Le monde des fleurs et des saules

Le soir était tombé sur Nezumi et l'okiya Asakusa ouvrait ses portes pour la nuit. L'établissement sobre en apparence le jour s'illuminait de milles feux sous le ciel étoilé. Assit sur le palier faisant face à la rue, les courtisanes derrière leurs cages de bois invitaient ceux qui cherchaient un peu de réconfort dans les nuits froides du Nord-est, tendant leur pipe en invitation. À l'intérieur, l'ont préparait le mizuage d'une jeune recrue, les enchères commençant dans quelques heures à peine, la patronne s’assurait que le salon privée soit confortable pour les invités.

Dans sa chambre, Suzume attendait nerveusement qu'on vienne la chercher pour sa présentation aux participants de son mizuage. Avec elle, sa grande sœur essayait de se montrer rassurante sans grand succès, ajustant et lissant les plis du riche kimono de sa protégée souhaitant qu’elle fasse la meilleure des impressions et que la jeune fille reçoive un bon prix pour sa virginité.
Suzume tant qu’à elle, espérait que ce moment n’arrive jamais. Du haut de ses quinze ans, elle ne se sentait aucunement prête à passer la nuit dans les bras d’un homme. Mais elle savait bien que peut importe le prix auquel sont père l’avait vendu, les coûts associés à s’occuper d’un enfant aussi jeune pesait maintenant sur ses frêles épaule sous la forme d’une forte dette. Ainsi, pour aider sa mère adoptive et ses sœurs, Suzume avait proposer de travailler pour l’établissement en tant que Geisha, bien qu’ici le terme était plutôt un euphémisme pour mieux faire passer le fait qu’elle devenait maintenant une Oiran à un si jeune âge, et aider à payer les dépenses de l’établissement et de celles qui y vivait. Bien qu’elle redoutait ce qu’elle avait à faire, la jeune fille se sentait redevable à toutes ces femmes qui avait prit soin d’elle durant toutes ces années.

Bientôt, la patronne vint la chercher pour la conduire au salon. Marchants dans les longs couloirs qui la menait de l’aile des chambres au pavillon principale, Suzume avait l’impression que son cœur allait sortir de sa poitrine tant il battait fort. Autour d’elle dans les chambres, elle entendait le bruit des rires et les soupirs de plaisirs qui faisait échos dans l’okiya. Bientôt, elle aussi, ferait partit de ce monde secret.

Avant même de le réaliser, elle faisant maintenant face à la porte du salon où elle recevrait son premier patronage. Suivant sa mère, elle pénétra dans la pièce embrumée par la fumée des pipes et alla s’asseoir à l’avant, évitant leurs regards. La cérémonie commença aussitôt, sa mère invitant les hommes présents à commencer les enchères.

"Arrive-t-on bientôt Takeda-san?..."

La voix grave de Daisuke résonnait dans l'air pur du crépuscule alors que ce dernier, curieux, se demandait où son ami pouvait donc l'emmener ainsi. Enfin pur... C'était un bien grand mot quand on voyait la quantité de fumée que dégageait le bâtonnet entre ses lèvres...

Sa présence à Nezumi s'expliquait par une visite qu'il avait décidé de rendre à Takeda Honsui, un érudit avec lequel il prenait souvent plaisir à discuter littérature ou étudier certains sujets aussi bien philosophiques qu'économiques. L'homme d'une cinquantaine d'année était alors reparti dans sa ville d'origine pour y finir ses recherches.

Ce que le stratège ne savait pas, c'est que son ami était aussi un grand amateur de femmes... Ainsi se retrouva-t-il à suivre Takeda dans un lieu que ce dernier souhaitait ardemment lui montrer.
Forcé de porter un haori sur son torse habituellement nu, Daisuke hésitait entre le sentiment désagréable de porter un haut et celui d'être aussi joliment vêtu, ce qui n'était pas dans ses habitudes... Il avait cependant insisté pour garder son pantalon et sa ceinture à la place du kimono.

Les deux hommes richement parés arrivèrent bientôt à leur destination. Et le cœur du géant manqua un battement en réalisant où il avait atterrit... Un okiya dont la façade était débordée de femmes plus ou moins attirantes qui invitaient un bon nombre d'hommes à s'approcher de la grille en bois qui les séparait.
Trop gêné pour dire quoique ce soit, le stratège n'osa pas protester ; refuser l'invitation aurait, à ce point, été très offensant pour son hôte... Advienne que pourra, Daisuke suivit Takeda à l'intérieur de l'établissement.

L'ambiance qui régnait avait pour don de mettre Daisuke mal à l'aise.
En effet, l'homme n'avait jamais eu de chances avec les femmes... Autant par sa langue acéré que son caractère de tsundere. Aucune n’eut ainsi la chance ni la volonté de mieux le connaître, et donc de découvrir le côté très doux et attentionné de la bête.
Condamné à vivre dans sa timidité voilé par une personnalité exécrable, il arriva devant cet okiya... toujours puceau.....
Toujours répulsif à l'idée de pénétrer dans un lieu de la sorte, sa situation actuelle dessinait une expression d'incrédulité sur son visage d'ordinaire impassible et froid.

