détente accordée à la suite de ces derniers ? Risako aimait beaucoup s’entrainer et adorait se frotter à des pratiquants de plutôt bon niveau, à condition que ces petits affrontements soient, bien sûr, sans réel danger. On l’aura compris, Risako était une combattante acharnée, toujours en quête de progrès malgré le niveau qu’elle atteignait alors. Evidement, elle aurait été plus forte si elle n’avait pas été mère. Mais transmettre cet état d’esprit, cette volonté, cette détermination de bien faire à son fils était un passe-temps d’autant plus plaisant.

Shuhei, après un instant de réflexion, croisa doucement les bras, geste que Risako eut du mal à analyser. Etait-ce un témoignage d’un quelconque renfermement ou une démonstration démentie de sentiment d’autorité ? Elle se souvenait soudain qu’elle était une femme, et que ses collègues masculins la regardaient souvent comme un chef de division, ou bien pire selon les cas. Ceci avait le don de l’énerver...Mais Risako savait passer outre. Il fallait dire que durant quinze années dans l’armée, elle avait beaucoup appris des uns et des autres. Notamment de certains mâles qui la considéraient comme inférieure, mais qui avaient très vite changer d’avis. Le tour de Shuhei arrivera bientôt. Patience et Longueur de temps font plus que force ni que rage.

En tout cas, le capitaine Yamamoto avait l’air de tenir à son avis, avec son attitude droite et ferme. Il posa alors une série de questions sur le match à Risako. Ces questions portaient pour la plupart sur le contenu de la rencontre. Elle fut étonnée que son collègue lui propose des épreuves allant plus aux soldats qu’aux capitaines. Avait-elle précisé dans son rapport ce petit mais principal détail ? Elle ne savait plus. Cependant, si elle l’avait omis, Shuhei avait bien deviné.

De la gorge de la jeune femme échappa un petit rire lorsque le capitaine lui assura sa suprématie. Il ne pouvait pas être sérieux, pas sans connaître chaque membre du clan et ceci était pour le moins impossible. Après tout, il pouvait très bien se trouver un fabuleux guerrier parmi ceux sans maître rôdant aux abords de la capitale, et bien plus puissant encore que les deux capitaines réunis. Risako afficha par la suite un franc sourire, certaine que l’arrogance de son collègue n’état que de façade. Bien sûr, il était probable qu’elle perde mais elle avait tout de même, et selon elle, quelque chance de victoire.

Comme la guerrière sentait que Shuhei n’avait pas fini de poser des questions, elle le laissa réfléchir tandis que le vent frais et humide de fin d’automne glissait sur leurs visages. Par-delà, on constatait que la capitale se préparait de toutes parts à l’hiver. Les citadins et les paysans se pressaient aux finitions pour que les Nezumides ne manquent de rien durant la rude saison. Grâce à eux, la famine demeurait heureusement bien loin. Et tout semblait calme.

Le capitaine Yamamoto lui adressa donc une nouvelle fois la parole pour exposer ses dernières questions. Celles-ci portaient sur les disciplines, sur le terrain et sur les règles du jeu qu’ils allaient se partager. Tout était clair pour Risako: cette rencontre allait être des plus classiques dans ses matières et dans ses règles. Toute fioriture ne ferait que gâcher la simplicité des conventions et le plaisir de se mesurer à l’autre. La capitaine, joignant les larges manches de son kimono, répondit donc à son collègue d’un ton aimable:

“ Notre petit affrontement se déroulera dans le dôjo nord du quartier des samouraïs et sera composé de trois épreuves. Kenjutsu, Kyûdo et Jujutsu avec leurs règlements propres. Les deux soldats que j’ai croisé seront nos arbitres...”

A peine sa phrase s’était-elle évanouie, que son regard, défiant, se plongea dans celui du capitaine Yamamoto. Cependant, son visage légèrement penché sur le côté afficha un joli sourire, sympathique et amicale.
“...Tu devrais savoir, Shuhei-san, que l’arrogance est un vilain défaut.”
Puis, rangeant une mèche derrière son oreille, elle demanda :
“Tu aurais un jour à consacrer à notre petit jeu ?”

Lorsque Risako témoigna son point de vue par rapport à la remarque de son collègue, celui-ci lui assura, en riant, qu’il ne s’agissait que de plaisanterie. Elle en fut soulagée derrière son sourire, toutefois sa gêne fut facilement remarquable dans la légère teinte rosée que prenaient ses joues. En vérité, elle n’avait pas su comment réagir quand il eut dit qu’il était le meilleur de tous, et elle avait fait en sorte de vérifier que Shuhei la taquinait.

On entendit alors un soldat s’approcher, il parut avec un parchemin, mais aucun des deux capitaines ne semblèrent faire attention à lui, tant ils étaient tout à leur discussion. Il se glissa alors entre eux deux, ce qui était très mal poli, surtout envers Risako à qui il tournait le dos. Il avait alors présenté ses excuses, mais tout de même ! S’il avait été son supérieur, passe encore. Mais à la vue de son uniforme, il n’était qu’un simple soldat.
Un capitaine imbu de sa personne lui aurait fait payer d’un coup de fourreau dans le dos, ou peut-être pire. D’autres l’auraient allègrement puni pour ce manque de politesse vis à vis d’un supérieur. Mais Risako, ne le connaissant que de visage, ne fit que montrer son mécontentement. Elle fronça les sourcils, croisa les bras, espérant que le samouraï impoli la remarque. Bien sûr, c’était peine perdue et elle soupira profondément quand il repartit. Un capitaine n’y aurait pas manqué, mais elle ne voulait pas intimider un soldat qu’elle connaissait à peine.

