*Enfin !* La cité de Tora se tenait fière et forte devant les yeux de Yuji. Il avait fait accélérer sa garnison afin d'atteindre la cité du Tigre avant la tombée de la nuit et ainsi pouvoir profiter de cette soirée dans sa ville.

Yuji était enfin de retour à Tora après un voyage des plus épuisants. En effet, le général Toragi revenait des territoires conquis par le Tigre et ce n’était jamais évident d’aller à Usagi ou à Kobuta pour un membre du clan. Le voyage du général Yamada avait été éreintant. Au pays de la lune éternelle, il avait dû mettre fin à une tentative de renversement du pouvoir Toragi, tandis qu’au pays du sanglier, il avait rencontré son homologue pour ce qui s’avéra être une conversation houleuse et mouvementée. Mais au final, cette tournée dans les territoires conquis avait été bénéfique au Tigre et pour Yuji, il ne faisait aucun doute qu’il avait renforcé le pouvoir des Toragi en ces lieux.

Ce n’était pas la partie la plus facile que lui imposait son rang, surtout pour l’homme d’arme qu’il était. Pour lui sa place était sur le champ de bataille à diriger ses hommes, mais il était fier de son poste et n’hésitait pas à se plier à ses obligations. Malgré tout, il était heureux de retrouver enfin la grande cité des Toragi. Après tout, Yuji avait vécu ici toute sa vie et s’était toujours battu pour protéger cette cité. C’est donc le cœur léger et le sourire aux lèvres que le général Toragi passa les portes de la ville fortifiée pour enfin se retrouver chez lui.

Les gardes de la ville s’inclinèrent à son passage et il les salua en retour. Le général Yamada était respecté de ses hommes et beaucoup d’habitants de la ville le connaissaient. Après avoir fait envoyé ses affaires chez lui par ses gardes, il se dirigea vers son yatai* préféré situé au centre de la ville. Parmi toutes les spécialités de Tora, c’était les ramens de ce restaurant qu’il préférait et il aimait s’y installer le soir et discuter avec les autres habitants du quartier. Normalement il aurait dû aller faire son rapport à son seigneur, mais cela pouvait bien attendre le lendemain. Le vieux tigre était fatigué de son voyage et il voulait juste se détendre un peu.

Une fois arrivé au stand, le chef de guerre Toragi commanda un bol de ramen accompagné d’une soupe miso et d’une bière. Il prenait toujours le même repas ici et il était connu du gérant. Une fois servi, le vieux général souffla. Il était enfin au calme, de retour dans sa bonne cité.

*Yatai : stand de nourriture japonais qui sert typiquement des ramens.

Selon Jotaro, ne se borner qu’à une seule forme d’art que l’on soit escrimeur, charpentier ou bien forgeron était faire preuve d’étroitesse d’esprit et donc par conséquent de faiblesse puisque l’on s’éloignait véritablement du sens profond des choses. Malgré le peu d‘expérience dont il jouissait, Jotaro avait pris conscience de cette vision des choses à un âge précoce et de ce fait, il considérait qu’un paysan était tout aussi apte à faire preuve de « maitrise » et de « tactique » qu’un samouraï et que ces deux facteurs n’étaient pas imputable à une quelconques illustre lignée dont descendrait l’individu. Pour illustrer ces propos, lorsqu’il réfléchissait à ce que devait être un samouraï, le jeune homme était convaincu que le guerrier devait être intime avec l’idée de la mort. Seulement la plupart des personnes arrêtaient leur raisonnement sur ce point à tort puisque selon Jotaro encore une fois, la mort était une destiné commune et non exclusivement réservé à la caste guerrière ; les bonzes, les femmes, les paysans issues des plus basses extractions devaient savoir décider de leur mort face à leur devoir ou à la honte. Jamais au cours de son existence le jeune Ronin, par son statut, ne se considéra comme supérieur à une autre forme de vie qu’elle appartienne aux plus basses classes de la société ou au contraire, aux plus hautes.

En conséquence de quoi on retrouvait l’impétueux Ronin affairé aux choses de la cuisine. En effet, soucieux de la santé décadente de son oncle, il était rentré à la Capitale Tora voilà quelques jours auparavant afin d’alléger les tâches de ce dernier dans son restaurant. Même s’il ne le montrait pas ouvertement Jotaro possédait une grande piétée familiale. Il n’oubliait pas d’où il venait et ce que son oncle avait fait pour lui et bravant le danger puisqu’il était considéré comme un déserteur au sein de l’armée, le jeune homme prit tout de même le risque de se rendre à la Capitale. Son parent avait depuis longtemps quitté sa bourgade natale pour s’installer à la Capitale, parti de rien il avait implanté son commerce dans une rue passante où il lui arrivait parfois d’avoir des invités de marque. C’était par l’intermédiaire de son oncle que Jotaro découvrit la Capitale très jeune lorsqu’il venait séjourner chez lui. L’oncle était un homme situé entre deux âges qui avait la « fâcheuse » (selon Jotaro) tendance à être très bavard. C’est lui qui avait forcé la main du jeune homme pour s’engager dans l’armée. Il était conscient des aptitudes de son neveu et patriotique dans l’âme il avait vu là une magnifique opportunité pour Jotaro de canaliser son énergie débordante pour une cause qu’il croyait juste.

Tandis qu’il s’afférait à la préparation des plats dans l’arrière boutique, son oncle qui n’avait jamais eu de succès dans l’entreprise amoureuse et bien trop rapiat pour payer un salarié, s’évertuait seul à servir les mets concocter par le rugueux Ronin. Il fallait dire que Jotaro y mettait du cœur, considérant la cuisine comme une forme d’art au même titre que l’escrime ou même la danse.