Retrouvons nos deux compères qui s'étaient fait mener dans une pièce ou une sorte de cérémonie semblait prendre place. [notons que la tête de Daisuke avait la vie dure avec toutes ces embrasures basses...]
Habitué des lieux, Takeda lui expliqua ce qui se tramait ici, le mizuage d'une jeune fille, et à quel point il était dégouté par les vieux hommes attroupé là tel des loups affamés. L'érudit semblait préférer les femmes d'âges bien mûr, ce qui n'était pas vraiment mieux aux yeux de Daisuke qui se garda cependant de le faire remarquer...

Son ami l'invita à s'asseoir en attendant la fin du mizuage et l'arrivée de femmes plus appétissantes, lorsqu'un jeune fille fit son apparition...
Ce qui entraîna aussitôt un mode bavage automatique chez le groupes de séniles qui se battirent alors pour avoir la geisha au prix le bas possible, enchérissant centimes sur centimes.
La situation agaça tellement le stratège que son coté donneur de leçon revint comme une flèche!
Sa voix grondante résonna comme une colère divine dans la pièce:

"Vous vous appelez des hommes bandes de vieux décrépis?!! Vos burnes ne sont pas desséchées par tant d'avarice?!?! Si vous voulez tant que ça la virginité d'une femme mais êtes obligés de vous la payer, mettez y au moins le prix bandes de larves perverses!! Comme ça!!!"

Daisuke plaqua avec force une bourse de ryos au sol, avant de se retourner, énervé, vers Takeda qui paraissait étonnamment surpris.
Un blanc monumental s'était installé dans toute l'assistance, choquant l'archer qui s'attendait à entendre d'autre surenchères plus couillues qu'auparavant...
C'est alors qu'il se rendit compte de la faute qu'il avait commise... Que ce soit par peur du géant ou par la somme énorme qu'il avait déposé, plus aucun des vieux croulant ne trouvait la force de renchérir.

"Je suppose que l'ami de Takeda-sama remporte ces enchères", dit en souriant la geisha responsable.

"Eh??...", fut le seul son que Daisuke put émettre, totalement désemparé.

S'il refusait après avoir payé, cet acte serait considéré comme une offense signifiant que la marchandise ne valait même pas la peine d'être consommée.
Or il ne voulait absolument rien de tout ceci!

C'est en proie à l'hésitation que Daisuke resta planté là sans savoir quoi faire, son visage alternant entre le blanc pâle et le rouge cramoisi...

L’accueil qu’elle reçut par les patrons de l’okiya fit frémir Suzume de dégout, elle ne s’attendait pas à grand-chose, mais certainement pas à des hommes aussi vieux et visiblement pervers. De plus, à voir les enchères, ils ne souhaitaient pas payer le prix fort pour son mizuage non plus. Vexée et déçut, la jeune fille se résigna donc à passer la nuit avec un vieil homme probablement sénile et peu recommandable.
Cet alors qu’une voix s’éleva dans le salon comme le tonnerre :

« Vous vous appelez des hommes bandes de vieux décrépis?!! Vos burnes ne sont pas desséchées par tant d'avarice?!?! Si vous voulez tant que ça la virginité d'une femme mais êtes obligés de vous la payer, mettez y au moins le prix bandes de larves perverses!! Comme ça!!! »

À la surprise générale, un homme, qui aux yeux de Suzume semblait être aussi grand qu’une montagne, augmenta la mise d’une si grande somme qu’un grand silence s’installa. La jeune fille se demandait bien qui était cet étrange personnage, ne l’ayant jamais vue auparavant à l'okiya ou ailleurs. De plus, il ne semblait pas venir de la région et en détaillant son costume, on pouvait deviner qu’il devait avoir un certain prestige car son haori était des plus distingué. Alors que le malaise pesait, la propriétaire toujours aussi souriante prit la parole:

«Je suppose que l'ami de Takeda-sama remporte ces enchères! »

Suzume ce sentit rougir, elle n’arrivait pas à le croire que le moment était enfin venu, tremblante on la conduisit vers l’homme qui allait devenir son premier client. Hésitant un moment, elle pose sa main délicate sur le bras de son mécène et lui offrit son plus beau sourire comme on le lui avait enseigné. L’observant de plus près, elle put voir qu’il semblait tout aussi désemparé et confus qu’elle. En fait, sa première intention devait être de sauver un peu la réputation de la jeune fille et non de gagner le mizuage. Cette pensée la fit sourire et elle le regarda droit dans les yeux:

« Merci. Je.. je suis heureuse que vous m'avez choisit.»

Alors que la patronne allait les conduire à leur chambre, un groupe d’homme pénétra dans le salon privé :

« Oi, Oka-san! Vous auriez dût nous avertir que ce soir était le mizuage de la petite Suzume!
- Combien de fois dois-je vous dire que vous n’êtes pas la bienvenue dans ces lieux! Nous n’avons rien à faire de votre soi-disant protection ou de l’argent que vous extorquez à de pauvres âmes! Fit la propriétaire, Quittez cet endroit immédiatement! Nous ne voulons de Yakuza ici! »

Le chef de la bande poussa la femme d’âge mur de son chemin et alla prendre Suzume par le bras:

« Je vais oublier ce moment de sénilité dans un grand geste de bonté, mais je vais prendre la petite avec moi pour la peine. Mes hommes profiteront aussi de l’établissement gratuitement pour la nuit. Ah oui! Tournée de saké pour vous les gars! Amusez-vous bien ce soir, je sais que moi j’aurais bien du plaisir! »

Les bandits éclatèrent de rire en chœur, alors que Suzume essayait tant bien que mal de se libérer de la poigne de fer du Yakuza qui la dévorait des yeux.