Sujet: A la croisée des chemins... Ven 15 Juil - 19:52
Le soleil avait tardé à se coucher. Aujourd’hui serait indubitablement différent de hier et de demain. Le ciel bien que nuageux, était parsemé en de rares endroits, de halos lumineux, dispensés par la lune à demi pleine. Et en ce jour si particulier, les tensions n’avaient pas tardé à se raviver, une braise aurait suffi, un soldat Toragi aussi. Un plus tôt une altercation avait en effet eu lieu entre le seigneur dominé et deux envahisseurs. On ne retrouva jamais leurs corps. Les étrangers et les voyageurs égarés n’étaient guère plus appréciés en ces temps tourmentés. Les rumeurs de trahison, de collaboration et de conspiration avaient proliféré toute la journée et s’était répandu plus rapidement encore, qu’une invasion de sauterelle dans les champs fertiles du Sud en période de grande chaleur, attisant un peu plus la haine de chacun à l’égard de son voisin.
L’une d’elle était que des fidèles du Tigre dominant, originaires obscurément du clan Kobutama (Deux marchands s’étaient entretenus silencieusement au sujet de bâtards, nés sans doute d’une copulation forcée entre un chien de soldat Toragi et d’une Kobutama déshonorée, sans se doutait un seule instant que cette dernière était parfaitement consentante…) avaient réussi à tromper leur jeune seigneur et à se faire promptement nommer à des postes importants. Investissant ainsi la hiérarchie, leur seul but était de garder la main mise sur une population moins docile que prévue. Arrivé depuis un mois maintenant, Saïto était en proie à ce genre de ragot. Il avait encore du mal à trouver sa place dans un village au demeurant archaïque, ancré dans un passé qui les hantait depuis maintenant trop longtemps et dont les habitants avaient du mal à se défaire. L’attitude tacite et froide du jeune orphelin loin d’arranger les problèmes du moment, mettait en doute les qualités de leur chef de clan et certains dans le plus vil secret commençaient à douter de Kobutama Nasai. Hajime Saïto ne le permettrait pas.
Il avait été absent pendant vingt et un ans et à peine était-il arrivé qu’il fut nommé capitaine. Bien qu’aucun homme censé ne s’opposa à la volonté de leur seigneur, rare fut ceux qui le concevait officieusement. Le jeune promu, quant à lui, avait depuis ce jour remis corps et âme à l'héritier des Kobutama. Pauvre, riche, jeune, vieux, respecté ou non, il lui aurait obéit sans une once d’hésitation, bien dressé qu’il était. Mais il avait cru entrevoir chez cet homme, lors de leurs brefs regards échangés, ce caractère qu’ont les vrais seigneurs de guerre à déceler les êtres de confiance. Peut être avait-il su distinguer la valeur de l’homme qui se prosternait devant lui. Il l'avait peut être trouver, pensa-t-il, ce Seigneur-Sage, que son vieil ami recherchait temps. Silencieusement, à la pensée de ce dernier, Saito sourit. Mais dans son jugement hâtif, il négligeait deux aspects essentiels : Son âge et l'étendue du désir de vengeance qui rongeait le cœur de son nouveau maitre. Car Nasaï qui avait vécu seul durant si longtemps, avait sans doute besoin de gens, capables de comprendre la fougue qui l'animait.
Pour l’heure, il avait décidé de s’exiler, non loin du village, à la lisière de la forêt bordant les environs. La dernière fois qu'il avait agi ainsi ce fut en compagnie de son compagnon disparu, la veille d'une bataille dont un seul survivrait. Il se trouva un chêne majestueux, qui de par son age avancé, devait avoir vu plus d’une fois ce clan hargneux tombé sous les hordes ennemis et plus de fois encore s’en relevait inlassablement. A genoux, adossé au large tronc, ses deux katanas disposés sur son flanc gauche, il sortit un ouvrage à la couverture ocre, où était inscrit en lettre de feu « Haiku ». Il l’ouvrit semble-t-il au hasard et s'apprêta à lire, lorsque le crépitement des feuilles jonchant le sol, le sortit de sa méditation. A quelques pas seulement, une ombre s'avança lentement, il referma alors l'ouvrage d'un mouvement nonchalant...
Dernière édition par Hisame Saïto le Mer 3 Aoû - 0:34, édité 2 fois
Sujet: Re: A la croisée des chemins... Dim 17 Juil - 10:50
Devant lui se dessinait l'imposante silhouette de la forteresse qui fut jadis sa ville natal. Noriyuki s’arrêta et soupira... était il vraiment prêt a reprendre sa vie au sein du clan, lui en doutait fortement... ...Qui se rappellerai de lui, sa mère n’était plus il venait de l'apprendre, le nom des Haga était synonyme de déshonneur et de trahison...le sang d'une poignée d'inconscient raillant son nom souillé encore le kimono du samouraï... Voudrait on encore du fils aîné d'un capitaine renégat... Sept longues années d'absence...il était parti deshonnoré, sous les hués et les crachats de ceux qu'il considérait comme son clan, jeune homme plein d'espoir a son départ, il réapparaissait aujourd'hui en homme aguerrit et marqué par les revers de la vie... Son honneur, il l'avait regagné...la tête de son père pendant dans un linge sanguinolent a sa ceinture le prouvait... mais serait-ce assez...non réellement il en doutait..
