L'arme est le corps, elle est le membre défensif de son possesseur.

Cela faisait maintenant quatre jours qu'il vendait ses outils. Il était fier de son succès, il ne restait que peu de stock, bientôt il prendrait le chemin du retour. Uma était une grande ville, sa fortification n'avait pas facilité son entrée, mais les habitants s'étaient montrés accueillant et chaleureux.

Le vent soufflait fort ce jour là, comme chaque jour depuis son arrivé. À peine arrivé lui a-t-on demandé des outils et autres objets. Il avait même ferré le destrier d'un Samouraï, et pour le remercier l'homme lui avait versé une sacré petite somme. Il était tant pour lui de prendre un peu de repos et de visiter la cité.

Ici le style d'architecture était différent de Ryuu, les fondations étaient bien plus solides, et la décoration plus austère. Au loin, il aperçut une forge, bien différente de la sienne. Il s'approcha, étonné qu'il ait pu vendre autant alors qu'une forge se trouvait là. Il comprit vite lorsqu'il fût devant, l'artisan fabriqué des armes, des lames exclusivement. L'endroit était richement décoré, des prières étaient accrochées sur les murs, ainsi que des amulettes. Une phrase gravée sur une porte retint son attention : Mon esprit est maître de mes armes, je jure solennellement que la paix guide mon cœur.

-Excusez moi, Eikô se courba légèrement devant le fabricant. Pourriez-vous m'éclairer quant à la signification de cette phrase ?

-Et bien, je fabrique des Katanas, répondit l'homme, et comme vous devez le savoir, mon esprit imprègne chacune de ces lames. Par cette promesse inscrite, je montre que mon cœur est noble, et qu'il est bon d'acheter mes armes … Elles ne sont pas maudites par un esprit fou !

-Oh, très bien …

Le jeune homme s'apprêtait à partir, lorsqu'il pensa à la petite fortune dans sa bourse. Ses voyages allaient être plus fréquent, il aurait sûrement besoin d'une arme pour se protéger de quelconques bandits. Prudence est mère de sûreté comme disait le dicton.

- Pourriez-vous me conseiller ? Je souhaiterais acquérir une arme pour me défendre. Je voyage pour commercer, peut être un jour aurais-je besoin de protéger ma cargaison ?

- Voyons … Vous êtes bien bâti, votre taille est légèrement au dessus de la moyenne … Vos mains sont fines mais puissantes … Si vous êtes attaqué vous ne serez peut être pas libre de vos mouvements … Je vous conseillerez une arme facile à manier mais pas trop grande. Mmmm …
L'artisan se dirigea vers le fond de son atelier et revint avec une arme à la lame courbée, d'une soixantaine de centimètres.
- Ceci est un Wakizashi, je pense que c'est ce qui vous conviendrait le mieux. Tout dépend si vous pouvez le payer …

Eikô sourit avant de sortir sa bourse.

-Quel est votre prix ?


La route du retour se fît sans encombre. Après avoir essuyé une pluie diluvienne, Eikô fût heureux de retrouver sa forge, et son habitation pour la même occasion.
Le lendemain il se remit au travail, durant une semaine il rattrapa les commandes en cours. Quand il fini de les honorer, il se décida à trouver un maître d'arme. Après tout, c'était bien beau de s'être acheté un Wakizashi, encore fallait-il savoir s'en servir. Il avait entendu parler d'un maître d'art martiaux résident à Ryuu, il alla le trouver :

-Bonjour, pourriez-vous devenir mon Maître d'arme ?

Ayant entendu parler d'un certain maître d'arme, vous lui rendez visite sans attendre. L'homme vous accueille avec un grand sourire. Il est de petite stature et a un gros ventre mis en avant par la ceinture de son kimono, nouée sous la taille. Il a un air sympathique, voire affable, et execute courbette sur courbette avec brio. Avec une gentillesse infinie, il vous invite à rentrer chez lui. Et sa femme va préparer le thé. Ce tableau aurait été parfait si sa maison n'était pas aussi fastueuse. Bijoux, soie, oeuvres d'arts de grands maîtres, il est bien simple de deviner le rang et la fortune du maître d'arme. Ce dernier s'agenouille humblement devant vous.

Un petit homme rond avec un grand sourire aux lèvres l'invita à entrer. Il ne s'attendait pas du tout à un tel physique. Plutôt un grand et mince homme, la moustache grise de l'âge descendant le long des joues jusqu'à pendouiller dans le vide. Les apparences sont bien trompeuses.

