Iburi ne put retenir un long bâillement, même si la journée n’était guère encore bien avancée. La raison était simple : la nuit éternelle qui régnait sur Usagi brouillait ses heures de sommeil. Oui, la lune était toujours là, mais comment savoir, dans ce cas-là, si c’est vraiment la nuit. De plus, la lune ne vaut pas la lumière du Soleil et la sourde-muette tenait à bien voir autour d’elle. Il lui était déjà difficile de combattre sans entendre, elle ne pouvait que frissonner à l’idée de ne rien voir en plus. Parler ne lui était pas de grande utilité, il s’agissait d’un handicap facile à vivre avec. Elle parlait avec ses mains, elle lisait sur les lèvres… rien de bien compliqué.

Mais la lumière du Soleil lui manquait beaucoup, elle décida donc de planifier un petit voyage. Elle aurait bien aimé faire le tour de l’Hinomoto ou bien visiter tous les temples et toutes les villes, mais si elle partait trop longtemps elle ne voudrait plus revenir à Usagi, ce qui irait à l’encontre de la volonté de son mentor. Au pire, elle pourrait se rendre jusqu’à Ryuu et revenir après, mieux valait visiter une ville alliée, car s’il y avait quelqu’un qui tenait à sa tête, c’était bien Iburi.

Elle était partie vers ce qu’elle estimait le matin, jetant un dernier coup d’œil à la cité nocturne. Oui, elle allait revenir, pensa-t-elle, mais juste après avoir vu autre chose que la lune. Comme elle venait d’Ondori, la sourde-muette avait toujours eu un teint bronzé, mais depuis qu’elle vivait à Usagi elle avait pâli. Bien sur ce n’était rien de grave, mais ca donnait l’impression que ce qu’il y avait de bien dans l’ancienne Iburi commençait à disparaitre, quelque chose qu’elle voulait garder à tout prix.

Elle aurait pu demander un cheval, mais elle ne savait pas trop comment monter ces bêtes. En plus son maitre rônin lui avait souvent répété que marcher était une base de la vie, déléguer cette tâche à un autre relevait de la pire lâcheté. Donc, elle était partie à pied, et quand les premiers rayons de soleil caressèrent son visage, ce fut de justesse si elle ne pleura pas de joie.
Son voyage ne fut pas long : elle marchait le jour, dormait la nuit, mangeait peu, ne combattait pas, ses fidèles grappins-faucheurs pendaient quand même à sa ceinture ainsi que son sabre. Un bon samurai ne se sépare pas de ses armes, peu importe sa destination.

Ryuuji était une ville magnifique, de l’avis de la sourde-muette : rien de magique, rien qui sorte de l’ordinaire, juste quelque chose de vrai, qui ne donnait pas l’impression de rêver. Iburi se sentait vraiment là, mais savait qu’on ne voudrait peut-être pas d’elle à Ryuu. Si elle ne se sentait pas chez elle à Usagi, c’était qu’elle n’y avait pas fait grand-chose, mais si elle décidait de vivre ailleurs, Ryuuji par exemple, ca serait la même chose.

L’intérieur de la cité était rempli de monde. Iburi se fit bousculer beaucoup. Elle voyait des gens lui parler, mais n’arrivait pas à lire sur leurs lèvres, encore moins à leur répondre. Puis, on la repoussait et c’était reparti. Elle reçut plusieurs coups derrière la tête et elle fut même poussée au sol, où elle se cogna le nez, qu’elle s’était fracturé pendant une bataille contre des rônins. Il se remit à saigner alors qu’elle se relevait et qu’elle marchait en titubant légèrement, sans destination précise. Elle avisait d’un air apeurée les ivrognes dans la rue qui lui faisaient signe d’approcher, les guerriers qui mettaient la main sur leur sabre dès qu’elle s’approchait. Les larmes qui avaient coulé quelques jours plus tôt revinrent mouiller ses joues, non pas de joie, mais de terreur absolue. Elle se sentait revenu à Ondori, où les gens riaient de sa surdité dans son dos, ses proches la fixaient avec honte. Le rêve à Usagi devenait un cauchemar à Ryuuji.

Elle ne supportait pas les foules, mais elle n’avait jamais pu le découvrir avant ce jour. Iburi n’arrivait pas à se situer dans cette nouvelle ville et quand les gens arrêtèrent de la bousculer, elle constata avec horreur qu’elle était perdue. La foule lui bloquait la vue et elle n’arrivait plus à rien voir. Un torrent de larme lui brouillait aussi la vue, et elle vit à travers cet étrange nuage d’eau salé une silhouette portant des couleurs familières. Le désespoir d’Iburi ainsi que sa peur venait de lui faire voir son ancien mentor dans la foule.

