Alliés ou Ennemis ?

Le soleil était encore haut dans le ciel quand je terminais ma journée de travail. Je venais de passer au moins une demi-douzaine d’heure à aider les paysans à cultiver. Loin de moi l’idée de me plaindre, cette activité m’occupait et me permettait de garder la forme. Mon second rôle exigeait de moi une condition physique correcte. Fier de moi, je partis voir le propriétaire pour récolter mon salaire. Bien sur, je ne faisais pas ça tout à fait gratuitement. Il me fallait de quoi me nourrir et, éventuellement, me divertir.

Je traversais la ville pour retourner chez moi quand quelqu’un m’interpella. Il voulait me remettre une lettre. Ah ! Surement ma nouvelle mission. Je le remerciais et terminais mon chemin. A quoi avais-je droit cette fois ci ? Un simple assassinat d’une personne trop gênante ou alors une récolte d’information sur les plans d’un clan rival ? Je m’impatientais quand à l’objet de ma future mission.

Arrivé, je pris à peine le temps de me déchausser pour lire la lettre. Aucune de mes prédictions ne se révélaient être juste. Du moins pour le moment. La missive m’ordonnait seulement de me rendre au portes de la ville afin d’y rencontrer mon coéquipier pour la mission. Tiens, je n’avais pas l’habitude des missions en duo. Il ne me restait plus qu’a espérer que l’on n’allait pas me refiler un boulet. Il y a peu de chance si je lis bien la suite de la lettre puisque c’est lui qui doit m’apprendre les termes précis de la tâche. Et donc il semble logique que ce soit un de mes supérieurs direct.

Je pris le temps de me préparer et de manger un bout avant de partir. Un bol de riz et un morceau de poisson, histoire de ne pas mourir de faim. J’en confectionnais quelques unes en plus pour le trajet au cas où voyage il y aurait. Je les mis dans un tissu que je me passais à la ceinture. Je fixais mon sabre dans mon dos et prit le soin de cacher kunais et shurikens dans mes vêtements. S’agirait de ne pas se faire remarquer. Comme disait mon vieux senseï, un bon ninja est un ninja anonyme. Ou un truc du genre.

Je me mis en route vers la sortie, pour y arriver cinq minutes plus tard. Mon coéquipier était déjà là. Enfin, je le présumais. Je m’approchais d’une personne que l’ombre m’empêchait de décrire convenablement. Il n’avait pas grand-chose d’un haut gradé à première vue. Pas plus que moi je n’avais l’air d’un ninja en tout cas. Je le saluais poliment mais sans plus, concluant ma phrase en me présentant.

Safe Passage

~~On apprend peu par la victoire, mais beaucoup par la défaite~~

Les événements récent avaient chamboulé les habitudes. Les troupes aux portes avaient été renforcés, les rondes des gardes doublées et les remparts quelques peu comblés. Les hauts sphères du clan passé la journée à parler politique tandis que le peuple multipliait ses interrogations. Les conseil de guerre auquel participé notre jeun héros n'en finissait plus, sa patience atteignait ses limites et les raisonnements platoniques lui menaient la vie dur. La lune était belle ce soir là. Noriko, les stratèges et les capitaines avaient été réunis une énième fois discuter des meilleurs stratégies, des éventuelles alliances et des projet du clan. Pour la énième fois, le débat était stérile entre les conservateurs, dont il était impossible de faire constater les enjeux d'une rébellion et les autres, près à tout pour reprendre leur bon droit.

Le chef de guerre se devait d'être neutre, mais sans véritable fondement, jamais le clan ne prendrait le risque de lever les armes contre Tora. Les Tigres devaient payer leur affront, mais depuis quelques temps, leur intérêt pour la Lune avait baissé, ce qui ne cesser de donner le sourire aux commerçants et aux paysans, délivré des dates intenable de remise des biens aux serviteur d'Araki. Ce même seigneur envoya une missive à Noriko, la pressant de se rendre à Tora pour une réunion extraordinaire des clans de l'Ouest. Le débat fut donc clos par l'entrée du messager et bientôt, il fut annulé pour les préparations. Mitsuo allait bien évidement accompagné sa maitresse et comme d'antan, Minato accompagnerait le cortège.

