Innovations

Il n'y a pas si longtemps la vieille forge vers laquelle se dirigeait Isamu, n'était qu'une bâtisse abandonnée, une ruine qui servait d'abri à une volée de corbeaux, après que son dernier propriétaire soit décédé sans laisser de successeur. Maintenant il représentait un espoir, celui de changer le cours des choses, depuis qu'un alchimiste dont l'ambition n'avait d'égale que le talent avait décidé de se servir de cet endroit relativement isolé du reste de la cité et des curieux comme atelier.

Le fier peuple de Kobuta avait une occasion de reprendre ce qu'il lui avait été pris il y a de cela si longtemps. Combien d'hivers s'étaient écoulés depuis la mort de Bakuyaku Kobutama ? Depuis son unique échec en tant que combattant de cette guerre et donc artisan, malgré tout le sang qu'il avait versé sur les plaines verdoyantes de Kobuta en la défendant, de la défaite qui avait amené son peuple à la captivité.

Liberté !

Ce mot avait retenti dans l'esprit du général à chaque battement que son coeur faisait depuis que le messager du seigneur Nasaï avait fait irruption chez lui. Parce que la convocation de son seigneur en pleine nuit, ne voulait dire qu'une chose, c'était prêt !

« Vous pensez qu'il a réussi Seigneur. » Demanda le général à son jeune seigneur qui faisait route avec lui après qu'il l'eut rejoint dans ses appartements.

Le timbre de la voix était quelque peu troublé par l'inquiétude. Lui qui d'habitude était d'habitude si sûr et confiant en toutes circonstances. Un phénomène rare, comme l'était cette nuit sans lune qui étendait au-dessus de la ville un sombre manteau cousu de silence. D'un geste franc, le General ordonna aux six bretteurs qui composaient la garde rapprochée du seigneur de rester en retrait. Ils n'étaient plus très loin du lieu de rendez-vous et ce qui si déroulaient ne devait être vu que par un nombre limité de regards. Mais le temps viendra bien assez tôt où tout Hinomoto pourrait s'extasier devant le fruit des expérimentations du sage.

« Nous vivons peut-être un jour historique pour notre nation, il me tarde d'entendre les nouvelles de cet alchimiste. »

La main massive d'Isamu, se resserra sur la Tsuka de son Katana, comme les mâchoires d'un requin sur sa proie. On sentait bien naitre un désir meurtrier chez le général. Il lui semblait déjà entendre les tambours de guerre résonner et le métal des sabres s'entrechoquer. Enfin ! Mais peut-être que cette soif de vengeance ne pourra pas être comblée tout de suite !

Quoi qu'il en soit le général ouvrit la marche pour franchir les derniers mètres du chemin sombre qui conduisait à l'atelier. Et en bon vassal, il laissa l'initiative à son suzerain.

Un tonnerre fracassant fit trembler le ciel de Kobuta.

Nasaï était accoudé à la fenêtre de sa chambre, fixant son regard vers les nuages menaçant. La lune avait totalement disparut, et la pluie n'allait pas tarder à s'abattre sur la citée durant toute la nuit. Encore une fois, le jeune seigneur était perdu dans ses pensées.. L'Est contre L'Ouest, tel était le sombre futur qui s'annonçait. Une toute nouvelle guerre approchait à grand pas, mais celle-ci allait être différente des précédentes; en effet, tous les clans étaient concernés.

Le dernier Kobutama prit une grande respiration en repensant à cette réunion au sommet. Cinq seigneurs réunis pour discuter de l'avenir. Ironique, lorsqu'on connaissait les véritables relations qu'il existait entre eux. Une tension palpable régnait entre les clans dominés et dominant, et une méfiance subsistait entre les deux superpuissances que représentait les clans Ondorie et Toragi. Néanmoins, ce groupe au bord de l'implosion allait devoir faire face à l'ennemi.

Un froissement de drap attira l'attention du Seigneur. Une jeune femme nue se releva avec élégance du lit pour se mettre sur les genoux, face à Nasaï. Ce-dernier se détourna de la fenêtre pour poser les yeux sur elle.

Seigneur Nasaï.. Pensez-vous que ce tonnerre manifeste la colère de notre Dieu ? dit-elle un peu gênée.

Un rictus se manifesta sur le visage du balafré.

Les Dieux.. Si seulement ils existaient.

Le jeune Seigneur s'avança vers celle qui partagerait son lit pour cette nuit. Il n'allait peut-être pas trouver le sommeil, mais cela ne serait pas du temps perdu pour autant.

Cependant...