Sans réfléchir, elle courut jusqu’à cet homme et l’enlaça par derrière, le serrant de toutes ses forces. La sourde-muette se sentait redevenir une gamine alors qu’elle pensait avoir retrouvé l’homme qui l’avait aimé comme un père.

Sauf que bien évidemment ce n’était pas lui.

Non…

Il l’avait repoussé.

Non non non non non…

Pourquoi son mentor la repoussait? Pourquoi? Avait-il honte d’enseigner à quelqu’un comme lui, un sourd-muet? Iburi sentit ses larmes redoubler, mais elle les essuya rapidement pour découvrir un visage inconnu. Celui qu’elle avait enlacé par erreur était un parfait étranger. Il lui parlait, mais elle ne vit que la fin de sa phrase :

''…qui t'es toi?"

Jamais, même du temps qu’elle vivait à Ondori, le visage ne lui chauffa autant. Elle se sentit rougir et elle baissa rapidement les yeux, sachant pertinemment que sa honte était bien visible, mais… s’était-elle déjà autant ridiculisée? Et cet homme, qui était-il, venait-elle vraiment de lui faire la honte de sa vie? L’adolescente sentait son regard braquée sur elle, mais elle n’osait pas le regarder dans les yeux. Oui, il ressemblait beaucoup à son maitre, mais il était plus jeune. Cet homme là devait être dans la vingtaine, le mentor d’Iburi avait au minimum quarante ans en apparence.

La jeune fille regarda l’homme discrètement. Il avait l’air d’attendre une réponse, alors Iburi tenta de joindre ses mains pour lui expliquer, mais elle fut bousculée. L’homme la prit par un bras, sans ménagement, et la tira vers une ruelle où, heureusement, il n’y avait personne, sauf eux. La sourde-muette commençait à avoir vraiment peur de lui, contrairement à son bienveillant mentor, lui semblait prêt à la frapper.

"Bon de un, qui es-tu et de deux, est-ce qu'on se connait?"

La deuxième question étant la plus facile à répondre, Iburi secoua la tête. Non, bien sur qu’elle ne le connaissait pas, mais si son maitre rônin avait été plus jeune de vingt ans quand elle l’avait connu,
tout ça l’aurait inquiété sérieusement.

Quant à la première question, elle avait plusieurs moyen de se faire comprendre, mais aucun d’eux n’étaient très efficace. Lentement, elle mima les trois syllabes qui formaient son nom. Ses parents avaient choisi pour elle un nom qui ne contenait aucun mot, aucune signification, le mimer était la chose la plus difficile possible. Et l’homme ne semblait pas comprendre. Sa deuxième option était d’articuler son prénom, mais ce qui à la base devait être une information tournerait en devinette. Sa troisième solution était d’écrire.

Elle imita une personne en train d’écrire et leva sur l’homme un regard interrogateur. S’il avait compris, il ne semblait pas avoir de quoi écrire, et l’herbe au sol l’empêchait d’écrire par terre. Les murs qui formaient la ruelle formaient une bonne planche à écrire, et pour l’encre…

La jeune fille prit une des lames de son grappin-faucheur et avec la pointe, se piqua le doigt jusqu’à ce que le sang coule. Puis, elle se dirigea vers un des murs et commença à écrire. Elle n’écrivait pas souvent et le résultat n’était pas très beau, mais c’était lisible. Elle fit signe à l’homme d’approcher et pointa son texte :

‘’Je me nomme Nadeshige Iburi. Je viens d’Usagi et j’ai décidé de voyager jusqu’à Ryuu. Je vous ai confondu avec quelqu’un d’autre, j’en suis désolée. ‘’

Pour conclure, elle pensa à une petite courbette, mais se ravisa. Elle se contenta de ranger sa lame et d’essuyer distraitement son doigt en sang sur son armure. Examinant le visage de l’homme pour y déceler quelconque expression porteuse d’un message caché.

Le jeune homme continuait d'attendre un peu sa réponse et venait de croiser les bras en se mettant contre le mur de la ruelle, il avait la flemme mais maintenant, il voulait surtout comprendre le pourquoi du comment. Enfin elle sembla répondre à une question avec un signe de tête ce qui signifiait qu'ils ne se connaissaient pas comme il l'avait pensé.... Mais quelle était la raison de cet étreinte alors? C'est alors qu'un étrange show commenca devant lui, elle semblait mimer quelque chose mais pour le jeune samuraï c'était incompréhensible, elle tenta alors apparemment d'imiter quelqu'un....

*Une artiste de rue de passage dans Ryuu? Si elle avait envie d'être regardé, la place est le meilleur endroit.... Fallait vraiment que ca me tombe dessus.*

Il regarda alors la demoiselle d'un air interrogateur, elle semblait imiter quelqu'un en train d'écrire et sa vision de l'artiste de rue commencait vraiment à se confirmer dans sa tête.... C'est alors qu'elle sembla prendre une arme dans sa main ce qui forca le jeune homme à également mettre une main sur son katana, c'est pas parce que le numéro était pas très bien coordonné qu'il fallait éliminer celui qui y a assisté!