Risako se détendit cependant tandis que Shuhei lui fit savoir qu’il était libre le quatrième jour suivant et que pour aujourd’hui, il avait encore un ordre à passer. Il lui proposa alors de l’accompagner pour la fin de sa journée, ce qu’elle accepta avec plaisir.
Aujourd’hui avait été un jour très calme. Il n’y avait rien à signaler de vraiment dangereux dans les alentours de Nezumi, et tous les citadins étaient occupés. Risako, qui avait fini son travail depuis un petit moment, suivait Shuhei en pensant à son fils. Etait-ce vraiment raisonnable de se promener avec son collègue quand Bankichi l’attendait patiemment à la maison ? Quand Shuhei eut donné son ordre, ils allèrent partager de quoi grignoter et discutèrent, d’abord entre collègues puis entre amis. Souriants, contents d’avoir passé un bon moment, ils se quittèrent peu après.



Risako arriva sur le terrain du dôjo quelques minutes en avance, ravie de ce qui allait s‘y passer. Elle rejoignit les vestiaires où elle troqua ,rapidement et d’une main experte, un sublime Irotomesode contre un très sobre keikogi dont elle couvrit le bas avec un hakama clair. Puisqu’aucun vol n’avait eu encore lieu dans le terrain, elle laissa son surplus d’affaires au vestiaire sans craindre quoique ce soit et se dirigea vers le dojo à quelques mètres de là. Bien sûr, elle vérifia sa tenue avant d’entrer: kimono et obi semblaient soignés et il en allait de même pour le dôjo qui brillait de propreté. A cette vue, ses lèvres esquissèrent un immense sourire.
Excitée comme une petite fille, Risako alla préparer l’équipement qu’elle trouva dans un petit local, derrière une porte coulissante qui se fondait dans les murs blanc cassé du dôjo. Elle trouva deux bokken qu’elle posa devant le tatami, ainsi que deux casques men, deux paires de gants kote de différentes tailles, et deux plastron do dont un était un peu plus grand et était destiné à la carrure guerrière de Shuhei. Comme ils devaient enfiler leurs protections devant les arbitres, Risako n’avait plus qu’à les attendre. Elle enleva donc ses zoris et salua la petite statuette de Tachigami au fond du dôjo avant de prendre place sur le tatami où elle s’agenouilla. Il lui tardait de voir son futur adversaire arriver.

Spoiler:

Shuhei était apparu pile à l’heure, ce qui avait permis à Risako de s’échauffer un peu, elle qui était arrivée en avance. Déjà sagement agenouillée sur le tatami, elle considéra avec plaisir son collègue, et adversaire du jour, entrer dans le dôjo, se déchausser, saluer le tableau et faire un pas sur le terrain de leur sympathique affrontement. Elle remarqua même, et cela la fit sourire, qu’il n’avait pas fait attention à l’équipement qu’elle lui avait préparé tandis qu’elle nouait soigneusement ses cheveux de façon à pouvoir enfiler son casque. Etait-elle contente que sa discrétion émane même de ses préparations, ou reconnaissait-elle une quelconque faute de sa part ? Peut-être bien les deux, mais cela n‘avait aucune sorte d‘importance. En tout cas, Risako n’avait pas beaucoup attendu Shuhei, ce qui en rajoutait à sa joie.

Cependant, sa frivolité d’alors devait faire place à un sérieux à toutes épreuves, et voilà pourquoi Risako se trouvait agenouillée jusque là. Elle se devait de faire abstraction de tout ce qui l’entourait et qui n’aurait pas sa place dans la rencontre à laquelle elle allait sous peu participer. Elle avait donc cesser toute activité tandis que ses muscles commençaient seulement à chauffer, et elle avait pris le temps de tempérer son humeur. Ainsi, elle avait mêlé à sa joie une bonne dose de sérieux, ce qui avait pour effets de renforcer autant la féminité que la martialité de sa présence ,et de donner à sa voix un ton réfléchi, posé et agréable.
Là reposait la fabuleuse maîtrise de soi qu‘on lui connaissait habituellement.

Cependant, il ne s’agissait pas d’éliminer toute joie en elle. Sinon, à quoi bon avoir invité Shuhei ? Si elle ne prenait aucun plaisir à disputer un match avec son partenaire du jour, ne serait-ce pas une idée absurde que de l’invité dans un dojo spécialement pour ça ? Risako, en se contrôlant, voulait surtout éviter tout risque de dispersion de sa part. Il n’était pas question de déstabiliser Shuhei avec une explosion de gaité soudaine, ou autre chose de tout aussi impulsif.
Ce qui pourrait gâcher bêtement le duel, la samouraï l’avait jeté au loin. Tout là-bas. Au fin fond de son esprit. Et elle n’irait pas le retrouver avant la toute fin de la rencontre.
Pour répondre au salut de son ami, elle s’inclina respectueusement à son tour.

_ « Bonjour, Shuhei-san . » fit-elle d’une voix calme et sereine.

Puis, il lui demanda, avec sérieux, par quelle discipline ils allaient commencer, ce qui ne ternit pas le sourire de la jeune femme, malgré sa très légère déception. Elle glissa un regard, pratiquement imperceptible, vers l’équipement qu’elle lui avait préparé. Celui-ci, tout propre et bien apprêté, semblait luire dans la faible clarté du dôjo, dans l’attente impatiente qu’un combattant s‘en vêtisse volontier.
D‘ailleurs, Risako aurait apprécié que Shuhei devine de lui-même la matière qui allait ouvrir la rencontre. Le casque, le gant et le plastron l’en auraient aisément informé s’il y avait prêté attention.