Seigneur ! Ce message tant important vient d'arriver ! Un vacarme retentit contre sa porte !

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La pluie venait de s'abattre sur la ville. Le printemps sonnait son commencement, pourtant, le temps en avait décidé autrement. Les trois guerriers arrivèrent trempé devant la porte qui allait peut-être changer la vie au sein du pays de Hinomoto. Le Seigneur dirigea sa face en direction de son chef de guerre.

Nous allons voir mon vieil ami.. Mais ce qui se passera derrière cette porte devra rester strictement entre nous. Un regard fronçait se précipita sur Isamu ainsi que Miyato. Les deux acquiescèrent solennellement. Rentrons.

Avec la mine grave il entra dans l'atelier, suivi par ses deux plus fidèles.. Ce qu'ils étaient sur le point de découvrir allait bouscouler le Destin de Kobuta.

Spoiler:

Trouver un moyen de protéger la poudre de la pluie -
ou
~~Faire des expériences dans un endroit isolé et éloigné -~~

Ces alchimistes ! Tous des fous! Car, il fallait bien être fou pour pouvoir prétendre domestiquer les pouvoir de Bakugami. Hélas la folie est plus contagieuse qu'une rougeole, car malgré son scepticisme, le Général croyait en ce projet insensé. Il suffisait d'imaginer ce qu'un homme pouvait faire en déclencher sur le champ de bataille en déclenchant le Moe Bakudan et de le multiplier par mille pour comprendre à quel point cette découverte pouvait changer Hinomoto. Le nombre n'aurait plus d'importance ! Qu'importe la résistance des cuirasses ! Qu'importe l'épaisseur des murs, rien ne pourra stopper l'élan de la charge dévastatrice du sanglier.

Seulement les choses ne sont jamais aussi simples qu'elles le devaient ! Il y avait un écueil et pas des plus négligeables : l'eau ! Cette poudre ne fonctionnait pas en présence d'eau ! Quelle hérésie ! A quoi bon disposer d'une arme, si on ne peut pas l'utiliser à volonté ? C'était aussi absurde que de conditionner l'utilisation du Katana ou de la lance à des paramètres climatiques. Absurde, mais aussi dangereux, car l'ennemi s'en rendra bien vite compte et réagira en conséquence.

A l'annonce de cette nouvelle, le général borgne lança un regard acéré à la vieille femme, puis il observa attentivement le dispositif de stockage de la poudre. Il ne lui fallut que quelques instants pour définir sa priorité. D'ailleurs il en fit part à son seigneur.

« Permettez-moi de vous donner mon humble avis. Je pense que nous devons nous assurer que cette arme fonctionne en toutes circonstances avant tout. D'autant plus que ce n'est pas le problème le plus difficile à régler. »

En gros il conseillait de s'occuper d'abord de la fiabilité de cette chose et ensuite de l'efficacité. Peut-être que le militaire sous-estimait le problème, pourtant, d'autres avaient rencontré ce genre de difficultés et déjà trouvé une solution adaptée à leurs besoins. Ainsi les fermiers arrivaient à protéger leurs moissons de l'humidité, les marchands d'épices arrivaient à garder au sec leurs marchandises, même les courtisanes du quartier des plaisirs savaient comment se protéger de la pluie. Alors, pourquoi ils n'arriveraient pas à protéger cette satanée poudre explosive de la pluie ?

Aussi, le General avait peut-être déjà une idée. Mais il attendait l'invitation de son seigneur pour en faire part. Malgré son enthousiasme, il n'oubliait pas qu'il restait que le serviteur de Nasaï et que c'est ce dernier qui aura le dernier mot. Comme un limier attendant docilement les ordres de son maitre, le général recula et laissa le jeune seigneur à ses réflexions.

Ils avaient été des ombres dans leur propre village. Bien que vêtus discrètement, ils n’avaient pas eu besoin de se camouflet d’avantage; la pluie, les décorations gigantesques et la foule en liesse avaient fait le
reste. Depuis quelques années, toutes les célébrations étaient devenues un échappatoire à ces temps troublés de
conflits, de restriction et de paix espérées que les clans n'obtiendraient probablement jamais… Ce soir leur ferveur pour leur seigneur et leur rancœur pour leurs ennemis s’étaient endormies (et ce malgré le caprice du temps en ce début de saison). Demain elles renaitraient, encore, un peu plus fortes qu’hier.

