Une pause plus longue que prévu

Après plusieurs jours de marche, de combat avec la nature et de faim, enfin, enfin il avait enfin... Pas atteint sa prochaine cible. Mais il était quand même arrivé dans une ville dans laquelle... Il n'avait pas prévu de rester du tout, il allait manger et directement reprendre sa route. Qu'est ce que cet imbécile pouvait bien faire là, en territoire ennemi? Après une visite à Saru sur la base de la parole de gens parlant d'une cheffe ninja particulièrement... Intéressante, il avait tenté de l'attirer pour... Admirer ses formes gracieuses. Ce plan fut une réussite. Celui de la matter avec moins d'habits fut un échec mais on ne peut pas tout avoir dans la vie. Et comme l'être humain aime se compliquer la vie et que jusqu'à preuve du contraire, Yasuo est un humain, plutôt que continuer sa tournée à l'est, il a voulu aller directement tout à l'ouest, Usagi. D'où le fait qu'il passe par Tora.

Bien sûr, on n'entre pas en territoire plus ou moins ennemi aussi facilement en étant armé et en portant les couleurs de son clan. Fort heureusement, Yasuo ne portait jamais les couleurs de son clan, et tout le monde se doit, si possible, de porter une arme donc le fait qu'il porte un wakizashi n'était pas si étonnant. Son katana? Vendu en chemin. Il s'était aussi débarrassé de ses vêtements pour un simple kimono complet, et comme toujours, trop grand pour lui. l'énergumène n'avait pas prévu d'autre affrontement et n'avait théoriquement pas besoin d'être accoutré en conséquence. Sa démarche n'étant pas non plus celle d'un soldat, il était facile de passer les frontières sans être suivi trop longtemps, l'air idiot aide pas mal aussi.

Se baladant dans la ville à la recherche d'une auberge tout en lisant un écrit interdit aux mineurs, il remarqua une certaine personne allant dans la direction opposée. Cette personne l'intriga tout de suite. Donnez à un imbécile une chose qu'il n'a jamais vu et rajoutez de l'ennui et il se posera mille question sur ce qu'il voit. Pour passer le temps. Le fait est qu'il voyait un homme d'âge moyen portant l'armure caractéristiques du clan dont c'est la capitale. Jusque là, rien d'anormal, mais il avait quelque chose que les autres n'avaient pas. Le mon Usagite. Yasuo s'arrêta ainsi en pleine marche pour se lancer dans une intense réflexion, il rangea son parchemin dans ses habits avant tout de même.

"Hmmmm... Un homme portant le signe du clan d'ici et d'un clan dominé par celui-ci... Un guerrier qui s'est engagé mais montre la fierté qu'il a d'être né dans un autre clan? Non, pas réaliste, il n'est pas jeune et ne semble pas idéaliste, et ça lui vaudrait des problèmes avec ses pairs... Un ancien soldat maintenant otage? Probablement pas, garder un otage n'a que peu d'intérêt, si le but est de tenir le clan en laisse, c'est pas comme si l'armée Toragi ne pouvait pas tous les massacrer n'importe quand... Et si c'est un éminent personnage dont on a peur, lui trancher la tête est directement plus efficace... Alors une recrue forcée peut-être? Qui garde le signe de son ancien clan en signe de protestation..."

Il se décida enfin à regarder devant lui malgré tous ses mouvements et ses regards dans le ciel ou le sol, tout en gardant les yeux fermés comme d'habitude, et pu apercevoir la personne qui l'avait fait réfléchir, mais plus près de lui, l'air pas commode.

"... Euh... J'ai réfléchi tout haut c'est ça? Pardon, pardon, je ne voulais pas vous offenser, ah ah ah..."

Le meilleur moyen d'obtenir le pardon si on a ennuyé quelqu'un est de sourire bêtement, se gratter l'arrière de la tête et de garder ses yeux fermés. En règle générale ils laissent passer après ça, personne ne se sent insulté par un idiot. Ou sinon ça détend tout de même l'atmosphère. Au pire ça agace l'autre personne et là ça peut se révèler plus problématique... Mais même accoutré comme ça, Yasuo court plutôt vite.