C’était assurement dans ces situations là que Risako n’appréciait pas beaucoup la discrétion qu’elle se trainait depuis toujours; cette discrétion, pourtant, elle avait appris à en jouer, mais elle lui avait longtemps fait défaut, et parfois, elle lui jouait encore de vilains tours. Mal à l’aise, Risako chercha en tâtonnant sur sa tempe une de ses mèches rouges. N’en atteignant aucune de suffisamment longue _ puisque ses cheveux étaient attachés, elle fit distraitement tourner en cercle une de ses chevilles. Elle espérait sincèrement que Shuhei ne décèle pas sa gêne dans ce geste pour le moins puéril.

_« Hé bien… » commença-t-elle, ne sachant pas vraiment quoi dire.

Par chance, Shuhei semblait plus intéressé par l’absence des arbitres que par ce qu’elle répondait. Il n’avait pas du y faire attention. Il s’inclina poliment devant elle alors que Risako ne s’y attendait pas et alla se consacrer à l’équipement trop longtemps délaissé. La trentenaire soupira de soulagement. Au moins, sa faiblesse était passée inaperçue.

Mais l’adrénaline montait, plus stimulante qu‘oppressante. Alors que les deux adversaires enfilaient leurs armures, les deux arbitres étaient arrivés. Quand et Shuhei et Risako furent prêts, ils les saluèrent respectueusement, et ces derniers furent rendus par les deux capitaines. A présent, Shuhei et Risako patientaient l’un en face de l’autre, et tout deux armés de leurs bokkens, ils se saluèrent à nouveau.
Le pouls de Risako s’accélérait, elle se mit en position, il ne s’agissait plus que de quelques secondes avant le lancement de la session de kenjutsu qui marquerait le début de cette rencontre.
Et celui-ci fut donné en un cri:

« HAJIME ! »

L’affrontement avait enfin commencé. Il s’agissait d’une rencontre amicale ,entre les styles de combat de Shuhei et celui de Risako, et dont la première épreuve se basait sur le Kenjutsu.

Sous les regards attentifs des arbitres, Risako avait opté pour une garde seigan no gamae alors que, provocateur, son collègue n’avait pas bougé et se tenait bien droit devant elle. Il semblait se moquer par sa posture qui n‘avait rien de martiale. D’ailleurs, la mère ne pouvant voir le sourire qu’il affichait sous son casque. Aussi, il encouragea Risako à donner le meilleur d’elle-même, mais n’était-ce pas un peu arrogant aux vues du comportement du capitaine ?

En tout cas, Risako n’y répondit pas, même si elle avait conscience que Shuhei ne voulait que l’aider à faire abstraction de tous sentiments et toutes émotions. Elle l’ignora. Complètement immobile, comme endormie, mais le regard rivé sur le casque de son camarade et la pointe de son arme, Risako attendait la première offensive adverse. Elle avait choisi cette garde car elle était la plus malléable, elle pouvait aisément en changer et se trouvait à disposition de Shuhei. Recevoir le bokken et s’extirper de son champ devenait alors plus facile.

Aussi, la trentenaire observait avec attention son camarade et plus particulièrement l’abandon de soi qui le gagnait peu à peu. Soudain, il se mit en garde et dégagea quelque chose de froid et de fougueux à la fois, signifiant qu’il avait bien changé d’attitude. Ceci avait pour but de déstabiliser l’adversaire, mais l’effet sur Risako fut moindre : elle avait elle-même recours à ce détail lors de combats plus sérieux et qui nécessitaient une préparation à la mort. Elle devina même que le regard de Shuhei était devenu aussi combattif que la garde qu’il montrait alors. Cependant, le cœur de Risako ne voulait pas se calmer et l’adrénaline s’emparait rapidement de son être. Elle la contenait patiemment pour pouvoir la libérer le moment venu.

Shuhei avait adopté une garde du Iaido. Ce qui voulait dire que sa première attaque serait basée sur la rapidité. Cette dernière vint sans tarder, mais Risako put la parer sans grande difficulté. En fait, le verbe « parer » était trop grand. Elle avait plutôt reçu la lame adverse sur la sienne et s’apprêtait à contre-attaquer. Mais Shuhei, conscient de sa force, appuyait sur la garde de sa camarade et risquait de la briser. Alors, Risako profita de cette force pour plonger au sol et effectuer une roulade sur son côté afin d’échapper à l’emprise de son adversaire et au coup qu’il allait porter.

Risako déboucha immédiatement derrière lui et brandit son bokken. Se rappelant qu’il voulait qu’elle se batte sérieusement, elle lui asséna un coup au sommet du crâne appelé « men » alors que Shuhei commençait seulement à se retourner. Elle s’attendait qu’un Yuko* soit déclaré mais les arbitres ne dirent rien; le coup avait du être jugé comme trop lâche. Le combat se poursuivant, Risako recula d’un pas, abaissant son arme. Puis, opérant une garde seigan no gamae, elle s’élança pour porter un fulgurant coup d’estoc à Shuhei.

Contre toute attente, un Yuko avait été déclaré pour le coup porté à Shuhei. A vrai dire, Risako en fut presque déçue, un capitaine se devant de réaliser de meilleurs coups. Comment ces deux soldats qui jouaient alors les arbitres, pouvaient-ils ainsi les sous-estimer ? Peu importe, le point avait été marqué, la rencontre continuait, il ne s’agissait plus de tergiverser de la sorte.

En tout cas, Shuhei avait eu l’air ravi, ce qui la fit sourire aussi, les joies des autres devenant souvent ses joies. Mais il semblait avoir été surpris par si peu…La sous-estimait-il lui aussi ? Encore une fois, le coup avait été très lâche. Bien que Risako ait fait preuve de rapidité et d’efficacité, il avait tout de même été asséné dans le dos adverse ce qui expliquait que la trentenaire ne semblait pas pleinement satisfaite de sa performance. Tant pis. Il fallait dire que les points n’avaient pas la moindre importance.