L’atelier était toujours là. Un taudis, rafistolés avec les matériaux trouvés. Il était l’un de ces quelques endroits dans le village, où personne ne supposait l’ampleur des projets qui s’y concevaient. C’était le seul moyen pour que les Toragi ne les dépècent, de ce qui restait de leurs plus brillants génies et de leurs inventions. La position de ces laboratoires de l’ombre n’était seulement connue que par le seigneur Kobutama et ses plus fidèles sujets.

Miyoshi, pour sa part, n’était venu qu’une seule fois auparavant. Il accompagnait alors Nasaï voir l’alchimiste dont la renommée n’était plus à prouver. Il avait été frappé par l’insalubrité des lieux et la pénombre qui y régnait, contraste absolu avec le génie qu’il abritait. Mais peut être que, comme tout artiste (car c’est ainsi que l’homme s’était présenté), son art ne se révélait que dans l’obscurité. Son vieil ami l’avait alors mis dans la confidence d’un des projets les plus secrets de ce village. La conception ni plus ni moins que d’un miracle. Irréalisable
pour le jeune capitaine. Il se trompait.

Il était trempé, lorsque précédés par ses supérieurs, il referma la petite porte en fer, non sans mal et dont le battant semblait pouvoir lâcher à tout moment. Cette fois, ce n’était pas l’état des lieux qui le frappa, bien que ne
s’étant guère arrangé, mais l'hôte, qui se présenta à eux… Une vieille femme. Qu’était-il arrivé à l’homme ?
La lumière des centaines de bougies disposées dans la pièce, ne la mettait guère en valeur. Ses traits étaient creusés et ses yeux enfoncés ressemblaient à deux orbites vides de toute vie. Bien que souriante, le rictus qui déformait son visage translucide, lui donnait l’air d’une folle. Son corps et son esprit étaient un champ de bataille que la mort et la folie se disputaient.

Miyoshi ne savait qu’éprouver devant une telle créature. Un sentiment étrange, subtile mélange d’agacement, de mépris et de pitié lui vint en bouche. « Son défunt mari… Avalé par un mérou. » Avait-il succombé à un voyage en mer ou s’y était-il lui-même précipité ? Les alchimistes vivaient et mourraient dans (et pour) leur usine ésotérique sans jamais en sortir. Il ne s’attarda pas sur les dires de cette veuve sénile et observa son jeune seigneur disposé à sa droit contemplant sans doute les indénombrables formules qui recouvraient les murs et jonchaient
le sol. Celui-ci ne laissa pour l’instant rien paraitre. Il se hasarda à trouver une réponse sur le visage de son général, sans guère plus de résultats.

Son discours continuait d’une façon plus insensée encore. Qu’elle ait poursuivi les travaux de son défunt mari, était tout simplement impossible. Le projet n’était déjà que pure ineptie, alors l’idée qu’il ait été fini par une
telle femme… Il s’apprêtait à suggérer à ses compagnons de partir, lorsque qu’elle retira le fin tissu, dévoilant le motif de leur présence ici.

Dans cet insignifiant pot en verre résidait peut être le pouvoir du clan Kobutama. C’était là devant eux, à peine croyable, fascinant et terrifiant à la fois. Si cette poudre était bien ce à quoi il pensait et qu’elle était réussie, alors quiconque l’obtiendrait, détiendrait le pouvoir de leur Kami au creux de leurs mains, sans même avoir besoin de leur précieux cristal… Alliés comme Ennemis.

Ses réflexions fusaient dans son esprit. Il n’entendit que partiellement la suite… Le croquis d’une nouvelle invention… Meurtrière… Du temps supplémentaire... Des problèmes concernant la poudre.

Son impulsivité et ses doutes sur la création d’un tel prodige par une pseudo-alchimiste dérangée, affectée par la mort de son mari, lui imposèrent de suggérer à Nasaï d'en vérifier d’abord les effets. Mais les pans de sa tunique encore trempés, lui firent prendre conscience que la pluie de dehors n’était pas près de s’arrêter et que personne ne pourrait prédire pendant combien de temps encore le soleil du printemps tarderait à se manifester. L’humidité de l’air et le sol trempé étaient des paramètres qui pouvaient erroner les essaies expérimentaux.

«Si je peux me permettre, mon Seigneur… Si cette poudre est affectée par la pluie, alors il nous est impossible de réaliser les essaies nécessaires en extérieure… Pour l’instant.
Profitons-en pour pallier cette faille.»