Sa femme, ravie de voir un visiteur prépara le thé. Suivant le bonhomme, il observa les murs riches en décoration. Des tapisseries représentant des scènes de combats, légendes d'Hinomoto, ou encore des êtres mythiques.
Une statut attira son attention, elle représentait un Samouraï en position de garde, des vêtements la ornaient, de la soie finement tissée, un fil d'or était brodé le long de la bordure du kimono. Il était vraiment magnifique.
Cette richesse affichée le mit mal à l'aise, la non habitude peut-être.

Le maître s'agenouilla, regardant le jeune homme toujours son sourire aux lèvres, attendant sa réaction.
Il est vrai qu'au premier abord l'homme ne lui inspirait peu confiance, mais après tout il n'en avait entendu que du bien, et il était surtout très impatient d'apprendre à manier le sabre.

Il s'agenouilla à son tour devant le maître et s'inclina.
- Je viens ici pour apprendre à manier les lames.
La femme vint servir le thé, Eikô la remercia en s'inclinant légèrement.

Le silence ce fit, l'homme ne dit mot, observant Eikô qui, une fois le mal à l'aise passé, fixa le « little bouddha » dans les yeux.

- Je vous écoute.

Le maître d’arme se frotte les mains en souriant. Tous ses élèves étaient de richissimes personnages, il espérait qu’il en serait de même pour vous. Il est d’ailleurs assez ridicule, et c’est en découvrant toutes ses dents, en faisant de grands gestes de ses mains baguées à outrance, qu’il vous tartine d’un discours sur la confiance, le gagnant-gagnant, et surtout l’argent. La richesse, les ryos, c’est tout ce qui lui importe. Voilà sa façon de penser.
Ce maître d’arme n’est-il pas méprisable ? Déshonorant pour son clan ? Il ne cache même pas que ses disciples les plus riches, sont pour lui, les meilleurs. Et que, si vous ne le payez pas à la date prévue, il pourrait très bien vous bannir de son enseignement. Est-ce vraiment ce que vous voulez ?

- La confiance est le sentiment de sécurité que l'on éprouve pour quelqu'un ou même quelque chose. C'est l'assurance, la foi même qui inhibe tout doute, toute peur. Vous m'accordez votre confiance, et j'en suis honoré. Mais la confiance doit être réciproque vous comprenez. Elle ne s'acquiert point sur quelques mots, il me faut quelque chose de plus … concret, comprenez-vous.

Le maître partit prendre un livret. Il l'apporta à Eikô qui le consulta. Il y découvrit les dessins de certains nobles connus à Ryuu. Regardant l'homme avec deux grands points d'interrogation dans les yeux, il attendit ses explications.
Le maître sourit, agitant ses mains, le cliquettements de ses bagues d'or était plutôt désagréable.
- Et bien, je te présente mes anciens élèves, ils sont doués, très doués. Ils m'ont prouvé leur confiance, regarde cette maison, c'est grâce à eux qu'elle est si … riche !

Cette opulence le révulsait. Comment pouvait-on se dire Maître de quoi que ce soit avec un tel discours, un tel intérêt ! Seul l'argent l'intéressait. Eikô avait envie de partir, sur le champs, en claquant la porte ! Fureur, dégoût … Voilà ce qu'il éprouvait à l'instant. Il avait envie d'arracher toutes ces démonstrations de vanité.

Il n'en fit rien. Une autre idée germa dans son esprit. Plus déterminé que jamais à apprendre à manier son arme, et surtout à ébranler le « professeur ». Il resta agenouillait, prêt à suivre sa formation.
- Alors, je serais votre premier élève sans fortune, quelles éloges courons dans les rues sur vous ! Un Maître qui connais le sens du mot altruisme. Vous avez besoin de vivre, je le concède, alors pour votre apprentissage je vous donnerez de quoi subsister et acheter du thé pour votre compagne. Mille Ryos, pas un de plus. Vous avez tout de même le mérite d'être honnête …

Le vieil homme vous regarde avec surprise , puis acquiesce avec un sourire de mauvais augure. Il vous donne rendez-vous le lendemain et vous demande d’apporter votre arme et votre argent. Votre entretien est terminé, vous revenez à vos occupations habituelles.
Cependant, plus les jours passent, plus l’enseignant semble se désintéresser de vous. Vous remarquez que dans la dizaine de disciples qu’il entraine, certains sont plus doués que d’autres mieux gradés, et que l’école est très divisée pour des histoires d’argent, de gloire, d’ambition et de grade….
Sous l’apprentissage du vieil orgueilleux, seuls ceux qui le paient plus qu’il ne demande progressent rapidement. Les autres ne font que stagner tant le maître ne les considère pas. Et vous, jamais vous ne ferez de progrès en restant dans cette école.