Vous compter ici le déroulement de ce voyage ne serait que perte de temps. Araki c'était bien amusé à humilier une fois de plus les vaincus et leur demanda de nouveau de s'agenouiller à ses pieds et de faire renaitre leur serment d'allégeance. Infâme petit monstre, tu périras de ma main, sois en certain ! Les conséquences de ce meeting furent néanmoins intéressante et concluante. Nasaï avait pu consulter Dame Noriko et tout deux c'était mis d'accord, à la faveur de la lune, sur une alliance liant les lièvres et les sangliers contre le tigre dominant. De notre côté, les débats avaient prit fins et tous était d'accord, sans aide extérieur, nos chances de victoire s'en trouver amoindrit. Il fallait consulter les puissants bœufs. Cependant, envoyé des émissaires serait prit pour une trahison de la part d'Araki et, bien que cela soit difficile à admettre, nous serions éradiqué en peu de temps.

Toute solution exige réflexion.

Elle fut des plus simple, envoyé des hommes porter un message à Saru, dans l'espoir qu'il soit retransmis au seigneur Mitsuru. Pas d'unité complète, seul deux hommes quitterais l'enceinte de la cité pour ce voyage long et risqué. Les samouraï serait beaucoup trop lent et voyant, ce fut vers les shinobis que se tourna la Dame. Pour ce faire, elle convoqua Mitsuo le soir suivant leur retour de Tora. Il entra à genou et le paravent se ferma derrière lui.

Mitsuo, j'ai besoin de toi. Tu es l'un des seul à partager mon secret, je veux que tu aille personnellement à Saru. Ce message est d'une importance capitale pour l'avenir du clan, je ne veux pas le voir entre de mauvaises mains, je n'ai confiance qu'en toi.

Ma Dame, c'est un honneur, j'emmènerais un homme digne de confiance avec moi.

Soit, mais tout cela doit rester anonyme, même le conseil doit l'ignorer, tu partiras à l'aube. Nous prétexterons des affaires extérieurs qui requiert ton attention.

Très bien... Noriko.... Fais attention à toi durant mon absence.
Il se retira en suivant. Ces deux âmes ne se connaissait que trop bien, les mots inutiles n'avaient pas leur place dans leur conversation. Inutile d'en dire trop, les yeux s'occuperont de transmettre le reste. Une chance pour Mitsuo de quitter quelques temps la ville d'Usa pour retrouver les plaisirs du voyage. Bien que son inquiétude à l'égard de sa maitresse serait grandissant, sa mission prenait le pas sur tout le reste.

Son homologue pour son voyage était tout choisit. Il avait eu l'occasion de connaître tout ces shinobis. Il dirigeait le conseil des Éclats de Lune, grand puissance des ninjas et kunoichi d'Usagite, tout ces hommes lui devaient le respect. Son rôle, aussi ambiguë que salutaire, le faisait jongler entre son rang de Chef de Guerre, officiel, couronné par les codes et celui de dirigeant du monde de l'ombre de son village. Récemment, une promotion avait été donné à l'un de ses collègues, Akira. Il portait le nom de la cité, on le lui avait donné à son arrivée, ignorant le sien. Il travaillait bien selon ses supérieurs et avait remplit bon nombre de mission dangereuse. Il fallait donc tester son nouveau Chef Ninja avant de lui confier une unité.

Il lui fit parvenir une missive concernant sa nouvelle quête. Un point de rendez-vous, pas de détail ce qui impliqué une importante tâche à accomplir. Peu d'indication serait donné au jeune homme, par pur précaution. Le monde des shinobis ne s'entravait pas de code moraux, seul le résultat comptait. Mitsuo gagna sa demeure et ne ferma pas l'œil de la nuit. Lorsque l'heure du coq tonna, le chef de guerre ressemblait à un vieux saltimbanque, aveugle et fragile, enveloppé sous des guenilles aussi peu colorés que fané par le temps. Son déguisement était parfait. Il quitta le palais et prit la direction de la ville pour attendre son jeune apprenti.