Une pensée soudaine lui vint alors. Et si cette femme était restée enfermée ici, sacrifiant sa propre vie pour perturber celle de son mari au travers de son œuvre. Pour elle, pour lui, pour son propre clan... Ne serait-elle pas alors la plus digne des femmes ? Un instant seulement, il eut alors l'once d'une admiration.

toit en bois

parapluies de papier huilé

la manche de son kimono

parapluie fait avec de la paille

Les deux hommes de confiance du Seigneur avaient raison. Ils ne pouvaient pas voir l'efficacité de cette nouvelle arme pour ce soir, les Dieux en avaient décidé autrement. Le Seigneur acquiesça pour reporter les tests au lendemain avant de se retourner et de se diriger vers la sortie. Aucun son n'était sorti de sa bouche tout au long de sa visite. Juste des regards curieux, s'éparpillant dans toute la pièce. Des feuilles contenant des chiffres et des symboles indescriptibles, des dizaines de bougies menaçant la santé de la vieille femme si celles-ci venaient à toucher la poudre, et un croquis mystérieux décrit comme étant une arme meurtrière et plus rapide que les flèches.. Cette alchimiste farouche était décidé la scientifique la plus surprenante que Nasaï n'ait jamais rencontré.

Le Seigneur mit sa capuche avant de poser un pied en dehors de l'atelier. La pluie était toujours belle et bien présente. Il tourna son visage en direction des cieux. Son regard perçant ne cilla pas pendant de longues secondes pendant lesquelles sa face fut entièrement mouillé par ce que l'on pouvait interpréter comme la Colère des Dieux. Le dernier Kobutama pivota vers ses sujets.

Miyoshi, va commander du bois pour protéger cette poudre. Nous allons la stocker dans des tonneaux, et ils seront abriter dans un abri.
Isamu, occupe-toi de la protection de cet atelier, mais aussi des prochains entrepôts. Je veux nos meilleurs éléments.
Aucune erreur, indiscrétion, ou fuite ne sera pardonné. Personne ne doit savoir. Personne !

Un bruit lourd obligea Nasaï à se détourner de ses fidèles. Une jeune femme venait de trébucher lourdement sur les pavés à quelques mètres du groupe. Il avança d'un pas nonchalant et aida cette dernière à se relever. Des regards se croisèrent.. Il ne savait pas si elle l'avait reconnu, et il n'avait pas vraiment fait attention aux mots qu'elle avait prononcé. Aussitôt, il se releva pour retourner à ses quartiers..

Durant son retour, des pensées fusèrent dans son esprit. Comment une simple poudre noire pouvait presque atteindre le pouvoir divin que le clan Kobuta possédait ? Était-ce cette découverte qui avait déclenché cette pluie torrentielle ? Les Dieux n'acceptaient donc pas que les humains puissent oser rivaliser avec eux.. Une arme humaine pouvait-elle défier un pouvoir divin ?! Et enfin, quelle était cette mystérieuse arme.. Ce fut avec la tête rempli de toutes ces questions que Nasaï reparti dans son temple..

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Le lendemain..

" Oyakata-sama, c'est un honneur de mettre ma vie à votre service une nouvelle fois. Ba-chan (* Mamie) ne peut pas venir ici pour cause de son âge avancé, veuillez lui pardonner sa défection s'il vous plait. Je ferais tout mon possible en son absence. "

" Ba-chan m'a dit de faire ça. Sur la note qu'elle a laissé à votre attention, elle a écrit plusieurs dosages, toutefois elle a également dit qu'il fallait les tester chacun. Le but est de faire une explosion puissante, mais pas à la hauteur du pouvoir de notre Seigneur. "

Nasaï n'avait pas fermé l'oeil de la nuit.. Cette nouvelle effarante avait trotté dans sa tête sous la pluie battante de cette nuit. Une simple poudre deviendrait une arme pour tout autre village qui l'aurait en sa possession. Les Kobutamas n'allaient-ils pas être discrédité, eux et leurs kamis, si les autres clans pouvaient utiliser un tel don que l'explosion à leurs guises ? Le symbole de tout un peuple bafoué par leurs ennemis.

Dès l'aube, le Seigneur était prêt. Accompagné de ses amis Madoka Ren et Miyoshi Hayato, ainsi que d'une petite garde rapproché, ils partirent en direction de l'atelier de la vieille alchimiste. Là, ils découvrirent seulement un mot indiquant comment et où faire les tests concernant cette poudre noire. Une quantité de celle-ci fut rapporté par un soldat, et le petit groupe parti vers l'Est en direction de ces montagnes. Une mystérieuse rencontre les attendait.