Du moins il laissa la main sur le sabre jusqu'à ce qu'elle se pique le doit d'elle même.... Le numéro n'était pas fini? Elle se dirigea alors vers le mur et posa son doigt ensanglanté contre le mur et sembla commencer à écrire quelque chose... Décidément, ce numéro prenait une tournure bizarre et n'était pas très amusant. Elle demanda ensuite à l'homme d'approcher mais il n'était pas question de l'aider à améliorer le show, lui même n'était pas très doué pour épater la gallerie. C'est alors qu'il lut le texte.

‘’Je me nomme Nadeshige Iburi. Je viens d’Usagi et j’ai décidé de voyager jusqu’à Ryuu. Je vous ai confondu avec quelqu’un d’autre, j’en suis désolée. ‘’
*Oh le con! Moi qui me faisait tout un truc pour essayer de comprendre ma situation...*

D'un seul coup, il se sentait bête mais il avouait ne pas comprendre pourquoi elle ne lui avait pas dit cela avec des mots plutôt que de faire la street performer comme elle venait de le faire. C'est alors qu'il sembla comprendre, elle lui avait demandé de quoi écrire un peu plus tôt alors qu'il croyait assister à un numéro. Elle lui avait également "parlé" un peu plus tôt mais elle n'avait émit aucuns sons...

*Elle est muette, autrement dit, même si elle veut parler, elle ne peut pas.... Pas étonnant que je n'ai pas comprit la situation.*

Bon maintenant comment agir face à quelqu'un qui ne parle pas? Elle semblait le comprendre si il lui parlait naturellement mais ce serait chiant de ne pas avoir de retour de réponse.... Que faire donc pour se faciliter la vie car de plus si il parlait tout seul, il passerait pour le fou du village, il attrapa alors le col d'un civil qui passait par la et lui ordonna presque d'aller lui chercher du papier et de quoi écrire pour deux personnes et pendant que le civil était parti cherche ce qu'il avait demandé, il se replaca contre le mur les bras croisé... Il maitrisait que légèrement le langage des signes et c'est pas sur qu'il puisse discuter longuement avec ce langage non plus....

Il tourna légèrement la tête en direction de la demoiselle gardant un regard sévère sur cette dernière car elle venait de le mettre dans une situation peu commune pour la peine.... Il devait en plus s'arranger pour parler un peu plus lentement et de manière à être comprit.

"Bon et pourquoi tu m'as confondu au fait?"

Car oui, il aimerait comprendre le pourquoi du comment dans un premier temps.

Peu importe la façon dont elle s’exprimait, l’homme ne semblait pas très coopératif. Il avait l’air très las, comme si Iburi lui faisait perdre son temps ou quelque chose du genre. C’était en partie vraie… mais c’est lui qui avait demandé des explications, alors c’était aussi de sa faute à lui.

Puis, il lut le texte qu’elle avait écrit au mur et son visage sembla s’éclairer, alors qu’il comprenait de plus en plus dans quelle situation se trouvait la jeune fille. Bon, il savait qu’elle ne parlait pas, savait-il qu’elle ne l’entendait pas non plus? Heureusement que le mentor d’Iburi lui avait appris à lire sur les lèvres avant toute autre chose, car il s’agissait d’un art qu’elle maîtrisait parfaitement, avec le langage des signes. Mais le langage des signes ne servait à rien sans personne pour le comprendre, et très peu de gens comprenaient cette langue. Restait donc l’écriture, quelque chose que la jeune fille avait appris, bien sur, mais elle continuait à éprouver certaines difficultés. Son mentor n’avait rien pu faire contre ça, par contre, l’exercice était la seule façon de corriger ses défauts.

L’homme intercepta un villageois qui passait pas là et, de ce que Iburi comprit, lui demanda de quoi écrire. Lire sur les lèvres ne lui permettait pas de comprendre les intonations de voix, mais il lui sembla que celui qui ressemblait tant à son mentor était du genre très impérieux, pas si patient que ça. Ses traits quand il parlait disaient tout.

Pendant un instant, la sourde-muette eut envie de tourner les talons et de partir le plus vite possible vers Usagi, mais dès qu’elle voulut joindre le geste à la pensée, l’homme se retourna et la toisa sévèrement, comme prêt à la réprimander.

"Bon et pourquoi tu m'as confondu au fait?"

L’adolescente remarqua qu’il articulait mieux et qu’il parlait plus lentement. Il la prenait pour une idiote ou quoi? Elle savait lire sur les lèvres mieux que personne d’autre dans tout le pays, sauf son maître. Bien sur, il ne le savait pas, autant qu’il n’allait pas savoir qu’elle avait eu la vue brouillée par des larmes de peur. Quand même, l’orgueil existait pour Iburi, elle ne voulait pas avouer ce genre de faiblesse devant quelqu’un qu’elle connaissait à peine!