Une carriole les attendait et un cheval du nom de Kyuu leur avait été confié. C'était un bel animal, d'une robe sombre, ses yeux exprimaient la vigueur et la force et sa stature n'égalait que sa nervosité. Le jeune chef rassura l'animal et passa sa main dans sous sa robe. Il lui glissa quelques mots dans l'oreille et la monture se détendit quelque peu. Mitsuo sentit dans son dos le jeune Akira. Il se tourna vers lui et observa son camarade. D'une taille moyenne, il ne semblait pas impressionnant, ses cheveux, long comme la saison des pluies, brassaient le vent avec volupté. Il semblait intelligent, mais comme tout bon shinobi, il respirait l'anonymat.

Grimpe là-dedans et prend les rennes, un long voyage nous attend.
Il n'allait pas parler ouvertement de leur projet, trop de témoin, ils attendraient d'avoir passé quelques lieux.

Le cheval s'ébroua. Suffisement fort pour que je le remarque, lui et la cariole qui lui était attaché. Il semblait robuste. En tout cas, assez pour supporter de tirer le chariot sur un long trajet. Nous partions donc pour si longtemps ? Je ne posais pas de questions et pris les rennes. La réponse était incluse dans l'ordre. Bel exemple de la subtilité des shinobis. Un indice sur la durée de la mission glissé dans une phrase banale.

Notre petit convoi franchis les portes du palais. Même les gardes ne nous reconnaissaient pas. C'est que les déguisements étaient efficace. Je dirigeais le cheval sur la route unique qui sortait de la cité. Plusieurs intersections se présentèrent rapidement à nous. Je suivis à la lettre les directives de mon compagnon de route. Plusieurs heures passèrent ainsi, sans que je sache vraiment où il m'emmenait. Cela ne me dérangeait pas, si il ne me donnait pas les détails maintenant, il le ferait certainement plus tard.

La nuit arriva. Il décreta une pause afin de se restaurer. Je sortis deux boulettes de riz de mes provisions, ainsi que ma gourde. Là, il me confia notre destination et le but de la mission. Je visualisais un carte du pays dans ma tête. Le meilleur chemin était de faire escale à Ohama avant de traverser les montagnes pour rejoindre un autre temple. Le voyage durerait bien une semaine. Si on ne s'arrêtait pas la nuit et que l'on se relayait pour conduire la cariole. Cela ne posait pas de problèmes. Nos entraînement étaient là pour fortifier nos corps et améliorer notre endurance. Et nos pouvoirs nous permettraient de passer outre la difficulté de l'obscurité.

La première partie du voyage se fit sans encombre. Le temple nous accueuilla et nous permit de nous ravitailler jusqu'à la prochaine étape. Maintenant, la route allait être plus difficile. Les montagnes seraient longues à franchir. Entre les brigands et les bêtes sauvages, il allait nous falloir de la motivation. Sans parler des étranges animaux magiques qui rôdaient.

Finalement, les problèmes furent peu nombreux. Une petite bande de voleur fut défaite, surprise par nos compétences au combat pour un vieux saltimbanque et un jeune paysan. Je démontrais par la même occasion la maîtrise de mon sabre à mon camarade. Je vantais les mérites de sa solidité et sa légèreté, tout en gardant ses nombreuses autres fonctionnalités secrètes.

Le reste n'était que plaines et fôrets se succèdant sans logique. Le second temple fit irruption dans notre champ de vision au milieu du quatrième jour. Pour l'instant, aucune patrouille d'une autre cité ne s'était montrée. J'avais bien fait de choisir un chemin qui évitait les grandes villes.

Désormais, seule restait la deuxième moitié du trajet. Encore quelques jours et notre destinaton serait atteinte. Encore une fois, les moines nous avaient gracieusement offert de quoi nous alimenter pour la suite et même une bouteille de saké pour étancher notre soif. Je les remerciais pendant que mon compagnon s'impatientait. Je pris un air d'excuse et m'eclipsait dans la cariole.

Notre voyage nous obligeait maintenant à passer à proximiter d'une cité fortifiée. Ni alliée, ni ennemie. Mais je pris quand même l'initiative de la contourner. Si on voulait conserver notre discrétion, il vallait mieux éviter ces lieux de passage. Le risque de se faire entendre y était beaucoup plus grand que dans les bois qui nous entouraient. Certains paysages me rappellaient d'ailleur la petite cabane de mon senseï perdue au milieu de l'immensité des arbres. Le bruit d'une rivière pas loin raviva encore plus mes souvenirs. De bons souvenirs.