Sur la route, l'ambiance était pesante et silencieuse. Personne n'osait dire un mot à part les directives habituelles. Nasaï était une nouvelle fois dans ses pensées.. Il était fière du travail de son peuple durant la nuit, qui sans se plaindre, avait fait le travail d'une semaine. L'un d'eux avait eu l'idée de peindre un Sanglier féroce sur l'un des tonneaux.. Original se dit-il avec un rictus. Cependant, une pensée négative naquit dans son esprit. Que ferait les "nobles têtes" de Kobuta s'ils avaient cette information.. Toutes ces personnes vendraient père et mère pour plus de pouvoir, et rêveraient de voir partir le Seigneur héritier de cette ville. Non, cette arme restera secrète tant qu'elle le pourra, même si des têtes devraient tomber pour cela.

Après environs deux heures, ils arrivèrent au point de rendez-vous. Un jeune garçon les attendait; il leur expliqua qu'il avait été envoyé par la scientifique pour faire les préparatifs. En effet, trois trous avaient été creusés, un pour chaque dosage qui était écrit. Chaque dosage représentait un pourcentage de poudre. Il fallait donc trouver quel était le bon afin d'exploiter cette arme. Les hommes s'activèrent sous l'ordre du Capitaine et installèrent minutieusement la poudre dans les trous en respectant les écrits de la vieille femme. Une mèche fut tiré de chaque trou.

Commencez !

La première mèche fut allumé.. Les hommes n'émirent plus aucun son. La tension était palpable.. Puis lorsque la mèche atteignit la poudre..

...Pschiiiiiiiiiiiiit...

Une petite fumée noire accompagnée d'un bruit ridicule en résultat. Un grognement d’agacement sorti de la gorge du Seigneur avant que celui-ci ordonne dans la foulée d'allumer la seconde mèche. Un même silence se reproduisit, mais lorsque le feu se mélangea avec la poudre, rien ne se produisit.. Les secondes passèrent.. Un soldat s'approcha..

Non ! Recule !

Une explosion désordonnée en ressortit projetant le guerrier sur un arbre situé à une dizaine de mètre de lui ! Ce-dernier était sonné. Deux hommes s'occupèrent de lui tandis que Nasaï descendit de son cheval et se mit devant la dernière mèche. Le visage crispé il leva sa main droite et claqua des doigts. Des étincelles se produisirent sur la mèche et celle-ci s'enflamma aussitôt.. Une explosion parfaite naquit du trou se reflétant dans les pupilles rouge de Nasaï. La vieille n'avait donc pas menti. Il n'y a point de génie sans un grain de folie, pensa-t-il.

Ceci doit rester secret. Si cette arme venait à être connue, je trouverai qui en est l'origine, et il mourra dans le déshonneur le plus total. Suis-je clair ?!

Un son puissant émanant de tous les samouraïs résonna; le Seigneur acquiesça.

Très bien. Maintenant rentrons.

L'esprit d'Hayato volait par de-là les montagnes, au rythme des nombreux sabots qui foulaient le sol. Il se surprit à rêver de partir en des terres lointaines Non pas pour fuir, mais pour comprendre...

Il sortit de ses pensées, ramené à la réalité par la main levée de l'homme à sa droite. Sans se retourner, ils savaient que les hommes qui les suivaient, s’étaient également arrêtés. Nasai et lui n'avaient pas eu l'occasion de parler depuis leur dernière visite chez l’alchimiste. Peut être qu’aucun des deux ne le voulait, de peur sans doute que leurs convictions soient de nouveau ébranlées par l'autre. Car il ne devait pas douté. Pas lui. Et Miyoshi refusait de perturber les réflexions de son ami, qui selon lui s’éloignait de ses amis comme de son héritage.

Un ordre, une flamme, un espoir… La trahison.

Savaient-ils seulement ce qu'ils faisaient ? Quel intérêt de créer un don qu’ils possédaient déjà ? Une sorte d’échappatoire à cette vie dont ils ne voulaient plus. La solution ultime pour s’arracher à ce destin maudit. Engendrer le chaos pour mieux renaitre.

Une deuxième flamme, un silence, un cri… La rage.

Ils savaient que quoi, qu’il adviendrait désormais, une ère nouvelle se dessinait. Une ère où les Kobutama seraient ou ne seraient pas.

Un claquement de doigt, un désir ardent, une lumière... La destruction.

Les deux hommes pouvaient-ils seulement lire leur avenir au milieu des flammes ? Sentaient-ils la chaleur brulant leur poumons et yeux brulés par l’incandescence de leur propre fin ou d’un renouveau incommensurable,
qu’ils avaient eux-même engendré

Dans un même mouvement cinglant de rênes, le capitaine et son seigneur firent dégagés leur monture pour repartir ; leurs regards se croisèrent pour la première fois de la journée…

… Ils s’étaient alors compris.