Il suffit ! Cette mascarade ne pouvait plus durait ! Le « maître » s'occupait à peine de lui alors que les plus riches avait droit à un enseignement complet et avait toute son attention.
Eikô hésitait grandement à partir. Oui il avait envie de quitter sur le champs toute cette fausseté, mais il avait par dessus tout envie de le faire payer à l'escroc. Mais comment ?
En plus il ne savait pas à qui d'autre s'adresser pour lui apprendre à manier le Wakisashi. Une idée germa dans son esprit. Et s'il demandait à un ancien. Car, malgré tout, les progrès des plus riche étaient remarquable, ce qui prouvait de la qualité de l'enseignement. Dommage qu'une telle ségrégation existait. Tout ça à cause de l'argent. Eikô était dégoutait. L'homme le répugnait. De plus il ne pouvait se permettre de repayer un autre maître d'arme, il n'avait pas les moyens.

Dans sa rage il interpella le « professeur » en prise avec un autre élève, Noble de naissance.
- Dommage pour vous, je suis forgeron, autrement dit commerçant. J'en entends des rumeurs, ça oui, mais je peux aussi en colporter ! Et même parmi l'Aristocratie ! Votre petite entreprise va faire faillite, et vous ne le devrez qu'à votre orgueil et surtout à votre avidité !
Comme j'ai payé, je continuerai de venir ici je vais profiter de votre salle d'entraînement, je suis sûr qu'un de vos anciens élèves me donnera un meilleur enseignement.
Sur ce, il partit, tout les regards tournés vers lui.

Il ne savait comment s'y prendre, mais il devait trouver un ancien élève du vieux cupide qui accepterait de lui apprendre à combattre. Peut être pourrait-il négocier le prix, par exemple lui fabriquer un quelconque objet en métal …
Et c'est en discutant avec un tavernier de la ville qu'il prit contacte avec un Shinobi en permission suite à une grave blessure. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'homme accepta avec enthousiasme, se rappelant l'opulence du vieil homme. Même s'il avait payait ses enseignements, il avait détesté son avarice. Et il comptait bien lui faire concurrence sur son propre terrain, au plus grand plaisir d'Eikô.

C'est ainsi que chaque soir le jeune homme vint, après son travail quotidien, manier le Wakisashi avec son nouveau maître, sous le nez du propriétaire du lieu. Il sentit nettement les progrès qu'il faisait et poursuivais sans relâche jusqu'à la fin de la leçon. Cela était éprouvant, il rentrait souvent avec des bleus et des courbatures, preuves de son travail. En plus de lui enseignait l'art du combat, l'ex-Shinobi lui enseignait la droiture, le respect et l'humilité. Il lui apprit même à se défendre sans arme. Eikô n'en demandait pas tant, mais en était heureux.

Lorsque le guerrier décida que son entraînement s'acheva, il le remercia :
- Grâce à toi j'ai retrouvé l'amour des armes. Ma blessure ne me permettra sûrement pas de reprendre les missions, maintenant je sais que je peux léguer ma pratique et mes connaissances à d'autres. Avec mes économies, je vais ouvrir un salle d'entraînement, mes prix seront égaux et abordables pour tous. Merci jeune San Eikô.
Le forgeron s'inclina profondément face à son Maître :
- Je suis votre débiteur, votre enseignement m'est très précieux, je jure d'en faire bon usage. Je vous aiderai à construire votre dojo, n'hésitez surtout pas à faire appel à moi. Je vous dois au moins cela. Merci Maître, je ferai de grandes éloges sur votre établissement, les élèves courront dans votre salle, vous verrez.

Après une ultime salutation, Eikô retourna vers le propriétaire des lieux et le remercia ironiquement de la location de sa salle, et sourit d'avance face à l'effondrement futur de son petit commerce.

Le "maître" fait semblant de vous ignorer chaque jour. Cependant, il est indéniable que son commerce s'effondre. Le Shinobi que vous avez ramené dans sa salle lui vole tout son éclat et bientôt, il se retrouve sans disciple aucun, tandis que vous progressez lentement mais sûrement.

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