Perdu dans sa rêverie, son oncle débaroula subitement en trombe dans la cuisine pour sortir le Ronin de sa torpeur. Il apostropha celui-ci en marquant chacune de ses intonations un claquement de main :

« Hey réveille-toi Jotaro ! »

« Nani ? »

« On a un sacré client alors tu me mijote un bol de ramen, une soupe miso et une bière ! »

« Une…une bière ? Comment je suis censé faire ça »

« Tutututut pose pas de question allez hop ! »

« Hey mais atttends ! …. Grrr »

Ni une ni deux, le vieil homme avait disparu de la pièce aussi subitement qu’il était apparu pour laisser Jotaro seul et livré à lui-même dans une cuisine qui lui paru incroyablement spacieuse et vide tout à coup. Le regard plongé sur les établis il tentait vainement de s’imaginer à quoi pouvait bien ressembler une bière tandis qu’à l’aide de ses mains il préparait les ramens et la soupe tout en traitant intérieurement son oncle de tous les noms d’oiseaux.


Les minutes finirent par se consumer et l’oncle qui jugea suffisante la quantité de temps qu’avait attendu le fameux client s’empressa de faire son retour en cuisine et quelle fut sa surprise lorsqu’il retrouva son plan de travail sans dessus dessous tandis que son neveu s’évertuait à trouver de la bière dans le panier à légume. Par chance il avait cuisiné les plats demandés.

« Non mais qu’est-ce que tu fais Jotaro ! »

« Gfffgngnngn »

]« Enlève cette pomme de terre de ta bouche »

« *Glups* Je cherchais une bière. »

« Dans l’panier à légume ? Hahaha qu’est-ce que t’es con ! Range moi la cuisine Bakayarooo !»

Dit-il tout en s’emparant d’une bière placée en hauteur et des mets concoctés qu’il emmena avec lui. C’était dans ce genre de situation que Jotaro se sentait incroyablement seul, il regardait la pièce l’air dépité tandis qu’il entendait son oncle parler. Il s’adressait très certainement à un client.

« Haha c’est mon neveu qui cherchait votre bière dans le panier à légume ! Haha vous auriez du voir ça ! Ah les jeunes de nos jours, ils seraient incapable de trouver la mer sur un bateau ceux là Hahaha. Tenez ça c’est pour vous ! »


[Histoire de ne pas te bloquer le Rp, t’as le droit de faire parler le gérant du magasin si tu le souhaite !]

Alors que Yuji attendait que le gérant du restaurant lui serve son repas, il regardait les rues alentour. De nombreux passants du quartier vivaient leurs vies paisiblement, insouciants des guerres de clans qui régissaient dans tout l'Hinomoto et profitant de la douceur du soir pour se promener sous les lanternes de la ville. Pour l'instant la situation était stable et la vie à Tora était tranquille, mais que se passerait-il si un jour la domination du Tigre venait à être bouleversée? Qu'adviendrait-il de ces habitants et leurs enfants? Pour Yuji s’était une des nombreuses raisons pour laquelle il se battait au quotidien, afin de préserver la tranquillité et l’insouciance des Toragi. Une famille passa alors devant le yatai où était installé le général, les parents et leurs enfants souriaient et riaient comme si rien ne pouvait atteindre leur bonheur. Cette scène fit sourire le général Toragi, il n'avait besoin d'aucune récompense pour son travail, tout ce qui lui suffisait, c'était de voir que les Toragi pouvait vivre sereinement derrière les fortifications de la ville.

Le patron du restaurant vint sortir Yuji de ses pensées en lui apportant sa commande. La situation que lui expliqua le gérant parvint à décocher un rire au vieux général. Visiblement son neveu n'était pas un habitué des cuisines et en se fiant au boucan qu'on pouvait entendre dans l'arrière-boutique, le jeune homme devait être débordé par l'ampleur de la tâche. Pourtant les plats qu'il avait préparés pour le chef de guerre étaient tout simplement savoureux et cela le changeait des rations auxquelles ils devaient se plier pendant ses nombreux déplacements. Le patron semblait un peu nerveux de recevoir un client de l’envergure de Yuji, mais pourtant une fois qu’il était chez lui, le général Toragi aimait à redevenir un simple habitant et oublier les tensions du travail.

« Cela fait un moment que je suis en déplacement loin de ma chère cité. Quelles sont les nouvelles de Tora ? »

Le gérant commença alors à raconter les derniers ragots de la grande cité et Yuji l’écouta avec une grande attention. Visiblement tout semblait suivre son cour à Tora ce qui rassura le général. Mais alors que les deux hommes étaient en pleine discussion, trois brigands profitèrent de la pénombre pour s’approcher du stand et surgirent pour s’emparer de la bourse du patron. Yuji ne les avaient même pas entendu approcher, ce qui montrait que ces voleurs étaient organisés et entrainés. Ils parvinrent à s’enfuir avant que le chef de guerre n’ait eu le temps de réagir. Le général Toragi s’empressa de partir à la poursuite des trois brigands en espérant pouvoir leur faire payer ce crime.

« Ne vous inquiétez pas, je vous ramènerai votre argent ! » s’écria-t-il comme pour rassurer le gérant du restaurant.

Pour Yuji, il n’y avait rien de plus important que la sécurité des habitants de Tora et voir des voleurs s’en prendre à de simples commerçants le mit en rage. Il était impardonnable d'avoir laissé cela se produire et devait à tout prit les arrêter pour réparer son erreur. Malheureusement il était fatigué de son long voyage et les trois brigands étaient rapides et semblaient connaitre les moindres ruelles du quartier. Seul, il aurait du mal à rattraper les voleurs et récupérer la bourse du commerçant.