Afin de ne pas être surpris par une patrouille quelconque, je partis en éclaireur, laissant Mitsuo dirigeait le chariot. Il faisait encore jour et les rayons du soleil perçaient à travers les feuillages. J'avais été bien inspiré sur ce coup puisqu'une patrouille arborant l'emblême du clan du mouton. Je ne savais pas grand chose de ce clan, que ce soit leurs techniques de combat, comme leurs pouvoirs. Je ne pouvais pas les attaquer sans raison, malgré mon envie de me dégourdir un peu. J'usais de mes capacités de ninja pour rejoindre le convoi dans le plu grand silence.

“Mitsuo, une patrouille se dirige droit sur nous, qu'est-ce que tu propose ?”

Je préfèrais en faire part à mon aîné. Sa sagesse et son experience étaient plus grandes que les miennes. Je lui faisais confiance pour prendre les bonnes décisions. Il conseillait de se cacher et d'attendre quelle soit passée. Je dirigeais donc le cheval, dont le nom m'échappait, au milieu des arbres, hors de la route. Nos talents de shinobis firent le reste.

The 4th Movement

~~La confiance d'un guerrier peut être longue à acquérir,
Parfois même des décennies ! Tout dépend de la valeur de son compagnon~~

La toute est longue lorsque le silence est d'or. Chez les shinobis, moins on en sait, mieux on se porte. La bonne foie et les paroles sont bannisses de la masses, seul l'instinct et le jugement compte. En terre d'Usagi, les hommes et les femmes ne se jugent pas sur les mots, mais sur les acts et sur les faits. Ce clan aux aptitudes ninjas inégalés restent l'un des plus silencieux, des plus sombres et l'un des plus efficace. C'est la vision d'un monde stricte et sévère, celle d'un homme face à un autre où un seul regard peut faire penché l'âme. Mitsuo est de ces hommes, fier, portant un lourd fardeau, dessus par le monde des guerriers, par leur trahison, leur faiblesse et leur cupidité.

Le temps fut long et une semaine s'écoula sans que son homologue et lui-même n'échange rien d'autres que des banalités. Comme de coutume dans un monde façonné par le sabre, le supérieur juge le subordonné et l'homme juge la foi. Le maitre shinobis regardait en permanence son acolyte, à sa manière, celle d'un aveugle, où seul le jugement, les sensations, les battements de son cœur comptait. Au bout de quelques jours, le seul danger perçut fut celui d'une bande de brigand, se fiant à un mauvais jugement, attaquant un vieillard et un saltimbanque et, tombèrent des nus face à l'habileté démontrée par les shinobis. Aucun excès, aucun pardon, aucune pitié, seul les forts survivent lors de telle rencontre et les faibles meurent, emportés dans leur méandre de l'obscurité par leur vanité.

Usagite Akira, nommé récemment au rang de Chef Ninja montrait beaucoup de talent et d'habileté et ce, dans de nombreux domaine. Sa logique, son raisonnement avait été testé tout le long du voyage par le maitre, confiant l'itinéraire au jeune prodige. Il avait su se montrer digne de cette confiance. C'était un pari risqué de misé la réussite d'une mission aussi importante sur le jugement d'un nouveau née dans le monde dangereux des hommes de pouvoirs. Il était fier d'avoir de tels guerriers de l'ombre sous ses ordres. Il ne l'avait reprit à aucun moment, lui laissant le champ libre. Devant tant de responsabilité, les plus faibles auraient paniquer et manqué de tact et de raison, pourtant jusqu'à présent, le serviteur de la lune avait l'air de trouvé cela presque amusant. Aussi étrange que cela puisse être, surtout concernant le jeune chef de guerre, il était détendu et rassuré.

L'apogée des talents de stratège du jeune Usagite fut démontré à son maitre lors de la deuxième moitié de leur voyage. Face à face avec un simple doute, un raisonnement d'instinct, il avait laissé les reines à son coéquipier pour partir devant en quête d'information. Il en était revenu perplexe et les deux hommes avait pu évité une confrontation mal avisé avec les hommes d'Hitsuji. Évité les conflits inutile, habile au combat et au camouflage, meneur, possédant un bon instinct, décidément, Akira venait de grimper fortement dans l'estime de l'aveugle.