Si Tora était une ville vivante d'où émanait la luxure, la pourriture et l'incommodant, Shonsu n'en était pas moins médisant à propos de chaque édifice des Tigres. Leur seule présence l'étouffait et il ne manquait jamais de se figurer qu'il était sans cesse épier. Cette capitale dégoûtait le samouraï chaque jour un peu plus. Non pas qu'elle était de fait une immondice, ramassis de décrépis, de criminels à la dent longue et autres va-nu-pieds, mais l'ex capitaine Usagite semblait empli d'une haine infinie envers ceux qui avaient conquis les lièvres. Patience, l'heure viendrait. Pas de précipitation pour Shonsu, il savait chasser et comme pour cette activité, il fallait attendre le bon moment. Cela étant dit, il s'était levé comme à son habitude dans une maison assez coquette quoique le samouraï en aurait pu dire. Il trouva son wakizashi sous son édredon et tandis qu'il marchait jusqu'à son support à daisho, il entendit une voix s'élever au-dehors. C'était un homme d'un âge mûr qui osait brailler des jurons à d'autres samouraïs. De toute évidence, l'inconnu était d'un rang respectable pour s'adresser à eux ainsi. Les injures passèrent.

Shonsu s'était habillé prestement et armé de son katana. Une petite escapade en ville pour se dégourdir et surtout pour passer le temps. Aucun samouraï ne pourrait s'imaginer l'humiliation que pouvait représenter le fait de se retrouver otage du jour au lendemain, portant le mon des Usagite et bien que l'arborant fièrement, les regards vindicatifs fusaient. Le pire était que l'aîné Matsuno ne savait que faire de ses journées et même s'il passait la plupart du temps à s'entraîner, des longs moments de solitude se profilaient. Que faire loin de son foyer, de son épouse, de son enfant, de son frère et de son clan?

Alors plongé dans ses pensées, certaines trop haineuses et d'autres trop intimes pour être dévoilées, Shonsu marchait, errait dans ce dédale de rues. A force, le samouraï savait aisément se repérer mais regrettait de ne pas se perdre dans une ville Toragi. Oui, lecteurs, vous saurez sûrement que ce brave Shonsu ne portait pas les Toragi dans son coeur. Eh bien, ce fut précisément en cet instant qu'il rencontra un jeune imbécile, tout du moins il y faisait penser. L'ahuri s'était permis de penser à voix haute, cherchant une explication à la vue des deux mons se côtoyant. Bien entendu, Shonsu entendit tout ce qui fut exprimé par l'énergumène. Un Toragi sans aucun doute. Le samouraï Usagite l'observa. Rapidement, on pouvait s'apercevoir qu'il était loin d'être un des Tigres. Son visage fit sourire un moment. Devant cet air empêtré, que fallait-il faire? Il n'y avait aucune insulte portant atteinte à l'honneur du samouraï dans ce qui fut énoncé, il n'y avait donc pas matière à déclarer un duel. Et puis, son air bonhomme lui accordait une aura de sympathie. De ce fait, il était ardu de le croire fourbe ou menteur. Il portait la naïveté qu'il affichait naturellement. Sa jeunesse se lisait en lui et ce fut peut être un clair manque de sévérité qui l'empêchait d'accorer un peu plus de crédit à son rang. Enfin, il était jeune.

"Vous m'avez plutôt amusé, samouraï san. Il n'y a pas de quoi s'offenser et il est bon de voir un visage étranger, je puis vous l'assurer. Ce mon vous intrigue tant que cela? Nous pouvons en discuter mais pas ici et pas avant d'avoir des raisons de placer ma confiance en vous. Me comprenez-vous?"