Le civil revint avec quelques parchemins, deux plumes et de l’encre. La sourde-muette se mit aussitôt au travail, écrivant le plus soigneusement possible. Après quelques minutes, elle tendit un premier parchemin à l’homme, car malgré tous ses efforts, Iburi écrivait assez gros :

‘’De loin, j’ai cru voir mon mentor, que je n’ai pas revu depuis longtemps. Je ne voyais pas bien, mais j’ai cru que vous étiez mon mentor. Vous lui ressemblez beaucoup, mais vous êtes plus jeune. Plus mince, aussi. ‘’

Eh oui, son maître rônin était un homme beaucoup plus musclé que lui, mais ça pouvait tromper. Le connaissant, il pouvait facilement perdre tout son poid en trop. Puis, elle prit un deuxième parchemin. Il était temps pour elle d’expliquer sa véritable condition.

‘’Comme vous l’avez sans doute remarqué, vous ne pourrez jamais m’entendre. Et à mon tour, je ne pourrai jamais vous entendre. Je dois lire sur vos lèvres pour comprendre ce que vous dites.’’

Elle lui montra ce qu’elle avait écrit, mais reprit le parchemin après. Elle réfléchit, hésita un moment, puis écrivit autre chose :

‘’Pas simple curiosité, comment vous-appelez-vous?’’

L’homme devant elle lisait les parchemins avec attention. Iburi se dit en rougissant qu’on lui avait rarement accordé autant d’attention, à elle ou à ses accomplissements. Son mentor était souvent distrait, et s’il avait pris la formation de son élève très au sérieux, ça ne l’avait pas empêché d’être un homme insouciant et rieur, du genre provoquant. L’opposé parfait de cet homme qui pourtant lui ressemblait tant… franchement, la vie faisait les choses de façon étrange. L’homme écrivait, maintenant. Encore, pourquoi se forçait-il à lui rendre la vie plus facile, Iburi l’ignorait, mais elle n’aimait pas ça du tout. Il lui tendit le parchemin, qu’elle lut du mieux qu’elle pouvait.

"Désolé, j'en oublie les règles élémentaire, je suis Kagami Kai, habitant de Ryuu et membre du clan Ryuuji. Si j'écris sur les parchemins, ce n'est pas pour te dévaloriser, cependant si je venais à parler tout seul, je passerais pour un fou dans la ville et je préfère pas. Par contre t'en à pas l'air comme cela mais ta main droite est plutôt bavardeuse."

Son premier réflexe fut de regarder sa main avec curiosité, avant de se rendre compte, bêtement, qu’il parlait de sa façon d’écrire. Si elle avait pu parler, elle aurait probablement dit tout simplement ‘’Oh,’’ mais elle ne pouvait pas, donc elle se contenta de baisser sa main avec gêne.

Ah bon, finalement s’il se mettait à son niveau, ce n’était pas pour lui, mais seulement pour son orgueil personnel, quelque chose qui ne dérangeait pas la sourde-muette. Elle avait déjà demandé à son maitre s’il avait quelconque forme d’orgueil que se soit, et il avait ri pour le reste de la journée.

Kai… Kai… elle s’exerça à articuler silencieusement le mot jusqu’à ce qu’elle s’en rappelle. L’adolescente gardait l’espoir qu’elle pourrait un jour parler, mais pour ça elle devrait mémoriser le plus de mots possibles. Une idée étrange lui vint à l’esprit : en connaissant le nom de Kagami Kai, elle en savait déjà plus sur lui que sur son mentor rônin. Une bien drôle de pensée, mais c’était vrai.
Kai lui reprit le parchemin et recommença à écrire avant de lui redonner le parchemin. Iburi enviait son écriture plus petite que la sienne, ça lui donnait un style plus noble, plus instruit… pas comme ses symboles trop gros, qui avaient une allure grossière…

"Et sinon, pourquoi es-tu venue à Ryuu, j'imagine que tu n'es pas juste venue faire du simple tourisme, en tout cas, ce serait un peu bizarre même si je ne suis pas du genre à juger...."

En un sens, oui, elle était venue en touriste, mais elle n’avait pas eu l’intention de rester longtemps, jusqu’à ce qu’elle le rencontre. La route pour venir était déjà longue, et elle ne l’avait parcouru que pour voyager. En plus, la lumière du clair de lune pouvait affaiblir ses yeux, selon elle, et qui voudrait être sourd, muet ET aveugle? Personne, et même si ça pouvait paraitre paranoïaque, elle avait peur pour ses yeux.

Elle tenta d’écrire plus rapidement, mais manqua son coup et du reprendre un autre parchemin pour recommencer. Tristement, l’ancienne écriture allait devoir être la bonne. Elle tendit le parchemin et boudant intérieurement son manque de culture.