Pour ce qui était de son coup d’estoc, il n’avait pas atteint son but. Pire, Shuhei avait profité de l’élan de Risako pour se dégager sur le côté et lui porter un coup qui fit mouche. Un Yuko fut donc immédiatement déclaré et les deux capitaines se trouvèrent à égalité.

Risako avait marqué le premier point, mais Shuhei n’en démordait pas et l’avait rapidement rattrapée. Les arbitres restaient sans doute sur leur faim après une suite de deux Yuko, sachant qu’un Yuko était un point de moindre valeur. Il fallait très vite trouver la technique pour marquer un Wazaari, ou mieux, gagner avec un Ippon. Les choses sérieuses se devaient de commencer. Plus que sortir victorieux de ce duel amical, il fallait offrir un véritable spectacle aux deux arbitres. C’est en tout cas ce que pensait Risako à cet instant.

D’ailleurs, elle se fichait bien de savoir qui des deux combattants était le meilleur. Après tout, comme ils avaient été nommés tout deux capitaines, ils remplissaient les mêmes critères et se trouvaient logiquement aptes à accomplir les mêmes missions. Cette rencontre avait été organisée bien plus pour les divertir que pour les départager.

Les armes se rencontraient sans cesse, et ce depuis quelques minutes. Le combat se poursuivait sans pour autant beaucoup fatiguer ses deux combattants. Chacun voulait faire de son mieux pour impressionner l'autre et les regards impartiaux des arbitres. C'est alors que Risako recula, portant son sabre au-dessus de sa tête à l’aide de ses deux mains. Elle détendit celle qui tenait très légèrement la lame avant d‘abaisser rapidement cette dernière, et soudain, la jeune femme tourna avec fluidité sur elle-même, menaçante. Son Kiai* gronda subitement, comme le rugissement d'un grand fauve où se mêlaient volonté et détermination.
Ce coup ressemblant à une danse, et destiné à décapiter, pouvait tout aussi bien prendre au dépourvu par sa si simple efficacité. Et Shuhei, s’il chargeait à ce moment-là, pourrait trébucher, surpris, entrainé par le poids du bokken et la force du mouvement de son adversaire, bien qu'elle soit une femme. Après tout, la propulsion n'était pas à prendre à la légère.
C’est en tout cas ce que Risako voulait obtenir avec un si beau coup.

Kiai:Le cri de combat qui précède ou accompagne l'application d'une technique. Ce cri est utilisé notamment pour marquer une volonté d'action, ou bien pour perturber la concentration de l'adversaire.

Spoiler:

Le Capitaine Shuhei Yamamoto marqua son premier point. Et d'un seul coup !
Celui-ci se redressa, puis va reprendre sa place avant de se préparer à combattre à nouveau pour un autre point. Ce dernier finit par s'élancer tout comme Risako et ainsi, rencontrer les lames en bois pour les faire claquer entre eux.
Un combat acharné et rude s'annonce. L'un comme l'autre, ne laisse pas son adversaire prendre le dessus et ne montre aucun signe d'un serait-ce un angle mort pour finir en beauté le duel. Toutefois, la fatigue et la puissance des coups se fait ressentir et il fallait vite trouver une astuce pour gagner !
Une sensation d'impuissance envahit l'homme, le mettant en rogne de ne rien pouvoir faire pour le moment.
Le combat perpétua encore un moment avant que Risako décide de reculer soudainement, alors que Shuhei lui portait un coup qu'il pensait pouvoir gagner. C'était loupé !
A ce moment, Shuhei Yamamoto la regarda faire, sachant que même en étant rapide, quelque part, le coup de sa camarade le toucherait surement.
La Capitaine vient lui porter un coup de haut en bas, comme une sorte de décapitation. Dans son élan, Risako poussa un cri gagné d'une détermination à toute épreuve. Un cri sans peur, ni limite.
C'est dans ces moments-là, lorsqu'on sent la fin arriver, l'impuissance envahir le corps du guerrier, que quelque part il faut ouvrir les yeux et se rendre donc à l'évidence... Encore, là ce n'est qu'une question de points, mais face à un véritable duel, la réalité est toute autre chose. Le prix à en payer, c'est la mort.
Alors, le capitaine Shuhei Yamamoto ferme les yeux, avant de repousser son bokken sur le côté. Ce n'est pas un abandon, mais une sage décision de son propre point de vue !
Que le bokken de son adversaire tombe sur la nuque de son adversaire... Qu'il la fasse gagné pour cette partie et qu'ainsi, ils puissent passer à autre chose. Que dans cette défaite, Shuhei rayonne de bonnes volontés, laissant seul dans les ténèbres la honte... Et acceptant ainsi sur son corps la lame adversaire comme un sacrifice honorable.
La détermination de Shuhei ne s'était pas envolée, mais plutôt préservée pour plus tard, pour les autres épreuves qui surement en demanderont beaucoup plus.

Enfin, après un dur labeur, Shuhei Yamamoto se redresse pour une allure droite et il enlève son masque d'une main, avec sur son visage un sourire amicale envers Risako qui a gagnée cette première victoire. Celui-ci la félicite avec joie.
-Bravo... Beau combat Risako ! dit ce dernier avant d'attendre, prêt à passer à l'épreuve suivante avec les deux arbitres.