Shonsu se montrait aimable avec le samouraï. Tandis qu'il finissait sa phrase, il s'approcha de lui. Il n'eut qu'un pas à faire et lui murmura à l'oreille que s'il voulait en savoir davantage, il faudrait le suivre. Le samouraï fut guidé jusqu'au lieu de résidence de Shonsu. Ils entrèrent et alors que la porte claqua derrière eux. L'Usagite fronça les sourcils, il décrocha des armes d'entraînements du mur et en lança une au jeune bushi.

"Si tu parviens à me montrer ta valeur, nous aurons sûrement des choses à nous dire, samouraï."

Il était difficile de se mouvoir en un tel lieu. La pièce était de taille plus que modeste et tirer le sabre relevait déjà de l'exploit. Shonsu se contenta de parer, il ne ferait que défendre et si l'occasion se présentait, il n'hésiterait pas à contre-attaquer. Quelques éraflures étaient à s'échanger.

A sa grande surprise, l'homme dont il avait parlé ne l'avait pas pris mal du tout. Limite il l'avait même bien pris. Une réaction fort étrange. Au moins autant que Yasuo lui-même...... Non, quand même pas. Voilà qui donnait du poids à l'argument n°2 et n°3, otage ou recrue forcée. Mais il avait entendu bien plus important. Ce guerrier l'avait nommé samouraï. Malgré son effort de "déguisement" pour passer pour une simple personne en visite et le fait qu'il n'avait pas la démarche d'un combattant, cet homme avait été capable de dire instantanément qu'il est un samouraï. C'est ce genre de chose qui distingue un guerrier dangereux de la chair à canon. Peu importe à quel point on peut tenter de cacher sa connaissance du combat, en face d'un pro, ça ne passe jamais, et il arrive qu'ils ne s'en rendent même pas compte, instinctivement. Dès lors, le comportement qu'il pouvait avoir avec cet homme pouvait être différent. Il est plus amusant de jouer avec quelqu'un qui en vaut la peine...

Il était d'accord pour parler de son cas, enfin, pas ici, et pas à un inconnu sans raison, mais Yasuo s'ennuyant, il voulait vraiment savoir. C'est pourquoi il suivit Shonsu sans un mot, souriant toujours et gardant les yeux fermés. Pourquoi suivre un inconnu sans aucune réflexion ainsi? Et bien oui, il pouvait très bien être un chef d'un groupe de bandit faisant dans la prostitution forcée, emportant tous les gens qui lui demandent directement pourquoi deux mons, ou bien c'est un serial pédophile qui ramène tous les enfants innocents qui s'intéressent à son cas... Justement pour ces raisons, Yasuo se sentait capable de le battre, si jamais c'était l'un de ces deux cas, il deviendrait un héros en arrêtant le mal! Sinon il n'a rien à perdre à suivre quelqu'un pour passer le temps. Ce n'est pas comme si il allait baisser sa garde le moindre instant.

Il fut déçu d'être juste emmené chez l'homme, une demeure... Plus ou moins modeste. Certains diraient pauvre directement, mais Yasuo ne pouvait pas dire une chose pareil, il n'avait pas de maison à la base et celle dans laquelle il vivait avec son père avant... Etait encore plus petite. Cela dit, c'était toujours louche et peut-être que cet homme... Etait de l'autre bord?! Et ayant trouvé le jeune homme mignon, il l'avait ramené pour profiter de son corps... Le pervers eut un frisson dans le dos à cette pensée. Ca, c'était effrayant. Mais il lui envoya une arme d'entraînement. Ouf, il fut rassuré pour le moment.

"Une arme? Mais, je ne suis qu'un modeste guerrier, je n'ai pas grand chose à vous montrer sinon que je suis pathétique..."