‘’C’est presque ça. Je commençais à en avoir assez de la nuit permanente sur Usagi, et j’aime bien voyager. J’ai décidé de commencer par un petit voyage vers Ryuu et me voilà. ‘’

Que dire de plus? Elle tendit le parchemin.

La lumière du soleil tapait fort, mais Iburi préférait ça à la nuit, au moins elle voyait tout quand la lumière était intense. De plus, tant qu’elle ne regardait pas le soleil directement, elle ne risquait pas de perdre la vue, non? Avec de la chance, la chaleur lui redonnerait son ancien teint bronzé qu’elle affectionnait tant… non pas que son apparence la dérangeait, mais la peau pâle ne lui allait pas bien, de son opinion.

Elle n’avait pas vu Kai lui dire de ralentir quand elle avait écrit, elle allait probablement tenter d’écrire plus vite encore, si elle en avait l’occasion. Quand elle retournerait à Usagi, elle continuerait à s’entrainer le plus possible, pour avoir une belle écriture, plus petite, plus fine, plus élégante et surtout plus lisible.

"Je vois, après tout, il est vrai que voyager forge le caractère."

La sourde-muette sentit une nervosité palpable s’installer entre elle et Kai. Il aurait été mal de partir comme s’il ne s’était rien passé après le câlin qu’elle lui avait fait par accident, mais la conversation semblait ne plus mener nulle part, puisqu’ils avaient tout dit. Kai se leva alors et lui tendit la main tout en lui donnant un parchemin.

"Et si on allait manger quelque chose? J'ai un peu les crocs."

Iburi sentit sa gorge se nouer comme si elle allait pleurer, alors qu’elle regardait Kai avec surprise. Honteusement, elle du s’avouer que c’était bien la première fois que quelqu’un l’invitait quelque part. Même son mentor, qui ne l’avait jamais fait entrer dans aucune ville, ne l’avait jamais emmené nulle part ailleurs qu’en voyage dans tous les recoins de l’Hinomoto, et quelqu’un qu’elle connaissait à peine voulait l’inviter à manger. Dans sa surprise, elle failli secouer la tête, mais se ressaisit et la hocha plutôt à la positive, avant de prendre sa main et de se relever avec agilité.

Mais avant de partir, elle ramassa le matériel et, s’appuyant contre le mur, écrivit quelque chose qu’elle n’avait jamais demandé à personne, mais qui dans une foule lui était, elle jugea, nécessaire. Elle lui donna le parchemin avec une expression soucieuse.

‘’Je veux bien, mais dans la foule, j’aimerais que vous surveilliez mes angles morts. ‘’

Iburi le fixa longuement, attendant une quelconque approbation. Elle avait plein de question à lui poser, entre autre sur la nuit permanente d'Usagi.

C’était quand même une drôle de requête, l’adolescente sourde-muette pensait bien que Kai serait surpris où même qu’il la laisse se débrouiller seule, ça ne l’aurait pas vraiment étonné. Peut-être aurait-elle insisté, lui aurait expliqué qu’elle n’aimait pas les foules et qu’elle ne voulait pas recommencer une histoire semblable à celle qu’elle venait de vivre… même si tout semblait vouloir bien finir.

Kai écrivit sur le parchemin et sa réponse remplit Iburi de joie tranquille, plus près du contentement :

"No problemo. Arrange-toi juste pour me tenir le vêtement afin de ne pas te perdre."

Bon, l’idée de suivre Kai partout en s’accrochant à lui comme un enfant était un peu bizarre, mais comme leur dignité à tous les deux en avait pris un coup aujourd’hui, quelle importance? Elle n’avait pas besoin de lui donner un autre câlin, juste de tenir le bout de son écharpe… vêtement dont l’utilité lui avait échappé avant ce jour. Surtout par une journée chaude.

Après qu’elle eut agrippé le vêtement, Kai la guida à travers Ryuu, et cette fois Iburi pu oublier les villageois à l’air hostile pour remarquer les étales magnifiques et les objets qui attiraient son nouvel ami. Bien que ça ne la dérange aucunement, Kai s’excusait pour l’attente, et l’adolescente admirait la courtoisie que lui avait, et qu’elle pensait ne pas avoir. Pouvait-on considérer le fait de ne pas donner son opinion sur un sujet et seulement acquiescer de la courtoisie? Elle n’était pas sure. Au moins, maintenant elle pouvait converser un peu en écrivant. Avec son mentor, elle parlait par les signes…

Kai l’emmena finalement dans ce qui ressemblait à un petit restaurant où il connaissait quelques personnes. Iburi fut soulagée, au moins ca promettait d’être assez sécuritaire. Elle suivit l’échange entre Kai et celui qui dirigeait l’endroit, tentant de ne pas s’afficher comme la petite suiveuse d’un gars populaire. Mais là, elle cru qu’elle allait y passer.