Noriyuki ne prit pas la route de la forteresse mais bifurqua sur un sentier menant vers la lisière de la foret et des souvenirs qu'il croyait a jamais perdu. Cet route perdu au milieu des arbres lui arracha un sourire nostalgique, a chacun de ses pas il s'attendait presque a voir son jeune frère apparaître devant lui... Ce sentier perdu au milieu de cet foret avait été leur forteresse, leur empire.Chaque arbre avait été un redoutable samouraï prêt a les tués, mille batailles ils y avaient vécu , cent dragons ils y avaient tué et ensemble ils avaient rêvé de leurs avenir au sein du clan. Une larme perla sur la joue du guerrier.Il ne fit rien pour la cacher et un sentiment d'amertume le gagna.
"...Seijuro...pourquoi..."
Depuis prêt de sept ans il revivait la mort de son frère et doutait...pour le clan et l'honneur il avait de ses mains mit un terme a la vie de son propre frère... Et chaque nuit en fermant les yeux Noriyuki doutait de la justesse de son acte et le remord l'envahissait.
"...Mon frère pardonne moi..." Il quitta le bois et longea la lisière de la foret...tant de souvenir lui apparurent qu'il se mit a espérait en voyant au loin une silhouette adossé a un arbre. Son pouls s’accéléra a mesure que son pas grandissait et il se mit a rêver a l'impossible...Ce chêne plusieurs fois centenaire était celui de Seijuro, le trône de leurs empires comme gamins ils l'avaient nommé... Peut être son frère avait il survécu et depuis l'attendait... Sa joie fut brève et il déchanta quand la dure réalité reprit le dessus... Noriyuki ralentit et dévisagea l'inconnu,non il était trop jeune et ses traits étaient différent de son frère défunt.
"...Tu n'es pas Seijuro...comment ose tu prendre sa place..."
Sujet: Re: A la croisée des chemins... Mer 3 Aoû - 0:26
La lune, seul témoin, observait toute la scène. Selon son bon vouloir, elle pouvait disparaitre, plongeant alors nos deux protagonistes dans des ténèbres bien plus profonds encore. En même temps que les nuages migraient au gré du vent, une fine brise nocturne s’éleva, entrainant avec elle, les quelques feuilles jonchant le sol et les paroles abruptes de l'inconnu à travers cette vaste forêt.
Saïto Hisame marqua un temps, observa brièvement les quelques étoiles visibles par ce ciel quelque peu assombri, avant de se relever, lentement, ne semblant avoir entendu l'individu. Il s'avança alors jusqu'à celui-ci. Il ne prit même pas le temps de bien le détailler, du moins c'est ce qu'il laissa paraitre. A quelques pas d'écart, ils étaient maintenant deux ombres se toisant du regard et malgré ce petit souffle glacé, empli d'une condescendance certaine, l'atmosphère s'alourdit d'avantage. Son recueil de poésie était resté à terre, bien en évidence, au pied de l'arbre, sans doute pour être repris dans un bref instant...
Deux phrases. Quelques mots à peine. Mais ceci avait suffit à bafouer la quasi totalité des usages, qu'imposaient les fondamentaux, inculqués à tout individu sensé, dans une telle société, fondée sur l'honneur et bâtie sur le respect d'une hiérarchie rigoureuse. Dénigrer une seule règle, c'était mettre en péril l'édifice tout entier.
D'un mouvement marqué du buste, Saïto s'inclina respectueusement. "Pour ne pas avoir été à ma place..."
Au cœur de la nuit, le bruit de la lame effleurant le fourreau. Ce fut aussi rapide et froid que les quelques paroles échangés l'instant d'avant. Un éclat argenté et Kimochi était allongé de tout son être. Ce katana, dernier vestige d'un passé lointain avait été travaillé simplement, sans ornement particulier, ni signe distinctif, si ce n'est son manche noire ébène, taillé sur mesure pour une maniabilité des plus redoutables et le symbole de son appartenance certaine à son propriétaire. Il était unique. Sa lame finement aiguisée jusqu'à son extrémité lorgnait à présent la glabelle de sa prochaine victime.
"... Pour ne pas avoir été à la tienne."
En armure, dans une posture de garde parfaite, n'ayant plus qu'un seul katana attaché à son flanc gauche et tenant fermement l'autre de sa main droite, il accentua la pression sur cette saillie lisse, entre les deux sourcils, sans se soucier de l’éventuelle souffrance engendrée envers son opposant.
"Tu as offensé un capitaine, j'accepte ta repentance."
N'attendant aucune réponse de son interlocuteur et fixant inlassablement l'impudent de ses yeux sombres et profonds, il amplifia encore un peu plus la force exercée, avant que d'un mouvement vif, à l'aide du poids de tout son corps et d'une position précise des jambes, il prit une large impulsion, conservant la même direction. Sans une pointe d'hésitation, sans une once de tressaillement, il élança sa lame d'acier...
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A la croisée des chemins...
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