L'air stupide naturel de ce combattant faisait passer beaucoup plus facilement ses mensonges. Mais il voulait savoir, et Shonsu voir ce qu'il valait avant. Il devait vachement s'ennuyer... Yasuo hésita un instant... Ce samouraï le sous-estimait complètement. Pour cette raison précise, Yasuo pouvait lui faire absolument n'importe quoi, la distance entre les deux étant plutôt courte. Faire un bond vers lui et lui donner un coup avec la poignée de l'arme, ou encore lâcher l'arme, attraper sa main tenant l'arme et utilisant une autre main pour fracasser son crâne sur un mur... Il aurait même le temps de lâcher l'arme d'entraînement, foncer vers le samouraï, dégainer son wakizashi et blesser le guerrier. Mais même s'il pouvait le frapper avant qu'il ne réagisse, il ne pouvait pas le blesser mortellement, il aurait fallu que son sabre soit sorti de base pour avoir la vitesse nécessaire pour le faire avant qu'il ne réagisse... Enfin, tout ça, ce n'est que de la spéculation, il ne voulait aucunement le tuer. C'est juste que Yasuo apprécie d'être sous-estimé, pour mieux vaincre l'ennemi en un coup sans avoir à dégainer.

Finalement, le jeune pervers choisit l'autre voie, celle de continuer à jouer le jeu du jeune faible. Il n'avait pas d'intérêt dans l'immédiat de faire reconnaître l'erreur de ce samouraï de ne pas se méfier assez. Il prit donc le sabre d'entraînement à deux mains et pris une pose très connues. Kendô. Ce style que son père avait passé tant de temps à essayer de lui inculquer et que jamais il n'avait réussi à utiliser convenablement. Rien que sa pose était déplorable et manifestait de nombreuses failles. Il tenait mal le sabre. Ses pieds étaient mal placés. Peu importe combien de fois on lui avait montré, il était incapable d'utiliser un style de combat au dessus du niveau basique. C'était le style parfait pour continuer de faire mine la faiblesse. Bien sûr, être mauvais dans un style ne signifie pas faiblesse pour autant, bien sûr Yasuo comptait aussi ne pas se battre sérieusement et se retenir au mieux. Tout comme cet homme allait le faire.

Si l'objectif de Yasuo était de gagné, il n'aurait surtout pas choisi ce style, même en le maîtrisant... La taille de la pièce ne permettait pas une utilisation sérieuse de ce style, et le jeune homme n'utilisait jamais un sabre long, il était plus fan des wakizashi. Il ne fallu que quelques minutes pour que Yasuo se retrouve par terre, en mauvais état. Aucune de ses attaques n'avait pu atteindre ce samouraï, évidemment, et les quelques contre-attaque ne furent jamais bloqués complètement, quand elles l'étaient.

"... Vous... Vous êtes vraiment fort... J'abandonne, j'abandonne! Je ne fais pas du tout le poids."

Comme si il avait essayé sérieusement... Cela dit, n'importe qui dirait qu'il s'est battu sérieusement. Son kimono étant trop grand, même en bougeant cela cachait bien son corps bien plus musclé qu'il n'y paraît, et tant que ce détail était bien caché, il pouvait feindre d'être épuisé assez facilement. Tout est dans l'apparence après tout, du moment que vous vous cachez bien, vous pouvez tout jouer. Il alla s'assoir à l'autre bout de la pièce et posa le sabre.

"Désolé, si vous espériez quelqu'un avec qui faire quelques échanges sérieux, je ne suis pas du tout la personne à chercher. Je n'ai pas la valeur pour que nous discutions, mais je suis de nature rebelle alors... Pouvez-vous tout de même me parler de la raison pour laquelle vous portez le mon Usagite ici?"

Dans le genre inconscient, il se pose. A vrai dire, il ne s'attendait pas un seul instant à ce qu'il lui dise quoi que ce soit, après tout, sa performance avait été particulièrement mauvaise. Il s'attendait plutôt à recevoir des conseils ou de l'aide dans son style de combat, ce qui ne l'aiderait en rien puisqu'il n'intégrerai jamais ces données dans son cerveau. Il allait tenter au mieux de le persuader en passant pour un faible innocent et naïf, attirer sa compassion. Si malgré tout, il n'arrivait à rien, et bien il lui brisera un bras. Ou pas.