"Hey Kai-Kun, qu'est-ce qui t'amènes dans mon échoppe et avec une demoiselle en plus, c'est assez rare."

"Épargne moi tes discours, disons qu'une suite d’évènement s'est produite. Est-ce que tu peux nous servir deux bols de ton meilleur plat?"

"Pas de problèmes."

Iburi sentit le visage lui chauffer, cette suite d’évènement était de sa faute et si ce qui s’était passé aujourd’hui s’apprenait, Kai ne serait plus aussi gentil avec elle. Et un samurai à l’honneur souillé peut devenir un ennemi redoutable, mais qui veut d’un ancien ami comme ennemi? Pas Iburi, elle qui avait cru se faire repoussé par son ancien maitre… presque heureusement ce n’était pas lui, mais quand même!

Kai lui écrivit sur un bout de parchemin qu’il tendit à la jeune fille.

"Il en a pas l'air mais c'est le meilleur chef que je connaisse dans Ryuu même si il faut avouer, son échoppe n'est plus des plus récentes."

Il devait avoir vu sa nervosité. Pas étonnant, elle se sentait devenue rouge de gêne. Pourquoi avait-il eu besoin de mentionner, même vaguement, la ‘’suite d’évènements’’ qu’elle avait causé? Elle se sentait affreusement mal de lui avoir fait honte ainsi, mais elle écrivit quand même sa réponse d’une main mal assurée.

‘’Ca ne me dérange pas, je sais qu’il ne faut pas se fier aux apparences.’’

N’avait-elle pas vu son maitre en quelqu’un de totalement différent? Elle lui tendit le parchemin en même temps que les plats de ramen arrivaient. Se ressaisissant, elle sortit quelques pièces du sac pendant à sa ceinture et les montra à Kai, demandant silencieusement si c’était assez. Le cuisinier prit alors les pièces et reparti, ne laissant aucune réflexion. Iburi laissa s’échapper un petit sifflement de surprise, avant de commencer à écrire.

‘’Il devait être pressé, ou alors je me suis fait voler.’’

Elle fit glisser le parchemin avec un sourire moqueur, signifiant qu’elle plaisantait quant au vol. Si elle avait une bonne mémoire pour les langues de toutes sortes, elle n’arrivait cependant pas à retenir les prix. Cependant, elle arrivait à se souvenir des questions qu’elle voulait poser. Elle prit un autre parchemin et écrivit sa question, prenant quelques bouchés de son ramen, pour ensuite la tendre à Kai.

‘’J’ai une question à vous poser qui vous semblera peut-être étrange, mais je vous demande de ne pas me juger. Voici : savez-vous pourquoi il fait toujours nuit à Usagi?’’

Les ramens étaient effectivement délicieux, et Iburi ne se gêna pas pour faire honneur à son plat, regardant souvent Kai pour voir s’il lui tendait un parchemin ou pas. Au lieu de ça, elle le vit commander un deuxième bol… avant même d’avoir fini le premier. La jeune fille eut un regard surpris vers son propre plat en se demandant s’il était prévoyant ou simplement gourmand, mince comme il était il n’aurait pas du manger autant, dans la famille Nadeshige on mangeait rarement à sa faim et on s’entrainait beaucoup, combinaison qui l’avait rendu assez mince et, selon elle, petite. Kai aussi était mince, mais contrairement à l’adolescente qui mangeait peu, lui était près à manger deux bols de ramen de suite.

Quand il lui redonna le parchemin avec une réponse négative sur la cause de la nuit d’Usagi, la sourde-muette se sentit à la fois déçue et soulagée : oui, elle ne connaissait toujours pas la raison de la nuit permanente d’Usagi, mais ça n’avait pas d’une information accessible à tout le monde, au moins elle n’était pas seule à l’ignorer. Où alors, ils étaient les deux seuls à ne pas le savoir, ce dont elle doutait fortement.

Elle avait presque fini son bol de ramen quand il lui écrivit une note sur le parchemin, et en même temps son deuxième bol arrivait. En très peu de temps, il arrivait à avaler un plat complet de ramen…

"Je t'avais dit que les ramens du coin étaient excellents non?"

Cachant son découragement, Iburi écrivit à son tour, encore incertaine si elle voulait rester silencieuse face à autant de gloutonnerie. Après tout, trop manger était mauvais pour la forme, un bon guerrier devait toujours rester en santé… mais peut-être que Kai n’était pas un samouraï?

‘’En effet. J’ai rarement mangé un aussi bon plat, j’ai eu un peu la vie dure ces derniers temps. ‘’

‘’Ces derniers temps’’ remontaient plus à ‘’ces dernières années,’’ mais l’adolescente n’était pas du genre plaignarde, elle tendit donc le parchemin sans rien rajouter, à sa manière bien entendu.