HJ : Je fais un peu avancer le sujet, car comme ça on voit les autres épreuves rapidement, au lieu de stagné sur une épreuve sur 3 ! lol

Le coup porté par Risako arracha un Ippon aux arbitres. Elle avait donc gagné cette épreuve, et heureusement, Shuhei ne semblait pas abattu par la défaite. Au contraire. Après s’être délesté de son casque, il vint féliciter Risako qui avait ,elle aussi, enlevé son casque. Elle lui offrit une courbette de remerciement, puis lui assura que sans lui le combat n’aurait pu être aussi beau. Et comme ceci l’avait mise en joie, Risako chantonna en enlevant ses protections et en les rangeant.

Quelques minutes plus tard, Shuhei et elle furent prêts à passer à un autre registre. Les arbitres, informés au préalable du déroulement de la rencontre, proposèrent aux deux capitaines une épreuve de Kyujutsu assez particulière. Dans la cour, le shajô, un bâtiment ouvert sur une ciblerie, les attendait. Son parquet luisant resplendissait de propreté, les cibles, positionnées à ving-huit mètres de la ligne de tir semblaient comme neuves et impeccablement situées. On prêta aux combattants un arc, un gant et un jeu de flèches chacun avant de rejoindre le shajô.

Au Kyujutsu, la maîtrise venait avec le temps, une technique rigoureuse et une discipline de fer. Une grande part d’endurance était aussi requise car les positions de tir s’allongeaient souvent dans le temps, et il était alors difficile de les maintenir. D’ailleurs, le principe du Kyujutsu était de transcender à la fois l’esprit et le corps pour percer une feuille de papier avec un minimum de tension musculaire et un maximum d’énergie spirituelle. La flèche n’atteignant pas la cible était le signe d’un ingrédient manquant; d’un geste mal exécuté ou bien, d’une concentration défectueuse au moment du tir.
Il était demandé à Shuhei et à Risako de tirer deux flèches.
Celui- ou celle- qui aura donc tiré la flèche la plus proche du centre remportera cette épreuve.

Risako prit place au côté de Shuhei sur le parquet du Shajô en essayant de s’efforçant de se faire la plus calme et la plus sereine possible afin que ses membres ne pâtissent pas de sa nervosité. Dire qu’elle n’excellait pas dans ce domaine était un doux euphémisme. Jamais une de ses flèches n’avait atteint le but qu’elle s’était fixée. Bien sûr, elle instruisait son fils de cette discipline, mais force était de constater qu’il n’avait aucune chance d’être bon au tir avec si piètre professeur. Bref, elle verra cela plus tard.

Tandis que son arc reposait dans sa main gauche, elle tourna la tête vers la cible, puis écarta les pieds, les enracina, afin que la ligne de tir soit juste devant celui de gauche.
Comme d’habitude, c’est là que tout se compliquait. La cible n’était plus qu’une tache blanche plus ou moins ronde. Elle n’en voyait ni le cœur ni les bordures noirs. Mais elle resta impassible, peu surprise par sa propre vue.
Risako ne prit pas la peine de vérifier sa position. Elle saisit l’arc de sa main droite et plaça sa main gauche, armée de la flèche, sur la poignée pour bander la corde. Puis, l’arc trouva sa place au-dessus de sa tête et la respiration de la trentenaire se fit plus profonde. Il n’était pas facile de maintenir cette position et ses bras commençaient à trembler. Mais elle corrigea tout de même la ligne de la flèche avant de se concentrer sur la cible. Bien que ses bras commençaient à lui faire mal, Risako se concentra sur son tir, et sur son tir uniquement. Plus rien ne semblait exister alors, mis à part elle, sa flèche et la cible. Quand elle se trouva satisfaite et qu'elle n'en put plus, elle lâcha la corde et la flèche partit.

Le tekichu, bruit produit par la pointe de la flèche lorsqu’elle perce le papier de la cible, fut exécrable. Et bien sûr, le résultat donné aussi. Mais Risako ne se démonta pas et termina tranquillement son tir avant de laisser poliment place à Shuhei.

Shuhei s’était avancé sur la piste et avait saisi arc et flèche. Dans ses yeux, on pourrait voir que le Kyudo trouvait son essence dans la paix intérieur de ses pratiquants, la sérénité. Et c’est ainsi qu’il décocha un très bon Tsurune. La flèche partit loin et vite, elle traça une ligne droite dans les airs, rapetissant au fur et à mesure de son parcours jusqu’à devenir invisible. Mais l’on comprit au son, clair et net, qu’elle avait percé proprement la cible. Pendant ce temps là, Shuhei terminait soigneusement son mouvement avant de laisser la place à Risako.

La paix intérieure…était-elle capable de l’atteindre lorsqu’elle n’était ni une mère, ni une femme ? Il fallait dire que rien ne l’avait autant mise à l’épreuve que sa carrière et son statut. Et même si elle était acceptée à présent dans une société clairement masculine, il était clair qu’elle ne devait pas se reposer sur ses lauriers. Tandis que son pouce et son index tirait la corde, elle se concentrait sur sa cible.
Même s’il s’agissait d’une rencontre amicale entre deux capitaines du même clan, le résultat avait son importance. Il avait en toutes occasions son importance. Durant ses quinze années de carrière, Risako avait travaillé si dur qu’il était impossible de l’oublier à présent. Le Techiku résonna sans grâce, cette fois encore. Risako n’était définitivement pas douée pour cette discipline, qui était pourtant l’une des plus importantes au Bushido.