Une fois l'orage passé, il ne leur restait plus que quelques lieux à parcourir jusqu'à Saru. Les deux hommes, silencieux comme à leur habitude, méditaient en silence, insouciant, emplit d'un sentiment de liberté, souvent porté disparu en cette saison de bataille. Je ne saurais dire si la sagesse de la nature, l'air frais ou le chant des oiseaux avait égaillé Mitsuo, mais cette relation de cause à effet l'avait emporté sur sa nature muette et il s'autorisa à parler.

Je ne connaissait que ton nom, aujourd'hui je connais l'homme. Je ne le dis que trop rarement, mais je suis honoré de pouvoir commander des hommes tel que toi.

Un compliment, en cette saison, c'était dangereux pour la météo. Emporté par son élan, il laissa les sentiments pour se remettre dans son personnage.

Notre destination, comme tu dois t'en douter, n'est autres que la cité des Singes, Saru. Si l'effectif de cette mission est aussi vétuste, dit-il avec une légère pointe d'ironie, c'est que notre objectif est bien plus secret que n'importe qu'elle mission au quelle tu as déjà pu participer. Nous allons délivrer un message au Seigneur Kotaro, ni plus, ni moins.
Fin de la tirade, si la confiance règne, il est inutile de tenter le sort et dévoiler toute les informations. Il avait prouvé sa valeur, mais il n'était pas, pour l'instant, assez proche pour se voir confier les détails d'une missive pouvant changer le cour d'une guerre. C'est ainsi, apaisé par la douce pluie qui venait de s'installer, que la voyage continua, loin du monde des hommes, happé par la sérénité de la mère nourricière. L'ambiance c'était nettement amélioré depuis l'instinctive décision d'Akira et même si les plaisanteries n'étaient pas aptes à apparaître, les échanges se faisaient plus cordiale, moins autoritaire et sur un ton très différent.

L'astre lunaire vint remplacer le soleil souverain et ses rayons offrirent leur bénédictions aux deux hommes. Leur yeux se teintèrent lentement, jusqu'à devenir de couleur sang, dévoilant à la nuit le pouvoir accorder par leur dieu. Le Akaï Hoshi avait prit possession des cors et les sens se firent plus aiguës, plus fins, capable de sentir le danger par une simple odeur, d'entendre le bruissement d'une abeille dans la forêt ou encore les muscles d'un tigre affamé se bander en vu d'un assaut proche. Les Usagite sont les souverains de la nuit et ce n'était pas l'heure, si près des portes forestière de Saru, pour un groupe d'assassin de se montrer.

Mitsuo les entendit le premier, aidé par son handicap, ses sens restant avaient su prendre le dessus face à cette entrave. Il ne dit mot et attendit. Il jaugeait leur nombre et leur dextérité. Akira les entendit à son tour et ses oreilles se dressèrent. La vision de l'infirme se faisait par sonorité tandis que les yeux rouges de son acolyte perçait la noirceur de la nuit, telle la lumière dans l'obscurité. A en juger par leur déplacements, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas affronté de véritable shinobi, trop bruyant, trop sûr.

Le chef de guerre tourna la tête vers son compagnon d'armes.

Ils sont une dizaine, je prend par l'ouest.

Sur ces mots, il enleva d'un geste son accoutrement vieillissant pour bondir vers les profondeurs de la forêt, non sans faire preuve d'ingéniosité et d'utiliser au meilleur escient l'art ancestrale des serviteur du lapin, le dédoublement. Pas besoin d'expliquer le plan au jeune Akira, il l'avait comprit. Laissant derrière eux des doubles, ils laisseraient croire à leur assaillant l'innocence et la faiblesse. Posté de manière à les prendre en tenailles, ils attendraient l'assaut ennemis et la surprise de leur échec pour bondir et démontrer leur puissance.

Aussi silencieux que l'arbre qui pousse, le jeune homme se déplaça à travers les bois à la recherche du meilleur point d'attaque. Il le trouva après quelques secondes. Complément invisible, il se hissa sur un rocher surplombant la route. Kyuu avait continuer son périple paisiblement et leur assaillants attendirent le dernier moment pour se lancer. Une fois la supercherie découverte, seul les cris des pauvres fous vinrent enlaidir la beauté de la nuit.