Kai avait presque fini son deuxième bol de ramen, alors qu’Iburi avait presque fini son premier bol… son ventre commençait à lui rappeler qu’elle n’avait pas l’habitude de manger d’aussi grosse portion et elle se permit d’écarter un peu le plat pour se donner une pause. Un peu plus et le bol était sans fond. Et Kai en commandait un autre?! Impossible, Iburi devait avoir mal lu sur ses lèvres. Comme il connaissait le propriétaire de l’endroit, il devait avoir seulement discuté, rien de plus! Mais quand il lui tendit le parchemin…

"Désolé si ca parait que je suis un glouton, je mange facilement 4 à 5 bols quand je suis ici mais bon on dit souvent que ce qu'un homme a besoin c'est un esprit sain dans un corps sain et quand on peut manger, on se doit d'en profiter tant que ca dure."

La sourde-muette relut le texte quelques fois, leva des yeux surpris vers Kai et secoua la tête de découragement, elle préférait ne pas exprimer toute sa pensée, parce qu’elle pouvait être blessante. Et elle savait mieux que quiconque à quel point la pensée des autres peut faire aussi mal qu’un coup de sabre.

Un silence nerveux commençait à prendre place entre les deux guerriers. Déjà au début, l’adolescente ne parlait pas souvent de nourriture, donc elle ne savait plus trop quoi rajouter. Comment partir sans impolitesse, à cet instant? Heureusement pour elle, Kai recommença à écrire sur le parchemin. Bien qu’elle n’entende rien, Iburi était sensible à l’énergie que les gens pouvaient dégager et à leur langage corporel, c’était une autre façon pour elle d’entendre et de comprendre la pensée des gens. Un silence ne lui faisait plus rien, c’était forcé, mais quand la personne était nerveuse ou gênée, ça rendait Iburi nerveuse ou gênée aussi, évidemment.

"Tu t'entraines au combat depuis longtemps? Même si on est muet, on ressent ce genre de chose rien qu'en regardant son vis à vis. Du moins c'est ce que je pense..."

Les yeux de la sourde-muette s’illuminèrent et un large sourire apparut sur son visage, alors qu’elle écrivait sa réponse, vite, moins stylée, tant elle aimait parler de ce qu’elle pensait faire le mieux : le combat.

Iburi ne vivait plus que pour se battre au nom d’une justice dont elle n’avait jamais pu profiter avant, ayant seulement vécu avec l’injustice d’être née sourde-muette. Elle savait bien lire et écrire, mais ne pourrait jamais diriger quoi que se soit, ni faire rien de trop compliqué. Mais elle pouvait se battre, obéir et tout détruire devant elle si on lui demandait, et elle se considérait assez douée pour tout ça.

‘’Je m’entraine depuis deux ans, c’est peu, mais c’était intensif, donc je me juge assez forte au combat, bien que j’en aurais surement beaucoup à apprendre encore. Mon mentor m’a appris à me servir du sabre et du grappin-faucheur. ‘’

Pour satisfaire une possible curiosité, elle sortit l’arme et la déposa sur la table, laissant Kai admirer à sa guise les deux lames tranchantes reliées à une chaine dont les maillons faisaient à peu près la taille d’une lame de sabre. Elle continua à écrire ensuite.

‘’Cette arme me sert plus que mon sabre. Elle ressemble à une arme de ninja, mais il ne faut pas s’y méprendre, c’est probablement une des armes les plus voyantes.’’

Enfin, un vrai kusarigama de ninja ne possédait qu’une lame et une chaine plus petite, mais un grappin-faucheur était cent fois plus voyant qu’un kusarigama, surtout comment elle s’en servait. Elle se sentait prête à en écrire encore plus sur son arme préférée, mais elle décida de laisser à Kai le temps de réagir un peu.

La sourde-muette avait toujours été très fière de ses grappins-faucheurs, mais surtout de sa capacité à s’en servir comme personne d’autre. Son mentor savait s’en servir, mais il ne l’utilisait pas, vu qu’il arrivait à surveiller ses arrières correctement malgré sa surdité. Iburi était encore trop jeune pour y arriver, sachant à peine comment agir en société de façon à comprendre et se faire comprendre. Elle ne pouvait pas surveiller sa garde, son arme le faisait donc pour elle. Elle ne pouvait apprendre à se battre sans que bien plus tard, seul la pratique et le temps lui permettraient de se séparer de cette arme.

Quand Kai sortit deux katanas, Iburi eut un sourire. Son mentor se battait aussi avec deux armes dans chaque main, mais plus courtes et plus larges. Il avait aussi plusieurs petits pics cachés sous ses bottes, ce qui lui permettaient de donner des coups de pieds souvent mortels. L’adolescente se dit, avec nostalgie, que si elle pouvait présenter Kai à son maitre un jour, se serait comme présenter un reflet dans un miroir. Ils étaient si semblables, sauf pour le caractère.