La vaste pression en son sein, l’envie de réussir couplée à son sérieux démesuré l’empêchaient de voir la cible correctement. Aussi avait-elle un réel handicape au niveau de sa vue, mais celui-ci était parfaitement surmontable avec un peu de volonté. Un immense soulagement étreignit le cœur de la capitaine quand elle se dit qu’enfin, elle avait tiré sa dernière flèche. On pourrait alors se demander pourquoi avait-elle proposé à Shuhei de se mesurer à elle dans cette discipline ? Pourquoi ne l’avait-elle pas remplacé par une autre ? En fait, le Kyudo était une pratique très importante pour les samouraïs, bien que la plupart préféraient porter et manier des armes blanches et prendre part au combat en regardant dans les yeux l’ennemi. En effet, le Kyudo comme la méditation étaient nécessaires pour faire abstraction des émotions parasites et convenablement se concentrer durant un combat. Par chance, Risako était une femme très calme et très sage en temps normal, et cela ne changeait pas quand venait l’heure des affrontements. Ainsi, elle avait quelques facilités et la méditation lui suffisait à garder une tête froide.

Risako laissa la place à Shuhei afin qu’il tirât sa dernière flèche.

Spoiler:

[hs : non ça me dérange pas de me répéter. J'en ajouterais même un peu plus qui sait...]

Shuhei Yamamoto s'était donc avancé, puis commencer à préparer sa flèche ainsi que son allure. Le capitaine fit alors preuve d'une tranquillité égale à celle de l'eau d'un long fleuve.
Ce dernier qui, de loin, sans avoir touché un arc et du flèche pour cette discipline, comprit très vite le fonctionnement à cet art si majestueux. C'est alors qu'après avoir eu ce déclic, sans perdre une seconde, Shuhei lâcha sa flèche qui fila à la vitesse du son sur sa cible bien plus loin. La cible fut alors transpercée par un magnifique son, qui signifiait alors un premier point gagné.
Le capitaine Yamamoto alla alors à présent, reprendre une autre flèche pour tiré, quand soudain, il se stoppa de lui-même sur place, comme prit d'incompréhension entre son corps et son esprit.
L'un et l'autre ont perdu la même longueur d'onde et passa Shuhei pour un jeune adolescent, qui n'est pas encore capable d'être sûr de lui.
Son regard se tourne alors vers sa camarade qui, elle, plus sûr, s'approche pour effectuer son tire.
Shuhei recula aussitôt sans dire un seul mot, avant de prendre place à l'observation.
Chaque mouvement, chaque expression étaient comme analysé attentivement par Shuhei pour comprendre pourquoi elle n'y est pas arrivée à lui placer une barre plus haute que ça.
Effectivement, après un bref instant, il comprit au regard de Risako, ce qui n'allait pas chez elle.
C'était sans doute, sa passion, qui la rendait plus faible dans cette discipline que d'autres.
Ce sentiment-là, sans ça, dans la vie de tout les jours, un simple humain n'est rien... Hors mis un guimauve qui attend que le temps passe.
Dans l'art du tire à l'arc, sans avoir l'envie de s'accrocher, de se battre, c'est foncer droit dans un mur et Risako le démontra encore une fois, lorsqu'elle lâche la corde de son arc.
C'est alors que Shuhei Yamamoto afficha un très vite sourire satisfait de cette petite victoire d'avance avant de recommencer la manipulation.
Le corps de profile, la tête face à sa cible, mais aussi, l'arc bien droit, avec un menton bien levé.
Quand à la flèche, elle donna une forme à l'arc, avec l'aide des doigts du tireur, qui tend encore et encore la flèche jusqu'à une certaine pression avant de bloquer le tout un instant. Cet instant, c'est un bref moment où, l'énergie du capitaine s'emmagasine à un endroit précis, qui est rien d'autres que la flèche.
Puis un silence passa, avant que Shuhei ne fasse de même que Risako pour les départager enfin dans cette voix, qui est celle de l'arc.
Cette fois encore, avec les mêmes mouvements fluides et élégants, Shuhei finit sa position avec derrière, un jolie son produit par le duo de la corde et la flèche.
Ainsi donc, à la fin de l'épreuve numéro deux, l'un comme l'autre quittent l'équipement pour se préparer à une nouvelle épreuve.

Shuhei Yamamoto le Capitaine lance un regard à sa collège avec un mince sourire trompeur. Il faut le reconnaître, après ces efforts, l'esprit de l'homme commence à flancher quelque peu ! Tous les esprits ne peuvent pas supporter leur propre limite !
Ce dernier quittait donc les accessoires tout en soupirant avant de s'adresser à son amie sur un ton légèrement agacé de l'attente que mettent les arbitres pour les noter là-dessus.
-Il en reste encore combien d'épreuve Risako ? Ce petit jeu ne va pas durer jusqu'à l'aube tout de même...
Puis, après avoir quitté les accessoires, Shuhei attend une réponse de sa camarade, ou pas.
Ce dernier regarde les arbitres qui finissent de les évaluer, avant que l'un après l'autre, ils se lèvent, puis se dirige de nouveau sur les tapis là où avait eu lieu la première épreuve, ou devrions-nous appeler ça un jeu.
L'homme les suit sans ajouter quoi que ce soit, avant d'entrer à nouveau sur le terrain, après avoir fait une courbette en direction du portrait par respect. Il se déchausse, puis pose un pied après l'autre sur les tapis avant d'attendre que celle-ci la suit.
Les arbitres expliqua alors le jeu suivant, qui est le Jujitsu, donc l'art de la souplesse, ou bien l'art doux.
Ils font alors une brève explication des règles, du comportement à suivre avant de s'installer de leur côté, laissant Shuhei et Risako se gérer sur le terrain.
Shuhei Yamamoto en kimono se place alors pour avoir face à lui, sa rivale de jeu, la tête tournée vers les arbitres avec un air impatient de commencer.
Jusqu'à présent, le jeu était serré ! Un partout et cette épreuve déterminera qui des deux capitaines est le meilleur !
Pour Shuhei, la discipline précédente était pas un hasard, mais de la chance. Avec un peu de vent, un intempérie, ça aurait sûrement été tout autre chose... Pourtant, le voilà, fière d'avoir au moins réussit dans ce domaine-là... Et sans le vent qui souffle ! Malheureusement, pour gagner, il ne faut pas que de la chance, mais de la volonté, de la force et surtout de l'expérience. Même si c'est un jeu pour s'amuser !
Les arbitres se mettent rapidement d'accord sur le comment de l'épreuve avant de déclarer aux deux personnes de se battre en mettant en valeur les techniques apprises avec ainsi réussit à mettre à terre ou en dehors du terrain l'ennemi. Si l'un des deux corps se trouve en dehors de la zone des tapis, alors la victoire sera à son adversaire.
Egalement si une personne est immobilisée au sol pendant quelques secondes, alors son adversaire remporte l'épreuve.
C'était tout bête et sans un nombre de points ! Il fallait donc être rusé, fort et rapide pour soit disant éliminer son adversaire, car quelque part, c'est comme une course à la montre. Le premier arrivé à la ligne d'arrivée a gagné !