« Et je suis honoré de pouvoir mettre mes talents au service d’hommes comme tels que vous. »

La langue de mon compagnon se déliait enfin. Même si je ne m’attendais pas à un compliment de la part d’un si grand soldat, j’en fus ravi. Il est vrai que la région était calme, ce qui entrainait à un relâchement. Il redevint plus sérieux en me confiant quelques détails de la mission. Je comprenais enfin pourquoi seuls deux shinobis avaient été affectés. Notre discrétion était un atout. Quelque part, j’étais fier de me voir confier des responsabilités alors que je venais d’être introduis au poste de Chef Ninja il n’y a que peu de temps.

Une fine bruine commença à s’abattre sur nos têtes. Rafraichissante et agréable, elle était la bienvenue. Malgré tout, mon ennui se faisait ressentir. Je n’avais plus dégainé mon sabre depuis l’escarmouche avec les brigands et mes jambes s’engourdissaient à force de rester assis. Seule la présence du Chef de Guerre me forçait à rester en place.

Le soleil avait laissé sa place à la lune. L’obscurité se répandait encore sur le pays quand Mitsuo décida d’utiliser le Akai Hoshi. Je n’avais pas encore l’habitude de cette capacité, ce qui me procura d’étranges sensations auxquelles je m’acclimatais rapidement. Mes cinq sens accrus, je me concentrais afin de déceler le moindre signe de présence. Mon compagnon aveugle les entendit avant moi. D’après mes yeux, ils étaient environ douze samouraïs. J’enlevais les guêtres qui me servaient de déguisement.

Et ma patience fut récompensée. Le piège était simple. Le chariot continuerait sa route accompagné de nos clones tandis que nous irons prendre nos adversaires en tenaille. Nos adversaires semblaient sur d’eux, ne se doutant pas que la forêt leur réservait bien des surprises. Et leur assurance les conduisit à leur perte. A peine avaient ils aperçu le chariot, qu’ils dégainèrent leur sabre.

Première erreur. Ma lame jaillit, invisible, en même temps que moi. Une main tomba. La tête suivi peu de temps après. Le reste de la troupe ne parut pas comprendre ce qui se passait. Et leur vue ne pouvait leur être d’aucun recours, alors que je les distinguais clairement. Le deuxième se retourna, paniqué, alors que j’étais juste derrière lui. Même si l’idée de mettre fin à la vie me répugnait, je me devais de rester impitoyable. Il aurait été fâcheux que la mission soit compromise à cause d’une étourderie. Shirahane vint donc se loger dans le cœur de mon opposant, son visage se déformant sous l’effet de la peur.

Le chef de guerre semblait plus agile que moi avec un sabre dans les mains. Il en avait déjà achevé trois. Les 7 autres se ressaisirent plus ou moins en comprenant qu’ils étaient attaqués. Cela ne leur sera pas d’une grande utilité mais ils mourraient en guerrier. Je sortis un kunai et taillais une veine dans le cou d’un soldat. Un flot du liquide vital gicla sous la pression. Trois secondes plus tard, il mourut, et je rattrapais mon retard.

Le suivant opposa plus de résistance. Il parvint à anticiper un coup dans les côtes et à me faire lâcher mon sabre. Le problème avec les ninjas c’est que le moindre objet peut leur servir d’arme, y compris leur corps. Une main vint donc lui tordre le bras pendant que l’autre lui tenait l’épaule et que je me glissais derrière lui. Son katana tomba immédiatement à terre. Et il prit la même destination quand un autre kunai vint se planter dans sa colonne.

Le dernier. Mitsuo avait déjà fini. J’avais un peu trop pris mon temps apparemment. Désespéré, le dernier samouraï se jeta sur moi, son katana dirigé droit sur ma gorge. Mais, en dépit de toute sa détermination, sa force resta bien en dessous de ce à quoi je m’attendais. J’exécutais une roue arrière en tapant dans la lame de mon adversaire pour le désarmer. Une fois fait, je profitais de mes appuis pour bondir et l’achever.

La scène était atroce. Les corps baignaient dans une mare de sang. Leur sang. Voilà pourquoi je répugnais à l’idée de tuer. Je repris ma lame souillée et récupérais dans les arbres alentours, des feuilles pour la nettoyer, avant de la replacer dans le fourreau accroché à mon dos.

Au petit matin, les portes de la cité de Saru apparurent.