"Personnellement parlant j'ai toujours eu confiance en ces deux katanas qui représente mon style de combat et aussi ma passion pour les armes."

Kai dégaina un peu sa lame, et Iburi pu y voir son reflet. Les katanas étaient très bien entretenus et avaient l’air comme neuf. Ils auraient pu l’être, mais comme Kai en parlait, ça aurait surpris la sourde-muette. Il en prenait seulement grand soin, comme elle tentait de le faire pour ses propres armes avec des moyens réduits.

"J'utilise également les couteaux même si les sabres restent mes armes de prédilection je les considère plus comme des armes de back-up que mes armes de premiers choix, je trouve qu'un combattant doit garder cependant une réserve en cas de difficultés."

Excellente idée, Iburi était bien d’accord avec lui, mais comme elle était nulle au lancer, à l’exception du grappin-faucheur, les couteaux ne figuraient pas dans sa liste d’armes potentielles. Vraiment pas.

Elle eut soudain un drôle de pressentiment. Il fallait qu’elle retourne à Usagi, maintenant. Il se passait quelque chose, un truc important, et sa ville pourrait avoir besoin d’elle dans les prochains jours. Elle voyageait vite, retourner à Usagi ne lui prendrait pas beaucoup de temps… mais d’où lui venait cette pensée? Son mentor lui disait que pour les sourds-muets, l’instinct était une route primordiale, sauf en cas de folie. Si elle pensait qu’il était temps de rentrer, c’était qu’elle avait raison. Elle écrivit donc sur le parchemin, regrettant déjà ses mots :

‘’Je dois y aller. Il se passe quelque chose à Usagi et je dois y retourner. Je suis désolée.’’

Elle reprit ses grappins-faucheurs et les raccrocha à sa ceinture, peinée d’avoir à quitter. Mais l’urgence probable à Usagi ne pouvait pas attendre. Que pouvait-elle y changer, elle ne le savait pas encore, mais un guerrier de plus ne pouvait être un guerrier de trop.

le jeune homme venait de rengainer ses armes et continuait de manger tranquillement. Il remarqua alors qu'elle semblait s'agiter quelques peu et la raison vint à lui tout naturellement sous la forme d'un écrit, ainsi elle sentait que quelque chose se passait à Usagi, il ne pouvait certainement pas la contredire et elle commençait déjà à rassembler ses affaires, de ce fait le jeune homme termina son bol de ramen et se leva à son tour écrivant un dernier parchemin lui aussi.

"Je comprend tout à fait. Sois prudente en route."

Le jeune homme observa la demoiselle partir et se dit ensuite que pour lui, il était temps de rentrer chez lui lui aussi, il alla saluer le chef du petit restaurant et lui donna quelques billets pour la nourriture qu'il avait consommé et après avoir discuté un peu avec lui, prit soin de vérifier qu'il n'avait rien oublié avant de retourner dans l'ambiance bruyante de la ville de Ryuu.

Il devait encore aller faire quelques courses pour refaire ses stocks de nourritures et autres, notamment quelques jarres de saké pour ses soirées en solitaire dans sa maison légèrement en dehors de la ville à contempler la nuit avec les bruits que font les animaux pour compagnie.

"Ca fait un moment que j'ai pas été voir comment ils se débrouillent... Je vais aller y faire un tour..."

Il bifurqua alors sur la droite et commença a prendre la direction de son ancienne habitation, peu après qu'il était parti de la maison, son petit frère avait vu le jour et il lui arrivait souvent quand il passait dans Ryuu de se rendre la bas pour voir comment sa famille allait. En effet, le jeune homme était peut être parti de lui même de la maison familiale et de manière assez brutale en ayant battu son père à l'épée mais maintenant ce dernier semblait avoir retrouvé le sourire en observant la jeune pousse qui grandissait qu'était le jeune frère de Kai.

Kai par ailleurs ne s'était jamais présenté chez lui depuis qu'il était parti pour ne pas que son frère le prenne pour modèle, en effet, il avait toujours eu une certaine honte de ce qu'il avait fait quand il était parti et surtout de la manière dont il s'était barré. Il observait régulièrement l'évolution de son petit frère et il lui arrivait aussi de jeter un oeil sur ses parents pour voir comment il allaient. Il resta ainsi planqué une petite heure en souriant un peu. Il arborait un air mélancolique et les femmes qui passaient par la s'arrêtaient pour le regarder sans pour autant qu'il leur porte la moindre attention.

"Très bien, il se fait tard..."

Descendant de l'arbre, il alla chercher ensuite quelques jarres de Sake avant de retourner chez lui, il terminerait ainsi sa journée sur le toit de sa maison observant la pleine lune qui se profilait au fil que le temps avançait....