Le Capitaine se tourne vers Risako avant de la saluer comme toujours avant de reculer une jambe, mais également avancer l'autre jambe de quelques centimètres, avec cette concentration, cette détermination à lui montrer de quoi il sait faire. Après tout, avoir le titre de capitaine, ça ne se trouve pas à porté de n'importe qui, quand même ! Il est prêt et attend plus que Risako la capitaine le soit, pour jouer avec elle.

Spoiler:

La victoire de Shuhei marqua la fin de la deuxième phase de la rencontre. Les arbitres mirent du temps à la déclarer, puisqu’il avait fallu parcourir les vingt-cinq mètres de terrain avant de trouver les flèches fichées dans les cibles ou ailleurs. Ceci avait permis aux deux capitaines de se changer et de boire un peu.

Risako fut surprise de voir, non pas le contentement, mais la fatigue sur le visage de Shuhei. Commençait-il à s’ennuyer ? Cette rencontre ne lui plaisait-elle pas ? Il était pourtant plutôt amusant de se mesurer aux autres. En tout cas _c’était ce que pensait Risako_ il ne pouvait pas être fatigué, pas après cette petite séance de Kyuujutsu, cette discipline parsemer de pauses et d’observation . Sa surprise grandit quand son collègue lui demanda s’ils en avaient encore pour longtemps. Cependant, bien que cela ne lui fit pas plaisir, elle n’en fit pas grand cas et lui répondit encore moins _ bien plus occupée à écouter ce que les arbitres avaient à leur dire. On aurait alors pu la prendre pour une gamine de moitié moins son âge. Une de celle qui, studieuse et concentrée, assistait attentivement aux cours et faisaient la fierté de ses parents et de ses professeurs. Pourtant, elle avait autrefois reçu bien des remarques déplaisantes sur ce comportement que l’on voulait masculin et point féminin.

Les explications finies, ils se dirigèrent ensemble vers l’intérieur du dôjo où la phase de Kenjutsu s’était passée. Les deux arbitres se positionnèrent de façon à ne rien rater du petit duel qui allait se dérouler sous leurs yeux. Le terrain dont les limites n’étaient pas à dépasser était, mine de rien, assez vaste. Shuhei et Risako auraient du mal à s’affronter rien qu’en se poussant vers les bords. Cependant, il ne fallait surtout pas relâcher son attention et se faire acculer dans la fièvre du combat. Or, il était clair qu’il valait mieux valoriser les prises qu’ils avaient depuis longtemps acquises plutôt que de compter seulement sur leurs forces. Surtout Risako, qui, en matière de femme, manquait de force par rapport à Shuhei. Elle se devait de se concentrer sur son agilité et sur les techniques nécessaires aux prises.
Avant de poser un pied sur le tatami et de saluer le portrait du maître, la guerrière s’adressa à Shuhei sur le ton de la taquinerie et en lui tapotant amicalement l’épaule :

« J’espère que tu n’es pas trop fatigué, parce que je ne compte pas te laisser souffler. »

Puis, elle reprit comme si de rien était ,ses habitudes martiales.
Maintenant que son adversaire était en position, que l’arbitre avait déclaré que la troisième épreuve débutait et qu’elle se sentait prête, Risako décocha un coup vers la tempe de son adversaire pour entamer le duel . Elle était bien consciente que Shuhei allait tenter une prise partant de son bras, et elle espérait s’en défaire rapidement.

Spoiler:

A peine Risako avait-elle eu le temps de s'apercevoir de son erreur que Shuhei lui avait empoigné le bras et l'entrainait à terre avec l'assurance d'une prise parfaitement exécutée. La tête de la jeune femme bouillonnait à la recherche d'une solution pour s'en échapper, mais rien ne lui vint qui pourrait renverser la situation. Bien sûr, elle aurait pu se servir de la capacité Nezumide afin de forcer Shuhei à lâcher son bras, ou encore casser celui-ci, se mettre en danger et faire chuter Shuhei à son tour.
Mais un jeu était un jeu; la situation ne se prêtait guère à des moyens aussi drastiques. Et il fallait avouer que la prise était si rapide qu'elle n'aurait pu mettre en place une providentielle évasion.

En un clin d'oeil, elle fut au sol. Son collègue n'avait nul besoin de bouger pour qu'elle se retrouve immobilisée, face contre terre. Il sembla alors à Risako que toute sa vie se trouvait coincée dans ce bras que Shuhei tenait et maitrisait fermement. Et elle fut soulagée que ce soit une main amie. Risako ne pouvait qu'admirer les réflexes que le jeune homme avaient acquis. Il avait retourné en un éclair la force de l'adversaire contre lui, et c'était tout bonnement excellent !

Sa défaite annoncée des bouches des arbitres, Risako se releva et salua Shuhei. Toutefois, elle appuya plus que de coutume cette courbette marquant la fin de la rencontre. Elle voulait, par là, le remercier et s'excuser pour ce dernier coup si peu digne de son rang. Car, après tout, elle avait esquissé son propre échec, Shuhei n'avait fait qu'en profiter avec brio. Elle espérait que les arbitres n'étaient pas trop déçus de sa regrettable performance.

Voilà. Ce petit jeu était fini et Shuhei en sortait vainqueur.
Tandis que les arbitres le félicitaient chaleureusement _ n'oublions pas qu'ils étaient à l'origine les deux soldats qui se battaient dans le quartier général_ Risako se rendit discrètement au vestiaire pour y extirper quatre coupelles et un pichet de saké qu'elle avait acheté le matin même. Elle distribua les récipients pour, ensuite, servir volontiers ses compagnons d'armes, puis les remercier pour ce si bon moment passé en leurs compagnie.

"Excuse-moi pour ce dernier coup, souffla-t-elle à Shuhei après avoir trempé ses lèvres dans l'alcool, J'espère tout du moins que tu t'es amusé pendant ces trois manches."

Assit sur les genoux sur les tapis et tout en maîtrisant Risako, le capitaine attendit quelques petites secondes, qui lui permet de décrocher la victoire sur cette discipline.
Ce fût rapide et sans douleurs, qu'après quoi, Shuhei relâche le bras de sa camarade de jeu, avant de se redresser doucement pour être sur la plante de ses deux pieds. Ce dernier attend brièvement Risako avant de lui faire une courbette en signe de politesse et de salut.
Le jeu s'arrêta là et les arbitres annoncent un court instant pour déterminer le vainqueur. Shuhei les écoute avant de répondre par un sourire et de les laisser dans leur coin, à méditer sur les deux capitaines. Sont-ils en train de prendre en compte les connaissances acquissent, l'âge, la force, la chance, l'élégance... ? Shuhei Yamamoto se pose la question et va s'asseoir pendant ce temps-là, quand soudain, son attention se tourne vers Risako qui en a surement profité pour aller se changer ou boire un peu d'eau pour s'hydrater après un rude jeu mine de rien !
Quant à Shuhei, lui, n'a pas soif ou du moins, il en ressent pas le besoin de boire pour le moment. Il finit par laisser tranquille son amie, dans son coin, à l'abri des regards indiscrets.
Enfin, les arbitres se tournent vers les participants, pile au même moment où Risako revient.
Soudainement, elle ne s'était pas changée, mais était plutôt allé chercher une bouteille à ouvrir pour l'évènement et surtout la victoire du ou de la gagnante.

Arbitres : "Capitaine Takahara et Capitaine Yamamoto... Nous venons de délibérer et avons choisi notre vainqueur en titre de ce petit jeu. Et nous vous remercions d'y avoir participé l'un comme l'autre et de vous être donné de tout vous même.
Nous allons donc appeler celui de vous deux qui a gagné le jeu. Son nom résonnera dans tout le clan et c'est celui de.... Du capitaine Yamamoto Shuhei !
Félicitation à vous capitaine. Vous nous avez donné quelque chose d'impressionnant !
Capitaine Takahara... Vous avez remportée une manche de façon admirable. Toutefois, il vous reste encore du travail dans le Jujitsu et surtout dans Kyudo à faire si vous voulez être à la hauteur du capitaine Yamamoto. Mais ceci reste un avis même si vous êtes déjà une brillante Capitaine dans ce monde "masculin. Merci à vous deux encore une fois."

disaient-il précisément avec un sourire agréable et sincère sur leur visage.
Puis après quoi, l'un d'eux décide de passer au moment de détente et le fait partager à tous pour finir en beauté ce petit jeu.
Shuhei aurait pensé que ce serait Risako la gagnante, après tout les sacrifices qu'elle avait fait, elle méritait cette victoire. Toutefois, il fût satisfait de deux choses après le discourt des arbitres. Le premier était les dernières phrases adressées à Risako qui selon lui, sont bonnes à prendre et à mettre en oeuvre. La seconde est aussi la plus basique de toutes : sa victoire.

Lui et Risako s'approche de la table où les arbitres avaient prit place durant les épreuves pour prendre une coupelle de saké avant d'attendre les arbitres et Risako pour boire cette coupelle en l'honneur de sa victoire. Il sourit, fière de lui, mais surtout d'avoir eu face à lui, son amie.
La détente peut donc enfin commencer réellement, qu'à partir de la première gorgée pour l'homme.

-C'est oublié Risako, c'était le jeu après tout !
Un jeu est d'autant plus excitant, plus amusant si les participants sont nombreux n'est-ce pas ? Mais j'ai apprécié ta seule compagnie pour jouer, avec moi. C'est un plaisir et un honneur d'être en ta présence. répond le capitaine avec un sourire sincère dédié à son amie qui s'excusait.
Ce dernier discutait avec elle, puis après au tour des arbitres avant que leur sujet de conversation se fait partagé rapidement. Puis, après que les coupelles fût vides, et la bouteille presque vide, il était temps de partir.
Le gagnant adressa une parole collectif à tous pour manifester ses intentions : -Bon, messieurs il est l'heure que je vous quitte. Merci de ce petit jeu et au plaisir à une prochaine rencontre.
Arbitres : "Ce plaisir est partagé. Au revoir"
Puis Shuhei adressa la parole plus précisément à sa camarade pour lui dire au revoir avant de repartir au vestiaire des hommes pour se changer. Puis enfin, rentrer chez lui et se reposer un peu, avec en mains sa récompense.
Au final, le bilan était vraiment très agréable par rapport à ce petit jeu. Ce dernier ne s'en plaint pas.